MARDI APRÈS LA QUINQUAGÉSIME

C’est aujourd’hui le dernier jour avant le Carême.
    
Dans les communautés liturgiques et monastiques, le mardi gras se passe dans une gaîté innocente. Cette gaîté a une importance liturgique, car elle forme un contraste avec le sérieux du mercredi des Cendres.
     
1. Pensées du dimanche. — Au moment où le soleil s’incline vers l’horizon, nous crions encore du fond du cœur, avec l’aveugle : “ Aie pitié de moi, fils de David. “ “ Que veux-tu que je te fasse ?” “ Seigneur, que je voie. “ C’est là le contenu de tout le cycle pascal, l’illumination spirituelle.
     
2. Lecture d’Écriture (Genèse, chap. XXII). — Nous lisons le magnifique passage du sacrifice d’Isaac. Abraham est ici la figure du Christ qui, par son obéissance sacrificale, a racheté le monde. C’est pourquoi nous faisons, chaque jour, au Canon, mention de ce sacrifice figuratif : ( Daigne regarder nos dons d’un visage propice et serein et accepte-les... comme tu as accepté le sacrifice de notre patriarche Abraham. “ Sur le mont Moria, le Patriarche apparaît dans toute sa grandeur. Quand Isaac fut devenu grand, Dieu voulut éprouver la fermeté et la durée de la foi d’Abraham. Il lui dit, une nuit : Abraham, prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, et va sur le mont Moria et sacrifie-le-moi en holocauste. Abraham se leva de bon matin, fendit le bois pour l’holocauste, en chargea son âne, prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Abraham obéit sur-le-champ, malgré l’angoisse que causait à son cœur paternel le sacrifice demandé. Il semblait même que la promesse messianique, d’après laquelle il serait le père du Rédempteur, était pour jamais anéantie. Lorsque, le troisième jour, il aperçut le lieu du sacrifice, il dit à ses serviteurs : Attendez ici avec l’âne, je vais aller plus loin avec l’enfant. Il prit le bois et le chargea sur les épaules d’Isaac. Il portait lui-même le feu de l’holocauste et le couteau avec lequel il devait immoler Isaac. En chemin ; l’enfant dit : Mon père, voici le feu et le bois. Où est la victime ? A cette question le père dut sentir le sol se dérober sous ses pas. Il répondit cependant avec magnanimité : Dieu pourvoira à la victime, mon fils. Ils montèrent sur la montagne. Arrivés en haut, Abraham éleva un autel, plaça le bois dessus, lia son fils Isaac et le plaça sur le bûcher. Il étendait la main pour immoler son fils. Alors un ange du Seigneur cria : “ Arrête, Abraham, n’étends pas ta main sur l’enfant et ne lui fais rien, car je reconnais maintenant que tu crains Dieu et que, à cause de lui, tu n’as pas épargné ton fils unique. “
     
De même qu’Isaac porta son bois, le Christ porta la Croix sur la montagne où il allait être immolé. Le Père céleste, non plus, n’épargna pas son divin Fils.