SAMEDI DES QUATRE-TEMPS (semi-double).

Station à Saint Pierre
      
L’amour de Dieu a été répandu en nous par le Saint-Esprit.
     
Aujourd’hui est le grand jour d’action de grâces de la solennité des Quatre-Temps. Dans l’esprit de l’ancienne Eglise, nous nous rassemblons, durant la nuit du samedi au dimanche, dans l’église mondiale de Saint-Pierre à Rome ; nous y apportons, à l’offrande, la dîme du trimestre écoulé (dans les communautés liturgiques et dans les paroisses, on devrait offrir, aujourd’hui, le blé pour le pain du sacrifice). Nous remercions surtout pour la moisson spirituelle à la fin du temps pascal.
     
1. Pensées festivales. - “ L’amour de Dieu a été versé dans nos cœurs, Alleluia, par le Saint-Esprit qui demeure en nous, Alleluia, Alleluia ”. Cette belle parole de saint Paul est, pour ainsi dire, l’ite missa est de l’octave de la Pentecôte (Introït, Epître, Ant. Bened.). La liturgie résume ainsi tout ce qu’elle a à dire sur le Saint-Esprit. L’amour de Dieu est la filiation divine, la grâce sanctifiante, la gloire ; c’est la participation à la vie glorifiée du Christ. C’est l’essence de notre religion. Croître de plus en plus dans cet “ amour de Dieu ” est la tâche de notre vie, et le but de la sainte liturgie est de produire cet accroissement. “ Répandu ” est un mot de prédilection de la liturgie quand elle parle du Saint-Esprit (dans notre messe : diffusa, infunde, effundam). C’est donc le Saint-Esprit qui nous confère la grâce de la filiation divine ; mais, en même temps que la grâce, il vient lui-même et demeure en nous ; Et c’est aussi, pour le temps qui vient, notre grande consolation et notre force : nous sommes les temples de l’Esprit du Christ. Ce sera la tâche et ce sera notre tâche, pendant le temps qui suit la Pentecôte, de parer ce temple. — C’est avec reconnaissance que nous prenons conge du temps pascal, pendant lequel nous avons reçu tant de grâces. Ce n’est pas sans mélancolie, cependant, que nous retournons aux difficultés de la vie quotidienne, aux rudes combats de l’existence.
      
2. La solennité des Quatre-Temps. (Caritas Dei). — A l’Introït, nous nous sentons déjà remplis du Saint-Esprit, qui demeure en nous et répand dans nos cœurs l’amour de Dieu. Le psaume d’Introït est, aujourd’hui, un cantique d’action de grâces pour le miracle de la Pentecôte (Psaume 103). Autrefois, c’était un psaume nocturne (le psaume 84 ou 87 qui font l’un et l’autre allusion à la solennité nocturne). Les deux premières oraisons sont des oraisons du Saint-Esprit ; les trois oraisons suivantes sont des oraisons de pénitence. Cela nous montre déjà les deux thèmes principaux de la messe : le Saint-Esprit et les Quatre-Temps. “ Daigne répandre dans nos âmes le Saint-Esprit par la sagesse duquel nous avons été créés, et par la Providence duquel nous sommes conduits ”. “ Que le Saint-Esprit daigne nous embraser de ce feu que Notre-Seigneur Jésus-Christ a apporté sur la terre et qu’il voulait voir brûler vivement ”. Nous devrions recueillir ces magnifiques prières et les réciter dans le reste de l’année. La première leçon nous donne la prophétie connue de Joël sur la Pentecôte, que saint Pierre cite dans son premier sermon de Pentecôte (voir mercredi des Quatre-Temps). Les trois leçons suivantes sont tirées des prescriptions de Moïse concernant la célébration de la Pentecôte juive. Ces leçons nous indiquent ceci : les Quatre-Temps de la Pentecôte sont l’action de grâces pour la moisson et l’accomplissement de la Pentecôte juive. Les fidèles, eux aussi, doivent, le jour qui suit le sabbat, apporter au prêtre les prémices de leur moisson. Eux aussi doivent appeler ce jour un jour “ de grande fête et de solennité ” (le samedi des Quatre-Temps était une grande fête) (2ème leçon).
     
La fête de ce jour comporte deux motifs d’action de grâces : 1. Nous remercions Dieu pour la récolte. 2. Le Seigneur nous a tirés, nous aussi (maintenant, à Pâques), de la servitude de l’Égypte et nous a intro. duits dans le pays où coulent le lait et le miel (le royaume de Dieu) ; C’est pourquoi nous apportons les prémices des fruits et nous faisons un “ festin de fête” (la Sainte Eucharistie) (3e leçon). Les promesses de Dieu aux Juifs ne trouvent leur pleine réalisation que dans l’Église. Si nous sommes vraiment les enfants de Dieu, nous aurons le bien-être, nous aurons le pain et le vin en abondance (l’Eucharistie), nous aurons la paix et nous triompherons de nos ennemis. “ J’établirai ma demeure au milieu de vous... je marcherai au milieu de vous et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ” (4e leçon). Vers le matin, nous songeons de nouveau aux trois enfants dans la fournaise (5e leçon). Nous savons déjà, par les autres samedis de Quatre-Temps, la signification de cette leçon qui remonte à la plus lointaine antiquité. C’est la pensée de la Résurrection et le martyre que cette leçon place devant nos yeux. Peut-être la liturgie songe-t-elle au feu du Saint-Esprit, car, dans cette messe, il est assez souvent question de ce feu. Il n’est pas sans importance de remarquer qu’immédiatement avant cette leçon nous nous mettons à genoux pour chanter la belle prière de Pentecôte : “ Viens, Saint-Esprit, remplis les cœurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour ”.
      
Jusqu’à la 5e leçon, nous sommes encore dans l’antique vigile (les Matines d’autrefois) Maintenant, commence la messe proprement dite. C’est pourquoi on chante le Gloria in excelsis. L’Épître résume, encore une fois, tout le temps pascal et nous donne un aperçu sur la vie de combat et de martyre qui va commencer. De la foi à la paix, c’est dans cette courte formule que l’oraison du lundi de la Pentecôte a déjà caractérisé Pâques et la Pentecôte, le baptême et la Confirmation. C’est aussi ce que dit l’Épître. “ Comme nous avons été justifiés par la foi, puissions-nous avoir la paix avec Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ,”. Le passage de l’Introït concernant l’amour de Dieu est un écho de l’Épître. Puisse-t-il retentir longtemps dans notre cœur ! L’Évangile représente le magnifique “ mystère” de la messe : “ Jésus entra dans la maison de Simon” (Station à Saint-Pierre). “ Quand le soleil fut couché (la messe était célébrée, jadis, dans la nuit du samedi), on lui amena les malades ” (ces malades, c’est nous qui venons à la messe) ; “ il leur imposa les mains ” (l’imposition des mains est le signe de la communication du Saint-Esprit), et il les guérit. Mais quand il fit jour, il s’en alla (après la messe, il nous quitte ; le temps pascal est achevé). Le “ mystère” trouve son accomplissement au Saint-Sacrifice. Dans la communion, les fidèles sentent le souffle du Saint-Esprit. Dans les anciens antiphonaires, on trouve une antienne de communion qui convient très bien ici. Nous entendons le Maître qui nous quitte nous dire, à la fin du temps pascal : “ Je ne vous laisse pas orphelins, mais je reviens (chaque fois que se célèbre le sacrifice eucharistique) et votre cœur se réjouira ”.