LE DIMANCHE DU BON PASTEUR

Leitmotiv : Je suis le Bon-Pasteur : je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.
           
1. Le Bon Pasteur. — L’image du Bon Pasteur nous accompagne pendant la Semaine-Sainte et la semaine de Pâques. Aux matines du Samedi-Saint, nous chantons :
Il s’est éloigné, notre Pasteur,
La source d’eau vive,
A son départ, le soleil s’est assombri…
Et à Pâques, nous avons chanté :
“ Il est ressuscité, le Bon-Pasteur
Qui donna sa vie pour ses brebis
Et pour son troupeau voulut mourir, Alleluia.
Notre Agneau pascal. le Christ, est immolé ”.
Aujourd’hui, nous chantons au lever du soleil : “ Je suis le pasteur des brebis ; je suis la voie, la vérité et la vie ; je suis le Bon Pasteur, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, Alleluia, Alleluia ”.
          
Au coucher du soleil, nous chantons : “ Je suis le Bon Pasteur et je pais mes brebis et, pour mes brebis, je donne ma vie, Alleluia ”. Qu’ils sont saisissants ces deux chants quand, dans le soleil, on voit le symbole du Christ ! A son lever, il dit au monde : Je suis votre pasteur, je suis la voie, la vérité, la vie ; à son coucher, il parle de sa mort.
           
C’est justement par sa mort et sa Résurrection que le Christ s’est montré le Bon Pasteur. Il a donné sa vie pour ses brebis quand il est mort sur la Croix. Après sa Résurrection, il rassemble son troupeau avec un amour de Pasteur, cet amour qui pardonne, console et dirige. Il établit un pasteur pour le remplacer. C’est une véritable image de Pâques. Le dimanche est appelé le “ dimanche du Bon Pasteur ”.
             
2. La messe (Misericordia). - L’architecture de la messe est d’une belle unité. Presque dans chaque morceau, le Bon Pasteur nous regarde. Ce qui est particulièrement beau, c’est que le verset principal de l’Évangile est répété, comme leitmotiv, à l’Alleluia et à la Communion. L’office de station se célébrait jadis à Saint-Pierre, au tombeau de celui que le Christ a établi pasteur suprême. C’était symbolique. A l’Introït, nous louons la miséricorde du Bon Pasteur et nous chantons le psaume du Bon Pasteur (Ps. 32). Ce psaume décrit Dieu comme le Bon Pasteur de la nature et des hommes. Dans l’oraison, le Bon Pasteur paraît de nouveau devant nous : la brebis perdue, l’humanité tombée qu’il a retirée des épines, il la porte maintenant sur ses épaules où elle jouit de la paix en attendant l’éternelle joie dont le temps pascal est l’avant-goût. Maintenant, à l’Épître, le saint de station, saint Pierre, s’adresse à nous. Saint Pierre, plus que bien d’autres, a éprouvé l’amour prévenant et miséricordieux du Bon Pasteur. En termes chaleureux, il décrit le Bon Pasteur de nos âmes dans sa Passion, il nous rappelle le temps de nos égarements et le bonheur de notre retour au Bon Pasteur. “ Vous étiez des brebis errantes, mais, maintenant, vous êtes revenus vers l’Évêque de vos âmes ”. Les deux versets de l’Alleluia ne sont reliés que par le mot connaître (cognoscere). Le Bon Pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent — les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Seigneur à la fraction du pain. Cette associa !ion d’idées est d’abord difficile à comprendre ; puis nous méditons sur le mot connaître. Ce mot signifie plus que son sens littéral ; il veut dire comprendre, avoir confiance, aimer, vivre l’un pour l’autre. C’est là la meilleure explication. Le Christ veut dire : Je suis avec les miens dans l’union la plus étroite, je suis un avec les miens. Le modèle de cette union est l’unité de la sainte Trinité. Mais où cette union se réalise-t-elle d’une manière plus profonde et plus intime que dans la “ fraction du pain ”, dans la sainte Eucharistie ? Cette pensée est la lumière qui éclaire toute la messe. A l’Evangile, le Bon Pasteur lui-même est devant nous. Il nous donne aujourd’hui encore les deux preuves de son amour de pasteur. Il donne sa vie pour nous, car la messe est le renouvellement du sacrifice sanglant du Calvaire. Il nous connaît et nous devons le connaître dans la sainte communion. Dans l’église des Gentils (saint Pierre), il parle aussi des “ autres brebis qu’il veut faire entrer dans le bercail ”. Comparons la conclusion des deux lectures. L’une annonce le plan de Dieu, l’autre l’exécution de ce plan. “ Celles-ci, je veux aussi les amener au bercail.”. -c Vous étiez des brebis errantes, maintenant — vous êtes rentrés… ”. L’antienne de l’Offertoire est saisissante. Jusqu’ici, il était question du Bon Pasteur Maintenant, on parle des ,brebis. Quand la communauté se presse autour de l’autel, au moment de l’Offrande, c’est comme si les brebis se pressaient autour de leur pasteur. Nous comprenons alors l’antienne de l’Offertoire que l’Église met dans leur bouche : “ Dieu, mon Dieu, je te cherche dès le matin ”, j’élève vers toi mes mains (pour l’offrande des dons). A la Communion, nous entendons de nouveau le leitmotiv de la messe. C’est la “ connaissance ” la plus intime qui puisse s’imaginer.
           
3. La Prière des Heures. — Aux matines, nous entendons deux “ bons pasteurs ”, deux représentants du “ Pasteur et Évêque de nos âmes ”, les deux papes saint Léon le Grand et saint Grégoire le Grand. — Saint Léon parlé des quarante jours qui ont suivi la Résurrection : “ Les jours entre la Résurrection et l’Ascension du Seigneur ne se sont pas passés dans l’inaction. Au contraire, pendant ce temps, de grands sacrements ont été institués, de grands mystères ont été révélés. Pendant ce temps, la crainte de la mort terrible est enlevée et l’immortalité non seulement de l’âme, mais aussi du corps, est annoncée. En ces jours, par l’insufflation du Seigneur, le Saint-Esprit est répandu dans tous les Apôtres. L’Apôtre Pierre, placé avant tous les autres, reçoit, après les clefs du royaume, le soin du bercail du Seigneur... ” Saint Grégoire prononça son homélie, en ce jour, dans l’église de station de Saint-Pierre. Le saint Pape nous enseigne que le Christ a réalisé sa parole : “ Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis J, non seulement sur la Croix, mais encore dans l’Eucharistie. Mais la parabole doit surtout être une leçon et un avertissement pour les pasteurs des âmes ; elle doit les exhorter à donner leur bien et leur vie pour les brebis qui leur sont confiées. Voici que celui qui est bon, non en vertu d’un don accidentel, mais essentiellement, dit : Je suis le Bon Pasteur. Et il ajoute le modèle de cette bonté que nous devons imiter en disant : le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Il fit ce qu’il nous demande de faire, il montra ce qu’il nous ordonne. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis afin de présenter son corps et son sang, sous une forme nouvelle, dans notre sacrement et de rassasier de l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. : Le mépris de la mort nous montre la voie que nous devons suivre ; un exemple nous est donné auquel nous devons nous conformer. Notre premier devoir est de nous montrer pleins de miséricorde pour ses brebis ; mais nous avons encore le devoir d’offrir, s’il le faut, notre mort pour ces mêmes brebis ”.
           
4. Lecture d’Ecriture (Act. Ap., chap. 13 et 14). — Nous lisons le récit du premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabé dans l’île de Chypre et l’Asie Mineure. Ils prêchèrent hardiment à Antioche de Pisidie et “ tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent -. Mais les Juifs, ayant excité les femmes prosélytes de la classe élevée et les principaux de la ville, suscitèrent une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. “ Ils allèrent à Iconium ; ils entrèrent de même dans la synagogue des Juifs et y prêchèrent de manière qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent et aigrirent l’esprit des Gentils contre leur frères. Ils firent néanmoins un assez long séjour dans ce lieu, parlant avec assurance, appuyés par le Seigneur qui rendait témoignage à la parole de grâce par les prodiges et les miracles qu’il leur donnait de faire. Toute la ville se divisa : les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les Apôtres ”. De là aussi, saint Paul et son compagnon durent s’enfuir. Ils continuèrent leur œuvre à Lystres. Saint Paul ayant guéri dans cette ville un paralytique, la foule les prit pour des dieux et voulait leur offrir des sacrifices. Ce n’est qu’à grand’peine que le peuple se laissa persuader que ce miracle n’avait pas été accompli par la puissance de Paul, mais par celle du Dieu vivant. Il renonça au sacrifice. Alors survinrent d’Antioche et d’Iconium des Juifs, qui ayant gagné le peuple, lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort. Mais, les disciples l’ayant entouré, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, Paul et Barnabé partirent pour Derbé. De là, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche, raffermissant l’esprit des disciples, et les exhortèrent à persévérer dans la foi en disant que c’est “ par beaucoup de tribulations qu’on doit entrer dans le royaume de Dieu,. Ils se rendirent ensuite, en traversant la Pisidie, en Pamphylie, puis à Attalie où ils s’embarquèrent pour Antioche. Dès qu’ils furent arrivés, ils assemblèrent l’Église et racontèrent tout ce que Dieu avait fait par eux et comment ils avaient ouvert aux nations les portes de la foi. Ils demeurèrent assez longtemps avec les disciples. Dans cette lecture, nous voyons saint Paul se montrer, lui aussi, un bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.