LUNDI DE LA TROISIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE PAQUES

Dans l’Octave.
        
1. Antiennes directrices. — Le matin, notre chant s’occupe du Ressuscité : “ Et commençant par Moïse et les Prophètes, il leur expliqua, dans l’Écriture, ce qui le concerne ” (Ant. Bened.). Le soir, nous répétons une parole du Seigneur, tirée de l’Évangile : “ Votre tristesse sera changée en joie, Alleluia ; et votre joie, personne ne pourra vous l’enlever, Alleluia, Alleluia ” (Ant. Magn.). L’Église nous recommande ainsi de vivre, pendant tout le jour, avec le Ressuscité.
           
2. Lecture d’Écriture (Ap., chap. 2 et 3). — Comme sept colonnes puissantes de l’atrium, les lettres aux Églises d’Asie sont placées devant le sanctuaire des visions célestes. Ces sept lettres nous sont adressées à nous aussi. Ces sept Églises représentent toutes les Églises, toutes les conditions et tous les états d’âmes. Le contenu de ces lettres nous montre combien le Christ condamne toute indifférence dans la foi, combien il tient à la profession ferme de la foi, combien il désire que notre amour soit agissant. Ces lettres méritent que nous les lisions avec attention. — Nous en lisons seulement deux, celle du plus grand éloge et celle du plus grand blâme : “ Écris à l’ange de l’Église de Smyrne (l’évêque de Smyrne était alors saint Polycarpe) : . Voici ce que dit le Premier et le Dernier, celui qui était mort et qui a repris vie : Je connais ta tribulation et ta pauvreté — mais tu es riche — ; je sais les insultes de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais bien une synagogue de Satan. Ne crains pas ce que tu auras à souffrir. Voici que le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez à l’épreuve, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : “ Celui qui vaincra ne recevra aucun dommage de la second mort ”. — Écris à l’ange de l’Église de Sardes : “ Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres ; tu passes pour vivant, mais tu es mort. Sois vigilant et affermis le reste qui allait mourir ; car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Souviens-toi donc des enseignements que tu as reçus et entendus ; garde-les et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai à toi comme un voleur, sans que tu aies su à quelle heure je viendrai à toi. Pourtant tu as, à Sardes, quelques personnes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ceux-là marcheront avec moi, en vêtements blancs, parce qu’ils en sont dignes. Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de vie et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises ”.
         
3. Symbole de la Résurrection. — Si nous voulons résumer les antiques symboles chrétiens dans une courte formule, nous pouvons dire qu’ils traitent surtout deux thèmes : ou bien ils représentent la vie cultuelle chrétienne, principalement dans les deux sacrements de la vie divine, le baptême et l’Eucharistie ; ou bien ils parlent de l’au-delà, de la résurrection de la chair, de l’immortalité. Les deux thèmes peuvent, à leur tour, se ramener à un seul : la vie divine dans la grâce et dans la gloire.
Parmi les symboles qui ont trait à l’au-delà, on doit surtout en signaler deux, pris dans le monde animal : le symbole du paon et celui du phénix. Le paon se retrouve souvent sur les antiques sarcophages chrétiens, mais aussi dans les catacombes et les basiliques. Il signifie l’immortalité dans la vie future. On représente souvent le paon picorant des raisins : le symbole est alors un symbole eucharistique. L’Eucharistie conserve et donne l’immortalité (“ Celui qui mange ma chair aura la vie en lui et je le ressusciterai au dernier jour ”). — Comme le symbole du paon, celui du phénix a été emprunté au paganisme D’après Lactance, voici quel est le sujet de la légende du phénix : “ Dans le lointain Orient, il y a un séjour de paradis. Le soleil printanier le baigne de ses rayons ; il y règne un climat égal, sans variations de température. On n’y connaît ni la souffrance, ni la maladie, ni la mort. Une source claire arrose ce jardin ; de hauts arbres l’ombragent ; ils sont chargés de fruits précieux qui ne tombent jamais. Dans ce jardin, vit un oiseau particulier, le phénix, consacré au dieu du soleil, à Phébus. A la première clarté de l’aurore, il se baigne quatre fois dans le fleuve et boit quatre fois aussi à la source vive. Il s’envole ensuite sur l’arbre le plus haut et, regardant le ciel, il épie le lever du soleil. Dès qu’il en aperçoit le premier rayon, il le salue par un chant sacré dont la beauté dépasse toute musique. Quand le soleil est dans son plein éclat, il bat bruyamment des ailes et salue avec respect le visage brillant de Phébus. Au bout de 1000 ans, il sent que son temps est révolu. Il quitte alors le paradis natal et s’enfuit dans le monde où règne la mort. Ses ailes l’emportent rapidement vers la Phénicie : Là, il se repose dans les lieux les plus écartés ; il cherche le palmier le plus élevé, celui qui porte son nom “ phénix ”. Il y construit son nid qui doit être aussi sa tombe. Mais il ne périt que pour vivre et se renouveler. Il rassemble les plus précieuses épices de tous les pays, s’en enveloppe et meurt. Son corps, qui a succombé à la mort qui doit engendrer la vie, s’enflamme à l’ardeur du soleil et brûle complètement. Mais la cendre renferme un nouveau germe de vie. Il en sort un ver blanc comme le lait ; ce ver, comme la chenille qui se transforme en papillon, se transforme en phénix et se nourrit uniquement de la rosée du ciel. Quand ce nouveau phénix a grandi et atteint sa taille complète, il se prépare à retourner dans son ancienne patrie. Il rassemble les restes de ses ossements et des épices et les porte dans le temple d’Hiéropolis, sur l’autel du dieu du soleil. Ceux qui le voient s’étonnent de sa beauté. Ses plumes brillent des plus magnifiques couleurs. Ses yeux ont l’éclat de la pierre de jacinthe et sa tête est entourée d’une couronne de rayons. Aucun oiseau, et même aucun animal, ne peut lui être comparé. Il a un aspect royal et, malgré sa taille gigantesque, vole avec légèreté et grâce Toute l’Égypte se précipite pour le saluer et on signale le jour de son arrivée. Tous les oiseaux se rassemblent pour l’escorter. Quant à lui, il retourne dans son jardin natal”.
           
Le phénix est donc, dans l’art chrétien antique, le symbole de la résurrection de la chair pour la vie éternelle. Au phénix, on unit le palmier qui porte d’ailleurs son nom (phoinix en grec).