LECTURE D’ÉCRITURE SAINTE DANS LA SEMAINE QUI SUIT LE PREMIER DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE

Les leçons de l’Écriture sont d’ordinaire réparties entre les jours de la semaine, indépendamment de la fête du calendrier. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’une fête a ses leçons d’Écriture propres. D’ordinaire, la liturgie commence un nouveau livre le dimanche et l’achève le samedi. Dans le temps qui commence et qui va jusqu’à la Septuagésime, on lira les autres Épîtres de saint Paul. Comme la majorité de ces Épîtres ne comprennent que quelques chapitres, il arrive qu’on lise deux ou trois de ces Épîtres au cours d’une semaine.

Mais l’Église tient à ce qu’on lise au moins le commencement de chaque Epître, le commencement tient lieu de l’ensemble. 

Lundi (1 Cor. VII, 17 sq.). — Saint Paul nous montre, dans ce passage, comment il faut apprécier notre vocation terrestre : “ Que chacun vive selon les dons que lui a faits le Seigneur, selon la vocation qu’il a reçue de Dieu. Cette recommandation, je la fais à toutes les Églises. Si quelqu’un a été appelé comme Juif, qu’il ne cherche pas à le dissimuler. Si quelqu’un a été appelé comme incirconcis, qu’il ne se fasse pas circoncire. Ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision qui importe, mais l’observation des commandements de Dieu. Que chacun demeure dans l’état où il a été appelé. Si tu as été appelé comme esclave, ne t’en trouble pas, même si tu peux devenir libre, reste de préférence comme tu es. Car celui qui a été appelé comme esclave dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur, de même celui qui a été appelé comme homme libre, est un esclave du Christ. Vous avez été chèrement achetés, ne vous faites pas les esclaves des hommes. Mes chers frères, que chacun reste devant Dieu dans l’état où il a été appelé... Je vous le dis, mes frères : le temps est court. C’est pourquoi que ceux qui sont mariés vivent comme s’ils ne l’étaient pas, ceux qui pleurent comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s’ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui ont des relations avec ce monde comme s’ils n’en avaient pas, car la figure de ce monde passe. Je voudrais que vous soyez sans soucis. ” C’est ainsi que vivaient et pensaient les premiers chrétiens, la vie terrestre ne leur semblait qu’un passage conduisant au but désiré. Et nos pensées, à nous, sont si terrestres ! Nous devrions méditer avec attention ce passage. 

Mardi (1. Cor. IX, 1 sq.). — Le désintéressement et le zèle de saint Paul apparaissent dans le passage suivant en pleine lumière : “ Est-ce que je ne suis pas Apôtre ? Est-ce que je n’ai pas vu Notre Seigneur, le Christ Jésus ? Si pour d’autres, je ne suis pas Apôtre, je le suis du moins certainement pour vous, car vous êtes le sceau de mon apostolat, dans le Seigneur. N’ai-je pas le droit de me faire servir à boire et à manger ? Ou bien suis-je seul avec Barnabé à n’avoir pas le droit de renoncer au travail manuel ? Qui donc fait le service de guerre à ses propres frais ? Qui donc plante une vigne et ne jouit pas de ses fruits ? Qui donc fait paître un troupeau et ne jouit pas du lait du troupeau ? Il est écrit dans la loi de Moïse : “ Tu ne lieras pas la bouche du bœuf qui écrase le blé. ” Est-ce que Dieu se préoccupe des bœufs ? Ou bien n’est-ce pas plutôt à cause de nous qu’il dit cela ? Oui, c’est à cause de nous que cela est écrit, car il faut que le laboureur laboure dans l’espoir ; c’est dans l’espoir d’avoir sa part que celui qui bat le blé doit faire son travail. Si j’ai semé parmi vous la semence spirituelle, serait-ce extraordinaire si je moissonnais parmi vous des fruits temporels ? Pourtant je n’ai fait aucun usage Ô de ce droit, mais je prends tout à mon compte, pour ne pas mettre obstacle à l’Évangile du Christ. Je ne vous écris pas ceci dans l’intention que vous me fassiez ces choses, car j’aimerais mieux mourir que de voir quelqu’un m’enlever mon honneur. Car si je prêche l’Évangile, ce n’est pas seulement une gloire pour moi, c’est une nécessité. Quelle est donc ma récompense ? C’est, en annonçant l’Évangile, de l’annoncer gratuitement, sans faire usage de mon droit à propos de l’Évangile. Bien que je sois à tous égards un homme libre, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner beaucoup. Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Il Avec ceux qui sont sous la Loi, j’ai été comme un homme qui est sous la Loi — bien que je ne sois plus sous la Loi — afin de gagner ceux qui sont sous la Loi. Avec ceux qui sont sans Loi, j’ai été comme un homme sans Loi ; alors que je n’étais pas dégagé de la loi de Dieu et que, bien plutôt, j’étais attaché à la loi du Christ — afin de gagner ceux qui sont sans Loi. Avec les faibles j’étais faible, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin de pouvoir, par tous les moyens, en sauver quelques-uns. Je fais tout pour l’Évangile, afin d’y avoir part.” 

L’avant dernière phrase peut être considérée comme — le programme de vie de saint Paul. 

Mercredi (1. Cor. XI, 17). — Saint Paul stigmatise une faute particulièrement grave dans la communauté de Corinthe, la célébration indigne de l’Eucharistie. Alors, l’Eucharistie était encore unie, aux agapes, le repas de charité. Les chrétiens se réunissaient dans la maison d’un riche fidèle, chacun apportait quelque chose pour le repas du soir, ils se servaient mutuellement et prenaient soin particulièrement de nourrir les pauvres ; ensuite ils célébraient l’Eucharistie et recevaient le corps et le sang du Seigneur. Or, il arriva à Corinthe que les riches apportèrent de la nourriture et de la boisson et se les réservèrent exclusivement pour eux-mêmes, sans se préoccuper des autres. Saint Paul en fait le reproche aux Corinthiens : “ N’avez-vous pas de maisons pour manger et boire, ou bien méprisez-vous l’Église de Dieu et voulez-vous faire honte aux pauvres ? Que voulez-vous que je vous dise ? Vous louerai-je ? Non, à ce sujet, je ne puis vous louer.” 

Ensuite pour leur montrer la grandeur de leur faute, il leur rappelle l’institution de la Sainte Eucharistie : “ J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut trahi, prit du pain, rendit grâces et dit : ceci est mon corps qui a été livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De la même manière, après le repas, il prit le calice en disant : ce calice est le nouveau testament dans mon sang, faites ceci, toutes les fois que vous boirez, en mémoire de moi. Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain ou que vous boirez le calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il revienne. ” Ce passage est pour nous très précieux. Il nous donne la description complète d’une messe, aux temps apostoliques. Puis saint Paul parle de la réception indigne de la Sainte Communion : “ Par conséquent, celui qui mange ce pain ou boit le calice du Seigneur indignement, se rend coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme s’éprouve donc lui-même (pour savoir s’il est digne) et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit son propre jugement, car il ne distingue pas le corps du Seigneur (d’une nourriture ordinaire).” 

Jeudi (1. Cor. XII, 12 sq.). — Saint Paul est l’auteur de l’image du corps mystique. Il développe ici cette image : “ De même que le corps est unique et pourtant a beaucoup de membres et que tous les membres du corps, malgré leur multiplicité, ne forment qu’un seul corps, de même en est-il avec le Christ. Car dans le Baptême, tous, Juifs ou Gentils, esclaves ou libres, nous avons été, par un seul Esprit, réunis en un seul corps, nous sommes tous aussi imbibés du même Esprit. Car le corps ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs. Or si le pied disait : “ parce que je ne suis pas la main, je n’appartiens pas au corps ”, il n’en appartient pas moins au corps. Et si l’oreille disait : “ parce que je ne suis pas l’œil, je n’appartiens pas au corps ”, elle n’en appartient pas moins au corps. Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Et si tout le corps était oreille, où serait l’odorat ? Or Dieu a assigné à chaque membre sa place dans le corps, comme il a voulu. Si tous n’étaient qu’un membre, où serait le corps ? Mais il y a plusieurs membres et cependant un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : “ je n’ai pas besoin de toi ”. Au contraire, les ld1 membres qui paraissent es plus faibles, ans e corps, sont particulièrement nécessaires... Quand un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; quand un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps du Christ et, considérés comme des parties, ses membres. Les uns ont été destinés par Dieu, dans son Église, pour être des apôtres, les autres des prophètes, les autres des docteurs... !) 

Vendredi (1. Cor. XIII, 1-13). — Saint Paul chante le cantique de la charité. C’est là un des plus beaux passages de la Sainte Écriture. Il compare d’abord la charité avec les Charismes qui étaient alors très désirés : “ Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis comme un airain sonnant et une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de prophétie, quand je pénétrerais tous les mystères, quand je posséderais toute science et quand j’aurais toute la foi possible jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tout mon bien pour nourrir les pauvres, quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien. ” Puis l’Apôtre énumère les qualités de la charité telles qu’elles se manifestent dans la vie : “ La charité est patiente, elle est bénigne, la charité n’est point envieuse, elle n’est point précipitée, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle n’est point dédaigneuse, elle ne cherche point ses propres intérêts, elle ne se pique et ne s’aigrit point, elle ne pense point le mal, elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité, elle supporte tout, elle croit tout, elle espère tout, elle souffre tout. ” Saint Paul parle ensuite de la valeur éternelle de la charité. “ La charité ne disparaîtra jamais, alors que les prophéties auront une fin, que les langues cesseront, que la science sera abolie. Car notre science est partielle, partielle notre prophétie. Mais quand sera venu ce qui est parfait, tout ce qui est imparfait sera aboli. Quand j’étais enfant, je parlais en enfant, je jugeais en enfant, je raisonnais en enfant ; mais lorsque je suis devenu homme) je me suis défait de tout ce qui était de l’enfant. 

Nous ne voyons Dieu maintenant que comme dans un miroir et sous des images obscures, mais alors nous le verrons face à face. Je ne le connais encore qu’imparfaitement, mais alors je le connaîtrai comme je suis connu de lui. Or maintenant ces trois vertus demeurent : la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois est la charité. Recherchez la charité.” 

Samedi (1. Cor. XV, 1 sq.). — Saint Paul nous montre que la Résurrection du Christ est le fondement de notre foi. “ Mes frères, je vous annonce le joyeux message que je vous ai déjà annoncé. Avant tout, je vous ai transmis ce que j’ai reçu moi-même, que le Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, qu’il a été enseveli et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et qu’il est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères, dont la plupart vivent encore aujourd’hui, quelques-uns seulement sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques et ensuite à tous les Apôtres et enfin il m’est apparu à moi aussi qui suis comme un avorton. Je suis en effet le plus petit parmi les Apôtres, indigne d’être appelé Apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais, par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce n’a pas été vaine en moi... Mais si on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment se fait-il que quelques-uns d’entre vous affirment qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Or, si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine, vaine aussi votre foi... Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ, non plus, n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et même ceux qui sont endormis dans le Seigneur sont perdus. Si ce n’est que pour cette vie que nous avons espoir dans le Christ, nous sommes les plus malheureux des hommes. Or le Christ est ressuscité, le premier-né des morts. Par un homme est venue la mort, par un homme vient la résurrection des morts. De même que tous sont morts en Adam, tous dans le Christ reçoivent la vie, mais chacun selon son rang : en premier lieu le Christ, ensuite ceux qui appartiennent au Christ, qui ont cru en son avènement ”.