SAMEDI APRÈS DIMANCHE BLANC

1. Lecture d’Écriture (Act. Ap., chap. 10.12). — C’est une lecture très édifiante : l’admission dans l’Église et le baptême, par Pierre, du premier chrétien sorti du paganisme, le centurion Corneille de Césarée. C’est un événement d’une importance capitale dans le développement de l’Église. Le ciel lui-même est intervenu : “ Tes prières et tes aumônes sont montées vers Dieu comme une offrande. Envoie chercher Pierre ; il te dira ce que tu dois faire ” (Dieu renvoie à l’Église). Pierre priait justement sur le toit de sa maison à l’heure de sexte (12 heures) ; il eut alors la vision des animaux impurs ; il se rendit à Césarée chez le centurion. Comme le Saint-Esprit était descendu sur les païens, il les baptisa. “ Peut-on refuser l’eau à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit comme nous ? ” Cependant l’histoire de l’Église est entrée dans son second stade, elle passe de Jérusalem aux Gentils. Nous entendons parler de la fondation de la première Église des Gentils à Antioche : “ C’est à Antioche qu’on donna pour la première fois aux disciples le nom de chrétiens. Or, à Jérusalem, se déchaîne une seconde persécution contre les chrétiens sous Hérode. Pour la première fois, cette persécution fit des victimes parmi les Apôtres. Jacques le Majeur fut décapité, Pierre fut emprisonné et ne fut délivré que par une intervention divine. C’est alors que Paul entre en scène. Nous. le voyons entreprendre son premier voyage de mission vers Chypre et l’Asie Mineure. On nous donne un exemple précieux de la prédication de. saint Paul. “ Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur firent dire : Frères, si vous avez quelque exhortation à adresser au peuple, parlez ”. (On rappelle ici l’office de la parole de Dieu dans la synagogue. Ce fut la préfiguration et le germe de notre avant-messe). La prédication elle-même nous montre Dieu comme Bon Pasteur dans l’Ancien Testament ; il a conduite peuple d’Israël à travers toutes ses voies.
               
2. Marie, le samedi. — Les samedis dépourvus de fêtes sont consacrés à la commémoration de la Sainte Vierge. La messe est une messe antique et belle du commun de la Sainte Vierge (Salve sancta Parens). Dans le temps pascal, il y a quelques modifications. A l’Alleluia, nous chantons : “ Le rameau de Jessé a fleuri, la Vierge a enfanté celui qui est Dieu et Homme, Dieu a rétabli la paix en unissant en lui l’extrême grandeur et l’extrême petitesse ”. Il y a ici une allusion à l’œuvre de la Rédemption que le Christ a précisément achevée par sa Résurrection. L’Évangile nous conduit au pied de la Croix et nous sommes témoins de ces mémorables paroles de Jésus à sa Mère et à Jean : “ Femme, voici ton fils ”, “ fils, voici ta Mère ”. La liturgie veut maintenir cette scène pendant le temps pascal afin de nous rappeler que le Christ a donné Marie pour mère à saint Jean et, dans la personne de saint Jean, nous l’a donnée à nous. Marie, depuis le premier Vendredi-Saint, est la Mère de la chrétienté. L’Offertoire chante : “ Tu es bienheureuse, Vierge Marie, tu as porté le Créateur de l’univers ; celui qui t’a créée, tu J’as enfanté, et tu demeures éternellement vierge, Alleluia ”.
       
A la prière des Heures, nous lisons un bref et vigoureux parallèle de saint Augustin qui compare Ève et Marie, les deux femmes qui ont joué le plus grand rôle dans l’histoire ,de j’humanité. “ Par une femme est venue la mort ; par une femme est venue la vie. Par Ève est venue la ruine ; par Marie, le salut. Celle-là, tentée, a suivi le tentateur ; celle-ci, sans souillure, a enfanté le Sauveur Celle-là reçut joyeusement la coupe que lui présentait (e serpent, elle la passa à son mari et l’un et l’autre y burent la mort. Celle-ci, couverte de l’ombre de la grâce d’en haut, mit au monde la Vie par laquelle la chair morte pouvait être ressuscitée. Qui est celui qui opère cela ? Le Fils de la Vierge et l’Époux des vierges, celui qui donna à sa Mère la fécondité sans lui enlever son intégrité ”.
         
3. Marie et Pâques. — Les évangiles ne nous rapportent pas que Jésus apparut à sa Mère après sa Résurrection, mais nous pouvons croire que la Mère des douleurs fut aussi la première à participer à la joie pascale. Elle fut la seule qui ne perdit pas l’espérance à la Résurrection. Pendant que les saintes femmes préparent activement l’embaumement, elle ne prend aucune part à leurs préparatifs. Elle espère dans la Résurrection et n’a que faire d’aromates. La légende nous raconte que Marie passa la nuit de Pâques sur le Mont des Oliviers, dans une attente pleine de désir et d’espoir. A l’aube, alors qu’elle voyait se dessiner les contours de l’effroyable Golgotha, le Ressuscité se tint soudain devant elle dans sa merveilleuse beauté céleste et tendit les bras à sa Mère bien-aimée. Encore une fois, la Sainte Écriture ne nous raconte rien à ce sujet. L’Église s’associe à la joie de Marie en nous faisant réciter et chanter chaque jour le beau “ Regina caeli ”. Le chrétien devrait savoir par cœur, en latin ou en français, cette antienne et la réciter tous les jours.
Regina caeli, laetare, Alleluia,
Quia quem meruisti portare, Alleluia,
Resurrexit sicut dixit, Alleluia,
Ora pro nobis Deum, Alleluia.
Reine du ciel, réjouis-toi, Alleluia
Alleluia, Car celui que tu as mérité de porter, Alleluia,
Est ressuscité comme il l’a dit, Alleluia,
Prie Dieu pour nous, Alleluia.
V. : Réjouis-toi et tressaille de joie, Vierge Marie, Alleluia. V : Car le Seigneur est vraiment ressuscité, Alleluia.
Prions. O Dieu qui par la Résurrection de ton Fils as daigné réjouir le monde, accorde-nous, nous t’en prions, que, par sa virginale Mère Marie, nous puissions obtenir les joies de la vie éternelle ! Ainsi soit-il.