MARDI DE LA SECONDE SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE PAQUES

Que signifiait cette image du Christ ? Elle voulait rappeler plusieurs grandes vérités (objectives) de la Rédemption, surtout les trois suivantes : Le Christ a donné sa vie pour ses brebis, il nous nourrit de la vie divine dans l’Eucharistie et, enfin, il nous guide dans les pâturages célestes. La mort et la Résurrection du Christ, l’Eucharistie et l’espérance du ciel, ces vérités essentielles, l’ancienne Église en donnait un beau résumé dans cette image.
           
Or, ce sont là les idées qui inspirent. la liturgie. Toutes les fois que, dans l’année ecclésiastique, commence une nouvelle période, la liturgie se hâte d’y introduire l’image du Bon Pasteur. Elle veut nous dire par là : dans chaque période de J’année ecclésiastique, se manifeste l’amour du Bon Pasteur. Et, chaque fois, elle insiste davantage sur un autre aspect de cette image. L’Église nous montre donc, au cours des temps, l’antique image des catacombes : le Bon Pasteur, dans le cadre du cycle liturgique.
               
Que signifie cette image pour nous dans le temps pascal ? Elle nous annonce trois grandes vérités fondamentales dans le rayonnement de la joie pascale. Tout d’abord, elle nous annonce que l’œuvre de la vie du Christ est achevée. Comment pouvons-nous mieux nous représenter cet achèvement que dans l’image du Bon Pasteur ? L’humanité était errante et égarée ; elle était tombée dans les épines. Le Christ a pris les livrées de la nature humaine et est parti à la recherche de la brebis perdue. Il a fait, des épines qui l’entouraient, le diadème de son front, et son bâton de pasteur a été sa Croix. Il a été chercher dans le désert la brebis égarée et l’a chargée sur ses épaules. Il a donné sa vie pour ses brebis et il ne l’a pas donnée seulement dans sa mort. Toute l’œuvre de sa vie a eu pour but, et a encore pour but, de ramener ses brebis au bercail. Il donne aussi sa vie pour ses brebis en faisant de sa vie notre vie, en voulant étendre sa vie dans son corps mystique ; son Église et nous, nous devons devenir la plénitude de sa vie. Pendant le temps pascal, maintenant que son œuvre de salut est achevée, maintenant qu’il est entouré-de ses brebis sauvées, il peut crier bien haut : “ Je suis le Bon Pasteur, je donne ma vie pour mes brebis ”. Chrétiens, ai-je besoin de dire que cette pensée développe en nous un amour profond et actif ? C’est ce motif d’amour qui a ému saint Paul jusqu’au plus profond de son âme. Tout le grand contenu de la fête de Pâques se trouve renfermé dans cette image : la mort du Christ et sa Résurrection ; notre vocation, notre élection, notre conversion.
           
L’image éveille en nous le souvenir d’une seconde vérité fondamentale. Dans l’Eucharistie, le Christ veut continuer d’être le Bon Pasteur de ses brebis. Il veut les nourrir de sa chair et de son sang ; il veut les unir et les grouper autour de lui ; il veut rester uni avec elles de la manière la plus intime. “ Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ”. (Comme on l’a dit, cela signifie : je leur suis uni de la manière la plus intime). L’Eucharistie, aussi, est un sacrement pascal. Le Christ ne vient pas seulement en nous dans l’eau, mais dans l’eau et le sang.
           
Notre regard s’élève aussi vers l’avenir. Le Bon Pasteur conduit les siens vers les pâturages éternels. C’est la raison principale des nombreuses représentations du Bon Pasteur dans l’art funéraire de l’ancienne Église. Cette image nous rappelle l’espérance de la résurrection et de la vie éternelle. Les chrétiens modernes comprennent à peine les relations entre le Bon Pasteur et l’espoir du ciel. Mais, pour l’ancienne Église, c’était l’image du “ refrigerium ”, c’est-à-dire du rafraîchissement après la mort. C’est ainsi que les premiers chrétiens appelaient cette représentation du Bon Pasteur entouré de ses brebis.
            
L’espoir de la résurrection est un thème pascal auquel nous ne songeons peut-être pas assez. Avec quels accents de victoire saint Paul tira-t-il la preuve de notre résurrection de la Résurrection du Christ ? “ S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi... Or le Christ est ressuscité des morts, comme le premier né de ceux qui sont endormis ” (1 Cor. XV, 12 sq.). Le temps pascal est donc, aussi, le temps de l’espoir de la résurrection. C’est pourquoi l’Église aime tant célébrer les martyrs dans ce temps. Elle leur a consacré un commun qui est un cantique où elle exalte l’espoir de la résurrection. Quelle plénitude de sens n’a donc pas l’image du Bon Pasteur ! C’est d’abord le Christ qui nous rachète, nous nourrit, nous rend heureux ; c’est le Christ dans notre vie du passé, du présent, de l’avenir ; dans le passé : notre élection et notre régénération au baptême ; dans le présent : notre vie cultuelle et les progrès de notre âme par l’Eucharistie ; dans l’avenir : notre rafraîchissement bienheureux au ciel. Notre image nous dit : Le Christ est notre tout, “ Le Christ est notre vie et la mort est un gain ! ” (Phil. I, 21).
             
Ayons la plus grande vénération pour l’image du Cœur de Jésus, mais cette image représente peut-être, d’une manière moins complète, le Christ dans notre vie, que l’image du Bon Pasteur.
             
1. Antiennes directrices. — Le matin, nous entendons le Seigneur donner son ordre de mission : “ Allez dans le monde, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ” (Ant. Bened.). Le soir, nous pensons encore au Bon Pasteur : “ Or le mercenaire, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit le loup venir et il laisse les brebis et il s’enfuit : le loup ravit et disperse les brebis, Alleluia ” (Ant. Magn.). 
         
2. Lecture d’Écriture (Act. Ap., 17-19). — De Philippes, Paul se rendit à Thessalonique où il fonda une communauté qui lui fut très fidèle et très attachée (les deux Épîtres adressées à cette communauté en rendent témoignage). De là, il se rendit, en passant par Bérée, à Athènes. Athènes était le centre du monde grec ; elle se distinguait par sa science et son art. C’était le siège d’une célèbre école de philosophie. Il ne semblait pas que ce fut un terrain propice pour l’Évangile. Cependant, Paul, indigné de la multitude des idoles, se plaça au milieu de l’aréopage et dit : “ Hommes d’Athènes, je vois qu’à tous égards vous êtes très religieux. Car quand, en passant, je regardais les objets de votre culte, j’ai trouvé même un autel avec cette inscription : Au dieu inconnu. Celui que vous honorez sans le connaître, je viens vous l’annoncer. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’il renferme, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main d’hommes... Il n’est d’ailleurs pas loin de chacun de nous, car c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes, comme l’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : “ Nous sommes de sa race. ” Paul les exhorta à faire pénitence et parla de la résurrection des morts. Mais la plupart ne voulurent pas entendre parler de cela et se moquèrent de lui. Cependant, Paul gagna l’aréopagite Denys qui se convertit. Paul quitta alors Athènes et se rendit à Corinthe. Il y fonda une chrétienté florissante et y demeura plus de deux ans. Corinthe était la couronne de l’Apôtre, mais aussi son souci, comme en témoignent ses deux Épîtres. Paul retourna à Antioche en passant par Jérusalem. Peu de temps après, Paul se prépara à son troisième voyage, qui fut sans doute le point culminant de son labeur apostolique. Il se rendit à Éphèse, la capitale de l’Asie Mineure, où il demeura trois ans.