LUNDI DE LA SEMAINE DES ROGATIONS

Station à Sainte Marie Majeure
           
Demandez et vous recevrez.
              
1. L’Office des rogations. — L’Église romaine compte encore, aujourd’hui, quatre fours de prières : les grandes litanies," le 25 avril (procession de saint Marc), et les petites litanies, les trois jours qui précèdent l’Ascension (on donne spécialement à ces trois jours le nom de Rogations). Ces jours sont consacrés par l’Église à la prière instante, afin d’implorer la miséricorde de Dieu pour tous nos besoins temporels et spirituels et, particulièrement, afin d’obtenir sa bénédiction pour les fruits de la terre . Dans l’ancienne Église, ces jours de prière étaient fréquents, soit qu’ils fussent réguliers et périodiques, soit qu’ils fussent prescrits dans des besoins extraordinaires et pressants, par exemple pour demander la cessation de la peste. Les trois jours de Rogations avant l’Ascension eurent leur origine en Gaule. Saint Mamert, évêque de Vienne, avait institué ces trois jours consacrés à la pénitence et à des processions de prières, pour obtenir que la ville et les environs fussent délivrés des grandes tribulations qui les désolaient (vers 450 après J.-C.). On imita, bientôt, ces processions de prière dont l’usage s’introduisit finalement dans toute l’Église d’Occident. La cérémonie, des Rogations consiste dans la procession et la messe de Rogations qui suit. Dans la procession, nous avons un dernier reste de l’antique procession de station que, les premiers chrétiens faisaient si volontiers, presque chaque jour, pendant le Carême et dans la semaine de Pâques. Ils se rassemblaient dans une église, appelée église de réunion (ecclesia collecta ; c’est de là que vient le nom de l’oraison dite collecte). De là, ils se rendaient en procession avec l’évêque et le clergé dans une autre église. En chemin, ils chantaient les litanies des saints et le Kyrie eleison. L’autre église s’appelait l’église de station. C’est là qu’on célébrait la sainte messe. Les quatre jours de prières nous ont conservé cet antique et vénérable usage, qui doit nous être cher. En effet, nous ne devons pas seulement prier instamment, mais encore en communauté. A cette prière instante et commune le Christ a promis la force et le succès. A la procession, on chante les antiques litanies des saints, dans lesquelles nous implorons, pour tous nos besoins, l’intercession de toute l’Église triomphante. Les oraisons terminales de ces litanies sont très belles et très édifiantes.
           
Quand l’Église a imploré l’assistance de toute la cour céleste et présenté toutes ses demandes au Seigneur, elle manifeste, à la messe, sa “ certitude de la victoire sur le cœur de Dieu ”. Cette messe nous offre, dans toutes ses parties, la promesse consolante que notre prière persévérante sera exaucée et elle nous donne, en même temps, dans l’Eucharistie, le gage du succès de cette prière. L’Introït nous donne la joyeuse assurance que nos prières seront exaucées par Dieu, qu’elles trouveront “ accès ” auprès de lui (Introivit — Introitus). Dans l’Épître, saint Jacques qui a tant prié, qui, à force de prier, avait des durillons aux genoux, dit que “ la prière d’un juste peut beaucoup ”. L’exemple d’Élie doit affermir notre confiance. Mais l’Épître parle aussi de pénitence. A l’Évangile, le Seigneur lui-même nous instruit de la puissance que possède une prière persévérante. L’Évangile forme comme un triptyque. Au centre, la parole divine si consolante : “ Demandez et vous recevrez... ” De chaque côté, deux images : l’ami importun, l’enfant qui demande, ou bien ; l’ami qui donne à contrecœur et le père plein de sollicitude. Nous sommes les amis qui demandent, les enfants qui frappent à la porte du Père céleste, à la porte du divin Ami — qui est loin de se montrer importuné — à la porte de notre frère, Jésus-Christ ; et nous recevons “ le pain” divin, gage des dons éternels. Considérons encore que les trois dons signalés dans l’Évangile ont un sens symbolique profond. Le pain et le poisson sont le symbole de l’Eucharistie ; l’œuf est le symbole de la Résurrection du Christ, il signifie le germe de la vie nouvelle. Nous recevons tous ces dons dans le Saint-Sacrifice et, dans l’antienne de communion, nous chantons joyeusement le bonheur de les posséder.
           
Les antiennes directrices qui contiennent toujours la pensée principale du jour, chantent, comme hier, les bienfaits de la prière : Il Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera ouvert, Alleluia ” (Ant. Bened.). “ Le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez et que vous croyez en moi, Alleluia ” (Ant. Magn.).
               
2. Lecture d’Écriture (1 Pierre, chap. 2 et 3). — Le prince des Apôtres nous exhorte à vivre dans une communion intime avec le Christ. Il Dépouillez toute malice et toute fausseté, toute envie et toute calomnie Comme des enfants nouveau-nés, désirez ardemment le lait raisonnable et pur, afin qu’il vous fasse grandir pour le salut si vous avez vraiment goûté que le Seigneur est bon. Approchez-vous de lui, la pierre vivante que les hommes ont rejetée, mais qui est choisie et précieuse devant Dieu. Et vous-mêmes comme des pierres vivantes, entrez dans la structure de l’édifice, pour former un temple spirituel, un sacerdoce saint, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ... Vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, un peuple saint un peuple que Dieu s’est acquis afin que vous annonciez les persécutions de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, autrefois, n’étiez pas son peuple et qui êtes, maintenant, le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde et qui, maintenant, avez obtenu miséricorde ”. Ensuite, saint Pierre insiste sur les devoirs de chaque état, Il Soyez soumis à toute ordonnance humaine, à cause de Dieu, soit au roi comme au souverain, soit aux gouverneurs comme délégués par lui pour faire justice des malfaiteurs et récompenser les gens de biens…Témoignez à chacun du respect ; aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. Vous, esclaves, soyez soumis à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et indulgents, mais encore à ceux qui sont difficiles. Car on est agréable à Dieu quand, à cause de lui, on endure les peines infligées injustement. Quel mérite y a-t-il, en effet, si, après avoir fait une faute, vous supportez patiemment les coups ? Mais si, après avoir fait le bien, vous avez à souffrir et que vous le supportiez avec patience, voilà ce qui est agréable à Dieu. C’est à cela, en effet, que vous avez été appelés ; car le Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a point commis de péché et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fausseté. Outragé, il ne rendait pas l’outrage ; maltraité, il ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge avec justice. Il a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts au péché, nous vivions pour la justice. C’est par ses meurtrissures que vous avez été guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes, mais, maintenant, vous êtes revenus à celui qui est le pasteur et l’évêque de vos âmes. Vous de même, femmes, soyez soumises à vos maris afin que, s’il en est qui n’obéissent pas à la prédication, ils soient gagnés, sans prédication. par la conduite de leur femme, rien qu’en voyant votre vie chaste et pleine de respect. Que votre parure ne soit pas celle du dehors : les cheveux tressés avec art, les ornements d’or et l’ajustement des habits ! Mais parez la femme intérieure par la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible : telle est la vraie richesse devant Dieu. C’est ainsi qu’autrefois se paraient les saintes femmes qui espéraient en Dieu et étaient soumises à leurs maris... Vous, de votre côté, maris, conduisez-vous avec sagesse à l’égard de vos femmes, comme avec des êtres plus faibles, les traitant avec honneur puisqu’elles sont avec vous héritières de la grâce qui donne la vie, afin que rien n’arrête vos prières -.