LECTURE D’ÉCRITURE : ONZIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE LA PENTECOTE

Destruction du royaume de Juda.
            
Avant la destruction du royaume de Juda nous voyons encore apparaître sur le trône de nobles descendants de David : Ézéchias (727-698) et Josias (641-610).
            
Dimanche (IV Rois, chap. 20). — L’Écriture nous parle aujourd’hui de la maladie du roi Ézéchias. “ En ce temps, Ézéchias fut malade à la mort. Le prophète Isaïe, fils d’Amos, vint auprès de lui et lui dit : “ Ainsi parle le Seigneur : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir et tu ne vivras plus ”. Ézéchias tourna son visage contre le mur et pria le Seigneur en ces termes. “ Je t’en prie, Seigneur, souviens-toi que j’ai marché devant ta face dans la vérité et l’intégrité de cœur et que j’ai fait ce qui t’était agréable ”. Et Ézéchias versa des larmes abondantes. Isaïe n’était pas sorti jusqu’au milieu de la cour quand la parole de Dieu lui fut adressée en ces termes : “ Retourne et dis à Ézéchias, chef de mon peuple : “ Ainsi parle le Seigneur, le Dieu de ton père, David : J’ai entendu ta prière et j’ai vu tes larmes ; voici que je t’ai guéri ; dans trois jours tu monteras à la maison du Seigneur ; j’ajouterai à tes jours quinze années. Je te délivrerai,toi et cette ville de la main du roi d’Assyrie ; je protégerai cette ville à cause de moi et de mon serviteur David ”. Isaïe dit ensuite : “ Prenez une masse de figues ”. On la prit, on l’appliqua sur l’ulcère, et Ézéchias guérit. Or Ézéchias avait dit à Isaïe : “ A quel signe connaîtrai-je que le Seigneur me guérira et que je monterai dans trois jours à la maison du Seigneur ? ” Isaïe répondit : “ Voici le signe donné par le Seigneur qu’il accomplira la parole qu’il a dite : l’ombre avancera-t-elle de dix degrés ou reculera-t-elle de dix degrés ? ” Ézéchias répondit : “ C’est peu de chose que l’ombre avance de dix degrés, mais qu’elle recule en arrière de dix degrés ! ” Alors le prophète Isaïe invoqua le Seigneur qui fit reculer l’ombre de dix degrés, à la demande d’Achaz, sur les degrés où elle était déjà descendue ”.
          
Lundi (IV Rois, chap. 21). — Manassé, qui succéda à son père Ézéchias dès l’âge de douze ans et régna de 698 à 643, était tout le contraire d’Ézéchias. Un parti impie, à la tête duquel se trouvaient des anciens, des prêtres et de faux prophètes, s’était emparé de l’esprit du jeune roi inexpérimenté et l’avait entraîné à violer la loi. Il rétablit les hauts lieux que son père avait détruits. On offrit des sacrifices sur ces hauts lieux. Il éleva des autels à Baal et adora toute l’armée du ciel (soleil, lune et étoiles). Même dans les deux parvis du — temple on éleva des autels aux idoles. Il pratiqua la divination et la sorcellerie comme l’avait fait Achaz ; il fit passer son fils par le feu. Il mit l’idole d’Astarté dans le sanctuaire du temple ; il versa dans Jérusalem beaucoup de sang innocent ; il égara Israël par l’exemple qu’il donnait de la violation de la loi. Sous Manassé, l’impiété avait atteint son plus haut point et le peuple était mûr pour la perdition. Alors le Seigneur parla par l’organe de ses serviteurs, les prophètes, en ces termes : “ … J’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d’Achab ”, c’est-à-dire : je traiterai Jérusalem comme Samarie et la maison d’Achab. “ J’abandonnerai le reste de mon peuple et je les livrerai entre les mains de leurs ennemis parce qu’ils ont fait ce qui est mal à mes yeux ”. Mais le peuple ne fit pas attention à la menace. Ces menaces commencèrent à se réaliser quand Manassé, dans Ime guerre contre les Assyriens, vers l’Ouest, fut fait prisonnier et emmené enchaîné en captivité à Babylone. Or, dans la captivité et la misère, Manassé s’humilia, regretta ses péchés, pria le Seigneur et demanda avec instance son pardon. Le Seigneur, qui “ ne méprise pas un cœur contrit et humilié ”, exauça sa prière et le ramena à Jérusalem. Là, il supprima de nouveau le culte des idoles et rétablit l’autel du Seigneur. Il donna le bon exemple au peuple et servit le Seigneur jusqu’à la fin de sa vie. Il fut enterré dans le jardin de son palais, et son fils Amon fut roi à sa place.
Amon ne régna que deux ans (643-641). Il imita son père dans tout le mal, mais pas dans le bien. Il fut victime d’une conjuration de ses propres serviteurs qui l’assassinèrent dans son palais. Le peuple mit à mort les conjurés et établit roi le fils d’Amon, Josias, qui était âgé de huit ans. Amon fut enterré dans le jardin de son palais, à côté de son père.
              
Mardi (IV Rois, chap. 22). — Josias, nommé roi de Juda, à l’âge de huit ans, après la mort violente de son père, régna 31 ans (641-610). Son règne est un dernier rayon de soleil dans l’histoire des rois de Juda. Ce fut un règne selon l’esprit de la loi. Moïse demande que le roi d’Israël “ ait une copie de la Loi, qu’il la porte sur lui et en lise un passage tous les jours de sa vie afin d’apprendre à servir le Seigneur et à observer ses prescriptions ”. Josias fut fidèle à cette recommandation. C’est pourquoi l’Écriture lui accorde une merveilleuse louange : u Son souvenir est plus agréable qu’un mélange de parfums. Il a été destiné par Dieu à la conversion du peuple et il a supprimé les horreurs de l’impiété. Il a dirigé son cœur vers le Seigneur et, dans les jours d’iniquité, il s’est tenu ferme à la piété ”. Ce fut un des meilleurs rois de Juda. Arrivé tout jeune au pouvoir, élevé au milieu de la cour impie de son père, il conserva la crainte de Dieu et la pureté des mœurs. Comme pour Ézéchias, nous faisons à son sujet cette remarque consolante : même les enfants de parents mauvais peuvent être vertueux. A peine âgé de vingt ans, il commença à purifier Juda et Jérusalem du culte des idoles et supprima même l’idolâtrie dans l’ancien royaume d’Israël, dans les tribus de Manassé et d’Ephraïm jusqu’à Nephtali.
               
Mercredi (IV Rois, chap. 23). — Dans la dix-huitième année de son règne, le pieux roi ordonna de remettre le temple en état pour le culte du Seigneur. Il laissa au grand-prêtre Helcias le soin du sanctuaire. Celui-ci retrouva un exemplaire du livre de la Loi qui était conservé auprès de l’arche d’alliance, mais que des prêtres pieux avaient caché, au temps de l’idolâtrie, dans une dépendance. Josias fit lire ce livre. Quand le roi eut entendu le passage du livre de la Loi où Dieu menace le peuple de graves châtiments en cas de désobéissance obstinée, il fut très affligé. Dans son chagrin, il déchira ses vêtements et dit à Helcias et à ceux qui étaient avec lui : “ Allez consulter le Seigneur pour moi et pour ceux qui restent en Israël et Juda, à cause des paroles de ce livre, car grande est la colère du Seigneur qui s’est enflammée contre nous parce que nos pères n’ont pas observé les paroles de ce livre ” ... Josias fit ensuite venir tout le peuple au temple et lui fit la lecture du livre de la Loi. Il voulait que ces hommes rentrent en eux-mêmes et fassent de dignes fruits de pénitence. Il s’engagea solennellement à observer tous les commandements de Dieu et adjura le peuple. Ainsi le pieux roi renouvela l’alliance avec le Seigneur que ses prédécesseurs avaient rompue. Dans la même année (la dix-huitième année de son règne), Josias célébra avec le peuple la fête de la Pâque et lui donna un éclat qu’elle n’avait pas eu depuis des siècles. Il resta fidèle au Seigneur jusqu’à sa mort. C’est pourquoi Juda jouit pendant tout son règne de la bénédiction de Dieu qui se manifesta par une prospérité sans trouble et une paix profonde. Dans une guerre entre le roi d’Égypte, Néchao, et les Assyriens, Josias refusa à Néchao le passage à travers le pays de Juda. Il fut blessé par le pharaon à Mageddo, au Sud-Ouest de la plaine d’Esdrelon. Il mourut pendant qu’on le ramenait à Jérusalem, en l’an 610. Tout Jérusalem et tout Juda le pleurèrent. Il fut pleuré surtout du prophète Jérémie dont il est question dans le chapitre suivant. Avec Josias disparaissait la dernière espérance de salut. L’impiété revint et le royaume de Juda pencha vers sa ruine.
              
Jeudi (IV Rois, chap. 23 et 24). — L’idolâtrie et la débauche, que le pieux roi Josias (641-6.10) avait combattues avec tant de zèle et même avec un certain succès, reparurent sous ses fils et successeurs, Joachaz et Joakim, dans toute leur étendue. Joachaz fit ce qui était mal devant le Seigneur, tout comme les rois précédents l’avaient fait. Mais il ne régna que trois mois. Comme il ne voulait pas se soumettre au pharaon d’Égypte, Néchao, celui-ci le fit arrêter à Rébla, dans le pays d’Emmath, et emmener en Égypte où il mourut. Le prophète Jérémie lui consacra cet adieu : “ Ne pleurez pas sur un mort (Josias) ; pleurez sur celui qui s’en va (en Égypte), car il ne reviendra plus et ne reverra plus le pays de sa naissance” (Jér. XXII, 10). A sa place Néchao établit roi son frère aîné, Éliacim, et, pour manifester sa suzeraineté, il changea le nom du nouveau roi, en celui de Joakim. Joakim avait vingtcinq ans quand il commença à régner et il régna onze ans à Jérusalem (610-599). Il fit le mal devant le Seigneur ; c’est pourquoi il ne réussit pas. Dès son accession au trône, il dut payer à Néchao un tribut important.
            
Vendredi (IV Rois, chap. 24). — Bientôt après (606), le roi de Babylone, Nabuchodonosor, s’avança contre Jérusalem. Il emmena le roi avec plusieurs jeunes gens des meilleures familles, parmi lesquels se trouvait le futur prophète Daniel, comme otages à Babylone. Quelques temps plus tard, cependant, Nabuchodonosor rendit à Joakim la liberté et son royaume. Mais il eut la folie de se révolter. Nabuchodonosor fit assiéger. Jérusalem de nouveau. Joakim mourut avant la prise de la ville. D’après Jérémie (XXII, 19), il ne devait pas trouver de sépulture, mais pourrir comme une bête devant les portes de Jérusalem. Son fils Jéchonias, surnommé Joachim, dut, au bout de trois mois, se rendre à discrétion à Nabuchodonosor. Il fut emmené en captivité à Babylone avec tous les chefs et tous les hommes vaillants, avec les artisans et les forgerons. Parmi ces prisonniers se trouvaient le prophète Ézéchiel et Mardochée, le père adoptif de celle qui fut la reine Esther. Il ne resta que le peuple pauvre du pays.
           
Samedi (IV Rois, chap. 25). — Sous le dernier roi, Sédécias (599-588), Juda fut déporté à Babylone. “ La neuvième année du règne de Sédécias, le sixième mois, le dixième jour du mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint avec toute son armée contre Jérusalem et établit son camp devant elle. On construisit tout autour des murs d’approche. La ville fut assiégée jusqu’à la onzième année de Sédécias, jusqu’au neuvième mois. La famine fut grande dans la ville et il n’y avait plus de pain pour le peuple du pays. Une brèche fut faite à la ville, et les hommes de guerre s’enfuirent la nuit par le chemin de la porte entre les deux murs près du jardin du roi, pendant que les Chaldéens environnaient la ville. Le roi s’enfuit par la route qui mène à la plaine du désert. Mais l’armée des Chaldéens poursuivit le roi et l’atteignit dans la plaine de Jéricho, et toute son armée se dispersa loin de lui. Ayant saisi le roi, ils le firent monter vers le roi de Babylone à Réblatha, et on prononça sur lui une sentence. On égorgea les fils de Sédécias sous ses yeux. Puis Nabuchodonosor fit crever les yeux à Sédécias : il le fit lier avec deux chaînes d’airain, et on le mena à Babylone.
            
Le cinquième mois, le septième jour du mois — c’était la dix-neuvième année du règne de Nabuchodonosor, roi de Babylone — Nabuzardan, capitaine des gardes du roi de Babylone, vint à Jérusalem. Il brûla la maison du Seigneur, la maison du roi et toutes les maisons de Jérusalem ; il livra aux flammes toutes les grandes maisons. Toute l’armée des Chaldéens qui était avec le capitaine démolit les murailles formant l’enceinte de Jérusalem. Nabuzardan, capitaine des gardes, emmena captifs le reste du peuple qui était resté dans la ville, les transfuges qui s’étaient rendus au roi de Babylone et le reste de la multitude. Le capitaine des gardes laissa comme vignerons et comme laboureurs quelques-uns des pauvres du pays.
             
Les Chaldéens brisèrent les colonnes d’airain qui étaient dans la maison du Seigneur, ainsi que les bases et la mer d’airain qui étaient dans la maison du Seigneur, et ils en emportèrent l’airain à Babylone. Ils prirent les pots, les pelles, les couteaux, les coupes et les ustensiles d’airain avec let ;quels on faisait le service. Le capitaine des gardes prit encore les encensoirs et les tasses, ce qui était d’or et ce qui était d’argent. Quant aux deux colonnes, à la mer et aux bases que Salomon avait faites dans la maison du Seigneur, il n’y avait pas à peser tous ces ustensiles... Le capitaine des gardes prit Saraias, le grand-prêtre, Sophonie, prêtre de second ordre, et les trois gardiens de la porte, et il les conduisit au roi de Babylone à Réblatha. Et le roi de Babylone les fit frapper et tuer. Ainsi Juda fut emmené captif loin de son pays ”.