LECTURE D’ÉCRITURE PREMIÈRE SEMAINE DE SEPTEMBRE

Le Livre de Job
Samedi soir : Aux premières vêpres du dimanche, nous chantons déjà une antienne directrice tirée du livre de Job : “ Lorsque Job entendit les paroles des messagers, il ne se départit pas de, sa patience et dit : Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi ne supporterions-nous pas aussi les maux ? En toute chose, Job ne commit aucun péché de lèvres et ne prononça contre Dieu aucune parole insensée. ”
Dimanche (Job, I, 11 2) : Pendant les deux premières semaines, nous lisons le livre de Job, livre riche en enseignements et d’une haute valeur poétique. Il traite la question qui s’est posée de tout temps : comment le règne de la justice divine permet-il que le juste soit souvent éprouvé, tandis que le criminel est heureux ? La solution se trouve dans l’introduction et dans la conclusion : Dieu envoie des souffrances aux justes pour les mettre à l’épreuve, pour affermir leur vertu et pour leur procurer des mérites. Seul le christianisme apporte une solution pleinement satisfaisante au problème ; les saints l’ont mise en action : souffrir avec le Christ et pour le Christ !
Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job ; cet homme était intègre, droit, craignant Dieu et éloigné de tout mal. Sept fils et trois filles lui étaient nés. Ses possessions se montaient à 7.000 brebis, 3.000 chameaux, 500 paires de bœufs, 500 ânesses et à un très grand nombre de serviteurs, si bien que cet homme était le plus grand parmi tous les orientaux. Ses fils avaient coutume de se donner un festin, chacun à son jour, et ils envoyaient inviter aussi leurs trois sœurs à manger et à boire avec eux. Quand le cycle des jours de festin était terminé, Job les faisait venir et les purifiait ; puis, se levant de bon matin, il offrait un holocauste pour chacun d’eux, car il disait : “ Peut-être mes fils ont-ils péché et offensé Dieu dans leur cœur. ” Ainsi faisait Job pour chaque jour de festin. Or il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi au milieu d’eux. Dieu dit à Satan : “ D’où viens-tu ? ” Satan répondit au Seigneur et dit : “ De faire le tour de la terre et d’y accomplir une promenade. ” Dieu dit à Satan : “ As-tu remarqué mon serviteur Job et qu’il n’y a pas sur terre un homme comme lui, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal ? ” Satan répondit au Seigneur et dit : “ Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas entouré d’une barrière, lui, sa maison et tous ses biens ? N’as-tu pas béni l’œuvre de ses mains et étendu ses possessions dans le pays ? Mais étends un peu ta main et touche à ses biens pour voir s’il ne te maudira pas en pleine face. ” Alors Dieu dit à Satan : “ Eh bien ! tout ce qu’il possède, je le livre à ta main ; seulement n’étends pas cette main sur lui. ” Alors Satan se retira de devant Dieu.
Lundi (Job, 1, 13-22) : Un jour, ses fils et ses filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, lorsque se présenta à Job un messager qui lui dit : “ Les bœufs étaient au labour et les ânesses paissaient autour d’eux ; alors une bande tomba sur eux, les enleva et passa es serviteurs au fil de l’épée ; je suis le seul qui ait échappé pour te l’annoncer. ” Il parlait encore lorsqu’un autre arriva et dit : “ Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé le petit bétail et les domestiques et les a dévorés ; je suis le seul qui ait échappé pour te l’annoncer. ” Il parlait encore lorsqu’un autre arriva et dit : “ Des Chaldéens, formant trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont emmenés ; ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée et je suis le seul qui ait échappé pour te l’annoncer. ” Il parlait encore lorsqu’un autre arriva et dit : “ Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, et voilà qu’un grand vent s’est élevé du désert et a ébranlé la maison aux quatre coins ; celle-ci s’est écroulée sur les jeunes gens et ils sont morts ; je suis le seul qui ait échappé pour te l’annoncer. ” Alors Job se leva, déchira son manteau, se rasa la tête et, se jetant à terre, adora. Puis il dit : “ Nu je suis sorti du sein de ma mère et nu j’y retournerai ; Dieu a donné, Dieu a repris ; que le nom de Dieu
soit béni. Il En tout cela, Job ne pécha pas et n’accusa pas Dieu de folie.
Mardi (Job, II, 1-13) : Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus pour se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi au milieu d’eux pour se présenter au Seigneur. Dieu dit à Satan : “ D’où viens-tu ? ” Satan répondit au Seigneur et dit : “ De faire le tour de la terre et d’y accomplir une promenade. ” Dieu dit à Satan : “ As-tu remarqué mon serviteur Job ; il n’y a pas sur la terre un homme comme lui, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il se tient ferme dans la justice, bien que tu m’aies inutilement provoqué à le perdre. ” Satan répondit au Seigneur et dit : “ Peau pour peau ! Tout ce que l’homme possède, il le donnera pour conserver sa vie. Mais étends seulement ta main et touche à ses os et à sa chair, pour voir s’il ne te maudira pas en pleine face. ” Alors Dieu dit à Satan : “ Eh bien ! qu’il soit livré à tes mains ; toutefois épargne sa vie. ”
Satan se retira de devant Dieu et frappa Job d’une mauvaise lèpre de la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. Job prit un tesson pour se gratter et s’assit sur la cendre. Sa femme lui dit : “ Vas-tu persévérer dans ta piété ? Bénis Dieu et meurs. ” Il lui répondit : “ Tu parles comme une femme insensée. Devons-nous ne recevoir de Dieu que le bien et ne pas recevoir le mal ? ” En toute chose, Job ne commit aucun péché de lèvres.
Trois voisins de Job apprirent tout le malheur qui était venu sur lui et ils partirent chacun de son pays, Éliphaz de Théman, Baldad de Suhé, et Sophar de Naama ; ils s’étaient concertés pour venir lui rendre visite et le consoler. Ils levèrent de loin les yeux, mais ils ne le reconnurent pas. Alors, ayant élevé la voix, ils pleurèrent ; chacun d’eux déchira son manteau et ils jetèrent de la poussière vers le ciel au-dessus de leurs têtes. Et ils demeurèrent assis auprès de lui sur la terre pendant sept jours et sept nuits et ne lui adressèrent pas un mot, parce qu’ils voyaient que sa douleur dépassait toute limite.
Mercredi (Job, III, 1-26) : Alors Job ouvrit la bouche et maudit son jour. Job prit la parole et dit :
Périsse le jour où je suis né
Et la nuit où l’on a dit : un homme a été conçu.
Ce jour, qu’il devienne ténèbres,
Que Dieu ne s’en occupe pas de là-haut,
Que la lumière ne resplendisse pas sur lui !
Qu’il ait pour parrains les ténèbres et l’ombre de la mort,
Qu’un nuage épais s’étende sur lui.
Puissent les amertumes de ce jour l’épouvanter !
Cette nuit, puisse l’obscurité s’en emparer ;
Qu’elle ne se réjouisse pas parmi les jours de l’année,
Qu’elle n’entre pas dans la computation des mois !
Que cette nuit soit stérile,
Qu’on ne l’entende pas retentir de cris d’allégresse !
Que ceux-là la maudissent, qui maudissent le jour,
Qui sont aptes à évoquer Léviathan !
Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent,
Qu’elle espère la lumière et que celle-ci ne vienne pas,
Qu’elle ne voie point les cils de l’aurore,
Car elle ne m’a pas fermé les portes du sein maternel,
Et n’a pas caché la souffrance à mes regards.
Pourquoi ne suis-je pas mort dans le sein de ma mère ?
Pourquoi n’ai-je pas expiré au sortir des entrailles maternelles ?
Pourquoi des genoux m’ont-ils reçu ?
Pourquoi al-je trouvé des mamelles à sucer ?
Je serais maintenant étendu dans la tombe et en repos,
Je dormirais, je n’aurais plus à souffrir,
Je serais avec des rois et des grands de la terre,
Qui se sont construit des lieux de repos,
Ou avec des princes qui possédaient de l’or ;
Et remplissaient d’argent leurs maIsons.
Ou bien, comme un avorton enfoui, j’échapperais à la vie,
Semblable aux petits enfants qui n’ont pas vu le jour.
Là, les pécheurs ont quitté leur fureur,
Là se reposent ceux qui se sont épuisés au combat.
Les captifs y sont tous en paix,
Ils n’entendent plus la voix de l’exacteur.
Petits et grands sont là ensemble,
Et l’esclave est affranchi de son maître.
Pourquoi donne-t-il la lumière aux malheureux,
Et la vie à ceux dont l’âme n’est qu’amertume ?
Ils aspirent à la mort et elle ne vient pas,
Ils la cherchent plus ardemment qu’un trésor.
Ils sont dans la joie et l’allégresse,
Ils sont dans la jubilation quand ils trouvent le tombeau.
Pourquoi la vie à l’homme dont la route est sombre
Et que Dieu tient étroitement enfermé ?
Car, avant de manger du pain, j’exhale mon soupir,
Et mes gémissements s’échappent, comme l’eau, en torrents.
Car, ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ;
Ce qui me fait trembler fond sur moi.
Je n’ai pas d’arrêt, je n’ai pas de silence,
Je n’ai pas de repos, et le tortionnaire est là.
Jeudi (Job, IV-V) : Eliphaz répondit en disant :
Si l’on t’adresse un mot, en seras-tu importuné ?
Pourtant qui pourrait retenir ses paroles ?
Quoi ? tu as enseigné la sagesse à beaucoup,
Et tu as fortifié les mains qui faiblissaient ;
Tes paroles ont soutenu ceux qui chancelaient,
Tu as raffermi les genoux fatigués.
Et maintenant qu’il s’agit de toi, tu faiblis !
Tu es touché et tu désespères !
Ta crainte de Dieu n’est-elle pas ton motif de confiance,
La pureté de tes voies, ton espoir ?
Réfléchis ; quel est l’innocent qui a péri ?
Où les justes ont-ils succombé ?
Voici bien plutôt ce que j’ai vu : ceux qui labourent l’iniquité !
Et qui sèment le mal, en récoltent aussi les fruits.
Au souffle de Dieu ils succombent, :
A l’haleine de sa colère ils périssent.
Y a-t-il un homme plus juste que Dieu ?
Ou un homme plus pur que son Créateur ?
Vois ! Il ne se fie pas à ses serviteurs,
Et il refuse la louange même à ses anges.
A plus forte raison, ceux qui habitent des maisons d’argile,
Qui ont établi leurs fondations sur la poussière,
Seront-ils anéantis par la teigne.
Du matin au soir ils sont abattus,
Et comme personne ne s’en rend compte, ils périssent a jamais.
Tout ne leur est-il pas arraché, jusqu’à leur dernier reste ?
Ils meurent, mais non dans la sagesse.
Fais donc appel à quelqu’un, s’il existe, qui te réponde !
Vers quel saint veux-tu donc te tourner ?
Le dépit étrangle l’Insensé,
Et la jalousie fait mourir le sot.
J’ai vu un insensé qui avait poussé de profondes racines,
Et soudain sa demeure a été consumée,
Et il n’y a plus de salut pour ses enfants ;
On les foule aux pieds à la porte, et il n’y a pas de libérateur.
Sa moisson, un homme affamé la dévore,
Et on la prend pour les écuyers ;
Les garnements s’emparent de ses richesses.
Le péché. sort de la fange,
Et les peines ne germent pas du sol.
Car l’homme est né pour la peine,
Mais les fils de la flamme élèvent leur vol
Je me tournerais au contraire vers Dieu,
J’adresserais à Dieu mes paroles.
Il accomplit de grandes choses que personne ne sonde,
Des prodiges sans nombre.
Ah ! heureux l’homme que Dieu châtie ;
Ne méprise donc pas les enseignements du Tout-Puissant,
Car il blesse et il panse. :
Il écrase et ses mains guérissent ;
Six fois il t’arrachera au malheur,
Et, la septième, le mal ne t’atteindra pas.
Dans la famine, Il t arrachera à la mort,
Et dans la guerre, à la main du glaive.
Tu seras à l’abri du fouet de la langue,
Et tu n’auras pas à craindre quand viendra le démon,
Tu pourras te rire du démon et de la contagion.
Des bêtes de la terre tu n’auras rien à craindre,
Car tu auras une alliance avec les pierres des champs,
Et pour toi la bête des champs sera domptée.
Tu sauras par expérience que la paix te servira de tente,
Et, si tu viens à visiter tes propriétés, rien n’y manquera.
Tu verras de tes yeux ta descendance se multiplier,
Et tes rejetons nombreux comme l’herbe des champs.
Tu entreras au tombeau en pleine maturité, Comme la gerbe qui s’élève en son temps.
Voilà ce que nous avons observé ; ainsi en est-il ;
Écoute-le, fais-en aussi l’expérience pour ton bien.
Vendredi (Job, VI) : Alors Job répondit en disant :
Oh ! si l’on pouvait peser mon affliction,
Et mettre ensemble toutes mes calamités dans la balance,
Tout cela serait plus lourd que le sable de la mer ;
C’est pourquoi mes paroles sont désordonnées.
Car les flèches du Tout-Puissant sont sur moi,
Mon esprit a bu leur poison,
Les terreurs de Dieu combattent contre moi.
L’âne se plaint-il sur la pâture ?
Et le petit de l’animal devant son fourrage ?
Peut-on manger sans sel un mets insipide ?
Prend-on goût à la crème qui donne la mort ?
Ce que mon âme s’est refusée à toucher,
C’est cela qui est maintenant mon pain dans la maladie.
Oh ! qu’arrive donc ce que je désire,
Et que Dieu me donne ce que j’espère !
Qu’il plaise à Dieu de m’écraser,
Qu’il laisse aller sa main pour m’anéantir !
Que ce soit du moins ma consolation
De jubiler dans la douleur sans ménagement,
Parce que je n’ai pas contredit aux paroles du Saint.
Qui me donnera la force de supporter cela ?
Quelle est ma fin, pour rendre mon âme patiente ?
Est-ce la force des pierres qui est ma force ? Ma chair est-elle d’airain ?
N’y a-t-il donc plus de secours pour moi ?
Toute délivrance m’est-elle refusée ?
Que celui qui tremble ait la pitié de son ami,
Sans quoi il a abandonné la crainte du Tout-Puissant.
Samedi (Job, VII) :
N’est-ce pas un temps de guerre pour l’homme que la vie sur terre ?
Ses jours ne sont-ils pas comme les jours du mercenaire ?
Comme l’esclave soupire après l’ombre,
Comme le tâcheron attend son salaire,
Ainsi j’ai eu en partage des mois vides,
Et pour mon lot, des nuits de souffrance ;
Quand je me couche, je dis : Quand pourrai-je me lever ?
Mais le soir traîne en longueur,
Je suis rassasié d’angoisses jusqu’au lever du jour,
Ma chair se revêt de pourriture et d’ordure fangeuse.
Ma peau tantôt se dessèche, tantôt se met à couler.
Mes jours courent plus vite que la navette,
Ils disparaissent sans espérance.
Souviens-toi que ma vie est un souffle,
Que mes yeux ne peuvent plus rien voir de bon.
Il ne m’épiera plus, l’œil de celui qui me regarde ;
Tes yeux se poseront sur moi et je ne serai plus.
Le nuage se dissipe et passe,
Ainsi quiconque descend aux enfers n’en remontera plus ;
Il ne reviendra plus dans sa maison ;
C’est pourquoi je ne fermerai pas ma bouche,
Je veux parler dans l’angoisse de mon cœur,
Je veux gémir dans l’amertume de mon âme.
Suis-je la mer, suis-je une bête sauvage,
Pour que tu veuilles me charger de chaînes ?
Quand j’ai dit : Puisse mon lit être un soulagement,
Puisse ma couche partager mes plaintes,
Alors tu m’effraies dans des songes,
Et par des visions tu me jettes dans l’angoisse.
Aussi mon âme préférerait l’étranglement,
Et mes os, la mort, à tout cela.
Je suis désespéré, la vie m’est à jamais impossible ;
Laisse-moi, car mes jours sont réduits à un souffle.
Qu’est-ce que l’homme, pour que tu le tiennes en si grande estime ?
Que tu le visites chaque matin,
Et que tu portes ta pensée sur lui ?
Et qu’à chaque instant tu l’éprouves ?
Pourquoi n’éloignes-tu pas ton regard de moi ?
Ne me laisseras-tu pas le temps d’avaler ma salive ?
Si j’ai péché, que puis-je te faire, à toi, le Gardien des hommes ?
Pourquoi fais-tu de moi ta cible ?
Je me suis véritablement une charge à moi-même.
Pourquoi ne supportes-tu pas mes péchés
Et ne laisses-tu pas s’éteindre ma dette ?
Car, bientôt, je me coucherai dans la poussière ;

Tu me chercheras, mais je ne serai plus.