LECTURE D’ÉCRITURE QUATRIÈME SEMAINE D’OCTOBRE

Les Livres des Macchabées
Samedi soir : Nous récitons avec les Macchabées cette prière : “ Que le Seigneur entende vos prières, qu’il se réconcilie avec vous et qu’il ne vous abandonne pas dans le temps de l’adversité, le Seigneur, notre Dieu. ”
Dimanche (II Macch., VII, 1-12) : Un autre événement allait suivre. Sept frères furent saisis avec leur mère et le roi voulut les contraindre à goûter à la viande de porc, défendue par la loi, tandis qu’on les torturait à coups de fouets et de nerfs de bœuf. L’un d’entre eux, prenant la parole dit : “Que demandes-tu et que veux-tu apprendre de nous ? Nous préférons certainement mourir plutôt que de violer la loi de nos pères. ” Alors le roi, transporté de colère, fit mettre sur le feu des poêles et des marmites. Lorsqu’elles furent brûlantes, il ordonna de couper la langue à celui qui avait parlé, de l’écorcher à la manière des Scythes, puis de lui trancher les extrémités. Sa mère et ses frères durent assister au supplice. Comme, après avoir été ainsi mutilé, il respirait encore, le roi ordonna de le porter sur le bûcher et de le faire rôtir dans la poêle. Pendant que la vapeur de la poêle se répandait en abondance, sa mère et ses frères s’exhortaient réciproquement à mourir avec courage : “ Le Seigneur Dieu, disaient-ils, voit tout de là-haut et nous envoie, en toute vérité, sa consolation, comme Moïse l’a clairement exprimé dans son cantique où il dit : “ Il enverra la consolation à ses serviteurs. ” Le premier étant mort de cette manière, ils amenèrent le second au supplice. Ils lui arrachèrent la peau de la tête avec les cheveux et lui demandèrent s’il voulait manger avant que son corps ne fut martyrisé membre par membre. Mais il répondit dans sa langue maternelle : “ Non. ” Il subit donc successivement les autres tortures comme le premier. Au moment de rendre le dernier soupir, il dit : “ Scélérat ! tu peux nous prendre la vie de cette terre, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera dans une éternelle vie, nous qui mourons pour sa loi. ” Après lui, le troisième devint le jouet de leur cruauté. Sommé de présenter sa langue, il le fit aussitôt ; il tendit également les mains sans hésiter et dit avec un fier courage : “ C’est du Ciel que je tiens ces membres ; je les livre pour l’amour de sa loi et j’ai la ferme espérance qu’il me les rendra un jour. ” Le roi et ses gens furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les supplices.
Lundi (II Macch., VII, 13-24) : Lorsqu’il fut mort, ils torturèrent et supplicièrent le quatrième de la même façon. Sur le point de mourir, celui-ci dit : “ On meurt volontiers de la main des hommes, quand on a devant les yeux l’espérance fondée sur Dieu que l’on sera un jour ressuscité par lui. Quant à toi, ce n’est pas pour la vie que tu ressusciteras. ” Après quoi, on amena le cinquième qui fut également torturé. Mais lui, jetant un regard sur le roi, dit : “ Bien que tu ne sois qu’un faible mortel, tu fais ce que tu veux en vertu de ta puissance terrestre. Ne t’imagine pas, cependant, que Dieu ait abandonné notre race. Attends seulement et tu verras la grande puissance de Dieu, comment il te punira, toi et tes descendants. ” Après lui, on amena le sixième. Près de mourir, il dit : “ Ne te leurre pas d’une vaine illusion ! Les tourments que nous subissons sont la punition des péchés : que nous avons commis contre notre Dieu. C’est pourquoi il nous est arrivé d’être persécutés de façon inouïe. Mais toi, ne crois pas demeurer impuni, car c’est contre Dieu que tu as engagé la lutte. ” Elle est digne d’une admiration sans mesure et d’une illustre mémoire, la mère qui, en un seul jour, vit mourir ses sept fils et supporta ce spectacle avec une noble résignation parce qu’elle plaçait son espérance dans le Seigneur. Elle encouragea chacun d’eux en lui adressant dans sa langue maternelle des paroles de noble fierté ; raffermissant son cœur de femme par un viril courage, elle leur disait : “ Je ne sais comment vous êtes venus à la vie dans mon sein ; ce n’est pas moi qui vous ai donné souffle et vie ; ce n’est pas moi qui ai réglé la croissance de chacun d’entre vous. C’est le Créateur du monde qui donne naissance à l’homme et qui appelle toutes choses à l’existence. Dans sa miséricorde, il vous rendra le souffle et la vie parce que maintenant vous vous sacrifiez pour sa loi. ” Antiochus se crut insulté et pensa qu’elle l’outrageait par ses paroles. Toutefois, il essaya de faire pression sur le plus jeune, qui était encore en vie, non seulement par des paroles, mais aussi par la promesse, sous la foi du serment, qu’il le rendrait riche et heureux s’il abandonnait la loi de ses pères. Il voulait même en faire son familier et lui confier de hauts emplois.
Mardi (II Macch., VII, 25-3°) : Comme le jeune homme ne se souciait aucunement de ses offres, le roi fit appeler la mère et l’invita à donner à son fils des conseils de salut. Sur son insistance, elle accepta de donner un conseil à son fils. Se penchant sur lui, elle se mit à railler le cruel tyran en disant dans sa langue maternelle : “ Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon sein ! Je t’ai allaité pendant trois ans et je t’ai élevé jusqu’à cet âge en subvenant aux besoins de ton corps. Jet’en prie, mon enfant, regarde le ciel et la terre et, en voyant les richesses de la création, sache que Dieu les a créées de rien ; c’est de la même façon que la race humaine est arrivée à l’existence. Ne crains donc pas le bourreau, mais montre-toi digne de tes frères et accepte la mort afin que je puisse te saluer avec tes frères au jour de la miséricorde. ” Elle n’avait pas fini de parler que le jeune homme dit : “ Qu’attendez-vous ? Je n’obéis pas aux ordres du roi ; j’obéis aux ordres de la loi qui a été donnée par Moïse à nos pères. ”
Mercredi (II Macch., VII, 34-41) : Nous terminons le récit du martyre des sept frères Macchabées : Le plus jeune dit encore au roi : “ Mais toi, impie et type de toute scélératesse, ne t’enorgueillis pas d’une vaine présomption, en te flattant d’une illusoire espérance, parce que tu lèves la main sur les serviteurs de Dieu, car tu n’as pas encore échappé au jugement du Dieu tout-puissant qui voit tout ! Mes frères, après avoir supporté un bref tourment, sont entrés maintenant en possession de la vie éternelle promise par Dieu ; mais toi, tu recevras, par le jugement de Dieu, la juste punition de ton impiété. Comme mes frères, j’offre, moi aussi, mon corps et ma vie pour la loi de nos pères, en suppliant Dieu d’envoyer bientôt sa grâce à son peuple. Quant à toi, tu devras reconnaître, sous le coup des souffrances et des tortures, qu’il est le seul Dieu. Puisse s’arrêter à moi et à mes frères la colère du Tout-Puissant qui s’est justement abattue sur tout notre peuple ! ” Transporté de colère, le roi sévit contre lui avec plus de cruauté encore que contre les autres, car la raillerie du jeune homme l’avait mis au comble de l’exaspération. C’est en plaçant toute sa confiance dans le Seigneur que celui-ci mourut sans s’être souille. Enfin la mère mourut aussi après ses enfants.
Jeudi (II Macch., X, 1-8) : Judas Macchabée, aidé de ses compagnons, reprit, grâce à la protection du Seigneur, le Temple et la ville ; mais ils détruisirent les autels que les étrangers avaient élevés sur la place du marché, ainsi que les sanctuaires païens. Puis ils purifièrent le Temple et édifièrent un nouvel. autel des sacrifices. Ils tirèrent du feu de la pierre, prirent de ce feu et, après un intervalle de deux ans, offrirent de nouveau un sacrifice. Ils allumèrent aussi les encensoirs et les lampes et replacèrent sur la table les pains de proposition. Cela fait, ils se prosternèrent sur le sol et conjurèrent le Seigneur d’écarter d’eux de pareils malheurs ; ils demandaient, dans le cas où ils retomberaient dans le péché, d’être punis avec indulgence, mais de ne plus être livrés aux mains des impies et des païens. Il se trouva que le Temple fut purifié au jour anniversaire de sa profanation par les étrangers, c’est-à-dire le vin-cinquième jour du mois de Casleu. Remplis de joie, les compagnons de Macchabée célébrèrent pendant huit jours une fête semblable à celle des tabernacles, se souvenant que, peu de temps auparavant, ils avaient passé la fête des tabernacles, cachés comme des bêtes sauvages dans les montagnes et les cavernes. Portant des thyrses, des rameaux verts et des palmes, ils chantèrent des hymnes de louange à celui qui avait permis que le saint lieu fut purifié. Par un édit public, ils rendirent obligatoire pour tout le peuple juif la célébration annuelle de ces jours.
Vendredi (II Macch.,X,24-31) : Timothée, qui avait été précédemment battu par les Juifs, rassembla une multitude de mercenaires et leva en Asie une importante cavalerie ; puis il s’avança avec l’intention de conquérir la Judée par les armes. A son approche, Macchabée et ses compagnons adressèrent des supplications à Dieu, répandant de la terre sur leurs têtes et ceignant leurs reins de vêtements de pénitence. Ils se prosternèrent devant l’autel des sacrifices et prièrent Dieu de leur venir en aide, d’être l’ennemi de leurs ennemis et l’adversaire de leurs adversaires, selon l’expression même de la loi. Après avoir prié, ils prirent les armes et sortirent de la ville jusqu’à une assez grande distance, puis s’arrêtèrent à proximité de l’ennemi. A la pointe du jour, les deux partis adverses engagèrent la lutte. Les uns voyaient le gage de leur succès et de la victoire, non seulement dans leur vaillance, mais aussi dans leur confiance en Dieu ; les autres n’étaient guidés dans le combat que par leur sauvage emportement. Au plus fort de la mêlée, les ennemis virent paraître dans le ciel cinq magnifiques cavaliers, montés sur des chevaux aux freins d’or, qui se mirent à la tête des Juifs. Deux d’entre eux placèrent Macchabée au milieu d’eux et, le couvrant de leurs armures, ils le mettaient à l’abri des blessures. En même temps, ils lançaient sur les adversaires des traits et des éclairs ; ceux-ci, frappés d’épouvante et aveuglés, tombaient pêle-mêle. Vingt mille cinq cents fantassins et six cents cavaliers périrent.
Samedi (II Macch., XII) : Après la fête de la Pentecôte, ils entreprirent une expédition contre Gorgias, chef des forces militaires d’Idumée. Celui-ci sortit avec trois mille fantassins et quatre cents cavaliers. Il arriva que quelques Juifs tombèrent au cours de l’engagement. Le jour suivant, les compagnons de Judas vinrent ramasser ceux qui était tombés pour les enterrer avec leurs proches dans le tombeau de leurs pères. Ils trouvèrent alors, sous la tunique de chacun des morts, des amulettes des idoles de Jamnia que la loi juive leur interdisait de porter. Tous comprirent que c’était là la cause de leur mort. Ils louèrent alors le Seigneur, le juste juge, qui amène à la lumière les choses cachées ; mais ils se mirent aussi en prière pour demander que leur péché leur fut entièrement pardonné. Puis le valeureux Judas exhorta le peuple à se tenir éloigné du péché, puisque tous avaient vu de leurs yeux les conséquences du péché pour ceux qui étaient tombés. Ensuite il fit une collecte en passant auprès de chacun et recueillit deux mille drachmes d’argent qu’il envoya à Jérusalem pour l’offrande d’un sacrifice expiatoire. C’est là une belle et noble action inspirée par la pensée de la résurrection des morts ; car, s’il n’avait pas eu la ferme assurance que les morts ressusciteront, il eût été superflu et ridicule de prier pour les morts. Il considérait aussi que la plus belle des récompenses est acquise à ceux qui s’endorment pieusement : sainte et pieuse pensée ! Voilà pourquoi il fit offrir ce sacrifice expiatoire pour les morts afin qu’ils fussent délivrés de leurs péchés.

Ce passage offre une justification lumineuse de l’enseignement de l’Église sur la résurrection et sur l’existence d’un lieu de purification, ainsi que sur l’efficacité de la prière et du sacrifice pour la délivrance des morts. Le passage est utilisé comme leçon dans la messe des morts.