LUNDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME

Station à Saint-Marc
     
Le médecin d’Israël.
    
Des païens (Naaman) cherchent le médecin d’Israël ; les Juifs cherchent à le faire mourir. Ainsi le thème du Baptême et celui de la Passion coïncident.
    
Les antiennes du lever et du coucher du soleil sont les suivantes : “ En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est considéré dans son pays ” (Ant. Bened.). “ Jésus passa au milieu d’eux et s’en alla ” (Ant. Magn.). L’Église veut que nous passions toute la journée avec Jésus, à Nazareth. Là, ses compatriotes le reçurent avec des sentiments hostiles et voulurent même le faire mourir. C’est un prélude de la mort sur la Croix.
   
1. La Station. — A Saint-Marc. Le saint de station est le pape saint Marc, qui gouvernait l’Église romaine en 336. La liturgie fait mémoire de lui le 7 octobre. Il ne régna que huit mois, sous l’empereur Constantin. Au sujet de son activité, on signale seulement qu’il bâtit deux églises ; il consacra notre église de station et celle de Sainte-Balbine. Dans l’église où nous nous rendons aujourd’hui, on honore aussi l’évangéliste du même nom, saint Marc. Quand nous entrons dans l’église, nous remarquons immédiatement la grande mosaïque au fond de l’abside (de Grégoire IV, 827-844) : au milieu, se tient le Christ levant la main droite ; à sa gauche, le pape saint Marc, saint Agapit et sainte Agnès ; à sa droite, saint Felicissimus, l’évangéliste saint Marc et Grégoire IV (avec un nimbe carré, pour montrer qu’il était encore en vie) ; à l’arrière-plan, on voit les douze agneaux symboliques, qui viennent des deux villes de Jérusalem (Juifs) et de Bethléem (païens) et s’avancent vers l’Agneau de Dieu. Aujourd’hui, l’église est ornée de revêtements d’un marbre très beau et très rare, comme on en voit dans peu d’églises de Rome. Elle possède aussi de nombreuses reliques qui, à l’occasion de l’office de station qu’on célèbre aujourd’hui, sont exposées à la vénération des fidèles.
2. La messe (In Deo). — Ce qui donne de l’importance à ce jour, c’est que les fidèles sont invités au scrutin pour mercredi. L’invitation se fait en ces termes : “ Très chers frères, vous savez que le jour du scrutin, dans lequel nos élus seront instruits de la doctrine divine, est imminent. C’est pourquoi, rassemblez-vous avec un soin pieux et venez mercredi, à la troisième heure, afin que nous puissions accomplir, dans un service sans faute et avec l’assistance de Dieu, le mystère par lequel le diable, avec ses pompes, sera anéanti et la porte du royaume du ciel sera ouverte. “ Les lectures de la messe concernent les catéchumènes. Ces catéchumènes ont été choisis dans le paganisme, comme Naaman, pour être purifiés dans l’eau du Jourdain (le Baptême). Naaman est le type de l’Église des Gentils. Quant à Israël, il rejette son Rédempteur hors de la ville et veut le faire mourir. Les chants annoncent les combats, les combats spirituels que les catéchumènes auront à supporter avant d’arriver à la victoire, mais aussi la douleur contrite des pénitents : “ Tu as laissé mes larmes arriver jusqu’à ta face. “ Pensons aussi aux combats de notre chef, le Christ. Pour nous, la communauté croyante en qui doit se renouveler la grâce du Baptême, nous avons aussi quelques enseignements à recevoir : 1. Les scrutins nous avertissent de nous éprouver nous-mêmes et d’examiner notre conscience, afin de renouveler le “ mystère céleste “ du Baptême. 2. Les chants sont l’expression de la détresse de notre âme ; notre pauvre âme a des ascensions et des chutes, elle est vite déprimée, mais elle ne doit pas perdre le courage et la confiance. C’est ce qu’exprime très bien le psaume d’introït (55) : “ Avant le haut du jour (du jour de combat), je suis effrayé, mais je me confie en Dieu. “ Le leitmotiv du jour doit être : “ Entre les mains de Dieu, je remets mon sort, je ne crains rien “ et “ Dieu accepte avec bonté mes larmes “ (Graduel). 3. Les lectures nous présentent un saisissant contraste : le païen vient de loin en Israël pour chercher la guérison ; le Christ, dans sa patrie, est rejeté par ses propres concitoyens. Le païen trouve la guérison chez le “ médecin “ d’Israël ; les habitants de Nazareth repoussent leur “ médecin “. C’est un sérieux avertissement pour nous qui sommes les concitoyens du Seigneur. 4. Dans Naaman, nous admirons notre élection parmi un si grand nombre qui ne sont pas appelés. 5. La pensée principale de la messe est : l’humilité et l’obéissance procurent le salut (leçon), sans humilité pas de salut (Évangile). L’épreuve du puissant Syrien fut l’humiliation. Il ne fut même pas reçu par le Prophète ; il dut se baigner sept fois dans le Jourdain. Le Christ nous adresse, nous aussi, à l’Eglise et exige que nous courbions notre orgueil. Toutes les institutions de l’Eglise sont une école d’humilité (par ex. la confession). Le Christ lui-même a pris le premier le chemin de l’humiliation. 6. De nouveau, dans cette messe, apparaît le thème de la Passion : le Christ est rejeté par ses propres compatriotes.
     
3. La prière des Heures. — Saint Ambroise nous donne de l’Evangile une explication édifiante. Le saint docteur nous montre la laideur de l’envie chez les habitants de Nazareth : “ Celui-là attend vainement le secours de la miséricorde divine, qui envie, chez les autres, les fruits de la vertu. Le Seigneur est l’adversaire des envieux et, de ceux qui combattent chez les autres les bienfaits de Dieu, il éloigne sa puissance miraculeuse. Ce que le Christ fait dans sa vie terrestre est un modèle de ce qu’il accomplit toujours comme Dieu. Et ce qu’il accomplit d’une manière invisible nous est montré par ses actes visibles. “ Dans la veuve, vers laquelle est envoyé Elisée, nous pouvons voir une figure de l’Eglise des Gentils : “ Ce peuple qui, auparavant, était lépreux, ce peuple qui était couvert de plaies avant d’avoir été plongé dans le fleuve mystique, ce peuple, après avoir été lavé par le sacrement de Baptême des taches extérieures et intérieures, n’est plus couvert de lèpre, mais a commencé à devenir une vierge sans souillure et sans ride. ” (Ces paroles nous montrent nettement les relations de cette messe avec le Baptême).
     
4. Le psaume 13. — Plainte au sujet de l’impiété universelle. — Le psaume provient, sans doute, de l’époque de l’exil. C’est la protestation des opprimés contre la méchanceté des impies.
      
Ordre des idées. — I. Le psalmiste se plaint de la méchanceté des impies et en vient à songer à la corruption universelle des hommes (péché originel) 1-3 a : II. a) La corruption des impies est exposée dans 3 b ; b) mais ces versets n’appartiennent pas au psaume, ils ont été tirés de Rom. III, 13-16 et introduits dans le psaume. III. Dieu punira les méchants, 4-6. Strophe de conclusion : Prière pour demander la délivrance de l’exil.
L’insensé dit dans son cœur :
“ Il n’y a pas de Dieu.
Ils sont corrompus, ils commettent des actions abominables ; Il n’en est aucun qui fasse le bien, aucun.
Le Seigneur regarde du haut du ciel vers les hommes, il regarde pour voir s’il y en a un de sage, un craignant Dieu.
Mais tous sont égarés, tous ensemble sont pervertis, il n’en est aucun qui fasse le bien, aucun.
Leur gosier est un sépulcre ouvert, ils se servent de leur langue pour tromper, un venin d’aspic est sous leurs lèvres.
Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; ils ont les pieds agiles pour répandre le sang.
L’affliction et le malheur sont dans leurs voies, ils ne connaissent pas le chemin de la paix ; la crainte du Seigneur n’est pas devant leurs yeux.
Ne réfléchiront-ils pas ceux qui commettent l’iniquité, qui dévorent mon peuple comme un morceau de pain ?
Ils n’invoquent pas Dieu. mais alors ils trembleront d’épouvante quand le Seigneur se placera à côté des hommes pieux.
Anéanti sera leur projet contre les pauvres, car le Seigneur est leur espérance.
Ah ! que vienne de Sion le secours pour Israël !
Quand le Seigneur ramènera les captifs de son peuple,
Jacob sera dans la joie, Israël dans l’allégresse.