LECTURE D’ÉCRITURE TROISIÈME SEMAINE D’OCTOBRE

Les Livres des Macchabées
Samedi soir : Au coucher du soleil, l’Église récite ces paroles du deuxième livre des Macchabées : “ Que le Seigneur entende vos prières, qu’il soit avec vous, qu’il ne vous abandonne pas au moment difficile, le Seigneur notre Dieu ! ”
Dimanche (II Macch., III, 1-12) : Les successeurs d’Alexandre le Grand en Syrie n’avaient pas manifesté tout d’abord d’intentions hostiles à l’égard des Juifs. Antiochus le Grand (224-187 avant J.-C.) les avait traités avec douceur ; mais son fils et successeur, Séleucus Philopator (1871 76) se laissa déjà entraîner à des actes d’hostilité. Voici ce que nous lisons à ce propos :
La ville sainte se réjouissait d’une paix parfaite, et les lois étaient encore exactement observées, grâce à la piété du grand prêtre Onias et à sa sévérité contre toutes les formes du mal. Il n’était pas rare de voir les rois étrangers eux-mêmes honorer les lieux du culte et manifester leur sollicitude à l’égard du Temple par des dons magnifiques. Séleucus, roi d’Asie, lui aussi, subvenait par ses revenus personnels aux dépenses nécessitées par le service du culte. Mais un certain Simon, de la tribu de Benjamin, qui était préposé à l’administration du Temple, entra en conflit avec le grand-prêtre à cause de la violation de la loi dans la ville. Comme il ne parvenait pas à l’emporter sur Onias, il s’adressa à Apollonius, fils de Thrasée, qui était alors gouverneur de la Coelé-Syrie et de la Phénicie. Il lui fit savoir que les salles du trésor de Jérusalem étaient remplies de richesses immenses, à tel point qu’il était impossible d’en établir le compte. Elles n’étaient pas en rapport avec les dépenses du culte ; mais il y aurait moyen de faire passer tout cela dans le trésor royal. Au cours d’un entretien avec le roi Séleucus, Apollonius lui fit connaître les trésors qu’on lui avait signalés. Celui-ci choisit Héliodore, son ministre d’État, et l’envo)’a avec mission de rapporter les dits trésors. Héliodore se mit en route sans tarder, sous prétexte d’inspecter les villes de Coelé-Syrie et de Phénicie, mais en réalité pour exécuter le plan du roi. A son arrivée à Jérusalem, il fut reçu amicalement par le grand-prêtre de la ville ; puis il porta la conversation sur les indications reçues et lui exposa le but de sa visite. Il demanda si les choses étaient vraiment telles qu’on le lui avait dit. Le grand-prêtre lui représenta qu’il s’agissait de dépôts faits par des veuves et des orphelins ; une partie appartenait aussi à Hircan, descendant de Tobie, homme très en vue ; ainsi la situation n’était pas telle que l’impie Simon l’avait faussement représentée. En fait d’argent, il y avait en tout quatre cents talents ; l’or se réduisait à deux cents talents. Sous aucun prétexte il n’était possible de léser des gens qui s’étaient confiés à la sainteté de ce lieu, à la majesté et à l’inviolabilité du Temple vénéré dans le monde entier.
Lundi (II Macch., III, 23-35) : Mais Héliodore commença à exécuter son dessein. Déjà il était avec sa garde sur les lieux, dans la salle du trésor, lorsque le Seigneur de nos pères, le Souverain d’une infinie puissance, se manifesta avec force, de sorte que tous ceux qui avaient osé se rassembler là furent épouvantés par la puissance de Dieu et jetés dans une angoisse invincible. Un cheval leur apparut, monté par un cavalier terrible et caparaçonné d’un harnais royal. Il s’élança et agita ses pieds de devant dans la direction d’Héliodore ; le cavalier qui le montait paraissait porter une armure d’or. En même temps, lui apparurent deux jeunes gens pleins de force, à l’aspect splendide et magnifiquement vêtus ; s’étant placés chacun d’un côté, ils le flagellaient sans arrêt, lui portant un grand nombre de coups. Subitement, l’obscurité se fit devant les yeux d’Héliodore et il tomba à terre. Ses gens le ramassèrent, le mirent sur une litière et le portèrent dehors ; cet homme qui venait d’entrer dans la salle dudit trésor avec une bande de coureurs et de satellites, ils l’emportèrent sans qu’il fut capable de s’aider lui-même ! Ils reconnurent alors visiblement la puissance de Dieu ! C’est ainsi qu’il était là, étendu, privé de la parole par la force divine, sans espérance de salut. Mais les Juifs louaient Dieu qui avait, contre toute attente, glorifié son saint lieu. Et le Temple, qui était, un instant auparavant, rempli d’angoisse et de trouble, fut, après l’apparition de la toute-puissance divine, plein de joie et d’allégresse. Sans tarder, quelques-uns des amis d’Héliodore prièrent Ornas d’invoquer le Très-Haut afin qu’il accordât la vie à celui qui déjà n’avait plus qu’un souffle. Le grand-prêtre, soupçonnant que le roi pourrait croire qu’un attentat avait été commis par les Juifs contre Héliodore, offrit un sacrifice pour la guérison de cet homme. Tandis que le grand-prêtre offrait le sacrifice expiatoire, les mêmes jeunes gens apparurent encore à Héliodore, revêtus des mêmes habits ; ils s’approchèrent de lui et lui dirent : “ Adresse de grandes actions de grâces au grand-prêtre Onias, car c’est par considération pour lui que le Seigneur t’accorde la vie. C’est le Seigneur qui t’a châtié de la sorte ; annonce au monde entier la grande puissance de Dieu. ” A ces mots, ils disparurent. Quant à Héliodore, il offrit un sacrifice au Seigneur et fit de grands vœux à celui qui lui avait accordé la vie ; ensuite, il remercia Onias et retourna avec ses troupes vers le roi.
Mardi (II Macch., V) : Sous le frère et successeur de Séleucus, le fier et cruel Antiochus IV Épiphane (176-164 avant J.-C.), commença une ère de cruel martyre. Antiochus fit les préparatifs de sa seconde expédition en Égypte. Pendant près de quarante jours, on vit dans toute la ville des cavaliers portant des vêtements d’or parcourir les airs. Leurs cohortes étaient armées de lances. Des escadrons entiers, rangés en ordre de bataille, se rencontraient et luttaient les uns contre les autres ; des boucliers s’agitaient ; d’innombrables lances se dressaient ; des épées se dégainaient ; des traits volaient ; des armures d’or et des cuirasses de toutes sortes étincelaient. C’est pourquoi tous priaient pour que l’apparition fût un heureux présage. Mais un faux bruit concernant la mort d’Antiochus s’étant répandu, Jason ne réunit pas moins d’un millier d’hommes et fit une attaque brusquée contre la capitale. Les défenseurs se concentrèrent sur les remparts, mais la ville finit par être prise tandis que Ménélas se réfugiait dans la citadelle. Jason fit massacrer sans pitié ses concitoyens, oubliant qu’une victoire remportée sur des compatriotes est la pire des défaites. Il s’imagina conquérir des trophées sur des ennemis, et non sur des gens de sa nation. Mais il ne put s’emparer du pouvoir. Après l’insuccès piteux de son complot, il dut regagner en fugitif le pays des Ammonites. A son malheureux retour, s’ajouta l’encerclement dont il fut victime de la part du tyran d’Arabie, Arétas. Fuyant de ville en ville, traqué par tous, haï comme transgresseur de la loi, exécré comme bourreau de sa patrie et de ses concitoyens, il fut rejeté en Egypte. L’homme qui avait exilé tant de personnes en terre étrangère en vint lui-même à périr sur la terre étrangère après s’être rendu à Sparte pour y trouver protection à cause de la communauté d’origine. C’est ainsi que l’homme qui avait laissé, gisants à terre sans sépulture, tant d’autres hommes, ne fut regretté de personne ; il ignora toujours la pieuse sépulture et l’ensevelissement dans le tombeau de ses ancêtres.
Mercredi (II Macch., V) : Lorsque le roi connut ces événements, il crut à un soulèvement en Judée. Il quitta donc l’Egypte, furieux comme une bête féroce, et s’empara de la ville par la force des armes. Il ordonna aux soldats de tuer sans pitié ceux qu’ils rencontreraient et de massacrer aussi ceux qui se réfugieraient dans les maisons. Ainsi furent tués des jeunes gens et des vieillards, mis à mort des hommes, des femmes et des enfants, égorgés des jeunes filles et de petits enfants. En trois jours, quatre-vingt mille hommes périrent, dont quarante mille au fort de la mêlée ; beaucoup furent aussi vendus comme esclaves. Non content de cela, il osa pénétrer dans le sanctuaire le plus saint de toute la terre, guidé par Ménélas, traître envers les lois et la patrie. De ses mains souillées de sang Ménélas s’empara des objets sacrés ; quant aux offrandes que les autres rois avaient déposées en souvenir de la dédicace ou pour rehausser la gloire et l’honneur du lieu, il les prit de sa main criminelle et les envoya rejoindre le reste du butin. L’orgueil enflait le cœur d’Antiochus ; c’est ce qui l’empêcha de voir que le Seigneur était irrité pour peu de temps à cause des péchés des habitants et que c’était pour cela qu’il avait permis la profanation de la ville sainte. Si Jérusalem n’avait pas été coupable de péchés, il aurait vu lors de son incursion, son impudence réprimée pour ainsi dire à coups de fouet, comme l’avait été celle d’Héliodore, envoyé par le roi Séleucus pour faire l’expertise du trésor.
Jeudi (II Macch., VI, 1-11) : Peu de temps après, le roi envoya un vieillard pour obliger les Juifs à abandonner la loi de leurs pères ; ils ne devaient plus régler leur vie publique d’après la loi de Dieu, mais ils devraient profaner le Temple de Jérusalem et le dédier à Jupiter Olympien, et celui du mont Garizim à Jupiter Hospitalier, conformément au caractère hospitalier des habitants de la région. Ces néfastes prétentions forent même pour la masse du peuple très pénibles et insupportables, car les païens avaient rempli le sanctuaire de débauches et d’orgies ; on y voyait des hommes dissolus avec des filles de mauvaises mœurs ; des hommes avaient commerce avec des femmes dans les parvis et, de plus, y introduisaient des objets défendus. L’autel des sacrifices était couvert de choses que la loi interdisait. On ne pouvait plus ni célébrer le sabbat, ni observer la loi de nos pères ; il n’était même plus possible de confesser que l’on était juif. Par une amère contrainte, on amenait les Juifs aux orgies qui se faisaient chaque mois au jour anniversaire de la naissance du roi ; à la fête des Bacchanales, les Juifs étaient obligés de prendre part, couronnés de lierre, au cortège organisé en l’honneur de Bacchus. A l’instigation des Ptolémées, un décret fut aussi publié dans les villes grecques du voisinage, ordonnant de prendre les mêmes mesures contre les Juifs et de les amener à participer aux sacrifices païens ; ceux qui ne consentiraient pas à se soumettre aux coutumes grecques devraient être mis à mort. On put alors voir la désolation qui régnait en ces lieux, Deux femmes furent amenées pour avoir fait circoncire leurs enfants ; ceux-ci furent suspendus à la poitrine de leurs mères ; puis on promena publiquement ces femmes dans la ville et on les précipita du haut des murailles. D’autres, qui s’étaient réunis dans des cavernes voisines pour y célébrer en cachette le sabbat, furent dénonces à Philippe et livrés aux flammes. Ils avaient renoncé à se défendre par respect pour la sainteté du jour.
Vendredi (II Macch., VI, 18-31) : Un certain Eléazar, docteur de la loi des plus en vue, homme d’un âge déjà avancé et d’un extérieur respectable, était contraint de manger de la viande de porc, tandis qu’on lui maintenait la bouche ouverte. Mais il préféra une mort glorieuse à une vie souillée et il marcha volontairement au supplice. Il avait recraché la viande, comme il convient à quiconque s’interdit à tout prix l’usage de ce qui n’est pas permis même pour sauver sa vie. Les hommes qui étaient préposés au sacrifice impie connaissaient depuis longtemps Éléazar. Ils le prirent à part et lui dirent de faire apporter de la viande qu’il pût manger et de la préparer lui-même ; il se contenterait de faire semblant de manger de la chair des victimes, conformément à l’ordre du roi, pour échapper, de la sorte, au supplice ; ce serait là une manière pour eux de répondre à la vieille amitié qu’il leur avait témoignée. Mais il prit un parti digne de toute sa vie et de son grand âge, digne de l’honneur que lui valaient ses cheveux gris et de la conduite irréprochable qu’il avait menée depuis sa jeunesse, entendant encore plus demeurer fidèle à la loi sainte établie par Dieu. Il répondit donc sans hésiter qu’on l’envoyât immédiatement au séjour des morts. “ A notre âge, la feinte ne convient pas, de peur que nombre de jeunes gens ne viennent à croire qu’Éléazar a embrassé, à quatre-vingt-dix ans, le paganisme. Ma dissimulation et mon attachement à une vie courte et périssable contribueraient à les égarer, tandis que je n’attirerais sur ma vieillesse que mépris et honte. Quand j’échapperais pour le moment à un châtiment des hommes, je n’éviterais, ni en cette vie, ni après la mort, les mains du Tout-Puissant. C’est pourquoi, si je quitte maintenant la vie par un acte de courage, je me montrerai digne de ma vieillesse et je laisserai aux jeunes un noble exemple de belle mort subie avec courage et fermeté pour les vénérables et saintes lois. ” Ayant ainsi parlé, il marcha aussitôt vers l’instrument de supplice. Alors la douceur que lui avaient témoignée les bourreaux qui le conduisaient se changea en cruauté, car, à leur avis, les paroles que nous avons rapportées constituaient une impudence. Lorsqu’il fut sur le point de mourir sous les coups, il poussa un soupir et dit : “ Le Seigneur, dans sa science sainte, voit que mon corps endure sous les coups de fouets de cruelles souffrances, alors que j’aurais pu échapper à la mort ; mais je les accepte volontiers dans mon cœur, parce que je le crains. ” C’est ainsi qu’il quitta la vie. Il laissa par sa mort, non seulement aux jeunes, mais à la plupart de ses compatriotes, un exemple de courage et un mémorial d’héroïsme.

Samedi (II Macch.,XIV) : Razis, un des anciens de Jérusalem, fut dénoncé à Nicanor. C’était un homme de bonne renommée et aimé de ses concitoyens ; sa bienfaisance l’avait fait surnommer le père des Juifs. Au temps des anciens troubles, il avait pris fait et cause pour une séparation nette des Juifs et des païens et avait exposé de toutes ses forces son corps et sa vie pour le judaïsme. Voulant donner une preuve de son hostilité contre les Juifs, Nicanor envoya plus de cinq cents soldats pour le saisir. Il ne doutait pas que, par son arrestation, il leur porterait un coup très dur. La troupe voulait donc s’emparer de sa maison ; elle cherchait déjà à détruire les portes et y mettait le feu pour brûler les vantaux ; alors, pressé de tous côtés, il se plongea une épée dans le corps, car il préférait mourir noblement plutôt que de tomber aux mains des impies et de subir des outrages indignes de sa propre noblesse. Mais, dans sa hâte et son émotion, il avait mal dirigé le coup. Voyant alors les soldats se ruer par les portes, il s’élança avec intrépidité sur la muraille et se précipita héroïquement sur eux du haut des remparts.