LECTURE D’ÉCRITURE TROISIÈME SEMAINE DE SEPTEMBRE

Le Livre de Tobie
Samedi soir : Au coucher du soleil, l’Église nous prépare aux lectures d’Écriture de la semaine suivante, au livre de Tobie, et nous récitons en union d’esprit avec Tobie : “ Ne te souviens pas, Seigneur, de mes péchés, ni des péchés de mes parents, et ne tire pas vengeance de mes fautes. ”
Dimanche (Tobie, 1) : Pendant cette semaine, l’Église nous fait lire le gracieux livre de Tobie ; il est très édifiant et très instructif pour tous les états.
Parmi les Israélites qui furent emmenés, au nombre de 722, en captivité en Assyrie, il y avait aussi des hommes pieux. Pour ceux-ci, la captivité n’était pas une punition, mais une épreuve qui devait servir à leur affermissement dans la vertu et à l’édification des générations contemporaines et postérieures. L’un d’eux était Tobie. Tobie fut emmené de Thisbé, ville de Galilée, comme prisonnier de guerre, au temps de Salmanasar, roi d’Assyrie. Il marcha, pendant tous les jours de sa vie, dans le chemin de la vérité et de la justice ; aussi donna-t-il beaucoup d’aumônes à ses frères et au peuple qui avait dû partir avec lui à Ninive, au pays des Assyriens. Lorsqu’ils furent donc arrivés en captivité à Ninive, tous ses frères, même ceux de sa tribu, mangeaient des mets des païens. Mais lui se gardait bien d’en manger, car les pensées de son âme étaient tout à Dieu. Alors, le Très-Haut lui concilia les bonnes grâces et la faveur de Salmanasar ; il devint son fournisseur. Il se rendit chez les Mèdes et remit à Gabélus, de Ragès, ville de Médie, une somme de dix talents d’argent. Après la mort de Salmanasar, son fils, Sennachérib, devint roi à sa place ; mais les routes devinrent si peu sûres que Tobie ne put plus retourner chez les Mèdes. Pendant le règne de Sennachérib, il continua de faire de nombreuses aumônes à ses frères ; il donnait du pain aux affamés et des vêtements à ceux qui étaient nus. Quand il voyait un mort de sa race que l’on avait jeté derrière les murs de Ninive, alors il l’enterrait. Quand, après être revenu en fugitif de Judée, le roi Sennachérib faisait mettre à mort quelqu’un, Tobie l’enterrait en cachette. Dans sa fureur, le roi en fit périr un grand nombre. Mais quand, par ordre du roi, on cherchait les cadavres, on ne les trouvait pas. Alors, un habitant de Ninive vint déclarer au roi que c’était Tobie qui les enterrait. A la suite de cette dénonciation, celui-ci dut se cacher. Tous ses biens furent pillés ; il ne lui resta plus rien que sa femme Anne et son fils Tobie. Mais cinquante jours ne s’étaient pas écoulés que le roi fut tué par ses deux fils ; après quoi, ils s’enfuirent sur le mont Ararat. Ce fut son fils Asarhaddon qui lui succéda. Il plaça le neveu de Tobie, Achiacharus, à la tête des finances et de toute l’administration du royaume. Achiacharus s’employa pour Tobie et celui-ci revint à Ninive.
Lundi (Tobie, II) : Lorsque Tobie fut rentré dans sa maison et que sa femme Anne et son fils Tobie lui eurent été rendus, un magnifique repas lui fut donné, le jour de la Pentecôte, et il se mit à table pour manger. Mais, voyant la quantité de mets, il dit à son fils : Il Sors, et, si tu trouves un de nos frères qui soit dans la nécessité et craignant Dieu, amène-le ; va, je t’attends.” Son fils revint et dit : Il Père, un de nos compatriotes gît, étranglé, sur la place du marché. ” Alors, Tobie se leva aussitôt de table et l’apporta dans sa chambre en attendant le coucher du soleil. De retour, il fit ses ablutions et mangea son pain dans les larmes. Il pensait à la prophétie d’Amos qui avait dit : Vos fêtes se changeront en tristesses et toutes vos joies en gémissements. Après le coucher du soleil, il se leva, creusa une tombe et y déposa le cadavre. Les voisins en riaient et disaient : “ Il ne craint plus d’être mis à mort pour ce travail ; une fois déjà., il a dû décamper et voici qu’il enterre encore les morts. ” Cette même nuit, après l’enterrement, il voulut se reposer et s’étendit pour dormir au pied de la muraille. Son visage était à découvert ; il ne savait pas qu’il y avait des oiseaux sur le mur. Tandis qu’il avait les yeux encore ouverts, les oiseaux y laissèrent tomber de la fiente chaude. Il se forma des taches blanches sur ses yeux. Il alla consulter des médecins, mais ils ne purent pas le guérir. Achiacharus pourvut à son entretien jusqu’à ce qu’il se rendît dans le pays d’Élymas. Sa femme Anne faisait maintenant des travaux de son sexe et les envoyait aux personnes de haute condition ; celles-ci lui en payaient le prix et lui donnèrent même par-dessus le marché un chevreau. Lorsque l’animal fut arrivé à la maison, Tobie l’entendit bêler. Il dit alors à sa femme : “ D’où vient ce chevreau ? Il n’a pourtant pas été volé ? Rends-le à ses maîtres ; car il nous est impossible de manger quelque chose qui ait été volé. ” Mais elle lui répondit : “ Il m’a été donné en sus du prix de mon travail. ” Il ne voulut pas la croire et lui ordonna de le rendre à ses propriétaires ; il se fâcha même contre elle. Alors, elle prit la parole et lui dit : “ Où sont maintenant tes aumônes et tes œuvres de justice ? On s’en prend maintenant à toi à tout propos ! ”
Mardi (Tobie, IV) : Ce jour-là., Tobie pensait à l’argent qu’il avait remis à Gabélus, de Ragès, en Médie. Il se disait en lui-même : “ J’ai demandé la mort ; pourquoi n’appellerais-je pas mon fils Tobie pour lui parler de cette question avant de mourir ? ” Il le fit donc venir et lui dit : “ Mon enfant, quand je serai mort, tu mettras mon corps en terre et tu ne laisseras pas ta mère de côté ; honore-la tous les jours de ta vie ; fais tout pour lui plaire et ne la contriste pas. Pense chaque jour au Seigneur, notre Dieu ; garde-toi de pécher et de mépriser ses commandements. Pratique la justice tous les jours de ta vie et ne marche pas dans la voie du mal. Car, si tu te tiens dans la vérité, tu seras heureux dans toutes tes entreprises. Fais l’aumône, selon tes moyens, à tous ceux qui se conduisent bien ; que ton œil ignore l’envie quand tu feras l’aumône. Ne détourne ton visage d’aucun pauvre et alors le visage de Dieu ne se détournera certainement pas de toi. Si tu as du bien en abondance, prélève des aumônes sur ton avoir ; si tu as peu, ne crains pas de faire l’aumône en proportion de ce peu, car l’aumône est, pour le donateur, un don excellent aux yeux de Dieu. Garde-toi, mon enfant, de toute impureté ! Que le salaire de tout travail humain ne passe pas la nuit chez toi ; règle-le, au contraire, de suite. Si tu sers Dieu de la sorte, tu en seras récompensé. Mon enfant, surveille-toi dans toutes tes entreprises et, dans toute ta conduite, sois bien élevé. Ce qui t’est odieux, ne le fais à personne. Ne bois pas de vin jusqu’à t’enivrer ; que l’ivresse ne t’accompagne pas sur ton chemin. Maintenant je t’avertis que j’ai donné dix talents d’argent à Gabélus, fils de Gabrias, de Ragès, en Médie. Ne crains pas, mon fils, sous prétexte que nous sommes devenus pauvres comme des gueux. Tu as une grande fortune si tu crains Dieu, si tu te tiens éloigné de tout péché et si tu fais ce qui lui est agréable. ”
Mercredi (Tobie, VI-IX) : Le jeune Tobie se mit en quête d’un compagnon de voyage et trouva l’ange Raphaël qui l’accompagna pendant son trajet. Au cours de leur voyage, ils arrivèrent, un soir, au bord du Tigre et résolurent de passer la nuit là. Mais, le jeune homme étant descendu dans l’eau pour s’y baigner, un poisson s’élança du fleuve, cherchant à le dévorer. L’ange cria à Tobie : “ Saisis-le ! ” Le jeune homme s’empara donc du poisson et le jeta sur le rivage. Puis l’ange lui dit : “ Ouvre le poisson ; prends-en le cœur, le foie et le fiel, et conserve les soigneusement. ” Le jeune homme obéit aux paroles de l’ange. Quant au poisson, ils le firent rôtir et le mangèrent. Puis ils continuèrent tous deux leur route. Lorsqu’ils furent arrivés à proximité de Ragès, l’ange dit au jeune homme : “ Frère, nous passerons cette nuit chez Raguel, c’est un de tes parents et il possède une fille du nom de Sara. Je veux lui parler à son sujet afin qu’il te la donne pour épouse. ” Alors le jeune homme dit à l’ange : “ J’ai entendu dire que la jeune fille a eu sept époux et qu’ils sont tous morts dans la chambre nuptiale. Étant le fils unique de mon père, je crains, si j’y entre à mon tour, de mourir comme les autres, car elle est possédée d’un mauvais esprit. ” Mais l’ange lui dit : “ Écoute-moi bien, frère ! Elle doit devenir ta femme. Ne t’inquiète pas du mauvais esprit, car, cette nuit, elle doit t’être donnée comme épouse. Lorsque tu te seras approché d’elle, levez-vous tous deux et faites appel à la miséricorde de Dieu ; il vous sauvera et aura pitié de vous. Ne crains rien ! Car elle t’est destinée de toute éternité et tu seras son libérateur.”
Ils arrivèrent donc à la maison de Raguel. L’ange Raphaël demanda Sara pour le jeune Tobie et elle lui fut donnée comme épouse. Lorsqu’ils furent dans leur chambre, ils supplièrent Dieu d’avoir pitié d’eux. Le mauvais esprit s’enfuit et ils passèrent la nuit sans être inquiétés. Raguel se réjouit de les trouver, le matin, tous deux sains et saufs et rendit gloire à Dieu. Alors il organisa des fêtes nuptiales qui durèrent quatorze jours. Sur la prière du jeune Tobie, Raphaël se rendit à Ragès et rapporta l’argent.
Jeudi (Tobie, XI) : Après cela, Tobie se remit en route. Il rendit grâces à Dieu parce qu’il avait béni son voyage ; il rendit grâces aussi à Raguel et à sa femme. Puis il s’éloigna jusqu’à ce qu’il fut arrivé près de Ninive. Alors Raphaël dit à Tobie : “ Ne sais-tu pas, mon frère, en quel état tu as laissé ton père ? Prenons les devants sur ta femme et allons préparer la maison ! Mais prends avec toi le fiel du poisson ! ” Ils se mirent en route et le chien courait derrière eux. Pendant ce temps, Anne était assise à regarder la route, cherchant à apercevoir son fils. Lorsqu’elle le vit de loin qui arrivait, elle cria à son père : “ Voici mon fils qui arrive avec son compagnon de route. ” Mais Raphaël dit : “ Je sais que ton père doit recouvrer la vue. Frotte-lui les yeux avec le fiel ; il sentira une cuisson et se frottera les yeux. Alors les taches blanches disparaîtront et il te verra. ” Mais Anne courut au-devant d’eux, se jeta au cou de son fils et dit : “ Mon enfant, maintenant — que je t’ai vu, je puis mourir. ” Et ils pleurèrent tous les deux. Tobie était sorti lui aussi sur la porte et chancelait ; mais son fils se hâta de lui tendre la main, puis frotta les yeux de son père avec le fiel en disant : “ Courage, mon père ! ” Comme ses yeux étaient cuisants, il les frotta. Alors les taches blanches se détachèrent de ses yeux comme des écailles : il vit son fils, se jeta à son cou et dit : “ Sois béni, mon Dieu, et béni soit ton nom dans l’éternité ! Bénis soient tous tes saints anges ! Car, si tu m’as châtié, tu as eu aussi pitié de moi. Voici que je vois mon fils Tobie. ” Alors son fils entra tout joyeux dans la maison et raconta à son père les grands événements qui lui étaient arrivés chez les Mèdes. Rempli de joie et louant Dieu, Tobie sortit de sa maison et se rendit à la porte de Ninive au-devant de sa belle-fille. Ceux qui le voyaient étaient dans l’admiration de ce que la vue lui fut rendue. Mais Tobie confessait devant eux que Dieu avait eu pitié de lui. Alors il arriva près de sa belle-fille Sara et lui souhaita la bienvenue en disant : “ Sois la bienvenue, ma fille ! Béni soit Dieu qui t’a amenée près de nous, ainsi que ton
Père et ta mère. ” Il y eut alors une grande joie chez tous ses frères à Ninive. Puis parurent aussi Achiacharus et son neveu Nabath, et le mariage de Tobie fut Joyeusement fêté pendant sept jours.
Vendredi (Tobie, XII) : Ensuite Tobie appela son fils et lui dit : “ Mon fils, songe au salaire de ton compagnon de voyage ! Il faut y ajouter une récompense. ” Il répondit : “ Père, je ne verrais pas d’inconvénient à lui donner la moitié de ce que j’ai rapporté ; car il m’a ramené sain et sauf près de toi ; il m’a trouvé une épouse, est allé chercher mon argent et t’a aussi guéri. ” A quoi le vieux Tobie répondit : “ Cela lui est dû en toute justice. ” Il appela donc l’ange et lui dit : “ Accepte la moitié de ce que vous avez rapporté et que ta route soit bénie ! ” Alors l’ange les prit tous deux à part et leur dit : “ Glorifiez Dieu et remerciez-le ! Rendez-lui grâces et remerciez-le devant tous les vivants pour tout ce qu’il a fait en votre faveur. Il convient de glorifier Dieu et d’honorer son nom en racontant et en exaltant l’histoire de ses œuvres. N’hésitez pas à le confesser ! Il est bon de tenir caché le secret du roi, mais aussi de raconter et d’exalter les œuvres de Dieu. Faites le bien, et le mal ne vous atteindra pas. La prière est bonne avec le jeûne, ainsi que l’aumône et la justice. La pauvreté avec la justice est préférable à l’abondance avec l’iniquité. Il vaut mieux faire l’aumône que d’entasser l’or ; car l’aumône délivre de la mort et efface les péchés. Ceux qui font l’aumône et pratiquent la justice auront une vie pleine de jours ; mais les pécheurs sont les ennemis de leur propre vie. Je veux vous parler ouvertement. Lorsque tu priais, toi et ta belle-fille Sara, je portais le souvenir de votre prière devant le Dieu saint ; et lorsque tu ensevelissais les morts, je me tenais aussi à tes côtés. Lorsque tu te levais sans attendre, laissant là ton repas pour aller enterrer les morts, ta bonne action ne m’échappait pas, mais j’étais près de toi. Maintenant Dieu m’a envoyé pour vous guérir, toi et ta belle-fille Sara. Je suis Raphaël, l’un des sept saints anges qui présentent les prières des saints et ont accès devant la majesté du Dieu saint. ” Alors ils furent saisis d’effroi et tombèrent, tremblants, la face contre terre. Mais il leur dit : “ Ne craignez pas, la paix soit avec vous ! ” Lorsqu’ils se relevèrent, ils ne le virent plus. Alors ils glorifièrent les grandes et admirables actions par lesquelles l’ange du Seigneur s’était manifesté à eux.
Samedi (Tobie, XIII) : Mais Tobie composa un cantique de louange et dit :
Gloire à Dieu qui vit dans l’éternité,
et gloire à son règne !
Car il châtie et il fait miséricorde ;
il conduit au royaume des morts et il en ramène ;
et aucun vivant n’échappe à sa main.
Confessez-le devant les païens, enfants d’Israël ;
car c’est lui qui nous a dispersés parmi eux.
Rapportez tout à sa magnificence ;
oui, glorifiez-le bien haut devant tout être vivant ;
car il est notre Seigneur ; Dieu lui-même est notre Père dans toute l’éternité.
Il nous châtie à cause de nos crimes ;
mais il aura de nouveau pitié de nous et nous rassemblera de tous les pays païens,
où vous continuez à vivre dispersés.
Revenez à lui de tout votre cœur, de toute votre âme ;
aspirez à la vérité devant sa face ;
alors il se tournera vers vous et ne vous cachera pas sa face.
Ce qu’il fait pour vous, reconnaissez-le à haute voix.
Glorifiez le juste Maître et exaltez le Roi éternel.
Je le confesserai sur la terre de captivité,
et j’attesterai sa puissance et sa grandeur

devant le peuple des pécheurs.