LUNDI APRÈS LE 2ème DIMANCHE DE L’AVENT

Le Seigneur vient pour la nuit sainte et pour la nuit terrible
     
1. Lecture de l’Avent. — Le Prophète nous présente aujourd’hui un sombre tableau : Babylone, la ville du prince de ce monde, destinée au châtiment et à la destruction (chap. XIII).
“ Voici que vient le jour du Seigneur, le jour terrible,
Le jour de colère et de courroux enflammé ;
II fera du pays un désert et détruira les pécheurs
Et les étoiles ne brilleront plus de leur éclat.
Le soleil s’obscurcira à son lever et la lune ne brillera plus
Car je châtie le monde pour sa méchanceté
Et les pervers pour leur faute.
Et je rabaisse la fierté des superbes
Et j’amortis l’orgueil des tyrans ;
C’est pourquoi le ciel tremble,
La terre s’ébranle devant la colère du Seigneur des armées...
Jamais plus (le pays) ne sera peuplé,
Il ne sera pas habité de génération en génération ;
Aucun Arabe n’y dressera sa tente,
Aucun pasteur n’y campera plus.
Vos demeures seront remplies de hiboux,
Les autruches viendront y demeurer,
Les cabris viendront y bondir
Et les chacals hurleront dans ses palais
Et les hyènes dans ses châteaux voluptueux. Son temps approche,
Ses jours ne sont plus éloignés. ”
Les paroles du Prophète se sont réalisées depuis longtemps. Babylone est un monceau de ruines, symbole de la destruction de toute puissance terrestre. Ainsi le Messie vient pour la bénédiction des bons, à Jérusalem, pour la malédiction des mauvais, à Babylone.
     
2. Chants de l’Avent. — Ces chants ont encore pour objet Jérusalem.
“ Les profanes ne traverseront plus Jérusalem,
Car en ce jour les montagnes distilleront la suavité
Et les collines feront couler du lait et du miel.
Dieu viendra du Liban
Et le Saint, de la Montagne ombragée et sombre. ”
“ Comme une mère console ses enfants, je veux vous consoler, dit le Seigneur,
Et de Jérusalem viendra du secours, de la ville que j’ai choisie,
Et vous verrez et votre cœur se réjouira,
Dans Sion j’apporterai le salut
Et ma gloire dans Jérusalem. ”
Les chants du lever et du coucher du soleil ont trait au Roi qui va venir :
“ Du ciel viendra le Souverain, le Seigneur ; il a dans sa main honneur et empire” (Ant. Ben.).
“ Voici que va venir le Roi, le Seigneur de la terre et il enlèvera le joug de notre captivité” (Ant. Magn.).
Quelle belle perspective ! Le soleil est pour la liturgie l’image du Roi ; dans l’esprit de l’Avent, nous sommes encore sous le joug de la servitude.
     
3. Le psaume 79. — Parmi les quatre psaumes de l’Avent, le psaume 79 est le plus intimement mêle à l’Avent. C’est ce que montre déjà l’oraison typique de l’Avent qui apparaît en cinq variantes : “ Excita potentiam tuam et veni. ” “ Éveille ta puissance et viens ”. Ces paroles sont empruntées à notre psaume.
   
Le psaume 79 est une élégie très poétique. Israël, la vigne autrefois fertile de Dieu, gît déserte (c’est l’exil de Babylone) et abandonnée au caprice de ses ennemis. Le psalmiste implore le retour de l’antique magnificence. Ce qu’il faut remarquer surtout, c’est la belle parabole de la vigne et le refrain plein d’effet qui revient à la fin de chaque strophe. 
I
Pasteur d’Israël, prête l’oreille, toi qui conduis Israël comme un troupeau ;
Toi qui trônes sur les Chérubins,
parais dans ta splendeur devant Ephraïm, Benjamin et Manassé.
Réveille ta puissance et viens pour nous racheter.
Seigneur Dieu des armées, rétablis-nous, montre-nous ta face et nous serons sauvés.
II
Seigneur, Dieu des armées, jusqu’à quand seras-tu irrité quand ton peuple te prie ?
Tu nous as nourris du pain des larmes, tu nous a abreuvés d’une boisson de larmes.
Tu as fait de nous un objet de risée pour nos voisins et nos ennemis se raillent de nous.
Seigneur Dieu des armées, rétablis-nous, montre-nous ta face et nous serons sauvés.
III
Tu as transplanté de l’Egypte une vigne, tu as arraché le plant païen et tu l’as établie ;
Tu as été un conducteur devant son visage, tu as enfoncé ses racines et elle a rempli la terre.
Son ombre couvrait les montagnes et ses rameaux les cèdres de Dieu.
Elle étendait ses branches jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve (de l’Euphrate).
Et maintenant pourquoi as-tu détruit son mur ? ? Tous les passants la dévastent.
Le sanglier de la forêt la dévore et les bêtes des champs en font leur pâture.
Seigneur, Dieu des armées, rétablis-nous, montre-nous ton visage et nous serons sauvés.
IV
Regarde du haut du ciel et vois et visite cette vigne ;
Rétablis ce que ta droite a planté et le fils que tu t’es choisi.
Ceux qui la brûlent et la dévastent, fais-les brûler devant la menace de ta face.
Étends ta main sur l’homme de ta droite, sur le fils que tu as élevé.
Et maintenant ne nous laisse plus être infidèles, rends-nous la vie et nous te louerons.
Seigneur Dieu des armées, rétablis-nous, montre-nous ta face et nous serons sauvés.
Ordre des idées. Le psaume est partagé, par le retour du même refrain, en quatre strophes:
1. Strophe : Demande de secours dans la confiance au Dieu bienveillant et tout-puissant.
2. Strophe : Lamentation (Israël est profondément abattu).
3. Dans la charmante parabole de la vigne le psalmiste rappelle les soins aimants que Dieu a pris d’Israël, mais aussi le châtiment qu’il lui a infligé.
4. Strophe : Nouvel appel au secours.
Application liturgique. Est-il possible de mettre dans la bouche d’un chrétien en prière ce cantique poétique qui concerne entièrement le sort d’Israël ? Oui, c’est possible. Des psaumes comme celui-ci, qui ont un arrière-plan historique, sont des paraboles de prière. L’important est de trouver le point de comparaison. Quand on l’a trouvé, il est facile d’entendre la parabole. Ce qui ne sert pas à la comparaison n’est qu’un ornement accessoire de l’image. Quel est ici le point de comparaison ? L’exil et le retour des Juifs est l’image de l’état de non-rédemption et de rédemption par le Christ. La vigne est l’Église, dévastée par les péchés de ses membres, rétablie par le Christ. Tant que nous sommes sur la terre, nous vivons en exil. Le retour final dans la Jérusalem céleste aura lieu au moment du retour du Christ, Maintenant nous n’aurons pas de peine à comprendre l’usage de ce psaume pendant l’Avent, Les deux grands sentiments de l’Avent : le besoin de rédemption et le désir ardent du Christ, trouvent une expression puissante dans notre psaume. C’est pourquoi il est te chant d’Avent de l’Église.