MERCREDI DE LA SECONDE SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE PAQUES

La fête du Patronage de Saint Joseph. (double de Ire classe).
             
Fais, O Joseph, que nous passions une vie innocente et qu’elle soit toujours en sûreté sous ton patronage.
             
1. Fête du patronage de Saint Joseph. — Dans la semaine du Bon Pasteur, l’Église célèbre la grande fête d’un autre Bon Pasteur, la fête de saint Joseph, patron de l’Église universelle. Lui qui reçut en dépôt les deux plus grands trésors de Dieu, Jésus et Marie, est aussi le protecteur de l’Église, le corps mystique du Christ, l’Épouse du Christ. Le 19 mars, nous avons célébré davantage la personne de saint Joseph et sa sainteté. Aujourd’hui, nous faisons du patronage du saint le mystère de la fête. Le culte de saint Joseph n’est pas encore très ancien. En Occident, il apparaît au XIVe siècle dans quelques Ordres religieux, par exemple chez les Servites (1324), les Franciscains (1399). Une nouvelle impulsion est donnée à ce culte par les grands prédicateurs de pénitence, comme saint Vincent Ferrier (+1418), saint Bernardin de Sienne (+1444). Dans les temps modernes, sainte Thérèse montra un grand zèle pour le culte de saint Joseph. Peu de temps après la canonisation de la sainte, la fête de saint Joseph fut élevée au rang de fête d’obligation. En 1847, Pie IX institua la fête du patronage de saint Joseph, le troisième dimanche après Pâques, pour l’Église universelle. Pie X donna une octave à cette fête et la transféra au mercredi qui suit le deuxième dimanche après Pâques. On sait que le mercredi est le jour particulièrement consacré au père nourricier de Jésus. — Sans vouloir aucunement faire tort au culte de saint Joseph, il serait très désirable, selon l’esprit de la liturgie, de transférer cette fête en dehors du temps pascal
         
2. La messe. — La messe commence immédiatement par la pensée de la fête : “ Adjutor et protector. ” — “ Aide et protecteur ”. Dans le verset, qui est emprunté à un autre psaume, le nom de Joseph est cité. L’Introït unit la fête avec le dimanche du Bon Pasteur. Le Christ confie son troupeau à la protection de son père nourricier. Dans la leçon, Joseph l’Égyptien apparaît comme la figure de saint Joseph (c’est la même chose dans les leçons du premier nocturne). Le passage est emprunté à la bénédiction que Jacob mourant donne à son fils Joseph. Cette bénédiction s’est accomplie de la manière la plus parfaite dans le père nourricier de Jésus. Ce que beaucoup de Patriarches ont désiré voir et n’ont point vu, saint Joseph l’a possédé. Sur sa tête repose la plénitude de la bénédiction. A l’Alleluia, saint Joseph s’offre lui-même comme protecteur : “ Dans toutes les tribulations où vous m’invoquerez, je vous exaucerai, je serai toujours votre protecteur. .. Invités par lui, nous faisons entendre sur-le-champ nos prières : “ Fais, Ô Joseph, que nous passions une vie innocente... ” L’Évangile du baptême de Jésus est choisi à cause de la phrase finale : “ Il passait pour le fils de Joseph. ” C’est dans ces paroles que se trouve exprimée la plus grande dignité du patron de l’Église. A l’Offertoire, nous invitons Jérusalem, l’Église, à louer Dieu qui, par saint Joseph, a fortifié les verrous de ses portes et nous a bénis, nous, les enfants de l’Église. La Communion contient une pensée eucharistique : “ Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus ”. Le Sauveur, Fils le Marie, nous le portons en nous.
           
3. La prière des Heures. — La prière des Heures porte toutes les marques d’un office nouveau, construit selon un système nouveau. Les antiennes contiennent toute l’histoire de saint Joseph, telle que la décrit l’Écriture. Les leçons du premier nocturne, ainsi que leurs répons, sont consacrées à la figure de saint Joseph, à Joseph l’Égyptien (le premier nocturne était toujours, autrefois, emprunté à l’Ancien Testament ; l’heure de minuit est le symbole de l’Ancienne Alliance). Au second nocturne, nous lisons un sermon édifiant de, saint Bernardin de Sienne : “ Il y a, pour les grâces accordées à une créature raisonnable, une règle générale. Quand la grâce divine appelle un homme . à une vocation particulière ou à une fonction de choix, elle lui accorde aussi tous les charismes utiles et nécessaires pour l’accomplissement de cette fonction ; elle les lui accorde même avec surabondance. C’est ce que nous voyons réalisé, d’une manière toute spéciale, chez saint Joseph, le père nourricier de Notre Seigneur Jésus-Christ et le véritable époux de la Reine du monde et de la Souveraine des anges. Il a été choisi par le Père éternel pour être le nourricier et gardien fidèle de ses plus chers trésors, c’est-à-dire de son Fils et de son Épouse ; et Joseph s’est acquitté de cette tâche de la manière la plus exacte. C’est pourquoi, à lui aussi, le Seigneur a dit : “ Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur ! ”... Si la sainte Église doit une grande reconnaissance à la Vierge Mère parce que c’est par elle qu’elle a reçu le Christ, elle doit aussi à saint Joseph, après Marie, une reconnaissance particulière et un culte particulier. Il est, pour ainsi dire, la clef de l’Ancien Testament par laquelle les Patriarches et les Prophètes ont reçu le fruit promis. C’est lui, en effet, qui a vraiment possédé ce que la divine faveur leur avait promis. C’est à bon droit que nous le comparons au Patriarche Joseph, qui conserva le froment pour tout le peuple. Mais notre Joseph est élevé bien au-dessus du Patriarche, car il n’a pas seulement gardé, pour les Égyptiens, le pain qui donnait la vie corporelle, mais il a gardé, pour tous les élus, u le pain du ciel qui donne la vie éternelle et il .’a élevé avec le plus grand soin ”.
            
4. Lecture d’Écriture. (Act. Ap., XX, 17-38). — Nous ne voulons pas passer entièrement sous silence cette belle lecture. C’est le discours d’adieu de saint Paul aux chefs de l’Église d’Éphèse.
De Milet, Paul envoya à Éphèse pour faire venir les Anciens de cette Eglise. Lorsqu’ils furent réunis autour de lui, il leur dit : “ Vous savez comment, depuis le premier jour que j’ai mis le pied en Asie, j’ai passé tout le temps avec vous. J’ai servi le Seigneur en toute humilité au milieu des difficultés et des larmes. Je ne vous ai rien caché de ce qui vous était utile ; je vous ]’ai communiqué... J’ai annoncé aux Juifs et aux Grecs la conversion à Dieu et la foi en Notre Seigneur Jésus. Maintenant, je m’en vais vers Jérusalem et je sais que vous ne verrez plus mon visage... C’est pourquoi je vous atteste aujourd’hui que je suis pur du sang de tous... prenez donc garde à vous-mêmes et à tout ]e troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques... Je sais qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups ravissants qui n’épargneront pas le troupeau... Veillez donc, vous souvenant que, pendant trois années, je n’ai cessé, jour et nuit, d’exhorter avec larmes chacun de vous... Et maintenant, je vous recommande à Dieu et à ]a parole de sa grâce, à celui qui peut achever l’édifice et vous donner l’héritage parmi tous ses saints. Je n’ai désiré ni l’or, ni l’argent, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons... Il faut se rappeler la parole du Seigneur Jésus qui dit lui-même : “ Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ”. Après avoir parlé ainsi, il se mit à genoux et pria avec eux tous. Ils prirent congé les uns des autres et tous l’accompagnèrent au bateau.