VENDREDI DES QUATRE-TEMPS (semi-double).

Station aux douze Apôtres
     
Tu es le Père des orphelins ! Je ne vous laisserai pas orphelins.
     
Pensées du jour : La liturgie nous présente, aujourd’hui, deux cycles de pensées et de sentiments qui nous paraissent entièrement opposés : la pénitence des Quatre-Temps et la foie de la Pentecôte. L’ancienne Église avait des pensées et des sentiments entièrement différents des nôtres. Elle avait une conscience plus développée de la Rédemption. Nous autres, nous mettons trop au premier plan la conscience du péché. Cela est encore dû à la piété anthropocentrique de notre temps. Revenons donc à la piété des anciens chrétiens, à la piété de l’Église, cette piété qui se réjouit et tressaille de joie à la pensée de la délivrance du péché. Le paralytique de l’Évangile d’aujourd’hui est un modèle pour nous. “ Il s’en alla dans sa maison en louant Dieu ”. La messe d’aujourd’hui est une véritable leçon qui nous enseigne cette conception du christianisme antique, disons plutôt cette conception vraiment chrétienne.
     
a) Les vendredis des Quatre-Temps ont toujours, dans la liturgie de la messe, un certain caractère de pénitence. Nous sommes en esprit dans l’église des douze Apôtres ; cette église inspirait aux anciens l’idée de pénitence. L’Évangile nous donne une belle image de pénitence. Quand nous songeons aux “ péchés, aux offenses et aux négligences ” du trimestre écoulé, alors que nous avons reçu tant de grâces et de lumières, nous nous mettons à la place de ce paralytique : mais, dans notre confiance, nous voulons ressembler aux porteurs qui découvrent le toit. Maintenant, au Saint-Sacrifice, nous recevons l’absolution du Seigneur lui-même : “ Tes péchés te sont remis ! ” — Que le vendredi des Quatre-Temps soit donc pour nous un jour de pénitence !
     
Saint Ambroise nous présente, aux Matines, un beau commentaire de l’Évangile. “ Chaque malade doit avoir des intercesseurs qui demandent sa guérison. Nous avons besoin de ces intercesseurs par lesquels l’infirmité et la paralysie de notre conduite seront guéries avec l’aide de la divine parole. Nous avons besoin de moniteurs de l’esprit (de porteurs, comme le paralytique) qui, malgré la faiblesse de notre âme paralysée par la, débilité de notre corps, élèvent cette âme vers le ciel. Avec leur aide, l’âme s’élève facilement vers Jésus, se place à ses pieds et devient digne d’être regardée par le Seigneur. Car le Seigneur abaisse volontiers son regard vers ce qui est petit, comme il a abaissé son regard vers la petitesse de sa servante... Apprends ici, toi qui juges, apprends à pardonner ; apprends, toi qui es malade, à implorer le secours. Si tu doutes du pardon de tes péchés graves, recours à l’intercession de l’Église. Demande-lui de prier pour " toi, et le Seigneur, à sa vue, t’accordera ce qu’il pourrait te refuser. Cette section évangélique, qui nous raconte la guérison corporelle du paralytique, nous rappelle la guérison intérieure de l’homme auquel les péchés ont te remis.
Il est certainement dans l’intention de l’Église que nous cherchions les relations entre les pensées de pénitence et le Saint-Esprit. La postcommunion de la Pentecôte nous donne une indication à ce sujet : le Saint-Esprit est la rémission de tous les péchés. C’est là un des aspects de l’action du Saint-Esprit : il veut bannir l’esprit du monde, l’esprit du péché, bref, le mauvais esprit de notre âme dont il veut faire son temple. “ Fais que ton Église, unie dans le Saint-Esprit, ne soit troublée par aucune attaque ennemie ”. (Oraison).
Lave toute impureté,
Arrose l’aridité
Et guéris l’homme abattu.
Amollis notre raideur,
Réchauffe notre tiédeur
Redresse nos volontés.. (Séquence).
b) La certitude que le Christ, dans son sacrifice rédempteur, a racheté tous nos péchés, nous inspire, dans toutes les parties de la messe, des accents d’allégresse. Rarement un Introït respire la joie de l’Alleluia comme celui d’aujourd’hui. Remarquons ici (c’est souvent le cas dans la seconde partie du temps pascal) que l’Alleluia est le motif principal : “ Ma bouche annoncera hautement : l’Alleluia. Que je puisse chanter : Alleluia. Que mes lèvres tressaillent de joie quand je chante pour toi : Alleluia, Alleluia ”. Le psaume 70 peut, si nous le récitons en entier, faire une transition avec les pensées de pénitence (par exemple les versets : “ Ne me rejette pas aux jours de ma vieillesse ; au déclin de mes forces, ne m’abandonne pas... Tu m’as fait éprouver des amertumes nombreuses et terribles, mais tu m’as rendu la vie... ”) La cause de notre joie, c’est le Saint-Esprit qui nous a été donné. La leçon chante ses louanges : “ Tressaillez de joie, fils de Sion, réjouissez-vous dans le Seigneur, car il vous donne un docteur de justice, il fait tomber sur vous la pluie précoce et la pluie tardive, comme au commencement. Alors, les greniers se remplissent de, grains et les celliers regorgent de vin et d’huile... Et vous vous rendrez compte que je suis au milieu d’Israël... ” (Joël). Ce docteur de justice, cette pluie qui féconde la moisson des âmes, c’est le Saint-Esprit. C’est l’hôte divin qui demeure au milieu de nous, dans nos cœurs. “ Qu’il est doux et suave, ton Esprit, en nous, Seigneur !” Maintenant, nous comprenons vraiment ce que le. Seigneur nous dit dans la communion et nous comprenons qu’il accomplit sa promesse : “ Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viendrai de nouveau vers vous et votre cœur se réjouira. Ces paroles peuvent résumer le contenu de la messe d’aujourd’hui. Le Saint-Esprit est “ le Père de tous les pauvres ”. La secrète d’aujourd’hui est d’une grande beauté : “ Que les oblations soient dévorées par ce feu qui fut allumé dans le cœur des disciples par le Saint-Esprit ”. Le Saint-Esprit est “ le Maître du monde qui possède toute puissance et prévoit tout ” (Rép. de Matines).