MARDI APRÈS LE 3ème DIMANCHE DE L’AVENT

Proche est mon Juste
     
1. Lecture de l’Avent. — Nous entendons encore de la bouche du Prophète une promesse consolante (LI 1-11)
Écoutez-moi, vous qui cherchez le salut, Vous qui attendez le Seigneur.
Considérez le rocher d’où vous avez été taillés
Et la carrière d’où vous avez été tirés.
Considérez votre père Abraham.
Car je l’ai appelé quand il était seul, je l’ai béni et multiplié.
Ainsi le Seigneur aura aussi pitié de Sion,
Il aura compassion de ses ruines.
Il fera un Eden de son désert
Et de sa solitude un jardin du Seigneur.
On y trouvera la joie et l’allégresse,
Les chants de louanges
Et les accents des cantiques.
Peuples, écoutez-moi,
Nations, prêtez-moi l’oreille.
C’est de moi que sort la loi
Et je ferai briller mes commandements comme une lumière des peuples.
Proche est mon Juste, en chemin est mon Sauveur.
Mon bras jugera les peuples. En moi espèreront les îles,
Elles se confieront en mon bras.
Levez les yeux vers le ciel
Et abaissez-les vers la terre :
Le ciel peut se dissiper comme une fumée
Et la terre tomber en lambeaux comme un vêtement
Et les habitants de la terre disparaître,
Cependant mon salut demeurera éternellement,
Ma justice n’aura pas de fin.
Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice,
Toi, peuple, qui portes ma loi dans ton cœur.
Ne craignez pas les moqueries des hommes,
Ne vous effrayez pas de leurs outrages.
Comme un vêtement, la teigne les dévorera,
Comme une laine les consumera la mite ;
Cependant mon salut demeurera éternellement
Et ma justice persistera de génération en génération.
Encore une fois, cette lecture convient parfaitement à l’Avent.
    
2. Chants de l’Avent. — Les chants de l’Église sont de plus en plus joyeux, l’attente devient de plus en plus une heureuse certitude :
“ Égypte, ne pleure pas, car ton Souverain viendra à toi,
Celui devant qui les abîmes trembleront,
Il vient pour délivrer son peuple avec une main puissante :
Voici que viendra le Seigneur des armées, ton Dieu, avec une grande puissance ” (Répons).
“ Le Seigneur descendra comme la pluie sur la toison,
En ses jours se lèveront la justice et l’abondance de la paix,
Et l’adoreront tous les rois,
Toutes les nations de la terre le serviront ” (Répons).
L’antienne que nous chantons au lever du soleil nous conduit déjà à Bethléem : “ Bethléem, terre de Juda, tu ne seras pas la plus petite ; de toi, en effet, sortira le chef qui doit régir mon peuple d’Israël. ” Le soir, nous chantons : “ Élève-toi, élève-toi, tiens-toi debout, Jérusalem, délie les chaînes de ton cou, fille captive de Sion. ”
     
Ave Maria. — Les deux messagers de l’Avent, Isaïe et Jean, nous ont indiqué les deux actes humains : les saints désirs et la préparation des voies. Ces deux actes sont la préparation du grand don de grâce, la vie divine. C’est ce don que nous prêche le troisième messager de l’Avent : Marie. Examinons d’abord comment la liturgie nous présente Marie pendant l’Avent. C’est précisément sa figure très sainte qui confère à l’Avent je ne sais quoi de tendre et d’aimable. Isaïe et Jean sont des figures d’hommes un peu rudes. Cette sévérité est adoucie par l’image de la Vierge. Dès le commencement de l’Avent, la liturgie nous conduit dans la grande église mariale de Rome, qui est en même temps l’église de la Crèche, et elle nous fait déjà pressentir la joie de Noël. Chaque jour, nous récitons, comme seconde oraison, une oraison de la Sainte Vierge ; après chaque Heure nous chantons la belle antienne : Alma Redemptoris. Dans plusieurs antiennes et répons, la liturgie chante avec amour la Vierge bénie. Plus nous approchons de Noël, plus se multiplient les chants consacrés à Marie. Les deux premiers jours des Quatre-Temps appartiennent particulièrement à Marie et célèbrent deux de ses plus grands mystères : l’Annonciation et la Visitation. La piété populaire va même plus loin avec la messe “ Rorate ” et l’“ Angelus ”. La liturgie et le peuple veulent attendre le Seigneur avec Marie.
     
Qui, mieux que Marie, pourrait nous enseigner comment on attend le Seigneur, comment on le porte, comment on lui fait de son cœur un berceau ? Nul n’a eu un Avent aussi sacré que le sien. Isaïe nous représente l’Avent de l’humanité, y compris le monde païen ; Jean nous montre l’Avent du peuple juif ; mais Marie symbolise pour nous l’Avent de l’âme. C’est certainement là une des pensées dont s’est inspirée la liturgie ; elle a voulu établir un parallèle entre Marie et l’âme. Comment Marie a-t-elle attendu le Seigneur ? Dans le silence, le recueillement, l’intimité et la prière. Les peintres n’ont certainement pas tort, quand ils représentent la Sainte Vierge en prière au moment de l’Annonciation. Dieu ne nous visite par sa grâce que lorsque notre cœur est silencieux et recueilli. Comme il est rare cependant que nous plongions notre âme dans ce silence ! Ne devrions-nous pas, tout au moins dans les jours qui vont suivre, attendre le Seigneur avec le recueillement et le silence de Marie.

Cependant nous n’avons pas encore examiné la question dans toute sa profondeur. Marie nous indique quelque chose de beaucoup plus élevé. Nous connaissons les trois grands biens du christianisme : la foi, les commandements et la vie divine. Isaïe nous prêche la foi au moyen des saints désirs ; Jean nous prêche l’observation des commandements par la réforme de la vie ; Marie nous apporte corporellement la vie divine dans le Christ. Sa maternité divine est la sublime image du bien le plus haut que puisse atteindre un homme : posséder Dieu dans son âme et dans son corps. Marie est l’image de l’habitation divine dans l’homme par la grâce. Dans un certain sens, l’enfant de Dieu participe au mystère de la maternité divine. C’est précisément dans le banquet sacrifical que nous devenons plus particulièrement semblables à la Mère de Dieu. Le divin grain de froment est semé dans notre cœur, où il doit croître au point d’absorber notre moi dans le Christ : “ Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Il Nous comprendrons encore mieux maintenant pourquoi c’est la Mère de Dieu qui doit nous conduire à travers l’Avent jusqu’à Noël.