LUNDI APRES LE DIMANCHE BLANC

Pendant les féries du temps pascal, on entend, le matin et le soir, un écho de l’Évangile du dimanche ou bien quelque pensée de la Résurrection. Ce sont ces antiennes du lever et du coucher du soleil, ainsi que la lecture d’Écriture, que nous examinerons chaque jour de la semaine.
             
1. Les antiennes directrices. — Nous chantons, ce matin, au lever du soleil : “ Quand Jésus fut ressuscité, le premier matin après le sabbat, il apparut. d’abord à Marie-Madeleine dont il avait chassé sept démons, Alleluia ”. Le soir, nous chantons : “ La paix soit avec vous, c’est moi, Alleluia ; ne craignez point, Alleluia ”. Comme ces antiennes sont bien choisies ! Le matin, nous pensons aux événements de la Résurrection qui se passèrent dans la matinée ; le soir, nous entendons les paroles du Christ dans son apparition. Ces chants brefs devraient être les oraisons jaculatoires du jour.
           
2. Lecture d’Ecriture (Actes des Apôtres, I, 1-26). — Nous commençons les Actes des Apôtres, dont on ne saurait trop recommander la lecture attentive. Cette lecture nous fait pénétrer dans la vie de la primitive Église et nous fait connaître les premières conquêtes du christianisme, opérées surtout par l’Apôtre saint Paul. (Ceux qui veulent introduire dans le monde une vie commune liturgique trouveront précisément, dans ce livre, les plus belles indications. Les Actes des Apôtres groupent d’abord les faits autour de la personne du prince des Apôtres et racontent la diffusion de l’Église à Jérusalem et dans la Palestine — (chap. 1-12). Du chapitre 13 au chapitre 28, les événements se groupent autour de l’Apôtre saint Paul. Il avait été appelé par la Providence à porter l’Évangile dans le monde gréco-romain. Saint Luc, l’auteur de ce livre, accompagne lui-même l’Apôtre des Gentils dans ses trois voyages de mission et le conduit enfin au centre du monde civilisé d’alors, à Rome. La première captivité de saint Paul à Rome (61-63 après JC) termine le récit.
            
Nous lisons aujourd’hui le premier chapitre qui nous raconte l’Ascension du Seigneur et le choix de Matthias comme Apôtre. Quand Jésus fut monté au ciel, les disciples revinrent du Mont des Oliviers vers Jérusalem et persévérèrent, d’un même esprit, dans la prière. Étaient réunis : Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, le fils d’Alphée, Simon le Zélote et Jude, le frère de Jacques, Marie, la mère de Jésus (c’est, ici, la dernière fois qu’il est question de Marie dans la Sainte Écriture) et les autres saintes femmes. La parole de l’Écriture concernant Judas s’était accomplie. Il fallait que son ministère fût transféré à un autre, un homme qui avait accompagné le Seigneur et qui serait un témoin de la Résurrection. On hésita d’abord entre Matthias et Joseph surnommé le Juste. Cependant le sort décida en faveur du premier. L’élection de Matthias est un bel exemple de la manière dont les intérêts divergents des personnes et de la communauté se concilient dans la charité chrétienne.
             
3. Eau et sang. — Ma bonne et pieuse grand-mère avait la coutume, quand nous étions enfants, de tracer sur notre front, de sa main tremblante, un signe de Croix avec de l’eau bénite. Elle disait en nous signant ainsi : “ Eau sainte, sang précieux, sauvez ma pauvre âme ”. Je comprends maintenant tout le sens profond de ces paroles. L’eau bénite est le symbole et le mémorial de deux liquides précieux qui purifient et rafraîchissent notre âme. Ce sont l’eau du baptême et le sang du Christ dans l’Eucharistie. L’eau du baptême nous donne la vie divine, le sang du Christ la développe ; l’un et l’autre sauvent notre pauvre âme. Nous ne pouvons les séparer. Le baptême et l’Eucharistie vont ensemble. C’est aussi la pensée fondamentale du dimanche blanc.