13 AVRIL - Saint Herménégilde, martyr (semi-double).

Un martyr de la communion pascale.

Saint Herménégilde. — Jour de mort : 13 avril 585. Tombeau : à Séville ; son chef est à Saragosse. Image : On le représente avec la couronne royale et une hache (l’instrument de son supplice). Vie : Le fils du roi, saint Herménégilde, fut par sa mort sanglante “ le grain de froment qui est tombé en terre et mourut. (Jean, XII, 24 sq.). “ Il ne resta pas seul, mais porta des fruits nombreux. : la conversion de tout un peuple. “ Dans le royaume des Wisigoths, un homme mourut afin que plusieurs vivent et, comme un grain de blé était tombé dans la foi, il leva une riche moisson d’âmes pour obtenir la vie ” (saint Grégoire le Grand). Saint Grégoire nous donne, au bréviaire, une biographie magistrale de notre saint : Le roi Herménégilde, fils du roi Wisigoth Léovigilde, avait été converti de l’erreur arienne à la foi catholique par les prédications du vénérable évêque Léandre (27 février, à Rome, Mart.) avec lequel je suis uni depuis longtemps par une amitié intime. Son père qui était toujours arien essaya, d’abord par de brillantes promesses, ensuite par des menaces, de le faire apostasier. Mais son fils déclara qu’il n’abandonnerait jamais la véritable foi maintenant qu’il la connaissait. Irrité au plus haut point, son père le déshérita et le déclara privé des droits de la succession au trône. Voyant que sa fermeté n’était pas ébranlée, il le fit jeter en prison, le cou et les mains chargés de lourdes chaînes. Alors, le jeune fils de roi commença à mépriser le royaume terrestre pour rechercher avec ardeur le royaume céleste ; dans les chaînes et l’habit de pénitence, il demanda constamment la force au Dieu tout puissant et apprit d’autant plus à mépriser la gloire du monde périssable qu’il reconnaissait davantage, dans ses fers, le néant de ce qu’on pouvait lui enlever. Quand arriva la fête de Pâques, le père cruel envoya vers minuit un évêque arien à son fils, pour lui offrir sa grâce s’il voulait recevoir la communion consacrée sacrilègement. Mais le saint jeune homme repoussa l’évêque avec horreur et lui reprocha avec une noble hardiesse son attachement à l’hérésie impie. Car bien que son corps fût dans les chaînes, il se tenait, dans une sainte liberté d’esprit, sur les saintes hauteurs de la foi. Le roi, instruit par l’évêque de ce qui s’était passé, devint encore plus furieux et il envoya des bourreaux dans la prison pour mettre son fils à mort sur-le-champ. Ils lui tranchèrent la tête d’un coup de hache. Mais ils ne purent que tuer ce que, depuis longtemps, leur victime estimait de peu de valeur. Immédiatement, il se produisit de nombreux miracles surprenants pour prouver la sainteté du martyr. Aussi tous les fidèles considérèrent comme un devoir sacré de traiter le cadavre avec les plus grands honneurs, comme le corps d’un martyr. Le père meurtrier regretta, il est vrai, son acte, mais son repentir ne fut pas assez parfait pour lui obtenir le salut. Il reconnut la vérité de la religion catholique, mais la crainte de ses sujets ariens l’empêcha d’abandonner ses erreurs. A son lit de mort, il recommanda son fils encore arien, Reccarède, au saint évêque Léandre qu’il avait naguère si violemment persécuté ; il le pria de l’instruire dans la foi catholique, comme il l’avait fait avec tant de succès pour le saint martyr. Après cette recommandation, il mourut. Après la mort de Léovigilde, son fils Reccarède ne suivit pas les traces de son père hérétique, mais celles de son saint frère. Il quitta l’erreur arienne et détermina aussi tout le peuple des Wisigoths à revenir à la véritable Église. Il interdit le port des armes dans son royaume à tous ceux qui se montreraient les ennemis de Dieu en persistant dans l’hérésie arienne. C’est ainsi que celui dont le frère avait été un martyr devint un prédicateur de la vraie foi. Ce sont sans doute les mérites de ce saint qui ramenèrent tant d’âmes dans le sein du Dieu tout puissant.
        
2. La messe (protexisti). — Dans le temps pascal, la liturgie accorde à un groupe de saints des honneurs plus particuliers qu’aux autres. Ce sont les martyrs, parce qu’ils forment l’escorte du Roi des martyrs qui, par sa mort, a sanctifié tout martyre. Les martyrs doivent avoir une part privilégiée à la victoire que leur Roi a remportée dans sa Passion et sa Résurrection. C’est pourquoi ils ont un commun spécial dans le temps pascal. Les textes de ce commun respirent le parfum des catacombes. A l’Introït (Protexisti), le martyr chante lui-même un cantique d’action de grâces. Les persécutions n’ont fait qu’accroître son triomphe. Le Vendredi-Saint et le Samedi-Saint, nous avons appliqué le psaume 63 à la Passion du Christ, nous l’appliquons maintenant aux souffrances des martyrs. La leçon, elle aussi, est dramatique. Nous jetons un regard dans l’au-delà Nous voyons les persécuteurs debout, maintenant, en face de leurs victimes. Ils sont remplis d’effroi et s’écrient : “ Les voilà ceux dont nous nous sommes moqués... Fous que nous étions, nous pensions que leur vie était insensée... Voici qu’ils sont comptés maintenant au nombre des enfants de Dieu ”. L’Évangile a été choisi en raison des circonstances du martyre de notre saint. “ Celui qui vient à moi et ne hait pas son père et sa mère... et ses frères et même sa propre vie, ne peut pas être mon disciple ”. Herménégilde, fils de roi, a réellement haï tout ce qui est terrestre, père, royaume, vie, pour l’amour du Christ. Les chants rendent un son énergique, particulièrement le verset que nous chantons deux fois : “ Les cieux attestent les merveilles de Dieu” (comme les martyrs) (AIl. et Off.).