LUNDI APRÈS LA SEPTUAGÉSIME

Le deuxième jour de la Création.
     
Les flots de grâce de l’amour divin.
     
1. Évangile du dimanche. — Pendant les jours de semaine de l’avant-Carême, on célèbre les fêtes des saints qui tombent ces jours-là A la messe, il n’y a qu’une différence avec ce qui se faisait précédemment. L’Alleluia est supprimé et, à sa place, on chante le Trait. Quand il n’y a pas de fête de saint, on célèbre la messe du dimanche précédent, mais, on omet le Trait. Le Trait donne à une messe une certaine solennité qui n’est pas de mise à une simple férie de semaine. Mais, à part cela, l’intention de l’Église, maintenant plus qu’auparavant, veut prolonger la méditation des pensées du dimanche pendant la semaine et les faire passer dans notre vie. Aussi chante-t-elle maintenant, tous les jours, au coucher du soleil, une Antienne de Magnificat tirée de l’Évangile du dimanche. Elle chante aujourd’hui : “ Ceux-ci n’ont travaillé qu’une heure et tu leur as donné autant qu’à nous qui avons porté le poids du jour et de la chaleur. ” Ainsi, pendant toute la semaine, retentit dans notre âme l’Évangile de l’invitation de Dieu. Répondrons-nous à son appel ?
     
2. Lecture de l’Écriture (Gen. l, 1-11, 3). — La lecture de l’Écriture sainte elle-même est liée plus intimement que dans les semaines précédentes avec la vie de notre âme. Ceci nous apparaît dans les Répons, à la prière des Heures, qui maintenant ont toujours pour objet la Genèse. Ce que l’on chante et, spécialement, ce qui se répète comme un écho doit occuper notre cœur et notre esprit. Nous nous appliquerons donc avec plus de zèle à la lecture et à la méditation de l’Écriture sainte et nous essaierons d’en tirer du profit pour nos âmes.
      
Nous lisons aujourd’hui la seconde partie de l’œuvre des six jours :
“ Mais Dieu dit : qu’il y ait des lumières dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour et la nuit : qu’elles soient des signes, qu’elles marquent les temps et les jours et les années, afin de briller dans l’étendue du ciel pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Et Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand luminaire pour présider au jour, le plus petit pour présider à la nuit, et les étoiles. Et il les plaça sur l’étendue du ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit et pour séparer la lumière des ténèbres. Et Dieu vit que c’était bon. Et il y eut un soir et un matin, ce fut le quatrième jour. Dieu dit aussi : Que les eaux foisonnent d’animaux rampants et animés et que les oiseaux volent sur la terre sous l’étendue des cieux. Et Dieu créa les grands animaux aquatiques et tout être qui vit et se meut, foisonnant dans les eaux selon son espèce, et tous les volatiles selon leur espèce. Et Dieu vit que c’était bon. Et il les bénit et il dit : Croissez et multipliez et remplissez les eaux de la mer et que les oiseaux se multiplient sur la terre. Et il y eut un soir et un matin et ce. fut le cinquième jour. Et Dieu dit : que la terre fasse sortir des êtres vivants, selon leur espèce, les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes sauvages de la terre, selon leur espèce. Et cela fut ainsi. Et Dieu fit les bêtes sauvages de la terre d’après leur espèce et les animaux domestiques et tout ce qui rampe sur la terre, d’après son espèce. Et Dieu vit que c’était bon et il dit : Faisons l’homme à notre image et ressemblance et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre et sur les reptiles qui rampent sur la terre. Et Dieu créa l’homme à son image et ressemblance ; à son image Dieu le créa, il les a créés comme homme et femme. Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez, remplissez la terre et soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit : Voici que je vous donne toute herbe portant semence à la surface de la terre et tous les arbres qui ont en eux-mêmes leur semence selon leur espèce pour vous servir de nourriture, et à toutes les bêtes de la terre et à tous les oiseaux du ciel et à tout ce qui se meut sur la terre ayant en lui un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et il en fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait et c’était très bon. Et il y eut un soir et un matin, ce fut le sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre et toute leur armée. Et Dieu eut achevé, le septième jour, son œuvre qu’il avait faite et il se reposa le septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia parce qu’en ce jour-là il s’était reposé de toute l’œuvre qu’il avait créée pour la faire. “
Comme dans le premier groupe, le récit va de haut en bas : la lumière, l’eau, l’air et la terre. Mais maintenant c’est l’œuvre d’organisation qui est décrite : la région lumineuse est animée par les corps célestes (4e jour), l’eau l’est par les poissons, l’air par les oiseaux (5e jour), la terre par les animaux et finalement par l’homme, le roi de la Création. Nous avons donc un plan artistique :
Introduction : Création en partant du néant : le chaos.
Exécution : Deux parties principales de trois jours chacune.
I. Œuvre de séparation
a) Lumière et ténèbres,
b) Eau supérieure et inférieure,
c) Terre et eau.
II. Œuvre d’organisation :
a) Lumière,
b) Eau et air,
c) La terre.
Conclusion : Le divin sabbat.
La profonde signification liturgique de ce récit réside dans ceci : Le récit de la Création est présenté dans le cadre d’une semaine de sept jours dont le dernier apparaît comme un jour de repos sanctifié par Dieu. Ainsi l’œuvre divine de la Création est offerte à l’homme comme un modèle de sa propre vie, dont l’activité doit s’exercer pendant six jours consacrés au travail professionnel et réserver le septième au repos et à la sanctification. Mais c’est surtout la sanctification du sabbat que veut nous enseigner la Sainte Écriture. Dieu lui-même nous donne l’exemple. Il sanctifie et bénit son propre jour de repos ; il le consacre, c’est-à-dire le soustrait au service des hommes. Une remarque encore. L’Écriture ne nous dit rien de la fin du sabbat de la Création. Il continue ; il est un symbole de l’éternité, comme les six jours sont un symbole du temps. Pour nous aussi, le jour du Seigneur est une image de ta félicité éternelle dans laquelle nous entrerons après les jours de travail de la vie. Ceci doit être le fruit principal de notre lecture.
     
Résolution du second jour de la Création : l’ordonnance des eaux doit nous rappeler les flots de grâce qui, de l’océan de l’amour de Dieu, coulent dans notre cœur :
Verse en nos cœurs, Dieu de bonté,
Les dons éternels de ta grâce ;
Qu’aucun péché nouveau ne fasse
Revivre notre iniquité” (Hymn. Vêp.).