LECTURE D’ÉCRITURE PENDANT LA SEMAINE QUI SUIT LE 2ème DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE

Lundi (II. Cor. Il, 12-17). — Saint Paul parle de son voyage d’Éphèse à travers la Troade et la Macédoine, et il exprime en très beaux termes son souci des âmes. Ce sont les paroles d’un vrai pasteur : “ Quand j’arrivai en Troade, pour annoncer l’Évangile du Christ et que là une porte me fut ouverte dans le Seigneur, je n’eus pas de repos, car je n’y rencontrai pas encore mon frère Tite ; je leur dis adieu et je partis pour la Macédoine. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher dans le Christ et manifeste par nous, en tout lieu, le parfum de sa science, car nous sommes le parfum du Christ pour Dieu, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent ; pour les uns nous sommes un parfum de mort pour la mort, pour les autres un parfum de vie pour la vie. Et qui est capable d’une telle tâche ? Nous ne sommes pas comme beaucoup qui trafiquent -de la parole. de Dieu, mais nous parlons sincèrement, de la part de Dieu, devant Dieu dans le Christ. ”

Mardi (II. Cor. III, 1-6). — Saint Paul est un Apôtre du Christ, mais comme il est un nouvel Apôtre, il a besoin d’une lettre de recommandation. Cette lettre ce sont les Corinthiens : “ Notre lettre de recommandation, c’est vous, elle est écrite dans notre cœur, comprise et lue par tous les hommes. Oui, vous êtes manifestement une lettre du Christ fournie par nous, écrite non avec de l’encre mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre mais sur les tables de chair du cœur. Telle est la confiance que nous avons par le Christ en Dieu. Non que nous soyons capable de penser quelque chose comme de nous-même, non, notre capacité vient de Dieu. C’est lui qui nous a rendus capables d’être les ministres du nouveau testament, non pas selon la lettre mais selon l’esprit. Car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie. ” 

Mercredi (II. Cor. IV, 5-10). — Saint Paul décrit les souffrance qu’il a endurées pour le Christ et qu’il supporte dans l’espoir de la résurrection : “ Ce n’est pas nous que nous prêchons, mais Jésus-Christ Notre-Seigneur ; quant à nous, nous sommes vos serviteurs à cause de Jésus. Car Dieu qui a dit : “ Que des ténèbres brille la lumière ”, c’est lui qui a fait luire sa clarté dans notre cœur pour faire briller l’illumination de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face du Christ. 

Mais ce trésor nous le portons dans des vases de terre, afin que cette force sublime soit attribuée à Dieu et non à nous. De tous côtés nous sommes troublés mais non écrasés, dans le besoin mais non dans le désespoir, persécutés mais non délaissés, opprimés mais sans périr. Nous portons toujours les souffrances mortelles de Jésus dans notre corps, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre corps. Car tout en vivant, nous sommes continuellement livrés à la mort, à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous et en vous la vie ”... “ Ce qui est visible ne dure que peu de temps, ce qui est invisible est éternel. Nous savons que lorsque notre tente terrestre sera détruite, nous recevrons une maison des mains de Dieu, une maison qui n’est pas faite de mains d’homme, une maison éternelle, dans le ciel. En attendant nous soupirons dans le désir d’être revêtus par-dessus de cette habitation — car ce n’est que lorsque nous l’aurons revêtue que nous ne serons pas trouvés nus. Oui, tant que nous sommes dans cette tente, nous soupirons et nous nous sentons oppressés, car nous ne voudrions pas être dépouillés mais revêtus par-dessus, fin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie[1]. Et Dieu qui nous a destinés pour cela nous a donné son Esprit comme gage. C’est pourquoi nous sommes toujours joyeux, parce que nous savons que, tant que nous sommes dans notre corps, nous sommes des étrangers, loin de Dieu. — Nous marchons maintenant seulement dans la foi et non dans la vision, nous prenons courage cependant et nous aimons mieux quitter notre corps pour être présents auprès de Dieu. Et c’est pourquoi nous nous efforçons, que nous soyons absents ou que nous soyons présents, de lui plaire. Car il nous faudra tous paraître devant le tribunal du Christ. Là chacun doit recevoir la récompense pour ce qu’il aura fait dans son corps soit en bien soit en mal. ” Voilà un merveilleuse page. 

Jeudi (II. Cor. V, 4-VI, 10). — Nous lisons encore un beau passage ; nous entendrons de nouveau la seconde partie, le premier dimanche de Carême : 

“ L’amour du Christ nous presse, quand nous pensons à ceci : Si un seul est mort pour tous, tous sont morts. Oui, il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux... Si quelqu’un vit dans le Christ, il est une nouvelle créature ; l’antique a disparu et tout est devenu nouveau. Tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés à lui par le Christ et nous a donné le ministère de la réconciliation. Car c’est Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui, ne lui imputant plus ses péchés et qui a mis en nous sa parole de réconciliation. Nous sommes les ambassadeurs du Christ et Dieu vous exhorte par nous. Au nom du Christ, nous vous en prions : Réconciliez-vous avec Dieu. Celui qui ne connaissait pas le péché, il l’a fait péché à cause de nous, afin que par lui nous soyons justifiés devant Dieu... Comme ses collaborateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : Dans le temps de grâce je t’écoute, au temps du salut je t’aide. ” Voici maintenant le temps de grâce, voici les jours du salut. Nous ne sommes pour personne une cause d’offense, afin que notre ministère ne soit pas blâmé. Mais en toutes choses montrons-nous comme des serviteurs de Dieu, par une grande patience dans les tribulations, dans les nécessités, les angoisses, les coups, les emprisonnements, les séditions, les fatigues, les veilles, les jeûnes, par la pureté, la science, la patience et la bonté ; avec le Saint-Esprit, avec un amour sincère, par l’annonce de la vérité, par la force de Dieu, par les armes de la vérité, à droite et à gauche, dans la gloire et le déshonneur, inconnus et pourtant bien connus, tout près de la mort et pourtant vivants, meurtris mais non tués, affligés mais toujours joyeux, mendiants, et pourtant faisant la richesse de plusieurs, sans possession et pourtant en possession de tout. ” 

Vendredi (II. Cor. IX, 6-15). — Saint Paul parle des bénédictions de la bienfaisance : “ Considérez bien ceci : celui qui sème chichement, récoltera chichement, celui qui sème abondamment fera une récolte abondante. Que chacun donne, comme il l’a décidé, dans son cœur, sans mauvaise humeur et sans y être contraint, car c’est le donateur joyeux que Dieu aime. Dieu est certes assez puissant pour vous donner en abondance toutes espèces de biens de sorte que vous ayez tout en suffisance et qu’il vous en reste à assez pour faire toutes sortes de bonnes œuvres selon la parole de l’Écriture : “ il a répandu (les biens) et a donné aux pauvres ; sa justice demeure éternellement. ” Or celui qui fournit la semence au semeur et le pain pour sa nourriture vous donnera votre ê semence et la multipliera et il fera croître les fruits de votre justice. Ainsi, vous serez riches en tout, pour chaque acte de miséricorde qui produit par nous l’action de grâces à Dieu. Car ce service dévoué n’aide pas seulement aux besoins des saints (les fidèles de Judée) mais produit encore des fruits abondants par les nombreuses prières d’action de grâces à Dieu. Car par suite de ce service, vous louerez Dieu de ce que vous êtes soumis à la profession de l’Évangile du Christ et de ce que vous témoignez votre miséricorde à ceux-ci et à tous les autres. Eux aussi prieront pour vous, parce que la grâce de Dieu s’est manifestée si abondamment en vous. Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable. Vous connaissez la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ ; bien qu’il fût riche, il s’est fait pauvre à cause de vous afin que vous deveniez riches par sa pauvreté. ” 

Samedi (II. Cor. XI, 23-XII, 10). — Comme conclusion, lisons, dans cette Épître, le passage connu de l’apologie de l’Apôtre ; nous pénétrerons ainsi plus intimement dans la vie de saint Paul : “ j’ai supporté de nombreuses fatigues, enduré souvent la prison, reçu de nombreux coups, je me suis vu souvent près de la mort. J’ai reçu des Juifs, en cinq fois différentes, trente-neuf coups de fouet, j’ai été battu de verges trois fois, j’ai fait naufrage trois fois, j’ai été ballotté un jour et une nuit sur la haute mer : des voyages fréquents ; exposé aux périls sur les rivières, aux périls de la part des voleurs, aux périls de la part de mon peuple, aux périls de la part des Gentils, aux périls dans les villes, aux périls dans les déserts, aux périls sur la mer, aux périls de la part des faux frères ; j’ai enduré des travaux et des fatigues, des veilles fréquentes, la faim et la soif, les jeûnes, le froid et la nudité. Outre les maux extérieurs, j’ai mes occupations pressantes de chaque jour, le souci de toutes les Églises. Qui est faible sans que je sois faible avec lui ?.. S’il faut se glorifier (bien que cela ne convienne pas) j’en viendrai aux visions et aux révélations du Seigneur. Je connais un homme en Jésus-Christ qui fut ravi, il y a quatorze ans, jusqu’au troisième ciel (fût-ce avec son corps ou sans son corps. je ne sais, Dieu le sait) mais je sais que cet homme fut ravi dans le paradis et qu’il y entendit des paroles mystérieuses, qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter. De cela je me glorifierai, mais pour ce qui me concerne je ne me glorifierai que de mes faiblesses... De peur que la grandeur de mes révélations ne m’inspire de l’orgueil, il me fut donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter. C’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur de l’éloigner de moi et il m’a répondu : ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse. Je me glorifierai donc volontiers de ma faiblesse, afin que la force du Christ demeure en moi. ” (Nous retrouverons ce passage, comme Épître, le dimanche de la Sexagésime). 
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[1] L’homme voudrait aller au ciel sans mourir, mais ce n’est pas la volonté de Dieu.