Station a Saint Pierre
C’est aujourd’hui une journée de réconciliation et
d’action de grâces
La Messe (Venite). — Le samedi
des Quatre-Temps doit être un grand jour d’action de grâces pour tous les
bienfaits du trimestre passé. C’est justement en automne, à l’époque où nous
récoltons les fruits de la nature, que nous devons prendre davantage conscience
des bienfaits de Dieu, aussi bien temporels que spirituels. Autrefois, la messe
était un sacrifice d’action de grâces et en même temps un renouvellement de
l’alliance avec Dieu. A la messe, l’Église nous montre précisément que les
Quatre-Temps sont le prolongement de la fête juive de l’ombre, de la fête de
l’Expiation et de la fête des Tabernacles, donc des jours de pénitence et
d’action de grâces ! La messe se célébrait dans la nuit du samedi au
dimanche, était obligatoire pour tous les fidèles et particulièrement
solennelle. Nous nous réunissons à Saint-Pierre. Comme Introït, nous
chantons l’invitatoire des matines de la nuit ; c’est en même temps un
hommage de respect au Divin Roi sur son trône, — une prostration selon l’usage
de l’ancien temps (cf. le vendredi-saint). Les lectures nous font pénétrer la
signification profonde des Quatre-Temps ; en union avec la fête juive du
septième mois, avec la fête de l’Expiation et avec celle des Tabernacles, les
Quatre-Temps de septembre sont une pénitence pour les fautes passées et une
action de grâces pour la moisson et pour la rédemption ; tel est aussi le
contenu des leçons. La première donne les prescriptions de Moïse au sujet de la
fête juive de l’Expiation ; la seconde, les prescriptions concernant la fête
des Tabernacles, la grande fête d’action de grâces des Juifs. Les deux Graduels
sont un écho des leçons correspondantes : le premier commence
par : “ Pardonne ” (jour d’expiation) ; le second est emprunté au
joyeux psaume 83, ayant pour objet le Temple : “ Qu’ils sont aimables, tes
tabernacles ! ” (tes tentes). Les deux leçons suivantes sont tirées
des prophètes Michée et Zacharie ; c’est l’affirmation consolante que Dieu
est prêt à pardonner les péchés et à témoigner de la “ bonté ” à son peuple, à
condition que celui-ci lui soit fidèle. Dieu accepte le jeûne que nous lui
offrons avec joie : “ Le jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et
du dixième mois seront pour la maison de Juda des jours de réjouissance et
d’allégresse et de joyeuse solennité ” ; c’est là l’esprit de nos
QuatreTemps. La cinquième leçon est déjà, comme aux autres samedis de
Quatre-Temps, un office du matin : l’assemblée des fidèles récite les
Laudes ; les trois jeunes gens dans la fournaise sont l’image de la
résurrection et du martyre. Dans l’Epître, saint Paul montre comment les
cérémonie de l’Ancien Testament sont une préfiguration du Nouveau : notre
fête de l’Expiation, c’est le vendredi-saint, où le Divin Grand-Prêtre est
entré dans le Saint des saints du ciel avec son propre sang et nous a procuré
une éternelle rédemption ; chaque messe est un souvenir du vendredi-saint.
L’Epître nous introduit ainsi dans le sacrifice eucharistique. Dans le Trait,
nous chantons le psaume de Laudes et nous remercions Dieu de sa miséricorde
dans l’œuvre de la rédemption et de sa fidélité à tenir ses promesses passées.
Maintenant paraît le Grand-Prêtre lui-même, d’abord “ enseignant au jour
du sabbat ” (dans l’avant-messe), puis s’offrant lui-même en sacrifice (à
la messe). Nous sommes le “ figuier stérile dans le vignoble ” et la femme
courbée. Le maître, c’est Dieu ; le Christ est le jardinier qui intercède
pour nous tant que nous sommes stériles. De même, nous ressemblons à la femme
courbée, entièrement plongés dans les choses de la terre, “ incapables de nous
redresser ” ; mais, aujourd’hui, au jour du “ sabbat” chrétien, le Christ
veut “ nous délivrer des chaînes de Satan” et nous “ redresser”
spirituellement. L’Evangile est donc encore une image et un exposé de la
grâce de la rédemption à laquelle nous participons dans la messe d’aujourd’hui.
A la Communion, nous évoquons encore une fois la fête des Tabernacles,
mémorial de la délivrance d’Égypte et de la traversée du désert — l’Eucharistie
est une réalité : le mémorial de la Rédemption et la vraie Manne.