SEIZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

La guérison de l’âme malade
   
Encore un vrai dimanche ! Les pensées se rattachent étroitement à celles du dimanche précédent : là, le thème de Pâques était inclus dans l’image de la résurrection ; ici, il se retrouve dans l’image de l’hydropique. Là, l’Église nous adressait une exhortation sur le “ renouvellement dans l’Esprit ” ; ici, elle prie pour l’affermissement intérieur des chrétiens. Si nous voulons une pensée d’ensemble, ce sera celle-ci : la guérison de l’âme malade.
   
La messe (Miserere mihi). – Le ciel est sombre : persécutions et tentations pèsent lourdement sur le Christ mystique ; dans la messe précédente, le soleil avait bientôt percé ; aujourd’hui, les nuages demeurent jusqu’à la fin ; une seule fois (au Grad. et à l’Allel.), le soleil essaie de se montrer. Dans la nature également, l’automne a fait son apparition ; les jours deviennent plus courts, les nuits plus longues ; c’est pour les âmes le symbole de la nuit et des persécutions. Avec l’Epître de la messe d’aujourd’hui commencent les épîtres de saint Paul datées du temps de la captivité ; elles souligneront la gravité du ton. Aujourd’hui retentit aussi le thème de la parousie (Grad.) , qui se développera toujours plus fortement au cours des dimanches suivants. La messe commence par un Kyrie saisissant : c’est le Christ mystique, avec son corps et ses membres, qui prie : un appel à la pitié en faveur des âmes malades ; trois motifs de prière : a) Tout le long du jour, l’Église prie (à l’office des Heures) ; b) Dieu est “ bon, clément et riche en miséricorde ” ; c) l’âme est “ si pauvre et misérable ”. Alors elle a besoin d’une grande grâce ; celle-ci doit être le guide de sa route (un peu comme l’étoile des Mages) et sa compagne de voyage (comme Raphaël, le compagnon de Tobie) sur le chemin de la vie (Or.), alors seulement elle produira de “ bonnes œuvres ”. – D’un cœur aussi attendri que saint Paul dans sa prison, notre mère l’Église nous invite et nous exhorte à la perfection ; il y a dans l’Epître une chaleur inaccoutumée ; trois prières : a) Puissions-nous faire croître toujours de plus en plus en nous l’homme intérieur (c’est-à-dire supérieur) ; b) Puisse le Christ habiter par la foi dans nos cœurs, et c) Puissions-nous établir solidement nos racines et nos fondations dans l’amour (l’amour est la racine de l’arbre, la fondation de l’édifice de l’âme) ; alors nous saisirons de plus en plus profondément toute l’étendue de l’œuvre de salut. Le Cœur de l’Église (de saint Paul) est si plein qu’elle aspire à trouver les mots capables d’exprimer comme il faut l’amour de Dieu et sa grâce : “ Alors vous comprendrez aussi l’amour du Christ qui surpasse toute science, et vous serez remplis de toute la plénitude de Dieu. ” Ainsi une vie abondante et riche en grâce, voilà ce qui préoccupe l’Église pour nous. L’Epître s’est terminée sur ces deux mots : Gloire à Dieu dans l’Église et dans le Christ. Ensuite apparaît dans le Graduel la vision de la parousie ; oui, toute plénitude sera réalisée quand le Christ, à son second avènement, rassemblera autour de lui tous les rois, quand la “ céleste Sion ”, l’Église maintenant persécutée, sera réédifiée, telle une épouse dans tout l’éclat de sa parure, et quand le Seigneur se montrera à tous les regards dans sa majesté rayonnante. Alors régnera la joie pascale, pleine et exultante ; alors l’Église chantera le “ cantique nouveau ” de la Rédemption, l’Alleluia. L’Evangile est celui de la parabole dite du festin ; il nous présente deux pensées : 1. Jésus, le Sauveur, est le médecin des âmes malades ; c’est là précisément le travail dominical du Christ. 2. L’humilité est la voie qui conduit à la guérison ; ce n’est pas sans raison que l’Église nous enseigne encore une fois cette vertu (V. 10e dim. ap. la Pent.) ; c’est la vertu fondamentale, le remède. Le festin du sabbat est l’image du banquet eucharistique de la messe du dimanche, dans lequel le Christ veut nous guérir de l’hydropisie de l’esprit du monde, nous instruire (avant-messe), nous nourrir d’un aliment divin (sacrifice de la messe). A l’Offertoire, conformément au caractère grave de la messe, nous nous préoccupons de porter à l’autel les besoins de notre âme. Par deux fois, avec une ardeur croissante, l’Église implore du secours. Le développement de l’offertoire, avec la triple répétition de son verset, est particulièrement énergique : “ Seigneur, voyez à me secourir. ”
   
Aussi, à la communion, l’Église n’entonne-t-elle pas un chant eucharistique ; elle remercie Dieu de sa bienveillante conduite envers nous au temps de notre jeunesse et projette un regard plein d’anxiété sur l’époque de notre vieillesse. Puisse-t-il nous accompagner aussi pendant la vieillesse ; la Sainte Eucharistie est le véritable viatique. La Communion déroule toute une histoire de la vie : Le Sauveur de notre enfance, de notre jeunesse, de notre âge mûr et de notre vieillesse.