1er MAI - Saint Philippe et Saint Jacques. (double de 2ème classe).

Je suis la voie, la vérité, la vie.
     
Le premier mai est dans beaucoup de pays la fête du travail. La plupart des métiers, ainsi que les écoles, célèbrent cette fête. Ce jour doit être pour nous, chrétiens, un jour de fête religieuse. Nous avons pour cela deux motifs : C’est aujourd’hui le premier jour du “ mois le plus beau ” qui, pour les chrétiens, est le “ mois de Marie ”. Aujourd’hui aussi est une fête d’Apôtres et ces jours, dans l’Église, sont toujours célébrés avec solennité. Jadis, c’était un jour de fête d’obligation. Nous célébrons aujourd’hui deux Apôtres : saint Philippe et saint Jacques le Mineur.
     
1. L’Apôtre saint Philippe fut un des premiers disciples du Christ. Il fut appelé peu de temps après le baptême du Seigneur dans le Jourdain. Lisons le passage dans l’Évangile de saint Jean : Il Le jour suivant, Jésus voulut se rendre en. Galilée. Alors, il rencontra Philippe et lui dit : “ Suis-moi ”. Philippe était originaire de Bethsaïde, le pays d’André et de Pierre. Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : “ Nous avons rencontré celui dont Moïse dans la Loi et les Prophètes ont parlé : Jésus, le fils de Joseph de Nazareth ”. Nathanaël lui répondit : “De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? ” — “ Viens et vois ”, lui répondit Philippe ”.
     
Au sujet de saint Jacques le Mineur, nous avons plus de renseignements. Il est appelé le “ frère du Seigneur ”, c’est-à-dire qu’il était son cousin. Il vécut dans une pénitence stricte. On raconte de lui qu’il ne se coupa jamais les cheveux, n’usa jamais d’huile à oindre ni de bains. Il priait tellement qu’il avait des callosités aux genoux, comme une “ peau de chameau ”. Les Juifs eux-mêmes honoraient sa sainteté et il reçut l’autorisation de pénétrer dans le “ saint ” du temple, ce qui n’était accordé qu’aux prêtres. Après l’Ascension, il fut établi par les Apôtres premier évêque de Jérusalem. Au concile de Jérusalem sa voix fut décisive. A l’âge de 96 ans, après avoir saintement gouverné l’Église de Jérusalem pendant 30 ans, il fut lapidé par les Juifs qui le portèrent ensuite sur le pinacle du temple d’où ils le précipitèrent. Tombé, les jambes brisées et à demi mort, il leva les mains vers le ciel et pria pour le salut de ses persécuteurs en disant : “Seigneur, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ”. Pendant cette prière, un foulon l’acheva en lui donnant un coup de son fouloir sur la tête. — L’Eglise conserve de cet Apôtre un souvenir vénérable : son Epître, qui est aussi pieuse que pratique. Les reliques des deux Apôtres se trouvent dans l’église des Douze Apôtres à Rome. En 1873, on trouva sous le maître autel l’antique reliquaire que le pape Jean III (560-573) y avait déposé au moment de la consécration de cette église. Le reliquaire ne contient que des petites parcelles d’os. (A l’origine, on célébrait aujourd’hui saint Jacques le Majeur et non saint Jacques le Mineur. On sait que saint Jacques le Majeur fut martyrisé au temps de Pâques. De même, on ne célébrait pas l’Apôtre Philippe, mais le diacre Philippe qui fut célèbre par ses travaux d’évangélisation).
     
2. La messe (Clamaverunt). — Cette messe a été composée pour la dédicace de l’Eglise des Apôtres. Elle tient compte en partie des circonstances extérieures du moment. La ville de Rome avait été arrachée par Narsès au pouvoir du roi des Goths, Totila. Les malheurs de l’invasion et la joie qui suivit la délivrance trouvent leur écho dans l’Introït. — La plupart des textes sont propres (quelques-uns seulement sont empruntés au commun des martyrs du tempo pascal : Leçon, All. Off.). L’Évangile est tiré du discours d’adieu de Jésus dans saint Jean. La raison, c’est que Philippe y fait une question au Seigneur. Au reste, ce passage convient très bien au temps pascal.
     
Essayons de célébrer la messe sous la conduite des deux Apôtres. Pendant l’avant-messe, ils sont nos guides ; ils nous aident à entrer dans le saint sacrifice. La communauté chrétienne pénètre dans l’église précédée des deux Apôtres. Ce sont des guides expérimentés ; ils ont trouvé jadis le chemin qui mène au Christ. En nous rendant à la messe, disons aujourd’hui : “ Dans leur besoin, ils ont crié vers toi, Seigneur, et tu les as exaucés du haut du ciel ” (Intr.). C’est la route qui conduit au royaume de Dieu sur la terre ; nous y rencontrons sans cesse la souffrance et la croix, mais cette route nous conduit à la victoire, au terme bien heureux. Le chemin est dur. Parfois il nous semble que nous allons succomber sous le poids de la croix. Continuons néanmoins de suivre les traces des Apôtres ; c’est la véritable voie. L’oraison nous parle directement des deux saints Apôtres : on prononce leurs noms ; l’Église étend les mains ; les saints sont devant nous. Que demande l’Église pour nous ? Elle demande que l’œuvre de la Rédemption pénètre profondément nos âmes ; Les Apôtres sont, dans cette oraison, nos intercesseurs. Dans les deux lectures, ils sont nos prédicateurs. La leçon nous présente les mêmes pensées que l’Introït. Sur la terre, de durs combats attendent les élus. Comme les Apôtres étaient méprisés ici-bas ! Or, ils sont maintenant des princes, des élus de Dieu. A l’Évangile, les deux Apôtres sont là, le Christ est au milieu d’eux. Quels beaux accents n’a pas le discours d’adieu, au temps pascal ! Jésus prend congé de son Église avant de monter au ciel. Le Sauveur s’attendrit ; il nous console. Il reviendra, nous dit-il, il va nous préparer une place, il viendra nous cherche ; afin que nous soyons là où il est. Nous ne devons pas être tristes au milieu des détresses terrestres ; notre patrie est là-haut. Jésus lui-même prépare pour nous la maison paternelle. Il nous indique le but, il nous indique le chemin. Les Apôtres accablés de chagrin ne connaissent ni le but ni le chemin. Jésus les leur indique avec bonté : Je suis la voie et par conséquent la vérité et la vie. Quelle grande parole ! Le Christ est notre tout. Il doit être le centre de notre vie religieuse. ,Tel est k. véritable chemin qui mène au ciel. C’est pourquoi rassemblons-nous autour de lui à la messe. Là, il est notre voie dans sa doctrine et ses commandements, notre vérité dans l’Évangile, notre vie dans sa sainte Eucharistie. Le Christ nous communique encore une grande vérité. Il est Dieu, le Fils consubstantiel de Dieu. Le Père est en lui et il est dans le Père. Qui voit le Sauveur voit le Père. Il est la plus haute manifestation de Dieu. Au saint sacrifice, le Christ est présent sur l’autel et dans le Christ est le Père. Dieu est tout près de nous. — Voilà ce que nous disent les Apôtres, après le Christ lui-même ; ils sont nos prédicateurs. Nous entrons maintenant dans le sacrifice du Christ. C’est aussi notre sacrifice. Nous devons l’offrir avec le Seigneur. C’est pourquoi nous avançons solennellement vers l’autel sous la conduite des deux Apôtres au moment de l’Offrande. Les Apôtres déposent sur l’autel leur vie remplie de mérites : leurs joies, leurs peines, leurs soucis de pasteurs. Comme l’aigle qui entraîne ses petits vers le soleil, les deux Apôtres nous appellent vers l’autel et nous invitent à y déposer les modestes sacrifices de notre vie’. Ils unissent notre offrande à la leur. — Telle était la tâche des deux saints. Maintenant, ils s’écartent respectueusement ; ils se tiennent devant l’Agneau qui est immolé tout en restant toujours vivant. Ils offrent avec nous le Saint-Sacrifice. Nous formons une grande unité dans le Christ. Les fidèles, avec les Apôtres et les saints qui les entourent, sont le corps mystique du Christ. Au centre se tient le Sauveur Eucharistique. Quand nous nous approchons de nouveau de l’autel pour cueillir les fruits de l’arbre de la Croix, les saints se tiennent devant nous et nous conduisent à la table du Seigneur. C’est pourquoi l’antienne de la Communion est toujours en étroite relation avec le saint du jour. A la Postcommunion, nous demandons de conserver les fruits salutaires du Saint-Sacrifice pour mener une vie chrétienne vertueuse. Après la messe, les saints continuent de nous accompagner, pendant le jour, dans toutes nos voies, dans le travail, la peine et la joie.