LECTURE D’ÉCRITURE : QUATRIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE LA PENTECOTE

L’élévation de David.
          
Cette semaine nous montre le jeune berger David, que son combat célèbre contre le géant Goliath sacra d’un seul coup le héros de son peuple. Cependant, avant de devenir roi, il dut supporter, pendant des années, la persécution de Saül.
           
Dimanche (1 Rois, XVII, 1-16). — Préparatifs du combat contre Goliath : “ Les Philistins rassemblèrent leurs troupes pour le combat ; ils se réunirent à Socho, dans la terre de Juda. Saül et les hommes d’Israël se rassemblèrent aussi et campèrent dans la vallée de Térébinthe ; ils se rangèrent en bataille contre les Philistins. Les Philistins étaient postés sur une montagne d’un côté, et les Israélites sur une montagne de l’autre côté ; la vallée était entre eux. Alors sortit du camp des Philistins un champion. Il se nommait Goliath ; il était de Geth, et sa taille était de six coudées et une palme. Un casque d’airain couvrait sa tête, et il portait une cuirasse à écailles, et le poids de sa cuirasse était de cinq mille sicles d’airain. Il avait aux pieds une chaussure d’airain, et un javelot d’airain entre ses épaules. Le bois de sa lance était comme un ensouple de tisserand et la pointe de sa lance pesait six cents sicles de fer. Celui qui portait son bouclier marchait devant lui. Goliath s’arrêta et cria aux bataillons d’Israël. “ Pourquoi êtes-vous sortis pour vous ranger en bataille ? Ne suis-je pas philistin et n’êtes-vous pas les esclaves de Saül ? Choisissez un homme parmi vous qui descende contre moi. S’il l’emporte en se battant contre moi et qu’il me tue, nous vous serons assujettis ; mais si je l’emporte sur lui et que je le tue, vous nous serez assujettis et vous nous servirez ”. Le Philistin ajouta : “ Je jette aujourd’hui ce défi à l’armée d’Israël : Donnez-moi un homme et nous nous battrons ensemble ”. En entendant ces paroles du Philistin, Saül et tout Israël furent effrayés et saisis d’une grande crainte. Or, David était le fils d’un Ephratéen de Bethléem de Juda, nommé Isai, qui avait huit fils. Au temps de Saül, c’était un homme âgé. Les trois fils aînés d’Isai étaient allés suivre Saül à la guerre. David était le plus jeune. David allait et venait d’auprès de Saül, pour garder les troupeaux de son père à Bethléem. Le Philistin s’avançait matin et soir, et il se présenta pendant quarante jours ”.
               
Prières des Heures. — Au sujet de ce combat de David contre Goliath, saint Augustin fait les réflexions suivantes : “ Les fils d’Israël se tinrent donc quarante jours en face des adversaires. Les quarante jours, en raison des quatre saisons et des quatre parties du monde, indiquent la vie présente, dans laquelle le peuple chrétien ne cesse de lutter contre Goliath et son armée, c’est-à-dire contre le diable et ses anges. Mais il ne pourrait pas être vainqueur si le vrai David, le Christ, n’était descendu avec son bâton, c’est-à-dire avec le mystère de la Croix. Avant la venue du Seigneur, mes bien chers frères, le diable était en effet déchaîné. Mais quand le Christ vint, il lui fit ce qu’il raconte lui-même dans l’Évangile : “ Personne ne peut pénétrer dans la maison d’un fort et lui ravir son bien avant d’avoir enchaîné le fort ”. Le Christ vint donc et enchaîna le diable. Mais on objectera : Si le diable est enchaîné, pourquoi est-il toujours si puissant ? Il est vrai, mes bien chers frères, qu’il est toujours très puissant. Mais ce n’est que sur les tièdes et les négligents, sur ceux qui ne craignent pas véritablement le Seigneur, qu’il a de la puissance. Il est lié comme un chien attaché à une chaîne ; il ne peut mordre personne sinon celui qui, avec une sécurité mortelle, s’approche de lui. Or, mes frères, il faut être véritablement insensé pour se faire mordre par un chien à la chaîne. Ne t’approche pas du diable par les mauvais désirs et la convoitise, et il ne pourra pas venir jusqu’à toi. Il peut aboyer, mais il ne peut mordre que celui qui s’expose volontairement au péril. Ce n’est pas par force, mais par persuasion, qu’il nuit. Il n’arrache pas notre consentement, il le sollicite ”.
            
Lundi (1 Rois, XVII, 25-36). — Nous lisons la suite des préparatifs du célèbre combat entre David et Goliath. “ Aussitôt arrivé au camp, David se proposa pour combattre. On l’amena à Saül et il dit : “ Que le cœur ne défaille à personne à cause de lui ! Moi, ton serviteur, j’irai et je combattrai contre le Philistin ”. Saül dit à David : “ Tu ne peux aller vers ce Philistin pour combattre contre lui, car tu es un enfant, et il est un homme de guerre depuis son enfance ”. Et David dit à Saül : “ Ton serviteur gardait les troupeaux de son père. Alors venait un lion ou un ours qui enlevait un bélier du troupeau. Je courais après lui, je le frappais et j’enlevais le bélier de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais à la mâchoire, je le frappais et je le tuais. Ton serviteur a tué le lion et l’ours. Il en sera de ce Philistin, de cet incirconcis, comme de l’un d’entre eux. J’irai donc et j’ôterai l’opprobre du peuple. Car qui est œ Philistin pour avoir osé maudire l’armée du Dieu vivant ? ” David ajouta : “ Le Seigneur m’a délivré du lion et de l’ours, il me délivrera aussi de la main de ce Philistin ”. Et Saül dit : “ Va et que le Seigneur soit avec toi ! ”
              
Mardi (1 Rois, XVII, 38-51). — Nous lisons aujourd’hui le récit du célèbre combat singulier : “ Saül fit revêtir David de ses habits, mit sur sa tête un casque d’airain et lui fit endosser une cuirasse. Puis David ceignit l’épée de Saül par-dessus ses habits, puis il essaya de marcher avec cette armure, car il n’avait pas l’habitude. Et David dit à Saül : “ Je ne puis pas marcher avec ces armes, car je n’y suis pas accoutumé ”. David s’en débarrassa ; il prit en main son bâton, choisit dans le torrent cinq cailloux polis et les mit dans son sac de berger qu’il portait sur lui. Il prit aussi une fronde à la main et s’avança vers le Philistin. Le Philistin s’approcha peu à peu de David, précédé de l’homme qui portait son bouclier. Le Philistin regarda David et le méprisa, car il était très jeune, d’un blond roux, et beau de visage. Le Philistin dit à David : “ Suis-je un chien que tu viens à moi avec un bâton ? ” Et le Philistin maudit David par ses dieux. Enfin le Philistin cria à David : “ Viens à moi, que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs ! ” David répondit au Philistin : “ Tu viens à moi avec la lance, l’épée et le javelot ; et moi, je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu des bataillons d’Israël que tu as insulté. Aujourd’hui le Seigneur te livrera entre mes mains ; je te frapperai et j’enlèverai ta tête de dessus toi ; aujourd’hui je donnerai les cadavres de l’armée des Philistins aux oiseau du ciel et aux bêtes de la terre, et toute la terre saura qu’il y a un Dieu en Israël. Et toute cette multitude saura que ce n’est ni par la lance ni par l’épée que le Seigneur sauve, car au Seigneur appartient la guerre, et il vous a livrés entre nos mains ”. Le Philistin se mit en marche et s’avança au-devant de David. David mit la main dans sa gibecière, en retira une pierre et la lança avec sa fronde ; il atteignit le Philistin au front, et la pierre s’enfonça dans le front, et il tomba le visage contre terre. Ainsi David, avec une fronde et une pierre, fut plus fort que le Philistin. Il frappa à mort le Philistin, bien qu’il n’eût pas d’épée à la main. David courut, s’arrêta près du Philistin, se saisit de son épée qu’il tira du fourreau ; il le tua et lui coupa la tête avec l’épée. Or les Philistins, voyant leur héros mort, prirent la fuite ”.
                   
Mercredi (1 Rois, chap. 18). — Les Israélites poursuivirent les Philistins et pillèrent leur camp. Plus tard, David emporta la tête de Goliath à Jérusalem. Il emporta ses armes dans sa tente. Saül prit David à sa cour et ne lui permit plus de retourner dans la maison de son père. Le fils de Saül, Jonathas, se lia avec David d’une étroite amitié. “ Jonathas se dépouilla du manteau qu’il portait et le donna à David, ainsi que son armure, jusqu’à son épée, jusqu’à son arc et jusqu’à sa ceinture. Quand David sortait, partout où l’envoyait Saül il réussissait ; Saül le mit à la tête de gens de guerre et il plaisait à tout le peuple, même aux serviteurs du roi. Quand ils firent leur entrée, lorsque David revint après avoir tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes, en chantant et en dansant, au-devant du roi Saül, avec joie, au son des tambourins et des harpes. Or les femmes chantaient et disaient : Saül en a tué mille et David dix mille. Saül fut très irrité, et ces paroles lui déplurent, et il dit : “ On en a donné dix mille à David, et à moi mille. Il ne lui manque plus que la royauté ”. Et Saül voyait David de mauvais œil à partir de ce jour. Le lendemain, un mauvais esprit envoyé de Dieu fondit sur Saül, et il eut des transports au milieu de sa maison. David jouait de la harpe comme les autres jours, et Saül avait sa lance à la main. Saül brandit sa lance en disant en lui-même : “ Je frapperai David et la paroi J ; mais David se détourna de devant lui par deux fois. Et Saül craignait David, car Dieu était avec David et s’était retiré de Saül. C’est pourquoi il l’éloigna de sa personne et il l’établit chef sur dix mille hommes, et David sortait et rentrait devant le peuple ”.
             
Jeudi (1 Rois, chap. 19). — Jonathas fit tous ses efforts pour apaiser son père et faire revenir David à la cour. Il lui représenta que David avait exposé sa vie, tué le Philistin et remporté une grande victoire pour tout Israël. Cette intercession eut un succès provisoire. Calmé par les paroles de son fils, Saül fit ce serment : “ Aussi vrai que le Seigneur vit, David ne sera pas mis à mort ”. “ La guerre ayant recommencé, David sortit contre les Philistins et leur livra bataille. Il leur fit éprouver une grande défaite et ils s’enfuirent devant lui. Alors le mauvais esprit venant du Seigneur fondit sur Saül pendant qu’il était assis dans sa maison ; sa lance à la main, Saül chercha à frapper de sa lance David et le mur. Mais David s’enfuit de devant Saül, qui frappa la lance contre le mur. David prit la fuite et s’échappa pendant la nuit. Saül envoya ses messagers à la maison de David pour s’assurer de lui et le faire mourir au matin. Mais Michol, femme de David, l’en informa en disant : “ Si tu ne t’échappes pas cette nuit, demain tu seras mis à mort ”. Michol fit descendre David par la fenêtre et il s’en alla et s’enfuit, et il se sauva. Michol prit ensuite une figure, la plaça dans le lit, mit une peau de chèvre à l’endroit de la tête et couvrit cette figure de vêtements. Et lorsque Saül envoya des messagers pour prendre David, elle dit : “ Il est malade. ” Saül renvoya les messagers pour voir David en disant : “ Apportez-le-moi dans son lit, afin que je le fasse mourir ”. Mais quand les messagers revinrent, ils trouvèrent la figure sur le lit, et sur sa tête la peau de chèvre ”. David s’enfuit et alla auprès de Samuel auquel il raconta ce que Saül lui avait fait.
            
Vendredi (I Rois, chap. 20). — Jonathas fit une dernière tentative de médiation entre son père et David. Mais il ne réussit pas à changer les sentiments de Saül. Aussi David dut rester éloigné de la cour. Avant son départ définitif, il eut avec son ami Jonathas une dernière entrevue en pleine campagne. Ils se promirent encore une fois fidélité mutuelle. u David se jeta la face contre terre, il se prosterna trois fois (devant Jonathas) ; puis ils s’embrassèrent l’un l’autre et pleurèrent au sujet de l’un de l’autre au point que David fondit en larmes. Et Jonathas dit à David : “ Va en paix après que nous avons juré l’un et l’autre au nom du Seigneur, en disant : Que le Seigneur soit entre moi et toi, entre ma postérité et la tienne à jamais ”. David se leva et s’en alla, et Jonathas rentra dans la ville.
Samedi (1 Rois, chap. 21-31). — Les chapitres du premier livre qui suivent ne peuvent qu’être résumés rapidement. David s’enfuit de la cour de Saül. Il se rendit d’abord au Tabernacle où le grand-prêtre Abimélech lui remit du pain et l’épée de Goliath. De là, il se rendit dans le pays des Philistins. Saül le poursuivit, comme une bête traquée, pendant quelques années. David était sous la protection de Dieu. Souvent Saül le serrait de près, mais il réussit toujours à s’échapper. Dans ces circonstances pénibles, David apprit la confiance en Dieu. Cette confiance, il l’a exprimée dans ses psaumes, que nous possédons et récitons encore. Enfin arriva la mort de Saül. Dieu l’avait délaissé. Saül entreprit une nouvelle guerre contre les Philistins. Pendant la nuit qui précédait la bataille décisive, il alla consulter une pythonisse à Endor et lui ordonna d’évoquer l’esprit de Samuel. Samuel apparut en réalité et lui annonça la défaite et la mort. Le jour suivant, la bataille eut lieu sur le mont Gelboë. Israël fut battu. Les Philistins poursuivirent Saül et ses fils. Jonathas et deux de ses frères furent tués. Saül lui-même fut blessé grièvement. Il dit à son écuyer : “ Tire ton épée et tue-moi ”. Celui-ci n’osa pas faire cela. Alors Saül prit son épée et se jeta dessus.
             
Samedi soir. — Au coucher du soleil, nous chantons l’émouvante lamentation que David composa sur la mort des deux héros, Saül et Jonathas : “ Montagnes de Gelboë, que la rosée ni la pluie ne tombent plus sur vous. Car là fut jeté bas le bouclier des héros, le bouclier de Saül comme s’il n’était pas oint d’huile. Comment sont-ils tombés, les héros, dans le combat ! Jonathas est tombé sur tes hauteurs. Saül et Jonathas, aimables et beaux dans la vie, n’ont pas été séparés dans la mort !