VENDREDI APRES L’OCTAVE

Entre l’Ascension et l’envoi du Saint-Esprit.
     
Aujourd’hui encore, bien que ce jour ne fasse plus partie de l’Octave, on célèbre l’office de l’Ascension ; la messe est la messe du dimanche. Ce jour est réellement en suspens entre les deux grandes pensées festivales de l’Ascension et de l’envoi du Saint-Esprit (voir l’Évangile).
     
1. L’Ascension du Christ et le Saint-Esprit. — Saint Augustin continue son sermon d’hier et nous donne encore des pensées d’une beauté sublime : “ Si notre Sauveur n’a pas triomphé du diable dans notre chair, son combat n’a été qu’un jeu et il n’a pas remporté la victoire pour nous. S’il n’est pas ressuscité dans notre corps, il n’a rendu, par sa Résurrection, aucun service à notre nature. Celui qui voudrait affirmer cela ne comprend pas le but de l’Incarnation. Si le Christ n’a pas accompli la Rédemption dans notre chair, il n’a pris, de l’homme, que le sort inférieur de la naissance. Loin de nos esprits une si périlleuse opinion ! Il a pris de nous ce qu’il livra pour nous (le corps mortel), mais ce qu’il nous donna était à lui. J’atteste que c’est mon corps qui fut dans le tombeau, afin que je puisse dire que c’est mon corps qui est monté au ciel ”.
      
L’interprétation de l’Évangile du dimanche (par saint Augustin, encore), nous donne de belles pensées sur le Saint-Esprit. “ Celui-ci, donc, rendra témoignage de moi et, vous aussi, vous rendrez témoignage ; car la force de rendre témoignage vous sera donnée par “ l’amour de Dieu que répand dans vos cœurs le Saint-Esprit” (Rom. V, 5) qui vous sera donné. Cette force manquait encore, assurément, à Pierre quand, intimidé par la question d’une servante, il ne put rendre un vrai témoignage, mais, effrayé en dépit de ses affirmations précédentes, il renia trois fois le Seigneur. L’amour ne connaît pas cette crainte, mais l’amour parfait chasse la crainte” (Jean IV, 18). Bref, avant la Passion du Seigneur, la crainte servile de Pierre fut interrogée par une femme de servitude, mais, après la Résurrection du Seigneur, son amour libre fut interrogé par le Prince de la liberté. C’est pourquoi, dans le premier cas, il fut troublé, dans le second cas, il fut tranquillisé ; dans le premier cas, il avait renié celui qu’il aimait ; mais, même dans le second cas, son amour était encore faible et étroit ; il fallait attendre que le Saint-Esprit vint le fortifier et le dilater ”.
     
2. Lecture d’Ecriture (III Jean) : La troisième Epître de saint Jean est, à la différence de la seconde, une lettre privée de l’Apôtre. Cette Epître nous donne une. idée des difficultés qui pouvaient surgir dans une Eglise chrétienne primitive. (C’est une consolation pour nous quand nous avons à compter avec des faiblesses et des difficultés dans nos rangs ; les premiers chrétiens eux-mêmes n’étaient pas tous des saints). L’Epître signale deux types de chrétiens : Gaius, une noble figure de chrétien, et Diotréphès, un évêque indigne. Saint Jean écrit à Gaius : “ Bien-aimé, je te souhaite que l’état de tes affaires et de ta santé soit aussi prospère que celui de ton âme. Ce fut pour moi une grande joie lorsque des frères sont arrivés et ont rendu témoignage de ta vérité, c’est-à-dire de la manière dont tu marches dans la vérité. Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité ”.
     
3. Préparation à la Confirmation : la consécration des martyrs. — Avant son Ascension, le Christ dit à ses Apôtres : “ Vous serez mes témoins... jusqu’aux extrémités de la terre” (Act. Ap., I, 8). Témoin en grec se dit martyr. Un martyr est un témoin du Christ. C’est ce que nous devons tous être. Nous serons témoins du Christ pour la vie et la conduite, en observant ses commandements ; nous serons témoins du Christ par la parole et la confession, en confessant courageusement notre foi, comme le dit le catéchisme ; nous serons témoins du Christ, même contre les ennemis de l’Église, même quand nous serons raillés et persécutés. Le plus haut témoignage rendu au Christ est le témoignage du sang, le témoignage de celui qui donne sa vie pour le Christ. Ce témoignage est le martyre au sens propre. Mais aucun chrétien n’est exempt d’un martyre au sens large. Mais qui nous donnera la force de confesser le Christ devant les hommes ? Le Saint-Esprit, dans la Confirmation. Puisse l’héroïque esprit des martyrs de l’ancienne Église animer les chrétiens d’aujourd’hui ! C’est pour cela que, dans la Confirmation, le Saint-Esprit nous oint de la grâce de force et de courage.
     
Le sacerdoce. Le Christ a institué dans son Eglise un sacerdoce proprement dit qui participe d’une manière spéciale à son divin sacerdoce. Il lui a confié la dispensation des mystères de Dieu. A côté de ce sacerdoce spécial, il y a encore un sacerdoce général que possèdent tous les chrétiens. C’est pourquoi saint Pierre dit : “ Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, un peuple saint” (1 Pierre, Il, 9). Tout chrétien est donc prêtre et participe au sacerdoce de Jésus-Christ. Il est prêtre en ce qu’il a le droit de célébrer le Saint-Sacrifice sous la direction des prêtres consacrés et en union avec eux, qu’il a le droit de participer à l’ensemble du culte de l’Église. L’Eglise, en effet, ne désire pas une simple assistance passive à la messe, une simple audition de la liturgie, mais une réelle participation au sacrifice et au culte. Le chrétien exerce encore son sacerdoce parce qu’il peut, par la prière et l’action, travailler au salut de l’âme de son prochain et collaborer à l’extension du royaume de Dieu. Ce sacerdoce nous est communiqué par le baptême, mais surtout par le sacrement de Confirmation, en vertu de l’onction avec le saint chrême. Le saint chrême est, d’une manière toute particulière, le symbole et le porteur du Saint-Esprit et il est destiné à verser sur les fidèles “ la dignité royale, sacerdotale et prophétique et à les revêtir du vêtement impérissable de la grâce ”. (Prière de bénédiction, le Jeudi-Saint). Chrétiens, ayons donc conscience de la dignité que nous avons reçue !