Le Livre de Daniel
Samedi soir : Dans
l’antienne directrice de Magnificat nous chantons avec le prophète Zacharie
(II, 5) : “ Entoure-nous de ton mur invincible, Seigneur, et protège-nous toujours
avec les armes de ta puissance. ”
Dimanche (Daniel, I) : Le
quatrième des grands prophètes est Daniel, qui vécut à l’époque de la captivité
de Babylone. Daniel reçut la mission non seulement de maintenir le peuple juif
dans la foi au Rédempteur promis, mais aussi de faire connaître aux païens la
puissance du Dieu d’Israël sur les idoles de Babylone et de les préparer à la
venue du Rédempteur. Daniel décrit le royaume messianique comme le dernier
royaume de ce monde qui survivra à tous les autres. Son livre se compose de
récits et de visions. La lecture en est plus facilement intelligible que celle
de tous les autres prophètes. Le premier chapitre raconte la jeunesse du
prophète. Daniel, qui était de descendance royale, fut, sur l’ordre du roi de Babylone,
amené avec d’autres jeunes gens de naissance princière à la cour de Babylone
pour y être élevé et entrer ensuite au service du roi. Malgré les dangers de la
cour, Daniel et trois autres jeunes gens demeurèrent fidèles à la loi de Moïse
et préférèrent une nourriture modeste à la nourriture royale défendue. La
fidélité de Daniel et de ses amis aux prescriptions juives concernant la
nourriture fut magnifiquement récompensée. Après ne s’être nourris pendant dix
jours, avec la permission de l’intendant royal, que de légumes et d’eau, ils se
trouvèrent avoir, malgré ce modeste régime, une vigueur et une santé
supérieures à celles de leurs compagnons qui avaient suivi le régime copieux de
la cour. Mais ils firent aussi des progrès dans le domaine intellectuel. Pour
les récompenser de leur fidélité à la loi, le Seigneur leur accorda de faire
d’extraordinaires progrès dans les études. Après avoir été instruits trois ans
dans toutes les matières qui étaient alors cultivées à Babylone, ils étaient
supérieurs par leurs connaissances à tous les savants du pays. Daniel se
signala par une sagesse toute particulière due à des lumières surnaturelles et
reçut le don de comprendre et d’interpréter les songes et les visions auxquels
on attribuait alors, à Babylone et en Égypte, une grande importance.
Lundi (Daniel,
II) : Au cours de la deuxième année de son règne (603-602), le roi
Nabuchodonosor eut un songe qui l’effraya beaucoup ; mais, une fois
réveillé, il ne put plus se le rappeler en détail : il en avait seulement
gardé l’impression qu’il n’annonçait rien de bon ni pour lui ni pour son
royaume. Il convoqua donc tous les savants et les magiciens de son royaume et
leur demanda de lui reconstituer ce songe et de le lui expliquer. Comme ils ne
le pouvaient pas, il entra en colère et ordonna de les mettre à mort. Daniel et
ses amis devaient eux aussi mourir. Mais Daniel apaisa le roi en se déclarant
prêt à lui exposer et à lui expliquer le songe. Lorsque lui et ses amis eurent
imploré la miséricorde de Dieu, la teneur et la signification du songe lui
furent révélées par Dieu. Il se rendit donc près du roi et lui dit entre autres
choses : Tu as vu une grande statue dont la tête était d’or fin ; sa
poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses hanches,
d’airain ; ses jambes, des cuisses jusqu’aux pieds, de fer ; ses
pieds et leurs doigts, en partie de fer et en partie d’argile. Tandis que tu
regardais, une pierre se détacha de la montagne sans avoir été poussée par une
main humaine, frappa la statue et la brisa..., mais la pierre qui avait
frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre. Daniel
donna aussi au roi l’explication du songe : la tête d’or, c’est toi
et ton royaume ; après toi, il s’élèvera un royaume moindre, un royaume d’argent
(le royaume persan), et ensuite un autre royaume, un royaume d’airain (le
royaume grec), qui dominera sur toute la terre. Le quatrième royaume, semblable
au fer, écrasera et détruira tout (le royaume romain). Aux jours de ce
royaume, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui... détruira et anéantira tous
ces royaumes, mais qui subsistera lui-même pour l’éternité (le royaume
du Messie). A cette révélation, Nabuchodonosor tomba sur sa face, se prosterna
devant Daniel et dit : En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux, le
Seigneur des rois et le révélateur des secrets. Alors le roi éleva Daniel à la
dignité de gouverneur de toutes les provinces de Babylone et de chef suprême
au-dessus de tous les sages de Babylone. Sur la demande de Daniel, il donna
l’administration de la province de Babylone aux amis de celui-ci, Sidrac, Misac
et Abdénago.
Mardi (Daniel, III) :
Malgré le songe qui avait produit sur Nabuchodonosor une impression si forte
qu’il dût reconnaître le Dieu d’Israël comme le Dieu des dieux, le roi n’abandonna
pas le culte des idoles. Il fit ériger près de la ville, dans la plaine de
Dura, une statue d’or haute de soixante coudées et ordonna à tous les grands
personnages du royaume d’adorer cette statue à genoux, faute de quoi ils
seraient condamnés à mourir par le feu. Lorsque les instruments de musique
donnèrent le signal de l’adoration, tous les assistants se prosternèrent devant
elle. Seuls, les trois amis de Daniel, Ananias, Azarias et Misaël, s’y
refusèrent. Daniel, qui vivait à la cour comme gouverneur de toutes les
provinces, n’y fut pas contraint. Aussitôt les récalcitrants furent dénoncés au
roi qui les fit jeter dans une fournaise chauffée sept fois plus qu’à
l’ordinaire, mais où, par un étrange prodige, ils ne subirent aucun mal ;
car un ange du Seigneur était descendu du ciel et écartait la flamme vers le
dehors de telle sorte qu’elle saisit ceux qui avaient jeté les jeunes gens dans
la fournaise. Frappé de ce prodige, Nabuchodonosor s’écria : “ Loué soit
Dieu qui a envoyé son ange et a délivré ses serviteurs qui ont cru en
lui. ” Il défendit à quiconque de mal parler du Dieu d’Israël, car il n’y
avait que lui pour pouvoir sauver de la sorte. Après avoir été ainsi
miraculeusement protégés par Dieu dans la fournaise, les trois jeunes gens entonnèrent
un cantique dans lequel ils invitaient toutes les créatures à louer et à
glorifier Dieu. Ce cantique est précédé d’une prière dans laquelle Azarias
reconnaît dans le châtiment la culpabilité du peuple et la justice de Dieu et
implore pitié et délivrance. Vient ensuite le cantique des trois jeunes gens
qui invite toute la nature et toute l’humanité, ainsi que les anges et les
esprits bienheureux dans le ciel, à louer Dieu, à le bénir et à le glorifier.
L’Église a introduit ce cantique dans son office et le prêtre doit le réciter
comme action de grâces après la messe. (Tout le passage forme la XIIe
prophétie, lue à l’office du samedi-saint).
Mercredi (Daniel, V) : Sur
le trône de Babylone régnait le roi Baltasar. Donnant un jour un grand banquet
aux princes de son royaume et se trouvant excité par le vin, il fit apporter
les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor avait enlevés du Temple de
Jérusalem. Le roi, ses femmes et les princes s’en servirent pour boire et
louèrent leurs idoles. Mais Dieu ne se laissa pas tourner en dérision ;
car, au même moment, apparurent sur la muraille, en face du candélabre, donc à
l’endroit le plus éclairé, des doigts semblables à ceux d’une main humaine et
ces doigts écrivaient des mots que personne ne put lire. Le roi pâlit et se mit
à trembler. Sur le conseil de la reine-mère, il fit appeler le sage Daniel qui
déchiffra l’inscription : Mané, Thécel, Pharès, c’est-à-dire :
compté, pesé, divisé. Dieu a compté ton règne et y met fin ; tu as été
pesé dans la balance et trouvé trop léger ; ton royaume sera divisé et
donné aux Mèdes et aux Perses. Effrayé, le roi ordonna de revêtir Daniel de
pourpre et de publier qu’il aurait le troisième rang dans le royaume. Il
voulait ainsi écarter le jugement de Dieu, mais ce fut en vain. Dans la nuit
même, il fut tué et Darius le Mède reçut le royaume. Baltasar fut brusquement
arraché à la vie au milieu d’une orgie et de débauches. — Ainsi peut-il arriver
à tout pécheur impénitent. Lui aussi peut entendre tout à coup le jugement de
condamnation : Comptées, toutes les grâces dont tu as mésusé ; pesés,
tes lourds péchés ; ton âme va être séparée de ton corps. Cette nuit même,
tu paraîtras au tribunal de Dieu.
Jeudi (Daniel,
IX) : Dans la seconde partie du livre prophétique qui traite des visions,
nous lisons la célèbre prophétie des 70 semaines d’années. C’est à coup sûr la
plus grandiose prophétie messianique de l’Ancien Testament. Il n’est pas
seulement question ici de l’œuvre de la rédemption par le Christ, mais aussi du
temps où elle se réalisera. La célèbre prophétie s’exprime ainsi : “ Sois
attentif à la parole et comprends la vision : soixante-dix semaines ont
été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour faire cesser la
prévarication, mettre fin au péché, expier l’iniquité, amener la justice
éternelle, accomplir visions et prophéties et oindre le Saint des saints. Sache
donc et retiens : Depuis le temps où sort l’ordre de rebâtir Jérusalem
jusqu’au Christ, le Chef, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ;
rues et murailles seront rebâties dans la détresse des temps. Et, après
soixante deux semaines, le Christ sera mis à mort, et son peuple, qui le
reniera, ne sera plus son peuple. Un peuple avec un chef qui viendra détruira
ville et sanctuaire, et leur fin sera une dévastation, et la dévastation
décrétée durera jusqu’à la fin de la guerre. Mais, pendant une semaine, il
conclura une alliance avec un grand nombre et, au milieu de la semaine, il fera
cesser le sacrifice et l’oblation ; et l’abomination de la désolation sera
dans le Temple et la désolation durera jusqu’à la fin. ” — Quiconque veut
encore entendre Daniel lira dans le Missel l’édifiante histoire de la chaste
Suzanne (v. au samedi après le IIIe dimanche de carême).
Vendredi (Daniel,
XII) : La prophétie concernant la résurrection des corps et la fin du
monde est particulièrement importante : “ En ce temps-là se lèvera Michel,
le grand chef, qui répond des enfants de ton peuple ; car viendra un temps
comme il n’y en a pas eu depuis qu’il existe des peuples jusqu’à ce temps-là.
En ce temps-là seront sauvés tous ceux de ton peuple qui seront trouvés
inscrits dans le livre. Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la
terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour
l’opprobre, qu’ils verront éternellement. Ceux qui auront été intelligents
brilleront comme l’éclat du firmament, et ceux qui en auront instruits beaucoup
dans la justice, comme les étoiles, d’éternité en éternité. Mais toi, Daniel,
enferme ces paroles et scelle le livre jusqu’au temps prescrit ; beaucoup
le scruteront et la connaissance s’enrichira.
Et moi, Daniel, je regardai et voici que deux autres
hommes se tenaient debout, l’un sur cette rive du torrent, l’autre sur la rive
opposée. Alors je parlai à l’homme vêtu de lin qui se tenait au-dessus des eaux
du fleuve : Quand viendra le terme de ces choses merveilleuses ? Et
j’entendis l’homme vêtu de lin qui se tenait au-dessus des eaux du
fleuve ; il leva sa main droite et sa main gauche vers le ciel et il jura
par celui qui vit éternellement : Dans un temps et dans deux temps et une
moitié de temps, quand la dispersion du peuple saint sera à son comble, tout
cela s’accomplira. J’entendis, mais sans comprendre. Et je dis : Mon
Seigneur, qu’en sera-t-il de cela ? Il me répondit : Va, Daniel, car
les paroles sont enfermées et scellées jusqu’au temps prescrit. Beaucoup seront
purifiés, blanchis et éprouvés comme dans le feu ; mais les méchants
feront le mal, et aucun impie ne parviendra à comprendre, mais les intelligents
comprendront. Depuis le temps où sera interrompu le sacrifice perpétuel et où
s’installera l’abomination de la désolation, il y aura mille deux cent
quatre-vingt-dix jours. Heureux celui qui attendra et arrivera à mille trois
cent trente-cinq jours ! Quant à toi, tu atteindras la fin marquée pour
toi et tu te reposeras ; mais, à la fin des jours, tu te relèveras pour
recevoir ton héritage. ”
Samedi (Daniel, XIV) :
Daniel découvre la supercherie des prêtres de Bel, détruit leur idole et
s’attire une grande haine. “ Lorsque les Babyloniens le surent, une grande
colère s’empara d’eux. Ils s’attroupèrent contre le roi et dirent : Le roi
est devenu juif ! Il a détruit Bèl, fait mourir le dragon et massacré les
prêtres. Ils vinrent trouver le roi et lui dirent : Livrenous
Daniel ! Sinon nous te tuerons, toi et ta maison ! Voyant qu’ils se
jetaient sur lui avec violence, il leur livra Daniel en cédant à la nécessité.
Ils le jetèrent dans la fosse aux lions et il y demeura six jours. Dans la
fosse il y avait sept lions ; chaque jour, on leur donnait deux corps et
deux brebis. Mais alors on ne leur donna rien afin qu’ils dévorassent Daniel.
Le septième jour, le roi vint pour pleurer Daniel. S’étant approché de la
fosse, il regarda dedans et il vit Daniel assis au milieu des lions. Il cria à
haute voix : Tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel ! Et il le fit
retirer de la fosse aux lions. Puis il y fit jeter ceux qui avaient voulu le
perdre et, en un instant, ils furent dévorés sous ses yeux. Alors le roi
dit : Que tous ceux qui habitent sur la terre craignent le Dieu de Daniel,
car il est le sauveur, celui qui accomplit sur terre des signes et des
prodiges ; c’est lui qui a aussi délivré Daniel de la fosse aux lions. ”