JOUR OCTAVE DE L’ASCENSION DU CHRIST (double majeur).

Le Christ monte vers les hauteurs et emmène les prisonniers.
           
Le dernier jour de l’Octave jouit d’une plus grande solennité ; c’est un dernier résumé de tout ce que nous avons célébré et vécu pendant l’Octave. La solennité plus grande se manifeste encore par ce fait que la lecture d’Écriture n’est pas prise dans la section en cours, mais choisie exprès pour l’Ascension.
          
1. L’Octave. — Nous terminons, aujourd’hui, l’Octave de l’Ascension du Christ ; nous avons mûrement considéré les pensées de la fête. Mais l’Église nous laisse quelques souvenirs qui nous permettent de nous rappeler l’Ascension toute l’année. A la messe, après la Consécration, le prêtre récite une antique prière qui se rattache à l’ordre du Christ de faire ceci en mémoire de lui : “C’est pourquoi nous nous rappelons, nous, tes serviteurs et ton peuple saint, la bienheureuse Passion, la Résurrection d’entre les morts et la glorieuse Ascension du Christ... ”. L’Église nous ordonne, à tous, de songer tous les jours au mystère de cette fête ; bien plus, la pensée est, ici, une réalisation sanctifiante des grands faits salutaires. Depuis que le Seigneur trône au ciel, notre regard est dirigé vers lui et nous le voyons “ assis à la droite de Dieu ” ; c’est le Christ monté au ciel que nous confessons dans le Symbole ; c’est lui que nous prions au Gloria in excelsis ; c’est dans la foi à l’Ascension que nous concluons toutes les oraisons : Par Notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils, qui vit et règne avec toi. Tenons toujours nos regards attachés sur le Seigneur élevé au ciel et assis à la droite de Dieu. Enfin nous devons, dans un Sursum corda, nous rappeler qu’il ne faut pas seulement croire à l’Ascension du Seigneur, mais encore en garder les leçons dans notre vie ; nous devons demeurer de cœur au ciel.
          
2. La prière des Heures. — Aujourd’hui, le grand Africain, saint Augustin, veut encore nous entretenir du mystère de la fête. Nous entendons aujourd’hui : saint Paul, saint Augustin et saint Grégoire le Grand.
             
a) Saint Paul nous parle dans l’Épître aux Éphésiens (IV, 1-21). Le passage est d’autant plus important qu’il contient une interprétation authentique d’un psaume. Le passage du psaume 67 : “ Il monte vers les hauteurs, il emmène les prisonniers avec lui et partage ses dons aux hommes ”, est appliqué par saint Paul à l’Ascension. Ce passage est, d’ailleurs, le verset typique et principal de la fête. Paul explique quels sont les dons que distribue le triomphateur céleste.
           
b) Saint Augustin montre comment l’Ascension du Seigneur est pour nous une garantie des biens célestes : “ Tous les miracles, très chers, que le Seigneur Jésus-Christ accomplit en ce monde, revêtu de notre fragilité, sont salutaires pour nous. Aussi quand (dans son Ascension) il éleva la nature humaine au-dessus des étoiles, il enseigna que le ciel est ouvert à ceux qui croient. Ayant élevé le vainqueur de la mort (sa sainte humanité) jusqu’au ciel, il nous indiqua, à nous, les vainqueurs, le chemin par lequel nous devons le suivre. L’Ascension du Seigneur fut donc la confirmation de la foi catholique afin que, dans l’avenir, nous croyions au don de ce miracle (notre propre ascension) dont nous avons déjà perçu l’effet dans le présent et que chaque fidèle, qui a déjà ici goûté de si grandes grâces par les bienfaits reçus, apprenne à attendre la promesse ; ainsi, la bonté, de son Dieu, éprouvée dans le passé et dans le présent, lui donnera comme la caution des biens futurs.
            
c) Saint Grégoire le Grand nous donne une bonne explication allégorique d’un passage du Cantique des cantiques. “ Salomon fait dire à l’Église (Cant. II, 8) : “ Voici qu’il vient, sautant par-dessus les montagnes, bondissant par-dessus les collines. ” Salomon voit ici, éclairé par l’Esprit, les hauteurs de l’œuvre divine du salut, quand il dit : “ Voici qu’il vient sautant par dessus les montagnes ”. En effet, quand le Seigneur vint pour notre Rédemption, il fit, pour ainsi dire, un certain nombre de “ bonds ”. Voulez-vous, mes très chers frères, connaître ces bonds ? Du ciel, il vint dans le sein de sa Mère ; de là, dans la Crèche ; de la Crèche, sur la Croix ; de la Croix, au tombeau ; et du tombeau, il retourna au ciel. Voici que, pour nous faire courir après elle, la Vérité, manifestée dans la chair, fit quelques bonds ; elle bondit, comme un géant, pour parcourir sa voie afin que nous puissions lui dire de tout cœur : “ Tire-nous ; nous courrons après toi, à l’odeur de tes parfums ” (Cant. 1, 3).
             
3. Préparation à la Confirmation. — Tous les ans, à la Pentecôte, nous devons prendre conscience de la grâce de la Confirmation et la raviver en nous. Trois sacrements impriment dans notre âme un caractère indélébile. Le catéchisme nous parle de ce signe ineffaçable, dans le Baptême, la Confirmation et l’Ordre. Le baptême fait, de l’homme, un enfant de Dieu et un citoyen du royaume de Dieu ; la Confirmation l’enrôle dans l’armée du Seigneur et la prêtrise en fait un officier dans cette armée, un chef dans le royaume de Dieu. De là résulte la haute importance de ces trois sacrements pour l’édification de l’Église, la répartition de ses membres et leur organisation hiérarchique. Quel est l’effet de la Confirmation ? Le nom (Confirmation = affermissement) nous dit, déjà, qu’elle élève le baptisé à un plus haut rang dans le christianisme, à un état de maturité. La Confirmation en fait un parfait chrétien. Les trois sacrements que nous venons de nommer mettent l’homme dans une relation étroite avec le Saint-Esprit. Dans le baptême, il devient un temple du Saint-Esprit qui demeure en lui. Par le sacerdoce, il devient un instrument du Saint-Esprit et participe au pouvoir divin de bénédiction, de consécration et d’absolution. La Confirmation tient le milieu entre le Baptême et l’Ordre. D’une part, elle procure une habitation plus intime du Saint-Esprit et, d’autre part, elle confère une certaine participation à l’Ordre qui est une œuvre particulière du Saint-Esprit. L’effet de la Confirmation peut être résumé dans les trois idées suivantes : elle fait du chrétien un chevalier, un martyr et un “ prêtre”.
             
L’armement du chevalier. Le Baptême fait de nous des enfants de Dieu. Tant que l’enfant reste sous la protection aimante de ses parents, il ne sait rien du sérieux de la vie. Dès qu’il s’en va dans le monde, alors commencent les combats et les soucis. Il en est de même dans le royaume de Dieu. Dès que l’enfant de Dieu a atteint l’âge de raison, l’âge insouciant prend fin et de puissants ennemis s’élèvent contre son âme. Le diable, le monde, la nature inférieure se liguent pour l’arracher au royaume de Dieu. Mais l’enfant de Dieu ne doit pas être laissé seul. Il reçoit des aides et des alliés. Il est armé chevalier par le sacrement de Confirmation ; le Saint-Esprit le munit d’armes défensives et offensives. Alors, le chrétien entre dans les rangs de l’armée militante, il reçoit l’armure que décrit l’Apôtre saint Paul : “ Revêtez-vous de l’armure de Dieu afin de pouvoir résister aux jours mauvais et, après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de la justice et, les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’Évangile de paix. Avant tout, prenez le bouclier de la foi par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut et le glaive de l’Esprit : la Parole dé Dieu ” (Éph., VI, 12). C’est de cette armure que le Saint-Esprit revêt le chrétien dans la Confirmation, afin qu’il combatte le bon combat” et reçoive la couronne de vie ”.