QUATRIÈME DIMANCHE DE L’AVENT

Station aux douze Apôtres
      
Toute chair verra le salut de Dieu
     
1. La messe (Rorate coeli). — Ce dimanche était, dans les temps antiques, un dimanche sans liturgie, car la célébration des Quatre-Temps se prolongeait jusqu’au dimanche matin. Ce n’est que lorsque la messe des Quatre-Temps fut transférée au samedi matin qu’on composa, pour le dimanche, un formulaire spécial de messe en rassemblant des textes empruntés aux messes des Quatre-Temps (chants du mercredi, Évangile du samedi). La messe d’aujourd’hui se présente ainsi comme une célébration des Quatre-Temps renvoyée au dimanche pour les fidèles qui n’ont pas pu venir à l’Église pendant la semaine. C’est donc une célébration des Quatre-Temps pour la communauté réunie : nous jetons un regard en arrière sur le trimestre écoulé, dans des sentiments de reconnaissance et de pénitence. C’est le renouvellement de l’alliance pour le trimestre qui va commencer.
     
Dans l’Epître, on nous rappelle l’ordination des prêtres. Car c’est dans la nuit de ce jour que l’ancienne Église procédait de préférence aux ordinations. Combien de prêtres et d’évêques zélés ont pu recevoir en ce jour les saints Ordres ! Remercions-en Dieu, en ce jour, et prions pour les vocations.
La messe, dans sa composition actuelle, est un sommaire de tout l’Avent. Une fois encore se présentent à nos yeux les trois prédicateurs de l’Avent et nous entendons les paroles typiques qui, pendant tout l’Avent, ont si souvent retenti à nos oreilles. Isaïe répète son “ Cieux répandez votre rosée ”, Jean le Baptiste nous dit encore “ Préparez les voies ”, et nous offrons à Marie la “ salutation angélique ”.
     
Le Prophète Isaïe se tient au seuil (Intr.). C’est la place qui lui convient, car il appartient précisément à l’Ancienne Alliance. Nous entendons encore de sa bouche l’immortel appel de l’Avent : “ Cieux répandez votre rosée et faites pleuvoir le Juste... ”. Ce fut le premier stade et l’impression fondamentale de l’Avent. Nous entrons dans la nef de la maison de Dieu. Nous trouvons devant nous le second prédicateur de l’Avent, le Baptiste. Il marche devant le Seigneur, il conduit l’Époux (le Christ) à son Épouse (l’Église). Il est aussi celui qui crie dans le désert : “ Préparez les voies du Seigneur. ” Dans la Messe, c’est lui qui domine l’office de la lecture. C’est. son véritable rôle, car sa prédication de pénitence est la grande tâche morale de l’Avent.
     
Au commencement de l’Offrande, Marie nous conduit enfin à l’autel. Elle se tient déjà dans le sanctuaire. Elle aussi est à la place qui lui convient. Isaïe en effet est Prophète, il se tient encore devant des portes fermées, sur le seuil ; le Baptiste est prédicateur de pénitence et sa place est sur l’ambon de l’avant-messe. Mais Marie incorpore la grâce ; elle nous conduit vers l’autel, sur lequel le Rédempteur descend comme il descendit dans le sein de la Vierge quand l’ange vint la saluer. C’est là le plus haut point de l’Avent ; ce sont les préliminaires de la fête de Noël. Dans le saint sacrifice et dans la communion, l’Église et l’âme sont assimilées mystique ment à la Mère de Dieu, nous devenons nous aussi des porteurs du Christ, qui doit spirituellement être enfanté en nous le jour de Noël. Ces trois figures de l’Avent nous enseignent aussi finalement le sens profond de la liturgie de la messe et du bréviaire : Isaïe représente les matines de nuit, Jean l’avant-messe, Marie le sacrifice de la messe).
     
2. Lecture de l’Avent. — Aujourd’hui le Prophète chante un chant enthousiaste au sujet du nouveau royaume de Dieu (XXXV, 1-10).
“ Ainsi parle le Seigneur :
On verra se réjouir le désert et la solitude,
Le steppe tressaillira et fleurira comme le lis.
Il aura une végétation abondante et tressaillira de joie et d’allégresse.
La gloire du Liban lui sera accordée,
La magnificence du Carmel et de Saron.
Ils verront la gloire du Seigneur, La splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes
Et raffermissez les genoux chancelants.
Dites aux pusillanimes :
Consolez-vous et ne craignez point, car voici
Que votre Dieu vient pour accomplir sa vengeance.
Dieu vient lui-même et vous sauvera ;
Alors s’ouvriront les yeux des aveugles,
Les oreilles des sourds ne seront plus fermées.
Alors le paralytique bondira comme un cerf
Et la langue du muet se déliera.
Dans le désert jailliront les eaux
Et les ruisseaux arroseront le steppe.
La terre de la soif deviendra un lac
Et le sol altéré deviendra une source d’eau...
Il y aura là une route, une voie,
On l’appellera la voie sainte.
Nul impur n’y passera
Et les pécheurs n’y erreront pas.
Là point de lion, aucune bête féroce n’y mettra les pieds.
Les délivrés seuls y marcheront.
Ceux que le Seigneur a délivrés rentreront
Et s’en iront vers Sion avec des chants de louange.
La joie éternelle couronnera leur tête.
La joie et l’allégresse seront à eux,
Le chagrin et le gémissement seront loin. ”
Voilà certes un merveilleux message d’Avent.
     
3. Chants de l’Avent. — Le bréviaire est encore riche de merveilleux répons :
“ Sonnez de la trompette dans Sion,
Criez aux nations, annoncez bien haut aux peuples :
Voici que Dieu notre Sauveur va venir,
Annoncez-le et faites-le entendre, parler et crier :
Voici que Dieu notre Sauveur va venir. ” (Répons.)
“ Voici qu’est arrivée la plénitude des temps
Où Dieu a envoyé son Fils sur la terre,
Né d’une Vierge, placé sous la loi,
Afin de racheter ceux qui étaient sous la loi.
A cause de la grande charité dont Dieu nous a aimés
Il a envoyé son Fils sous la forme de la chair de péché. (Répons.)
“ Il nous est né un petit enfant
Et il sera appelé Dieu le Fort ;
Il prendra place sur le trône de son père David et il régnera ;
Sa puissance repose sur ses épaules,
En lui seront bénis tous les peuples de la terre,
Tous les Gentils le serviront. ” (Répons.)
Au lever du soleil, nous entendons tinter la cloche de l’Ave : “ Salut, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes, Alleluia. ”