SAMEDI DES QUATRE-TEMPS

Station à Saint Pierre
     
Toute chair verra le salut de Dieu
     
Le grand jour des Quatre-Temps d’hiver, c’est ainsi qu’on peut caractériser ce jour. Toute la journée est consacrée aux préparatifs de Noël. Considérons d’abord la messe, puis les textes d. Avent au bréviaire.
     
1. La messe (Veni). — Pour comprendre la messe d’aujourd’hui, il faut nous transporter par la pensée à l’époque antique où cette messe était célébrée, la nuit, à Saint-Pierre de Rome. Les deux messes précédentes des Quatre-Temps avaient quelque chose d’intime, celle d’aujourd’hui est une messe solennelle de l’Église universelle (elle est célébrée à Saint-Pierre). Cette messe est comme un résumé de l’Avent et de Noël : tout ce qui a été développé dans les quatre semaines de l’Avent est condensé ici. En plusieurs endroits nous rencontrons le symbole de la nuit et de la lumière et cela nous rappelle que cette messe était célébrée en pleine nuit et s’achevait vers le matin. Ce seul fait était déjà un symbole extérieur du thème général de la messe : De la nuit de l’Avent à la lumière de Noël. Tel est le sens de la messe.
     
A l’Introït, nous appelons de toutes nos supplications la lumière de Noël : “ Viens et montre ton visage, Seigneur, dont le trône est au-dessus des chérubins, et alors nous serons sauvés ”. Puis nous chantons le psaume d’Avent, le psaume 79 qui, avec le psaume 18, nous suivra à travers toute la messe.
“ Déploie ta force
Et viens à notre secours,
O Dieu des armées, ramène-nous chez nous,
Fais briller ta face et nous serons sauvés ;
Seigneur, Dieu des armées, combien de temps encore,
Seras-tu irrité contre ton peuple qui té prie.
Tu nous nourris d’un pain de larmes,
Tu nous abreuves abondamment de la boisson de pleurs. ”
La première Oraison explique l’image en prose : “ Console-nous, pauvres pécheurs que nous sommes, en nous visitant. ” Noël est en effet la vraie visite de Dieu (adventus). Les quatre premières leçons sont du prophète Isaïe. La première annonce que la lumière (Jésus) brillera dans le paganisme (symbolisé par l’Égypte) : “ Le Seigneur frappera l’Égypte de coups salutaires et ils se convertiront au Seigneur et il se montrera miséricordieux pour eux et les guérira. ”
La seconde leçon donne une image magnifique du nouvel Eden du royaume de Dieu :
“ Le désert et la solitude se réjouiront,
Le steppe tressaillira et fleurira comme les lis,
Il se couvrira de végétation et poussera des cris de joie,
La gloire du Liban lui sera communiquée,
La splendeur du Carmel et de la plaine de Saron ;
Ils verront la gloire du Seigneur,
La magnificence de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes
Et affermissez les genoux qui chancellent.
Dites aux pusillanimes : consolez-vous et ne craignez pas,
Car voici que vient votre Dieu,
Dieu vient lui-même et il vous délivrera. ”
La troisième leçon nous montre l’arrivée du vainqueur. L’Église se tient comme une vigie à son poste d’observation :
“ Monte sur une haute montagne, messager de Sion,
Annonce aux villes de Juda : Voici votre Dieu,
Voici que le Seigneur Dieu viendra comme un vainqueur,
Comme un pasteur il fera paître son troupeau,
Dans ses bras il recueillera les agneaux
Et les prendra sur son sein... ”
Dans la quatrième leçon, le Christ nous apparaît comme le divin Cyrus qui délivrera l’humanité de la captivité de Babylone où la retient le démon : “ Je suis le Seigneur et il n’yen a pas d’autre, celui qui a créé la lumière et les ténèbres, qui procure la paix et le malheur... ”
“ Cieux, répandez votre rosée, nuées, faites pleuvoir le Juste,
Que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur. ”
     
Entre les leçons sont insérées des chants et des prières qui continuent les pensées de l’Avent. Le psaume 18 nous montre le divin soleil de justice quittant sa tente nocturne (Marie).
“ Au soleil il a préparé une tente,
Il s’avance comme un Époux qui quitte la chambre nuptiale. ”
Les oraisons sont d’une grande beauté et expriment d’abord notre besoin de Rédemption, puis le bonheur attendu de la visite divine. La plus remarquable est la seconde : “ Depuis longtemps, nous soupirons sous le joug du péché et de l’esclavage, puissions-nous par la nouvelle naissance de ton Fils que nous attendons être délivrés...” C’est la première fois que, dans une oraison, il est question de la naissance du Christ.
     
La cinquième leçon nous fait déjà saluer l’heure matinale : on nous parle des trois enfants dans la fournaise (cette leçon est la cinquième leçon de tous les samedis de Quatre-Temps, elle constituait les Laudes dans l’antique vigile). L’Église primitive voyait, dans l’histoire de ces héroïques jeunes gens, le symbole de la résurrection et du martyre.
     
L’Epître nous renseigne sur le retour du Christ. D’abord doit venir l’Antéchrist qui accomplira le mystère d’iniquité. Ce seront les ténèbres. Puis viendra l’illumination de l’avènement du Seigneur. (Cette Épître constitue un vestige de l’ancienne conception de ce temps. Alors l’attente du second avènement était l’objet principal de la fête). Avec le lever du soleil la vigile se terminait, on était au dimanche matin.
     
A l’Évangile, nous entendons un joyeux message : le Précurseur est arrivé, le Roi n’est pas loin. “ Toute chair verra le salut de Dieu.” Le drame de l’avant-messe est terminé ; dans le Sacrifice, il deviendra une réalité : nos ténèbres seront illuminées par la grâce de la visite divine. Dans le Sacrifice, Noël est déjà arrivé (Offertoire) :
“ Réjouis-toi, fille de Sion, exulte, fille de Jérusalem.
Voici que ton Roi vient vers toi, le Saint, le Sauveur,
Il parle pacifiquement aux nations, son empire s’étend de la mer à la mer...
Oui, je viens et demeure au milieu de toi, dit le Seigneur. ”
Comme un géant il s’élance sur la voie de la Rédemption, le divin Soleil ; le soleil du dimanche, le soleil de Noël est levé (Communion). La Postcommunion contient une vérité importante, c’est que les “ mystères de Noël ” ont été institués pour assurer notre renaissance spirituelle.
     
2. Chants de l’Avent. — Nous avons vu qu’aucune époque de l’année n’est aussi riche en chants joyeux que l’Avent. Avec une fécondité inépuisable, l’Église produit des antiennes et des répons de la plus belle poésie.
“ Un rameau s’élève de la racine de Jessé
Et une fleur jaillit de sa racine ;
La justice sera la ceinture de ses flancs
Et la vérité la sangle de ses reins.
Et sur lui reposera l’Esprit du Seigneur :
L’Esprit de sagesse et d’intelligence,
L’Esprit de conseil et de force. ” (Répons.) 
Viens, Seigneur, ne tarde pas,
Remets les péchés de ton peuple
Et ramène ceux qui sont dispersés, dans leur terre,
Déploie ta puissance, Seigneur et viens
Pour nous apporter le salut. ” (Répons.)
Au lever du soleil, nous sommes transportés au moment de l’Annonciation. “ Comment cela se fera-t-il, ange de Dieu, car je ne connais pas d’homme. Écoute, Vierge Marie : Le Saint-Esprit viendra sur toi et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre. ”
     
Pendant le jour, nous chantons de nouveau des antiennes propres qui sont autant d’oraisons jaculatoires.
     
A Prime : “ Voyez comme il est glorieux, celui qui vient pour racheter les nations. ”
A Tierce : “ Puissant est son empire et sa paix n’aura pas de fin. ”
A Sexte : “ Je suis le Seigneur, j’approche et j’apporte
ma justice, elle ne restera pas éloignée, mon salut ne tardera pas. ”
A None : “ Sois prêt, Israël à aller au-devant du Seigneur, car il vient. ”
Aux Vêpres, nous chantons encore pour chaque psaume une nouvelle antienne : “ Sonnez de la trompette à Sion, car proche est le jour du Seigneur, voici qu’il viendra pour nous sauver, Alleluia, Alleluia. ”
“ Ta Parole toute-puissante, Seigneur, viendra, de son trône royal, Alleluia. ”