PREMIER DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE

Le dimanche de la miséricorde.
            
Quand nous célébrons cette messe, nous nous rendons compte immédiatement que nous sommes dans un temps ordinaire. Pendant le temps pascal, chaque chant se terminait par : Alleluia. On ne le fait plus. Nous chantons de nouveau le Graduel à la messe. Comme on le sait, les deux lectures sont généralement séparées par deux chants : le Graduel qui est un écho de l’Épître, et l’Alleluia qui prélude à l’Évangile. Le Graduel est considéré, dans le symbolisme de la liturgie, comme un chant de prière et de pénitence. C’est pourquoi, pendant le temps pascal, on l’omet et on le remplace par une double antienne d’Alleluia. Nous reprenons maintenant les deux chants et nous voulons signifier, par là, que le temps ordinaire est mêlé de sérieux et de joie, de pénitence et de louange.
         
La messe (Domine in tua). — Après une longue interruption, nous voyons de nouveau le prêtre s’avancer à l’autel avec un ornement vert. Cette couleur semble étrangère à la liturgie classique. L’histoire de la liturgie ne connaît pas, d’ailleurs, de raison symbolique. Mais il ne nous est pas interdit, maintenant que l’usage est introduit, de lui donner une interprétation symbolique. Le vert est la couleur de l’olive, de l’olivier, qui nous rappelle le Christ, l’Oint. Le vert est aussi la couleur de la moisson qui pousse. Or, le temps après la Pentecôte est symboliquement le temps de la croissance du royaume de Dieu sur la terre, le temps entre l’Ascension du Seigneur et son retour, le temps de la joyeuse espérance et de la fin prochaine. Ce dimanche s’appelait, dans l’ancien temps, le “ dimanche de la miséricorde J. Le beau texte de la messe est traversé par cette pensée : Miséricorde et amour. Nous avons largement éprouvé la miséricorde de Dieu par la grâce de la Rédemption. “ L’amour de Dieu envers nous s’est manifesté en ce que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, afin que nous vivions par lui” (Ép.). Nous avons éprouvé sa miséricorde par le pardon (Intr.). Nous devons maintenant manifester, à notre tour, de la miséricorde envers nos frères par la charité, la compassion et le pardon. “ Soyez miséricordieux parce que votre Père des cieux est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; pardonnez et il vous sera pardonné” (Évang.). “ Si Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres ” (Ép.). L’union entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain est très bien exprimée : “ Si quelqu’un dit : j’aime Dieu, et hait son frère, celui-là est un menteur. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Nous avons ce commandement de Dieu : Celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère ”. Ainsi donc, dans cette messe, l’Église insiste sur le commandement principal du christianisme, l’amour de Dieu et du prochain ; elle le fait dans une forme claire et belle. Cette messe est comme une inscription magnifique sur la porte d’entrée des dimanches après la Pentecôte. Le Graduel forme une heureuse transition entre les deux lectures : miséricorde de Dieu et miséricorde de l’homme.