MARDI APRES LE 1er DIMANCHE DE L’AVENT

Marchons dans la lumière de Dieu

1. Lecture de l’Avent. — Aux Matines, Dieu parle par la bouche de son Prophète de l’Avent, (Isaïe II, 2-19).  Écoutons d’abord le message d’Avent (2-5) 
“ A la fin des temps sera établie la montagne de la maison de Dieu,
Fondée sur la plus haute montagne, élevée au-dessus de toutes les collines.
Vers elle affluent toutes les nations,
Beaucoup de tribus s’avancent vers elle et disent : Venez, montons vers la montagne du Seigneur,
Vers la maison du Dieu de Jacob ; qu’il nous enseigne ses voies ; marchons dans ses sentiers.
Car c’est de Sion que sort la doctrine et de Jérusalem la Parole du Seigneur.
Il juge parmi les peuples, il dit le droit à de nombreuses tribus.
Pour faire des socs de charrues on reforgera les glaives et des lances on fera des faucilles;
Le peuple ne s’élève plus contre le peuple et ne fait plus désormais la guerre.
Allons, peuple de Jacob, marchons dans la lumière du Seigneur”. 
C’est un joyeux message d’Avent qui nous annonce que Jérusalem est le lieu de naissance de l’Église, que l’Église rassemblera tous les peuples et fondera le royaume de la paix sur la terre. 

Il y a comme une contre-partie sombre dans le second chant : l’avertissement de l’Avent. C’est une annonce saisissante du jugement (II, 6-19).
“ Tu as rejeté ton peuple, la maison de Jacob.
Sa terre est remplie d’argent et d’or,
Innombrables sont ses trésors.
Sa terre est remplie de chevaux,
Innombrables sont ses chars.
Sa terre est remplie d’idoles,
Innombrables sont ses images.
Il adore l’œuvre de ses mains,
Ce qu’ont façonné ses propres doigts.
Rampez dans les trous des rochers, cachez-vous dans la poussière.
Par crainte de Dieu et de sa sublime majesté ;
Alors la fierté des hommes est courbée, leur orgueil est rabaissé;
En ce jour le Seigneur seul se tient élevé.
Car un jour vient pour le Seigneur des armées
Au-dessus de toute fierté et de toute élévation, Au-dessus des cèdres du Liban,
Au-dessus de tous les chênes de Basan,
Au-dessus des hautes montagnes,
Au-dessus des collines élevées,
Au-dessus de toute haute tour,
Au-dessus de toute muraille fortifiée,
Au-dessus des vaisseaux de Tarse,
Au-dessus de tout apparat somptueux.
Alors la fierté des hommes est courbée, leur orgueil est abaissé ;
En ce jour le Seigneur seul se tient élevé. ” 
2. Chants de l’Avent. — Message de joie et avertissement sévère, telles sont les voies de Dieu ; notre voie à nous c’est l’attente ardente du royaume de Dieu. C’est ce qu’expriment les chants. 
“ Montagnes d’Israël, étendez vos rameaux,
Fleurissez et portez des fruits,
Le temps approche où viendra le jour du Seigneur.
Cieux répandez votre rosée,
Nuées laissez tomber le Juste,
Que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur. ”
“ Que les montagnes distillent la suavité,
Et les collines la justice,
Car le Seigneur, la lumière du monde, vient avec puissance.
De Sion procède la loi, la “ Parole ” du Seigneur vient de Jérusalem” (Répons). 
Le moment précieux du lever du soleil doit être consacré au souvenir de celle qui nous donna cette lumière “ qui se lève des hauteurs ”, à Marie. “ Avant qu’ils se réunissent, il se trouva que Marie avait conçu par la vertu du Saint-Esprit, Alleluia. ” Au moment du coucher du soleil, l’Église nous avertit de bien user de ce temps de grâces de l’Avent. “ Cherchez le Seigneur, tant qu’on peut le trouver, appelez-le tant qu’il est proche, Alleluia. ” 

3. La messe Rorate fait partie de l’héritage liturgique du peuple, mais c’est un héritage qu’on ignore souvent. C’est une messe votive en l’honneur de la Mère de Dieu pendant l’Avent. (On la trouve dans le Missel à la fin des messes communes, c’est la première des cinq messes votives en l’honneur de la Sainte Vierge). C’est en réalité une simplification de la messe d’or (missa aurea) du mercredi des Quatre-Temps. C’est donc une des messes qui expriment le plus clairement les pensées de l’Avent. Ici encore Marie se montre comme notre guide à travers l’Avent pour nous conduire jusqu’à Noël. Dans certains pays de langue allemande, cette messe s’accompagne d’usages dont le symbole est très beau. Elle est célébrée avant le lever du soleil, par conséquent en pleine nuit d’hiver. Les fidèles s’en vont, une lanterne à la main, dans les ténèbres glacées, à travers la neige. Les lumières de la maison de Dieu leur apparaissent de loin. Dans l’Église, le prêtre s’avance vers l’autel, vêtu d’ornements blancs. Il y a dans cet usage comme l’image de l’âme non rachetée, qui sort de sa nuit pour s’avancer vers la lumière de Noël. 

“ Rorate coeli, Cieux répandez votre rosée ”, ce sont les premiers mots de la messe. Elle en a tiré son nom. Ainsi Isaïe se tient au seuil, interprète du désir de l’humanité qui attend un Sauveur. 

Remarquons aussi le Kyrie. Ce Kyrie implorant et suppliant de l’humanité qui a soif de Rédemption est l’Avent journalier. Le “ Dominus vobiscum ” doit nous faire songer à la parole de l’Ange : “ Le Seigneur est avec vous ”. En unissant ces deux paroles, nous comprendrons mieux le sens profond de ce salut : Que le Seigneur soit avec vous, comme il était avec Marie. Cette considération nous conduit à une pensée élevée qui nous fait apparaître le culte de la Sainte Vierge pendant l’Avent, dans une lumière nouvelle. Marie est l’idéal de notre union avec le Christ qui demeure en nous. Le chrétien participe à la dignité de la maternité divine. Le Christ doit prendre forme en lui et se manifester au monde le jour de Noël. C’est ce que signifie la parole de l’Épître de dimanche dernier : “ Revêtez-vous du Seigneur, Jésus. ” C’est pourquoi presque toutes les parties de la messe parlent de la naissance imminente du Christ et du rôle de Marie dans cette naissance. L’Introït annonce déjà que Marie est la terre féconde sur laquelle est tombée la rosée du ciel, la terre qui s’entr’ouvre et fait germer le Sauveur ; elle est la chambre nuptiale du divin Soleil de Justice (ce n’est qu’en lisant tout le psaume qu’on a le sens plein de ce chant). Dans l’Épître, nous entendons la prophétie célèbre de la naissance virginale du Fils de Dieu. L’effet du Graduel est dramatique. Nous nous tenons dans l’attente et le désir devant les portes éternelles qui doivent s’ouvrir au “ Roi de gloire ”. L’Alleluia, avec les accords de l’Ave, avant l’Évangile, nous annonce par qui seront ouvertes ces portes : par Marie. A l’Évangile, nous sommes témoins de la belle et inoubliable scène qui se déroule dans la petite maison de Nazareth. “ Le Verbe se fait chair” en Marie d’abord, puis au Sacrifice de la messe et à la Communion, puis dans l’Église, puis en nous-mêmes. Nous pouvons nous appliquer aussi les paroles de la Communion : “ Voici qu’une Vierge concevra... et le nom (de son Fils) sera : Dieu avec nous. ” Ne négligeons pas non plus l’Agnus Dei. Une parole du Précurseur a plus d’efficacité pendant l’Avent. Enfin nous pouvons écouter avec plus d’attention le dernier Évangile. Il nous donne chaque jour le résumé de ce qui s’est accompli en nous à la messe. Mais aujourd’hui son sens est plus actuel : “ La Lumière brille dans les ténèbres, la véritable Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde... Il nous donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu... Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ”.