PREMIERE SEMAINE DE L’AVENT

Il vient de loin

L’aurore du grand jour empourpre l’horizon. Dans le lointain nébuleux, se laisse entrevoir le Roi qui va venir. Nous l’adorons : “ Le Roi, le Seigneur, va venir, adorons-le ”. Le chemin est sombre et des nuées recouvrent le royaume de Dieu. 
“ Je regarde dans le lointain ;
Voici que je vois venir Dieu dans sa puissance,
C’est comme une nuée légère qui enveloppe la terre entière.
Allez au-devant de lui et criez :
Annonce-nous si tu es
Celui qui va régner sur le peuple d’Israël.
Vous tous, enfants de la poussière, fils des hommes, riches et pauvres à la fois,
Allez à sa rencontre et demandez lui :
Pasteur d’Israël, écoute-nous ;
Toi qui conduis la tribu de Joseph comme un troupeau,
Dis-le-nous, est-ce Toi ?
Élevez vos frontons, portes,
Ouvrez-vous, portes éternelles,
Pour que puisse entrer le Roi de majesté
Qui va régner sur le peuple d’Israël
(Grand répons).
Pour nous, allons à la rencontre du Roi qui va venir avec toute l’impatience de nos désirs :
“ Vers Toi, j’élève mon âme, mon Dieu... car personne n’est confondu quand il t’attend.
“ Cieux répandez votre rosée, nuées laissez descendre le Juste,
Que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur ”.
1. Veille du premier dimanche de l’Avent. Dès la veille, on entend les premiers échos de l’Avent. Écoutons ces premiers accents, ces premiers accords. Les antiennes des Vêpres nous donnent l’image exacte de tout le temps. Nous ne devons pas réciter ces antiennes d’une manière superficielle, elles donnent la note fondamentale du chant qui doit nous accompagner pendant tout l’Avent. Ces antiennes, le dimanche, sont chantées quatre fois : aux premières et aux secondes Vêpres, à Laudes et aux petites Heures ; bien plus, nous les récitons encore pendant la semaine suivante aux stations du jour (de Prime à None). Il en est de même pour les antiennes des dimanches suivants, dont le contenu est tout à fait semblable. C’est pourquoi il me semble que rien n’est meilleur pour entrer dans la vie, la pensée et le chant de l’Avent, que de répéter sans cesse ou même de chanter ces antiennes. C’est pourquoi nous les reproduisons dès le début de l’Avent. ; 
1. A. In illa die stillabunt montes dulcedinem et colles fluent lac et mel, Alleluia.
En ce jour les montagnes distilleront la suavité et les collines laisseront couler le lait et le miel, Alleluia.
2. A. Jucundare, filia Sion et exsulta satis, filia Jerusalem, Alleluia.
Réjouis-toi, fille de Sion, et tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem, Alleluia.
3. A. Ecce Dominus veniet ; et omnes sancti ejus cum eo : et erit in die illa lux magna, Alleluia.
Voici que le Seigneur va venir et tous ses saints avec Lui ; et dans ce jour se lèvera une grande lumière, Alleluia.
4. A. Omnes sitientes, venite ad aquas : quaerite Dominum dum inveniri potest, Alleluia.
Vous tous qui avez soif, venez à la source, cherchez le Seigneur tant qu’on peut le trouver, Alleluia.
5. A. Ecce veniet Propheta magnus et ipse renovabit Jerusalem, Alleluia.
Voici que vient le grand Prophète et il créera une Jérusalem nouvelle, Alleluia.
Quel bonheur, quelle joie ne nous annoncent pas ces versets ! Oui vraiment l’Avent est un temps de joyeux messages. 

Le verset qui encadre le Magnificat est délicatement choisi, nous voyons le Seigneur venir de loin : “ Voici que le nom du Seigneur vient de loin et sa gloire remplit l’univers ”. 

2. Considérations chorales sur les antiennes de l’Avent. Les antiennes de l’Avent ont un caractère très accusé, comme on n’en trouve pas d’exemple dans l’année liturgique. Celui qui est familier avec elles et possède leur mélodie dans l’oreille le sentira, avant même de pouvoir en donner les raisons. On perçoit le souffle de l’Esprit de Dieu même dans les mélodies de la sainte liturgie. — Le caractère dominant des antiennes de l’Avent est la joie : 1° tantôt une gaieté enfantine, 2° tantôt la joie profonde de la contemplation, 3° tantôt la joie stupéfaite et admirative, le saisissement devant la grandeur du Roi qui va venir. 

Ad 1. Exemple : la troisième antienne du premier dimanche de l’Avent (Ecce Dominus veniet). Ce sont sans doute les tierces ascendantes et descendantes qui lui donnent ce caractère si joyeux. 

Ad 2. Exemple : La seconde antienne du même dimanche (Jucundare). Sur la syllabe Jucun-“ da ”-re, les neumes se balancent, comme pour savourer la joie et sur “ et exsulta satis ”, la mélodie descend comme pour nous instruire de la dignité et de la grandeur du Roi qui va venir. 

Ad 3. Exemple : La seconde antienne du troisième dimanche (Jerusalem gaude). Les mots “ Jerusalem gaude — gaudio magno — quia veniet ” montent à chaque fois d’une tierce et constituent ainsi un crescendo d’une beauté incomparable. Le plus bel exemple de ce genre est sans doute la quatrième antienne du quatrième dimanche (la même que la quatrième de la vigile). (Dominus veniet, occurrite ei). Sont également caractéristiques les antiennes qui sonnent comme un appel de fanfare. Qu’on examine, par exemple, la deuxième antienne, du deuxième dimanche (Urbs fortitudinis nostrae Sion) (7e ton), ainsi que celle, dont la mélodie du 4e ton revient sans doute souvent, mais qui ici rend un son tout particulier, quelque chose comme l’annonce d’un héraut.