14 AVRIL - Saint Justin, martyr (double). Saint Tiburce et ses compagnons.

La prédication de la Croix est la force de Dieu.

1. Saint Justin, surnommé le martyr, était d’origine grecque. Il naquit en Palestine. Ce fut un philosophe. Il se convertit alors qu’il était déjà parvenu à l’âge mûr. Il est au premier rang parmi les Apologistes, ces chrétiens qui défendirent hardiment la foi chrétienne contre les calomnies des païens. Sa première apologie a pour nous une importance particulière, car elle nous renseigne sur la vie morale et le culte de la primitive Église ; elle nous renseigne surtout sur la messe. Saint Justin mourut le 13 avril, entre 163 et 167, de la mort des martyrs. Son martyre nous est relaté par des actes authentiques et vénérables. Le cynique Crescens, qu’il avait convaincu d’immoralité, se vengea en le dénonçant. Ainsi, le fidèle et éloquent défenseur de la foi reçut comme récompense la couronne du martyre. Son tombeau est dans l’Église de saint Laurent, à Rome. 
      
2. La messe (Narraverunt). — La messe, à la différence des messes de martyrs pendant le temps pascal, a des textes propres qui, d’ordinaire, font allusion à la vie de notre saint. Dans l’introït, nous voyons l’apologiste réfuter les “ fables” des païens “ devant les rois ”. Sa vie est “ sans tache ”. Il “ marche selon la loi du Seigneur ”. Saint Justin a abandonné la philosophie du monde et adopté “ la science suréminente de Jésus-Christ”. Puisse notre siècle, si fier de la science apparente du monde, demander cette véritable science et cette foi solide (Oraison). On peut adapter parfaitement à saint Justin le passage connu de l’Épître aux Corinthiens sur la “ folie de la Croix” qui est la “ force de Dieu ”. “ Les Juifs demandent des signes et les Grecs recherchent la sagesse. Pour nous, nous prêchons le Christ crucifié, ce qui est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Grecs, mais ce qui est, pour ceux qui sont appelés, la force de Dieu et la sagesse de Dieu” (Ép.). L’Alleluia est l’écho de l’Épître dont il répète quelques versets. L’Évangile est un passage souvent utilisé dans les messes des martyrs. Le Christ s’adresse aux martyrs et leur demande d’annoncer publiquement ce que Dieu leur a dit dans leur cœur. “ Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et n’ont pas d’autre pouvoir ”. “ Quiconque me confesse devant les hommes, le Fils de l’Homme le confessera devant les anges de son Père ”. Notre saint a réalisé ces paroles. A la communion, nous voyons le martyr recevoir “ la couronne de justice ” ; la sainte Eucharistie est pour nous le gage de cette couronne (Comm.). “ Puissions-nous persévérer dans la reconnaissance pour les dons reçus” (Postcommunion). 
     
3. Ce que saint Justin nous raconte de la messe dans la chrétienté primitive (1 Apol., 65-67). — “ Au jour qu’on appelle dimanche, a lieu une réunion de ceux qui demeurent dans les villes ou bien à la campagne. Là, on lit les mémoires des apôtres (c’est-à-dire les évangiles) et les écrits des Prophètes, aussi longtemps qu’il convient. Quand le lecteur a fini, le président (l’évêque) fait une allocution dans laquelle il exhorte à imiter toutes ces bonnes choses : Ensuite, nous nous levons tous ensemble et nous faisons des prières pour nous et tous les autres dans le monde entier afin que, dans nos œuvres aussi, nous soyons trouvés de dignes membres de la communauté et qu’ainsi nous obtenions la béatitude éternelle. Quand nous avons terminé nos prières, nous nous saluons les uns les autres par le baiser de paix. Alors, on apporte, au président des frères, du pain et une coupe d’eau et de vin ; il les prend et adresse une louange au Père tout puissant par le nom du Fils et du Saint-Esprit et il prononce, de toute sa force, une longue action de grâces (Eucharistie) pour remercier Dieu de ce qu’il nous a jugés dignes de ces dons. Quand il a terminé les prières et l’Eucharistie, tout le peuple donne son adhésion en disant : “Amen ”. Après l’action de grâces du président et l’adhésion du peuple tout entier, ceux qu’on appelle chez nous les diacres distribuent à chacun des assistants du pain eucharistique, du vin et de l’eau, et en portent même aux absents. 
     
Cette nourriture s’appelle chez nous Eucharistie. Personne n’a le droit d’y participer, sauf ceux qui considèrent notre doctrine comme vraie, ont reçu le bain pour la rémission des péchés et la régénération, et vivent selon les prescriptions du Christ. Car nous ne prenons pas cette nourriture comme un pain ordinaire et une boisson ordinaire. Nous avons appris que cette nourriture, consacrée avec action de grâces, est la chair et le sang de ce Jésus fait chair... ” 
     
4. Saint Tiburce et ses compagnons. — Ce noble triumvirat de martyrs (vers 230, à Rome) est l’œuvre de la célèbre vierge romaine et martyre, sainte Cécile (cf. 22 novembre). Ce sont Valérien, le noble et chaste époux de Cécile ; Tiburce, son frère, que Cécile conquit aussi pour le ciel ; Maxime, le serviteur du tribunal, qui les vit se rendre au supplice avec tant de joie qu’ils semblaient aller aux noces et qui les suivit. Leurs saints ossements sont honorés actuellement dans l’Église de Sainte-Cécile.