23 AVRIL - Saint Georges, martyr (semi-double).

Soyons des chevaliers comme Saint Georges dans le combat contre le Dragon.
       
1. Saint Georges, le beau chevalier à l’armure éclatante, monté sur son cheval de guerre et transperçant le dragon, est une figure populaire entourée de légendes. Ce qu’il y a d’historique dans la vie de ce saint est ce qui suit : Le Cappadocien Georges, officier de haut grade, subit le martyre avec d’autres chrétiens pendant la persécution de Dioclétien, vers 303. Il mourut en Palestine, probablement à Diospolis. L’Église d’Orient l’appelle le grand martyr. De très bonne heure, son culte fut transporté dans l’Église d’Occident. La chevalerie chrétienne l’a honoré comme un de ses plus grands patrons. L’Église romaine lui dédia, dès les premiers siècles, une station sous le titre “ Saint Georges in Velabro ” (jeudi après le mercredi des Cendres). Le bréviaire romain ne contient pas de biographie du saint car le pape saint Gélase défendit, en 496, de lire ses Actes apocryphes. Le martyrologe dit : “ La naissance (céleste) de saint Georges, dont l’Église honore le triomphe particulièrement glorieux parmi ceux de tous les martyrs.
       
2. La messe (Protexisti). — La messe est du commun des martyrs pendant le temps pascal (cf. le 13 avril). Seule, l’Epître est prise d’un autre commun. Dans cette Épître, le saint héros nous parle de ses efforts pour prêcher l’Évangile du Seigneur ressuscité pour lequel il a souffert “ jusqu’aux chaînes ” (c’est une véritable Épître pascale). Il nous dit qu’il a aussi enduré son martyre à cause de nous “ afin que nous recevions le salut dans le Christ Jésus ”. Cette pensée nous montre le culte des saints dans une autre lumière. Les saints souffrent aussi pour nous. Saint Georges conclut en nous exhortant à l’imiter : “ Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ souffriront la persécution ”. L’Évangile nous rapporte la parabole de la vigne. Pourquoi cela ? Il peut se faire que ce choix ait été dû d’abord à un motif extérieur. Dans l’antiquité, on prenait, pendant le temps pascal, la dernière partie de l’Évangile de saint Jean dont on faisait la lecture à la suite. C’est ce qui explique sans doute la présence de cette péricope dans notre messe (cf. les Évangiles des dimanches après Pâques, celui de la fête de saint Philippe et saint Jacques). Cependant, un œil exercé trouvera une relation intime entre le martyre et l’image de la vigne : Le Christ, le Roi des martyrs, est le cep de vigne élevé sur la Croix ; les martyrs sont les raisins mûrs de cette vigne qui pendent de la Croix. Le vin eucharistique a jailli sous le pressoir de la souffrance et ce vin fut la boisson enivrante qui donna force et courage aux martyrs. Ces trois notions : Croix, Eucharistie et martyre, sont tellement unies dans l’esprit de la primitive Église que l’une d’entre elles évoque immédiatement les autres. C’est pourquoi, depuis les temps les plus reculés, on nomme deux fois les martyrs au Canon de la messe. Notre Évangile est en quelque sorte une illustration du Canon : le Christ, la vigne divine qui s’appuie à la Croix, le Christ qui est en même temps l’arbre de vie du Paradis ; les martyrs qui sont les raisins suspendus à cette vigne. Les martyrs ont réalisé la parabole. Ils sont “ demeurés dans le Christ et ont porté beaucoup de fruit” en méritant a couronne du martyre. Nous aussi, nous sommes les sarments de la vigne divine quI est le Christ et, justement maintenant, à la messe, la sève vitale de la vigne doit couler dans les sarments afin qu’ils portent “ beaucoup de fruit ”. C’est par la vigne divine que nous sommes unis avec le saint martyr ; c’est précisément à la messe que doit se réaliser la communion des saints qui est une “ communauté de souffrance et de consolation ”. C’est ainsi que nous comprenons, à la lumière de la primitive Église, la parabole de la vIgne. Le cardinal Schuster fait remarquer que le mot qui veut dire vigneron en grec est Géorgos et que, par conséquent, à la période byzantine, quand les lectures étaient faites dans les deux langues, on enttendait le nom de Georges dans l’Evangile. De nouveau, le royaume de Dieu au ciel et sur la terre loue et “ confesse ” les merveilles de la vigne divine (Off.). A la communion, nous voyons le saint s’asseoir avec joie au banquet céleste et, sur la terre, nous prenons part à sa joie à la table eucharistique. Le psaume 63 a commencé la messe et il l’achève. Remarquons encore que la plupart des chants nomment le saint au singulier.
         
3. Le martyre. — Les matines contiennent un beau passage d’une lettre de saint Cyprien sur les martyrs : “ Par quelles louanges dois-je vous célébrer, valeureux martyrs ? Par quel éloge exalter la force de votre cœur et la persévérance de votre foi ? Jusqu’à la consommation glorieuse vous avez subi de très durs tourments. Vous n’avez pas reculé devant les supplices, ce sont plutôt les supplices qui ont reculé devant vous. Les instruments de supplice ne pouvaient mettre fin à vos douleurs ; les couronnes célestes y ont mis fin. Les tortures du chevalet ont duré longtemps, non pas pour ébranler votre foi, mais pour conduire plus tôt à Dieu les hommes de Dieu. La foule des assistants vit avec admiration le combat céleste, le combat de Dieu, le combat spirituel, le combat pour le Christ. Elle vit les serviteurs de Dieu garder leur voix libre et leur cœur sans défaillance par la force divine ; ils étaient -dépourvus d’armes séculières, mais munis des armes de la foi ardente. Torturés, ils étaient plus forts que leurs bourreaux. De ceux qui les frappaient et les déchiraient avec des ongles de fer, leurs membres frappés et déchirés triomphèrent. Leur foi invincible ne put être vaincue par les coups répétés, alors même qu’on leur arrachait les entrailles et qu’on torturait non plus les corps des serviteurs de Dieu, mais leurs blessures. Leur sang coulait, ce sang capable d’éteindre l’incendie des persécutions et d’assoupir les flammes de l’enfer par sa rosée glorieuse. Quel spectacle ce fut pour le Seigneur, quel spectacle sublime et grandiose ! Dieu l’accepta comme le serment de fidélité de son soldat. C’est écrit dans les psaumes quand le Saint-Esprit nous exhorte et nous avertit en nous disant : “ Précieuse est aux yeux du Seigneur la mort de ses justes ”. Elle est précieuse la mort de celui qui a acheté l’immortalité au prix de son sang ; cette mort a reçu la couronne après la consommation d’une vie vertueuse. Combien le Christ s’est réjoui alors ; avec quelle joie il a combattu pour de tels serviteurs ! Le Christ assistait au combat livré pour lui, il excitait les combattants et les confesseurs de son nom, il les fortifiait et les encourageait. Et celui qui pour nous a vaincu une fois la mort en triomphe toujours en nous ”.