Les Livres des Macchabées
Samedi soir : Nous récitons avec les Macchabées cette
prière : “ Que le Seigneur entende vos prières, qu’il se réconcilie avec
vous et qu’il ne vous abandonne pas dans le temps de l’adversité, le Seigneur,
notre Dieu. ”
Dimanche (II Macch., VII,
1-12) : Un autre événement allait suivre. Sept frères furent saisis avec
leur mère et le roi voulut les contraindre à goûter à la viande de porc,
défendue par la loi, tandis qu’on les torturait à coups de fouets et de nerfs
de bœuf. L’un d’entre eux, prenant la parole dit : “Que demandes-tu et que
veux-tu apprendre de nous ? Nous préférons certainement mourir plutôt que
de violer la loi de nos pères. ” Alors le roi, transporté de colère, fit mettre
sur le feu des poêles et des marmites. Lorsqu’elles furent brûlantes, il
ordonna de couper la langue à celui qui avait parlé, de l’écorcher à la manière
des Scythes, puis de lui trancher les extrémités. Sa mère et ses frères durent
assister au supplice. Comme, après avoir été ainsi mutilé, il respirait encore,
le roi ordonna de le porter sur le bûcher et de le faire rôtir dans la poêle.
Pendant que la vapeur de la poêle se répandait en abondance, sa mère et ses
frères s’exhortaient réciproquement à mourir avec courage : “ Le Seigneur Dieu,
disaient-ils, voit tout de là-haut et nous envoie, en toute vérité, sa
consolation, comme Moïse l’a clairement exprimé dans son cantique où il
dit : “ Il enverra la consolation à ses serviteurs. ” Le premier étant
mort de cette manière, ils amenèrent le second au supplice. Ils lui arrachèrent
la peau de la tête avec les cheveux et lui demandèrent s’il voulait manger
avant que son corps ne fut martyrisé membre par membre. Mais il répondit dans
sa langue maternelle : “ Non. ” Il subit donc successivement les autres
tortures comme le premier. Au moment de rendre le dernier soupir, il dit :
“ Scélérat ! tu peux nous prendre la vie de cette terre, mais le Roi de
l’univers nous ressuscitera dans une éternelle vie, nous qui mourons pour sa
loi. ” Après lui, le troisième devint le jouet de leur cruauté. Sommé de
présenter sa langue, il le fit aussitôt ; il tendit également les mains
sans hésiter et dit avec un fier courage : “ C’est du Ciel que je tiens
ces membres ; je les livre pour l’amour de sa loi et j’ai la ferme
espérance qu’il me les rendra un jour. ” Le roi et ses gens furent frappés du
courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les supplices.
Lundi (II Macch., VII,
13-24) : Lorsqu’il fut mort, ils torturèrent et supplicièrent le quatrième
de la même façon. Sur le point de mourir, celui-ci dit : “ On meurt
volontiers de la main des hommes, quand on a devant les yeux l’espérance fondée
sur Dieu que l’on sera un jour ressuscité par lui. Quant à toi, ce n’est pas
pour la vie que tu ressusciteras. ” Après quoi, on amena le cinquième qui fut
également torturé. Mais lui, jetant un regard sur le roi, dit : “ Bien que
tu ne sois qu’un faible mortel, tu fais ce que tu veux en vertu de ta puissance
terrestre. Ne t’imagine pas, cependant, que Dieu ait abandonné notre race.
Attends seulement et tu verras la grande puissance de Dieu, comment il te
punira, toi et tes descendants. ” Après lui, on amena le sixième. Près de
mourir, il dit : “ Ne te leurre pas d’une vaine illusion ! Les
tourments que nous subissons sont la punition des péchés : que nous avons
commis contre notre Dieu. C’est pourquoi il nous est arrivé d’être persécutés
de façon inouïe. Mais toi, ne crois pas demeurer impuni, car c’est contre Dieu
que tu as engagé la lutte. ” Elle est digne d’une admiration sans mesure et
d’une illustre mémoire, la mère qui, en un seul jour, vit mourir ses sept fils
et supporta ce spectacle avec une noble résignation parce qu’elle plaçait son
espérance dans le Seigneur. Elle encouragea chacun d’eux en lui adressant dans
sa langue maternelle des paroles de noble fierté ; raffermissant son cœur
de femme par un viril courage, elle leur disait : “ Je ne sais comment
vous êtes venus à la vie dans mon sein ; ce n’est pas moi qui vous ai
donné souffle et vie ; ce n’est pas moi qui ai réglé la croissance de
chacun d’entre vous. C’est le Créateur du monde qui donne naissance à l’homme
et qui appelle toutes choses à l’existence. Dans sa miséricorde, il vous rendra
le souffle et la vie parce que maintenant vous vous sacrifiez pour sa loi. ”
Antiochus se crut insulté et pensa qu’elle l’outrageait par ses paroles.
Toutefois, il essaya de faire pression sur le plus jeune, qui était encore en
vie, non seulement par des paroles, mais aussi par la promesse, sous la foi du
serment, qu’il le rendrait riche et heureux s’il abandonnait la loi de ses
pères. Il voulait même en faire son familier et lui confier de hauts emplois.
Mardi (II Macch., VII,
25-3°) : Comme le jeune homme ne se souciait aucunement de ses offres, le
roi fit appeler la mère et l’invita à donner à son fils des conseils de salut.
Sur son insistance, elle accepta de donner un conseil à son fils. Se penchant
sur lui, elle se mit à railler le cruel tyran en disant dans sa langue
maternelle : “ Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans
mon sein ! Je t’ai allaité pendant trois ans et je t’ai élevé jusqu’à cet
âge en subvenant aux besoins de ton corps. Jet’en prie, mon enfant, regarde le
ciel et la terre et, en voyant les richesses de la création, sache que Dieu les
a créées de rien ; c’est de la même façon que la race humaine est arrivée
à l’existence. Ne crains donc pas le bourreau, mais montre-toi digne de tes
frères et accepte la mort afin que je puisse te saluer avec tes frères au jour
de la miséricorde. ” Elle n’avait pas fini de parler que le jeune homme
dit : “ Qu’attendez-vous ? Je n’obéis pas aux ordres du roi ;
j’obéis aux ordres de la loi qui a été donnée par Moïse à nos pères. ”
Mercredi (II Macch., VII,
34-41) : Nous terminons le récit du martyre des sept frères
Macchabées : Le plus jeune dit encore au roi : “ Mais toi, impie et
type de toute scélératesse, ne t’enorgueillis pas d’une vaine présomption, en
te flattant d’une illusoire espérance, parce que tu lèves la main sur les
serviteurs de Dieu, car tu n’as pas encore échappé au jugement du Dieu
tout-puissant qui voit tout ! Mes frères, après avoir supporté un bref
tourment, sont entrés maintenant en possession de la vie éternelle promise par
Dieu ; mais toi, tu recevras, par le jugement de Dieu, la juste punition
de ton impiété. Comme mes frères, j’offre, moi aussi, mon corps et ma vie pour
la loi de nos pères, en suppliant Dieu d’envoyer bientôt sa grâce à son peuple.
Quant à toi, tu devras reconnaître, sous le coup des souffrances et des
tortures, qu’il est le seul Dieu. Puisse s’arrêter à moi et à mes frères la
colère du Tout-Puissant qui s’est justement abattue sur tout notre
peuple ! ” Transporté de colère, le roi sévit contre lui avec plus de
cruauté encore que contre les autres, car la raillerie du jeune homme l’avait
mis au comble de l’exaspération. C’est en plaçant toute sa confiance dans le
Seigneur que celui-ci mourut sans s’être souille. Enfin la mère mourut aussi
après ses enfants.
Jeudi (II Macch., X,
1-8) : Judas Macchabée, aidé de ses compagnons, reprit, grâce à la
protection du Seigneur, le Temple et la ville ; mais ils détruisirent les
autels que les étrangers avaient élevés sur la place du marché, ainsi que les
sanctuaires païens. Puis ils purifièrent le Temple et édifièrent un nouvel. autel
des sacrifices. Ils tirèrent du feu de la pierre, prirent de ce feu et, après
un intervalle de deux ans, offrirent de nouveau un sacrifice. Ils allumèrent
aussi les encensoirs et les lampes et replacèrent sur la table les pains de
proposition. Cela fait, ils se prosternèrent sur le sol et conjurèrent le
Seigneur d’écarter d’eux de pareils malheurs ; ils demandaient, dans le
cas où ils retomberaient dans le péché, d’être punis avec indulgence, mais de
ne plus être livrés aux mains des impies et des païens. Il se trouva que le
Temple fut purifié au jour anniversaire de sa profanation par les étrangers,
c’est-à-dire le vin-cinquième jour du mois de Casleu. Remplis de joie, les
compagnons de Macchabée célébrèrent pendant huit jours une fête semblable à
celle des tabernacles, se souvenant que, peu de temps auparavant, ils avaient
passé la fête des tabernacles, cachés comme des bêtes sauvages dans les
montagnes et les cavernes. Portant des thyrses, des rameaux verts et des
palmes, ils chantèrent des hymnes de louange à celui qui avait permis que le
saint lieu fut purifié. Par un édit public, ils rendirent obligatoire pour tout
le peuple juif la célébration annuelle de ces jours.
Vendredi (II
Macch.,X,24-31) : Timothée, qui avait été précédemment battu par les
Juifs, rassembla une multitude de mercenaires et leva en Asie une importante
cavalerie ; puis il s’avança avec l’intention de conquérir la Judée par
les armes. A son approche, Macchabée et ses compagnons adressèrent des
supplications à Dieu, répandant de la terre sur leurs têtes et ceignant leurs
reins de vêtements de pénitence. Ils se prosternèrent devant l’autel des
sacrifices et prièrent Dieu de leur venir en aide, d’être l’ennemi de leurs
ennemis et l’adversaire de leurs adversaires, selon l’expression même de la
loi. Après avoir prié, ils prirent les armes et sortirent de la ville jusqu’à
une assez grande distance, puis s’arrêtèrent à proximité de l’ennemi. A la
pointe du jour, les deux partis adverses engagèrent la lutte. Les uns voyaient
le gage de leur succès et de la victoire, non seulement dans leur vaillance,
mais aussi dans leur confiance en Dieu ; les autres n’étaient guidés dans
le combat que par leur sauvage emportement. Au plus fort de la mêlée, les
ennemis virent paraître dans le ciel cinq magnifiques cavaliers, montés sur des
chevaux aux freins d’or, qui se mirent à la tête des Juifs. Deux d’entre eux
placèrent Macchabée au milieu d’eux et, le couvrant de leurs armures, ils le
mettaient à l’abri des blessures. En même temps, ils lançaient sur les adversaires
des traits et des éclairs ; ceux-ci, frappés d’épouvante et aveuglés,
tombaient pêle-mêle. Vingt mille cinq cents fantassins et six cents cavaliers
périrent.
Samedi (II Macch., XII) :
Après la fête de la Pentecôte, ils entreprirent une expédition contre Gorgias,
chef des forces militaires d’Idumée. Celui-ci sortit avec trois mille
fantassins et quatre cents cavaliers. Il arriva que quelques Juifs tombèrent au
cours de l’engagement. Le jour suivant, les compagnons de Judas vinrent
ramasser ceux qui était tombés pour les enterrer avec leurs proches dans le
tombeau de leurs pères. Ils trouvèrent alors, sous la tunique de chacun des
morts, des amulettes des idoles de Jamnia que la loi juive leur interdisait de
porter. Tous comprirent que c’était là la cause de leur mort. Ils louèrent
alors le Seigneur, le juste juge, qui amène à la lumière les choses
cachées ; mais ils se mirent aussi en prière pour demander que leur péché
leur fut entièrement pardonné. Puis le valeureux Judas exhorta le peuple à se
tenir éloigné du péché, puisque tous avaient vu de leurs yeux les conséquences
du péché pour ceux qui étaient tombés. Ensuite il fit une collecte en passant
auprès de chacun et recueillit deux mille drachmes d’argent qu’il envoya à
Jérusalem pour l’offrande d’un sacrifice expiatoire. C’est là une belle et
noble action inspirée par la pensée de la résurrection des morts ; car,
s’il n’avait pas eu la ferme assurance que les morts ressusciteront, il eût été
superflu et ridicule de prier pour les morts. Il considérait aussi que la plus
belle des récompenses est acquise à ceux qui s’endorment pieusement :
sainte et pieuse pensée ! Voilà pourquoi il fit offrir ce sacrifice
expiatoire pour les morts afin qu’ils fussent délivrés de leurs péchés.
Ce passage offre une justification lumineuse de
l’enseignement de l’Église sur la résurrection et sur l’existence d’un lieu de
purification, ainsi que sur l’efficacité de la prière et du sacrifice pour la
délivrance des morts. Le passage est utilisé comme leçon dans la messe des
morts.