LUNDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE PAQUES

1. Antiennes directrices. — C’est une joie pour nous de pouvoir encore célébrer, pendant la semaine, la messe du dimanche, la belle messe du Bon Pasteur. A l’antienne de Benedictus, l’Église chante : “ Allez dans le monde, Alleluia, enseignez toutes les nations, Alleluia ”. A l’antienne de Magnificat, nous chantons : “ Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis, Alleluia ”.
            
2. Lecture d’Écriture (Act. Ap., chap. 15 et 16). — Nous lisons, aujourd’hui, le récit du mémorable concile de Jérusalem, dans lequel on prit cette décision importante que les païens convertis ne seraient pas soumis à la loi cérémoniale juive. “ Une longue discussion s’étant engagée, Pierre se leva et dit : Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m’a choisi parmi vous afin que, par ma bouche, les Gentils entendent la parole de l’Évangile et qu’ils croient. Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous ; il n’a fait aucune différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi. Pourquoi donc voulez-vous tenter Dieu, maintenant, en imposant aux frères un joug que Iii nos pères ni nous n’avons pu porter ? Mais c’est par la grâce de Jésus-Christ que nous croyons être sauvés de la même manière qu’eux ”. Quelque temps après, Paul entreprit son second voyage de mission et, cette fois, il prit avec lui Silas. Ils traversèrent la Syrie, la Cilicie et passèrent aussi par les localités que Paul avait visitées avec Barnabé pendant le premier voyage de mission. Sur leur passage, ils raffermirent les frères et leur transmirent les décisions des Apôtres et des Anciens et leur recommandèrent de les suivre. A Troas, Paul eut une vision. Un Macédonien se présenta devant lui, qui le priait en ces termes : “ Passe en Macédoine et viens nous aider ”. Paul se rendit en Europe avec son compagnon. A Philippes, on les jeta en prison et, par précaution, on leur mit les fers aux pieds. Tout à coup, pendant que Paul et Silas chantaient les louanges de Dieu, il se produisit un tremblement de terre ; leurs chaînes tombèrent et les portes de la prison s’ouvrirent. Le geôlier fut tout déconcerté ; il voulait se tuer, pensant que les prisonniers s’étaient enfuis. Paul ne se contenta pas de le calmer ; il lui annonça la parole de Dieu. Le geôlier se fit baptiser avec toute sa maison. Le lendemain, les stratèges donnèrent l’ordre de délivrer Paul et Barnabé. Mais, en apprenant que Paul et Silas étaient des citoyens romains, ils s’excusèrent et les prièrent amicalement de quitter la ville. Philippes fut la première communauté chrétienne ; saint Paul eut toujours, pour cette Église, de la prédilection.
          
3. L’image du Cœur de Jésus dans l’ancienne Eglise. — Le Christ fut toujours, dans l’Église, l’objet du plus grand amour. On pourrait composer un cantique des cantiques de l’amour en rassemblant toutes les paroles et tous les témoignages d’amour envers le Seigneur pendant les 1900 ans de l’histoire de l’Église, depuis les beaux passages des Épîtres de saint Paul : “ Qui me séparera de l’amour du Christ ? ” (Rom. VIII, 35). “ Le Christ est ma vie et la mort m’est un gain” (Phil. l, 21), jusqu’à notre temps : “ le jour annonce au jour et la nuit murmure à la nuit ” (Ps. 18) le message de l’amour pour le Christ. C’est là l’unité nécessaire. Mais la forme d’expression de l’amour, l’image sous laquelle il se cache, varient selon les temps et les pays et sont libres.
            
Si l’on veut donner à son amour du Christ la forme de la dévotion du Sacré-Cœur, on fait très bien. Quelle ferveur cette dévotion a allumée depuis quelques dizaines d’années ! Mais on devra laisser la liberté à ceux qui veulent exprimer leur amour du Christ sous une autre forme, par exemple sous la forme qui était si usitée dans l’ancienne Église, sous l’image du Bon Pasteur que le Christ lui-même nous a proposée dans la parabole. C’est vraiment l’image du Cœur de Jésus dans l’Église ancienne ; c’est, aujourd’hui encore, une image qu’aime la liturgie.
           
L’image du Bon Pasteur est la plus antique et la plus répandue des images du Christ dans l’ancienne Église. Dans le plus antique monument que nous ayons conservé de l’art chrétien, dans les antiques peintures de la catacombe de Domitille qui remontent au premier siècle, le Christ paraît comme Bon Pasteur. A partir de là, les images du Bon Pasteur se multiplient par centaines dans les catacombes, pendant les quatre premiers siècles. Pendant les siècles suivants, les représentations du Bon Pasteur en mosaïque, en sculpture, en peint re, sont innombrables. Nous pouvons affirmer que le Bon Pasteur est l’image du Christ dans l’ancienne Église.