3 MAI - Invention de la Sainte Croix (double de 2ème classe) - Saint Alexandre et ses compagnons, martyrs.

De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi le Fils de l’Homme doit être élevé.
          
1. Invention de la Sainte Croix. — Après la brillante victoire que l’empereur Constantin avait remportée sur son adversaire, grâce à la croix parue dans le ciel (313), l’impératrice sainte Hélène se rendit à Jérusalem pour rechercher la vraie Croix du Christ. On raconte que les païens avaient mis à l’endroit où s’élevait la Croix une statue en marbre de la déesse Vénus. Quand on eut nettoyé l’emplacement de la Croix, on trouva, profondément enfoncées en terre, trois croix et, non loin, l’inscription qui avait été placée sur la Croix du Christ.
        
Mais il était impossible de savoir sur laquelle des trois croix avait été placée l’inscription. Un miracle trancha la question. Macaire, qui était alors évêque de Jérusalem, adressa à Dieu de ferventes prières, puis il toucha avec chacune des trois croix une femme gravement malade. Les deux premières croix ne lui procurèrent aucun soulagement, mais, dès que la troisième l’eut touchée, elle fut guérie sur-le-champ. Après la découverte de la Croix salutaire, Hélène fit construire, à cet endroit, une magnifique basilique dans laquelle elle laissa un morceau de la Croix renfermé dans un reliquaire d’argent ; elle en envoya une autre partie à son fils Constantin ; cette partie fut déposée dans l’église de Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome. Elle apporta aussi à son fils les clous avec lesquels le saint corps du Christ avait été attaché à la Croix. C’est à cette époque que Constantin défendit, par une loi, d’infliger le supplice de la croix. Ainsi la croix, qui auparavant était pour les hommes un opprobre et une dérision, devint un objet de vénération et de gloire.
           
Nous fêtons aujourd’hui le souvenir de cette découverte merveilleuse de la Croix. Le bois de la Croix qui a été l’instrument de notre Rédemption, qui a été sanctifié par le contact des membres du Christ et par son sang précieux, mérite le culte le plus élevé parmi toutes les reliques. L’Église célèbre volontiers cette fête pendant le temps pascal parce que c’est sur la Croix que le Christ a remporté sa victoire. Aujourd’hui, la Croix ne nous apparaît pas comme un instrument de supplice, mais comme un signe de victoire dans l’éclat de Pâques.
         
La Croix et la Résurrection se complètent ; l’une ne peut pas exister sans l’autre. Le Christ, durant sa vie terrestre, parle toujours de sa Résurrection quand il annonce ses souffrances. L’Église fait de même pendant le Carême et le temps de la Passion. Sans cesse la joie pascale traverse les douleurs de la Passion. Par contre, pendant le temps pascal, l’Église a continuellement la Croix devant les yeux. Ce qui est caractéristique, c’est la commémoration de la Croix que l’on doit faire, pendant tout le temps pascal, aux féries et aux fêtes de degré moindre, le matin et le soir. Voici cette antienne :
Ant. Le Crucifié est ressuscité des morts et noua a rachetés, Alleluia, Alleluia.
V. Annoncez à tous les peuples, Alleluia,
R. Que le Seigneur règne par le bois, Alleluia.
Prions : O Dieu, qui as voulu que ton Fils subisse le supplice de la Croix pour anéantir la puissance de l’ennemi, fais que nous, tes serviteurs, nous obtenions la grâce de la Résurrection. Par le Christ, Notre Seigneur. Amen.
Telle est l’oraison. Elle nous fait comprendre que la fête de la Croix a sa place, conformément à l’esprit de la liturgie, dans le temps pascal. L’Église arbore la Croix dans la gloire lumineuse de Pâques.
         
2. La messe. — La messe célèbre l’“ exaltation” du Christ et de la chrétienté par la Croix. (Jadis, on célébrait aujourd’hui la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, c’est-à-dire du recouvrement de la Croix). Dans la Croix se trouvent “ salut, vie et résurrection” (Intr.). Par son obéissance jusqu’à la mort de la Croix, le Christ a été “ élevé” et tout genou doit ployer devant lui. De même nous pouvons, par l’humilité et l’abaissement, parvenir à la gloire (Ép.). Le divin Roi règne, de son trône de la Croix, sur tous les peuples (All.).
         
Signalons ici un fait intéressant. Le psaume 95 contient le verset suivant : “ Annoncez à tous les peuples que le Seigneur est Roi ”. Dans l’antiquité chrétienne, on avait coutume d’ajouter : a ligno = par le bois. “ Le Seigneur règne par le bois ”. C’était une pensée chère à l’Église antique de considérer le Seigneur en Croix comme un Roi. Aussi la piété chrétienne avait un tendre amour pour la Croix : Aimable bois, aimables clous, vous supportez un aimable fardeau... ” A l’Évangile, nous assistons à l’entretien nocturne du Christ avec Nicodème. Le Christ parle des plus profondes vérités de notre foi : la régénération par le baptême, l’Ascension, l’envoi du Saint-Esprit et surtout l’“exaltation ” en Croix. “De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’Homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu, mais ait la vie éternelle. Nous chantons avec joie, à l’Offertoire, que la main du Seigneur “ nous a élevés” nous aussi. La “ vie ” éternelle nous est communiquée au Saint-Sacrifice, dans lequel nous participons abondamment aux fruits de la Croix. L’Évangile se réalise d’une manière encore plus haute. Comme Nicodème, nous venons, dans la nuit de la vie terrestre, vers le Christ qui est l’éternelle lumière et nous recevons de lui non seulement la doctrine, mais encore la grâce de la régénération. Le Christ glorifié nous fait monter jusqu’au trône de sa Croix. Nous célébrons, à la messe, notre “ inventio Crucis ”, nous découvrons la Croix. Nous y trouvons la “ balance ” (statera) sur laquelle est le “ trésor ” de notre rançon. Nous cueillons les fruits de l’arbre de vie ; à l’Ite missa est, nous emportons l’étendard victorieux qui nous guidera dans les combats de la vie. Nous “ découvrons” aussi la Croix quand, derrière l’humiliation, nous contemplons la gloire et le triomphe. Nous “ découvrons ” la Croix quand nous voyons en elle “ salut, vie et résurrection ”, quand nous la considérons comme une “ élévation” et non comme un abaissement, comme la porteuse de la “ vie” et non de la mort. Ces pensées nous aideront à rendre glorieuses les croix de notre vie.
         
3. Saint Alexandre et ses compagnons. — Alexandre 1er fut le cinquième successeur de saint Pierre. Il mourut en 116. Dans la catacombe qui porte son nom sur la voie Nomentane, on a trouvé les fragments dune inscription qui le concerne. Remportèrent la couronne du martyre avec lui les prêtres Eventius et Théodule. Nous commémorons aussi aujourd’hui la mort de saint Juvénal, évêque de Narni (376). Les reliques des trois premiers se trouvent actuellement dans les églises de SaintePraxède et de Sainte-Sabine à Rome.