LECTURE D’ÉCRITURE - TROISIÈME SEMAINE DE NOVEMBRE

Le Livre de Daniel
Samedi soir : Dans l’antienne directrice de Magnificat nous chantons avec le prophète Zacharie (II, 5) : “ Entoure-nous de ton mur invincible, Seigneur, et protège-nous toujours avec les armes de ta puissance. ”
Dimanche (Daniel, I) : Le quatrième des grands prophètes est Daniel, qui vécut à l’époque de la captivité de Babylone. Daniel reçut la mission non seulement de maintenir le peuple juif dans la foi au Rédempteur promis, mais aussi de faire connaître aux païens la puissance du Dieu d’Israël sur les idoles de Babylone et de les préparer à la venue du Rédempteur. Daniel décrit le royaume messianique comme le dernier royaume de ce monde qui survivra à tous les autres. Son livre se compose de récits et de visions. La lecture en est plus facilement intelligible que celle de tous les autres prophètes. Le premier chapitre raconte la jeunesse du prophète. Daniel, qui était de descendance royale, fut, sur l’ordre du roi de Babylone, amené avec d’autres jeunes gens de naissance princière à la cour de Babylone pour y être élevé et entrer ensuite au service du roi. Malgré les dangers de la cour, Daniel et trois autres jeunes gens demeurèrent fidèles à la loi de Moïse et préférèrent une nourriture modeste à la nourriture royale défendue. La fidélité de Daniel et de ses amis aux prescriptions juives concernant la nourriture fut magnifiquement récompensée. Après ne s’être nourris pendant dix jours, avec la permission de l’intendant royal, que de légumes et d’eau, ils se trouvèrent avoir, malgré ce modeste régime, une vigueur et une santé supérieures à celles de leurs compagnons qui avaient suivi le régime copieux de la cour. Mais ils firent aussi des progrès dans le domaine intellectuel. Pour les récompenser de leur fidélité à la loi, le Seigneur leur accorda de faire d’extraordinaires progrès dans les études. Après avoir été instruits trois ans dans toutes les matières qui étaient alors cultivées à Babylone, ils étaient supérieurs par leurs connaissances à tous les savants du pays. Daniel se signala par une sagesse toute particulière due à des lumières surnaturelles et reçut le don de comprendre et d’interpréter les songes et les visions auxquels on attribuait alors, à Babylone et en Égypte, une grande importance.
Lundi (Daniel, II) : Au cours de la deuxième année de son règne (603-602), le roi Nabuchodonosor eut un songe qui l’effraya beaucoup ; mais, une fois réveillé, il ne put plus se le rappeler en détail : il en avait seulement gardé l’impression qu’il n’annonçait rien de bon ni pour lui ni pour son royaume. Il convoqua donc tous les savants et les magiciens de son royaume et leur demanda de lui reconstituer ce songe et de le lui expliquer. Comme ils ne le pouvaient pas, il entra en colère et ordonna de les mettre à mort. Daniel et ses amis devaient eux aussi mourir. Mais Daniel apaisa le roi en se déclarant prêt à lui exposer et à lui expliquer le songe. Lorsque lui et ses amis eurent imploré la miséricorde de Dieu, la teneur et la signification du songe lui furent révélées par Dieu. Il se rendit donc près du roi et lui dit entre autres choses : Tu as vu une grande statue dont la tête était d’or fin ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses hanches, d’airain ; ses jambes, des cuisses jusqu’aux pieds, de fer ; ses pieds et leurs doigts, en partie de fer et en partie d’argile. Tandis que tu regardais, une pierre se détacha de la montagne sans avoir été poussée par une main humaine, frappa la statue et la brisa..., mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre. Daniel donna aussi au roi l’explication du songe : la tête d’or, c’est toi et ton royaume ; après toi, il s’élèvera un royaume moindre, un royaume d’argent (le royaume persan), et ensuite un autre royaume, un royaume d’airain (le royaume grec), qui dominera sur toute la terre. Le quatrième royaume, semblable au fer, écrasera et détruira tout (le royaume romain). Aux jours de ce royaume, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui... détruira et anéantira tous ces royaumes, mais qui subsistera lui-même pour l’éternité (le royaume du Messie). A cette révélation, Nabuchodonosor tomba sur sa face, se prosterna devant Daniel et dit : En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux, le Seigneur des rois et le révélateur des secrets. Alors le roi éleva Daniel à la dignité de gouverneur de toutes les provinces de Babylone et de chef suprême au-dessus de tous les sages de Babylone. Sur la demande de Daniel, il donna l’administration de la province de Babylone aux amis de celui-ci, Sidrac, Misac et Abdénago.
Mardi (Daniel, III) : Malgré le songe qui avait produit sur Nabuchodonosor une impression si forte qu’il dût reconnaître le Dieu d’Israël comme le Dieu des dieux, le roi n’abandonna pas le culte des idoles. Il fit ériger près de la ville, dans la plaine de Dura, une statue d’or haute de soixante coudées et ordonna à tous les grands personnages du royaume d’adorer cette statue à genoux, faute de quoi ils seraient condamnés à mourir par le feu. Lorsque les instruments de musique donnèrent le signal de l’adoration, tous les assistants se prosternèrent devant elle. Seuls, les trois amis de Daniel, Ananias, Azarias et Misaël, s’y refusèrent. Daniel, qui vivait à la cour comme gouverneur de toutes les provinces, n’y fut pas contraint. Aussitôt les récalcitrants furent dénoncés au roi qui les fit jeter dans une fournaise chauffée sept fois plus qu’à l’ordinaire, mais où, par un étrange prodige, ils ne subirent aucun mal ; car un ange du Seigneur était descendu du ciel et écartait la flamme vers le dehors de telle sorte qu’elle saisit ceux qui avaient jeté les jeunes gens dans la fournaise. Frappé de ce prodige, Nabuchodonosor s’écria : “ Loué soit Dieu qui a envoyé son ange et a délivré ses serviteurs qui ont cru en lui. ” Il défendit à quiconque de mal parler du Dieu d’Israël, car il n’y avait que lui pour pouvoir sauver de la sorte. Après avoir été ainsi miraculeusement protégés par Dieu dans la fournaise, les trois jeunes gens entonnèrent un cantique dans lequel ils invitaient toutes les créatures à louer et à glorifier Dieu. Ce cantique est précédé d’une prière dans laquelle Azarias reconnaît dans le châtiment la culpabilité du peuple et la justice de Dieu et implore pitié et délivrance. Vient ensuite le cantique des trois jeunes gens qui invite toute la nature et toute l’humanité, ainsi que les anges et les esprits bienheureux dans le ciel, à louer Dieu, à le bénir et à le glorifier. L’Église a introduit ce cantique dans son office et le prêtre doit le réciter comme action de grâces après la messe. (Tout le passage forme la XIIe prophétie, lue à l’office du samedi-saint).
Mercredi (Daniel, V) : Sur le trône de Babylone régnait le roi Baltasar. Donnant un jour un grand banquet aux princes de son royaume et se trouvant excité par le vin, il fit apporter les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor avait enlevés du Temple de Jérusalem. Le roi, ses femmes et les princes s’en servirent pour boire et louèrent leurs idoles. Mais Dieu ne se laissa pas tourner en dérision ; car, au même moment, apparurent sur la muraille, en face du candélabre, donc à l’endroit le plus éclairé, des doigts semblables à ceux d’une main humaine et ces doigts écrivaient des mots que personne ne put lire. Le roi pâlit et se mit à trembler. Sur le conseil de la reine-mère, il fit appeler le sage Daniel qui déchiffra l’inscription : Mané, Thécel, Pharès, c’est-à-dire : compté, pesé, divisé. Dieu a compté ton règne et y met fin ; tu as été pesé dans la balance et trouvé trop léger ; ton royaume sera divisé et donné aux Mèdes et aux Perses. Effrayé, le roi ordonna de revêtir Daniel de pourpre et de publier qu’il aurait le troisième rang dans le royaume. Il voulait ainsi écarter le jugement de Dieu, mais ce fut en vain. Dans la nuit même, il fut tué et Darius le Mède reçut le royaume. Baltasar fut brusquement arraché à la vie au milieu d’une orgie et de débauches. — Ainsi peut-il arriver à tout pécheur impénitent. Lui aussi peut entendre tout à coup le jugement de condamnation : Comptées, toutes les grâces dont tu as mésusé ; pesés, tes lourds péchés ; ton âme va être séparée de ton corps. Cette nuit même, tu paraîtras au tribunal de Dieu.
Jeudi (Daniel, IX) : Dans la seconde partie du livre prophétique qui traite des visions, nous lisons la célèbre prophétie des 70 semaines d’années. C’est à coup sûr la plus grandiose prophétie messianique de l’Ancien Testament. Il n’est pas seulement question ici de l’œuvre de la rédemption par le Christ, mais aussi du temps où elle se réalisera. La célèbre prophétie s’exprime ainsi : “ Sois attentif à la parole et comprends la vision : soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour faire cesser la prévarication, mettre fin au péché, expier l’iniquité, amener la justice éternelle, accomplir visions et prophéties et oindre le Saint des saints. Sache donc et retiens : Depuis le temps où sort l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’au Christ, le Chef, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ; rues et murailles seront rebâties dans la détresse des temps. Et, après soixante deux semaines, le Christ sera mis à mort, et son peuple, qui le reniera, ne sera plus son peuple. Un peuple avec un chef qui viendra détruira ville et sanctuaire, et leur fin sera une dévastation, et la dévastation décrétée durera jusqu’à la fin de la guerre. Mais, pendant une semaine, il conclura une alliance avec un grand nombre et, au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’oblation ; et l’abomination de la désolation sera dans le Temple et la désolation durera jusqu’à la fin. ” — Quiconque veut encore entendre Daniel lira dans le Missel l’édifiante histoire de la chaste Suzanne (v. au samedi après le IIIe dimanche de carême).
Vendredi (Daniel, XII) : La prophétie concernant la résurrection des corps et la fin du monde est particulièrement importante : “ En ce temps-là se lèvera Michel, le grand chef, qui répond des enfants de ton peuple ; car viendra un temps comme il n’y en a pas eu depuis qu’il existe des peuples jusqu’à ce temps-là. En ce temps-là seront sauvés tous ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre. Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, qu’ils verront éternellement. Ceux qui auront été intelligents brilleront comme l’éclat du firmament, et ceux qui en auront instruits beaucoup dans la justice, comme les étoiles, d’éternité en éternité. Mais toi, Daniel, enferme ces paroles et scelle le livre jusqu’au temps prescrit ; beaucoup le scruteront et la connaissance s’enrichira.
Et moi, Daniel, je regardai et voici que deux autres hommes se tenaient debout, l’un sur cette rive du torrent, l’autre sur la rive opposée. Alors je parlai à l’homme vêtu de lin qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve : Quand viendra le terme de ces choses merveilleuses ? Et j’entendis l’homme vêtu de lin qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve ; il leva sa main droite et sa main gauche vers le ciel et il jura par celui qui vit éternellement : Dans un temps et dans deux temps et une moitié de temps, quand la dispersion du peuple saint sera à son comble, tout cela s’accomplira. J’entendis, mais sans comprendre. Et je dis : Mon Seigneur, qu’en sera-t-il de cela ? Il me répondit : Va, Daniel, car les paroles sont enfermées et scellées jusqu’au temps prescrit. Beaucoup seront purifiés, blanchis et éprouvés comme dans le feu ; mais les méchants feront le mal, et aucun impie ne parviendra à comprendre, mais les intelligents comprendront. Depuis le temps où sera interrompu le sacrifice perpétuel et où s’installera l’abomination de la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours. Heureux celui qui attendra et arrivera à mille trois cent trente-cinq jours ! Quant à toi, tu atteindras la fin marquée pour toi et tu te reposeras ; mais, à la fin des jours, tu te relèveras pour recevoir ton héritage. ”

Samedi (Daniel, XIV) : Daniel découvre la supercherie des prêtres de Bel, détruit leur idole et s’attire une grande haine. “ Lorsque les Babyloniens le surent, une grande colère s’empara d’eux. Ils s’attroupèrent contre le roi et dirent : Le roi est devenu juif ! Il a détruit Bèl, fait mourir le dragon et massacré les prêtres. Ils vinrent trouver le roi et lui dirent : Livrenous Daniel ! Sinon nous te tuerons, toi et ta maison ! Voyant qu’ils se jetaient sur lui avec violence, il leur livra Daniel en cédant à la nécessité. Ils le jetèrent dans la fosse aux lions et il y demeura six jours. Dans la fosse il y avait sept lions ; chaque jour, on leur donnait deux corps et deux brebis. Mais alors on ne leur donna rien afin qu’ils dévorassent Daniel. Le septième jour, le roi vint pour pleurer Daniel. S’étant approché de la fosse, il regarda dedans et il vit Daniel assis au milieu des lions. Il cria à haute voix : Tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel ! Et il le fit retirer de la fosse aux lions. Puis il y fit jeter ceux qui avaient voulu le perdre et, en un instant, ils furent dévorés sous ses yeux. Alors le roi dit : Que tous ceux qui habitent sur la terre craignent le Dieu de Daniel, car il est le sauveur, celui qui accomplit sur terre des signes et des prodiges ; c’est lui qui a aussi délivré Daniel de la fosse aux lions. ”