QUATORZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

Cherchez d’abord le royaume de Dieu.
             
Ce dimanche s’appelait autrefois : Dominica Providentiae, le dimanche de la Providence, à cause du bel Évangile qui nous parle de la bonté paternelle de Dieu. Puisse cette belle formule nous accompagner toute la semaine ! Nous trouvons encore aujourd’hui, dans les deux lectures, l’antithèse aimée des deux royaumes : ici, le royaume de la chair, de Mammon ; là, le royaume de l’esprit, le royaume de Dieu (Ép. et Év.). Les conséquences que nous devons tirer de ces images opposées sont claires. Attachons-nous de toute notre âme à Dieu. Le leitmotiv de la semaine est cette phrase : “ Cherchez d’abord le royaume de Dieu ; tout le reste vous sera donné par surcroît ” (Év. Comm.). Ce verset termine aussi l’office des Heures du jour (Ant. Magn.). Au début du jour, nous avons entendu cette parole consolante du Christ : “ Ne soyez pas en souci et ne demandez pas : Que mangerons-nous et que boirons-nous ? Car votre Père sait que vous avez besoin de cela, Alleluia ”.
             
1. La messe (Protector noster). — De nouveau, une messe belle et joyeuse. Aujourd’hui la communauté et l’âme ont l’impression d’assister à des fiançailles. Comme l’âme a désiré passer le “ jour du Seigneur” dans les “ parvis de Dieu ”, dans son “ tabernacle ” ! C’est ici sa “ demeure ”. Elle implore de Dieu un regard de complaisance sur son “ oint ” (c’est l’âme et la communauté, le Christ mystique). L’oraison correspond parfaitement aux pensées des deux lectures et au ton de confiance enfantine de cette messe : Conserve ton Église dans ta bienveillance perpétuelle ; sans toi, elle est faible (elle incline vers l’esprit mondain) ; l’âme est comme un enfant qui apprend à marcher, qu’on ne doit pas perdre de vue sous peine de le voir tomber. Le secours de ta grâce doit produire un double effet : nous arracher au mal (Dieu doit agir avec nous comme l’ange qui arracha Lot à Sodome), et nous guider vers le bien (comme un pasteur conduit des brebis). En un mot, il faut une grande grâce de Dieu pour nous conduire spirituellement. (C’est donc une oraison riche de pensées). — Saint Paul est notre docteur ; il nous montre en quoi consistent le bien et le mal. Il décrit les deux royaumes : le royaume de l’esprit et le royaume de la chair ; le royaume de grâce créé dans l’âme par le Saint-Esprit et le principe impie du péché. Ces deux puissances combattent dans notre âme, et la ligne de combat traverse tout cœur humain. Saint Paul nous montre les “ œuvres de la chair ”, — mais aussi les “ fruits de l’Esprit ”. Chaque chrétien est comme un arbre planté par le Saint-Esprit et qui porte ses fruits précieux. Toute l’Épître nous montre le grand champ de bataille de l’âme. Nous voyons les adversaires et les alliés. La vie chrétienne n’est pas une idylle ; c’est un combat. “ Celui qui appartient au Christ crucifie sa chair avec ses vices et ses convoitises ”. Dans ce combat nous disposons d’une arme puissante : la confiance en Dieu. Au Graduel, nous voyons aussi les deux camps : le camp où l’on a confiance en Dieu et celui où l’on se fie dans les princes. Dans le verset de l’Alleluia l’allégresse pascale se fait jour. Le vainqueur de Pâques a aussi scellé notre victoire sur la chair. Ce que le disciple nous enseigne, le Maître le prêche dans le Sermon sur la montagne (Év.) qui est assurément un des plus charmants passages de la Sainte Écriture. Le chrétien ne doit pas signer de compromis avec le monde : servir un peu Dieu et goûter un peu au monde. Le Christ nous trace une autre ligne de conduite : la confiance profonde dans la bonté de Dieu. Que de consolation a apportée à l’humanité dans le besoin la comparaison de l’oiseau que Dieu nourrit et des lis des champs qu’il revêt de splendeur ! Toute la messe nous rappelle les relations entre Dieu et nous : il est notre Père et nous sommes ses enfants. Ses enfants ! Prenons de plus en plus conscience de ce titre. Nous sommes une communauté sainte, et les anges de Dieu veillent avec soin sur nous. Le monde et l’enfer ne peuvent rien contre nous. Nous nous préparons à “ goûter et à voir ” la “ douceur du pain du Christ ”. L’Offertoire nous présente une belle image : l’armée chrétienne rassemblée autour de son Roi (c’est-à-dire autour de l’autel). Les anges de Dieu constituent un rempart contre l’ennemi. L’armée vient chercher à l’autel l’aliment nécessaire pour le combat. A la communion, nous sommes les oiseaux que Dieu nourrit, les lis qu’il revêt. Puisse l’Eucharistie faire mourir en nous l’esprit du monde (Secr.) ! A l’antienne de communion, nous chantons le leitmotiv de la journée : u Cherchez d’abord le royaume de Dieu... ”
               
2. Le psaume 83. — Le psaume de l’Introït est un des plus beaux du psautier. Nous pouvons immédiate. ment en faire une prière chrétienne.
I. Ardent désir.
Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées !
Mon âme s’épuise en soupirant après tes parvis du Seigneur,
Mon cœur et ma chair tressaillent vers le Dieu vivant.
Le passereau, même, trouve une demeure,
Et l’hirondelle a un nid où elle dépose ses petits ;
Ton autel est ma demeure, Seigneur des armées,
Mon Roi et mon Dieu !
Heureux ceux qui habitent ta maison !
Ils peuvent te louer encore.
   
Heureux l’homme qui trouve en toi sa force,
Il ne pense qu’aux saintes montées.
Lorsqu’il traverse la vallée des larmes,
Il la change en un lieu plein de sources,
Et la pluie d’automne la couvre aussi de bénédictions.
Pendant la marche s’accroît la vigueur ;
Il parait devant Dieu à Sion.
       
II. Prière.
Seigneur, Dieu des armées, écoute ma prière,
Prête l’oreille, Dieu de Jacob,
Toi qui es notre protecteur, regarde-nous,
Regarde la face de ton Oint.
Car un jour dans tes parvis vaut mieux
Que mille loin de toi.
   
Je préfère demeurer méprisé dans la maison de mon Dieu
Plutôt que d’habiter dans les palais des pécheurs.
Le Seigneur aime la miséricorde et la bonté ;
Le Seigneur donne l’honneur et la gloire.
Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’innocence,
Le Dieu des armées. Heureux celui qui se confie en lui !
A l’origine, ce psaume était un chant de pèlerinage à Jérusalem. Notre Jérusalem à nous, c’est l’église avec L’autel du divin sacrifice ; notre Jérusalem, c’est aussi le ciel. Le psaume n’a pas besoin d’autre explication. Certains versets sont si beaux qu’i] faudrait les apprendre par cœur. Récitons ce psaume quelques jours de suite ; il nous deviendra familier. Ce sera une pierre précieuse nouvelle dans notre trésor de prières.