MERCREDI DE LA SEMAINE DE LA PASSION

Station à Saint-Marcel
    
Le Bon Pasteur donne la vie, il exige l’obéissance.
    
Le Bon Pasteur demande à ses brebis de le suivre (accomplissement des commandements) ; en retour, il leur donne la “ vie éternelle ” et sacrifie pour elles sa propre vie. 
   
Voici les antiennes directrices du jour : “ Mes brebis entendent ma voix et moi, le Seigneur, je tes connais” (Ant. Bened.). “ Je vous ai fait beaucoup de bien ; pour laquelle de mes œuvres voulez-vous me faire mourir ? ” Le matin, dans le soleil levant, nous voyons le Bon Pasteur, dont nous voulons écouter la voix ; le crépuscule nous fait pressentir sa mort. Ainsi cette antique messe nous présente une belle alliance du thème du Baptême et du thème de la Passion dans l’image du Bon Pasteur.
    
1. La messe (Liberator meus). — La communauté chrétienne se rend aujourd’hui, avec les catéchumènes, dans l’église du pape Saint Marcel, dont nous avons célébré la fête le 16 Janvier. L’église est une antique église titulaire du Ive siècle ; actuellement, elle est entièrement transformée. Sous le maître-autel se trouve une urne de basalte vert, qui contient les reliques du saint de station (elles furent transférées là au IXe siècle). Aujourd’hui est encore un grand jour d’examen au sujet des commandements que nous avons reçus il y a quinze jours (faisons nous-mêmes un examen personnel). C’est pourquoi la leçon nous donne un extrait de l’explication biblique des commandements. L’Introït est une prière du Christ, une prière de Passion, mais aussi une prière de Résurrection. Dieu est celui qui “ le délivre de la fureur des Gentils ” (songeons au couronnement d’épines), qui le sauve de “ l’homme méchant ” (Judas) ; la Passion est décrite d’une façon saisissante dans l’image de l’orage (Psaume 17, dans son extension). Pourtant, au milieu des souffrances du Christ, le Père est son amour, son rocher et sa citadelle. Nous ne savons pas si le Graduel est une prière du Christ ou une prière des catéchumènes. Dans l’un ou l’autre cas, c’est une action de grâces pour la Résurrection à Pâques (thème pascal). A l’Évangile, nous voyons une autre scène de la Passion ; les Juifs entourent le Seigneur, à la fête de la Dédicace. Ils ne sont pas ses brebis qui entendent sa voix et croient en lui, comme les catéchumènes et les fidèles, auxquels il donne, dans l’Eucharistie, la “ vie éternelle ”. Ces loups peuvent bien déchirer le Pasteur, il ne leur est pas permis de dérober les brebis. Les Juifs, une fois encore, veulent le lapider. A l’Offrande, nous apportons le souvenir de la Passion du Christ et nous prêtons notre voix aux lamentations du Seigneur. A la Communion, nous allons en procession, comme des agneaux innocents rangés autour du Bon Pasteur (Ps. 25). Comparons encore les deux lectures. Les sévères avertissements que nous donne la leçon deviennent, dans l’Évangile, la charmante image du Bon Pasteur. Les relations avec Dieu ne sont plus les mêmes dans le Nouveau Testament : dans l’Ancien, règne la crainte ; dans le Nouveau, l’amour et la confiance.
    
2. L’image du Bon Pasteur. — L’Église nous met devant les yeux l’image liturgique du Bon Pasteur et nous dit, de lui, trois choses : “ Mes brebis entendent ma voix... je leur donne la vie éternelle et personne ne les arrachera de mes mains. ” Tel est le contenu de la messe d’aujourd’hui. a) Les jeunes brebis (les catéchumènes) ont reçu, voilà quinze jours, les commandements ; depuis, elles suivent le Bon Pasteur. Elles doivent, aujourd’hui, subir un examen sur les commandements de Dieu. C’est et ce sera toujours la condition préalable pour appartenir au troupeau du Christ ; c’est vrai aussi pour nous, les fidèles. Nous savons que, pour les chrétiens, les commandements ne sont pas un joug pénible ; ils sont le bâton de berger qui nous guide et nous écarte des mauvais chemins. Il nous est plus facile de “ suivre ” quand nous savons que le Bon Pasteur marche devant nous dans tous les sentiers rudes et escarpés et que nous n’avons qu’à mettre nos pieds dans l’empreinte de ses pas. Il a toujours fait la volonté de celui qui l’a envoyé et c’est pourquoi il est facile de le suivre. Et quel est le contenu principal de tous ses commandements ? C’est l’amour — l’amour de Dieu et du prochain. “ Je t’aimerai, toi qui est ma force.” Faisons aujourd’hui un scrutin (un examen de conscience) au sujet de son “ commandement. ”
     
b) Le Bon Pasteur ne se contente pas d’exiger ; lui aussi donne quelque chose : “ la vie éternelle ”. C’est là le grand don pascal. Le Christ est venu sur la terre, il est mort, il est ressuscité pour nous acquérir la vie éternelle. C’est aussi la vie éternelle que les catéchumènes attendent, que les fidèles renouvellent et développent ; dans le Baptême, on reçoit cette vie éternelle ; dans l’Eucharistie, on la nourrit et on la perfectionne. Les catéchumènes et les fidèles entendent donc le message du Christ dans l’Évangile : “ Je leur donne la vie éternelle.”
     
c) Une troisième chose : Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Aujourd’hui encore, les Juifs hostiles l’entourent et lèvent la main pour le lapider ; mais lui, il déclare sa divinité. Sa Passion et sa Croix étaient le prix avec lequel il devait acquérir pour nous la vie éternelle : “ personne ne peut les arracher de mes mains ”. — Ces trois pensées se réalisent dans chaque messe ; dans le Saint Sacrifice, le Bon Pasteur rend actuel le don de lui-même pour ses brebis ; dans l’avant-messe, “ ses brebis écoutent sa voix ” ; dans la communion, “ il leur donne la vie éternelle ”.