LECTURE D’ÉCRITURE : NEUVIÈME SEMAINE APRÈS L’OCTAVE DE LA PENTECOTE

Élie et Élisée.
             
Sous le règne du roi Achab (875-853) et de son épouse impie, Jézabel, le culte des idoles fut élevé au rang de religion d’État. Dieu envoya alors deux prophètes des plus remarquables parmi les prophètes d’Israël, deux hommes auxquels il donna une puissance miraculeuse étonnante et un zèle dévorant pour son honneur. Leur parole puissante s’opposa aux efforts des idolâtres et empêcha la vraie religion d’être entièrement extirpée. Grâce à eux, il demeura en Israël un nombre assez considérable d’élus qui refusèrent de fléchir le genou devant l’idole Baal. Ce furent les prophètes Élie et Élisée. Élie est appelé le Thesbite, d’après sa ville natale : Thesbi. Nous savons peu de chose de sa famille. D’après la tradition, il était de race sacerdotale et ne se maria pas. Il se prépara par la prière et la pénitence à sa haute vocation. Il eut non seulement une grande importance pour son temps, mais il fut encore une figure de l’ère messianique. Il annonça le grand Précurseur du Messie : Jean-Baptiste. Il y a déjà une similitude dans leur aspect extérieur. Comme Élie, Jean portait aussi un vêtement grossier, av une ceinture de cuir autour des reins. Comme Élie, Jean se tint dans le désert. L’un et l’autre prêchèrent au peuple la pénitence ; l’un et l’autre se montrèrent francs et intrépides en face des princes vicieux ; l’un et l’autre furent des “ lumières brillantes ” au milieu d’une race corrompue. Élie présente encore un autre aspect qui en fait une figure du Christ. Élie fit tomber sur un sol desséché une pluie rafraîchissante qui apporta la bénédiction sur la terre. La rosée et la pluie sont considérées dans l’Ancien Testament comme la figure des grâces messianiques. La nourriture miraculeuse que reçut Élie dans son voyage à travers le désert vert le mont Horeb est le symbole de l’Eucharistie qui nourrit et fortifie l’humanité. De même, le jeûne de quarante jours de Jésus au désert est préfiguré par le jeûne d’Élie qui dura également quarante jours. Ce qui est particulièrement important, c’est l’enlèvement d’Élie au ciel d’où il reviendra pour convertir les Juifs. Cet enlèvement est une figure de l’Ascension du Christ et de son retour pour le jugement dernier. Pour toutes ces raisons, Élie fut toujours très honoré par les Juifs et les chrétiens.
             
Dimanche (I V Rois, chap. 1). — Élie avait fait tuer les prêtes de Baal en présence du roi Achab, après que le feu du ciel eut montré quel était le vrai Dieu. Mais il dut s’enfuir devant le courroux de Jézabel, la reine impie. Il s’en alla dans le désert, s’assit sous un genêt, tout épuisé, et s’endormit. Un ange le toucha et lui dit : “ Lève-toi et mange ”. Il regarda et aperçut à son chevet un gâteau cuit sous la cendre et une cruche d’eau. Il mangea et but, et, fortifié par cette nouriture, il marcha quarante jours et quarante nuits et arriva au mont Horeb. — Quand l’impie Achab fut mort, son fils Ochosias lui succéda et marcha dans les voies de son père. Dans la lecture d’Écriture d’aujourd’hui, le prophète lui prédit sa mort prochaine. Il était tombé par la fenêtre en treillis de sa chambre haute à samarie. Il s’était blesse grièvement et restait sur le lit. Élie lui fit dire : “ Du lit sur lequel tu es couché tu ne descendras pas, mais tu mourras ”. Il mourut de fait.
           
Lundi (IV Rois, chap. 2). – L’Ecriture nous raconte l’enlèvement d’Élie au ciel, qui est une figure de l’Ascension du Christ. Le temps était venu où le Seigneur déchargerait son fidèle serviteur Élie du lourd fardeau de sa vocation et le retirerait de cette vie périssable. Élie avait accompli l’ordre que Dieu lui avait donné d’oindre Élisée comme prophète à sa place. Or ils s’en allaient tous les deux, avec cinquante disciples des prophètes, de Jéricho vers le Jourdain. Arrivé à la rive, Élie roula son manteau et en frappa les eaux, et voici que les eaux se partagèrent, et ils passèrent tous deux à pied sec. En récompense de sa fidélité et de son attachement, Élie pria son disciple de lui demander quelque chose avant son départ. Élisée demanda que le don de prophétie et de miracles lui fit communiqué abondamment. Elie trouva que la demande de son disciple était une chose difficile à accorder. Il abandonna au Seigneur le soin de l’exaucer, car lui seul pouvait le faire. Pendant qu’Élie et Élisée s’entretenaient ensemble, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent, et Élie monta au ciel dans un tourbillon.
             
Mardi (IV Rois, chap. 3). — Nous voyons maintenant apparaître sur la scène un prophète important, caractérisé par un grand don des miracles. Il avait été consacré prophète par Élie lui-même sur l’ordre de Dieu. Il exerça son activité dans le royaume d’Israël et continua l’œuvre de son maître. Il accomplit de nombreux miracles. Alors que les miracles d’Élie avaient d’ordinaire pour but de manifester la justice de Dieu dans ses châtiments, les miracles d’Élisée eurent plutôt un caractère d’aide et de guérison. — Le roi d’Israël Joram partait en campagne contre Moab. Dans les steppes d’Edom, l’armée souffrit beaucoup de la disette d’eau. Un serviteur du roi indiqua le prophète Élisée qui était capable de donner conseil et secours. Le roi le fit appeler. Élisée dit au roi : Il Ainsi parle le Seigneur : Faites dans cette vallée des fosses et des fosses. Vous ne verrez ni vent ni pluie ; mais cette vallée sera remplie d’eau, et vous boirez, vous, vos troupeaux et vos bêtes de somme ”. Le lendemain le pays fut rempli d’eau. Avant que le soleil fût couché, le royaume de Moab était en ruine, son armée battue, et le roi prit son fils premier-né et l’immola sur la muraille. — Le miracle qui se produisit ensuite témoigne que Dieu ne laisse pas impunies les insultes et les moqueries faites à ses serviteurs. Pendant qu’Élisée montait par le chemin qui mène à Béthel, des enfants vinrent de la ville. Ils le connaissaient comme prophète du Dieu d’Israël et ils savaient son zèle contre le culte des idoles. Ils se moquèrent de lui et lui crièrent : “ Tête chauve, monte ”. Le prophète se détourna, les regarda et les maudit au nom du Seigneur. Alors deux ours vinrent de la forêt et dévorèrent quarante de ces enfants.
Mercredi (IV Rois, chap. 4). — La Sainte Ecriture nous raconte une série de miracles d’Élisée. Il accomplit ces miracles pour secourir ou consoler des personnes privées, et pour affermir la foi dans le vrai Dieu. Signalons, dans ce nombre, les miracles suivants : Le prophète Élisée eut de la compassion pour la veuve d’un disciple des prophètes qui était pauvre et endettée. Les créanciers de cette pauvre veuve voulaient vendre ses deux fils comme esclaves. Élisée multiplia miraculeusement le peu d’huile qui lui restait de telle sorte qu’elle en eut assez pour payer ses dettes et nourrir ses fils. Une femme aisée de Sunan, qui hébergeait le prophète quand il passait par ce chemin, avait obtenu, grâce aux prières d’Élisée, la naissance d’un fils. Cet enfant étant mort, Élisée le ressuscita.
           
Jeudi (IV Rois. V, 1-16). — La guérison du général syrien Naaman nous est connue depuis le Carême. Naaman est la figure du baptisé. “ Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, était un homme considéré et puissant auprès de son maître, car c’était par lui que le Seigneur avait accordé le salut aux Syriens. Cet homme était brave et riche, mais il était lépreux. Or des brigands de Syrie étaient sortis, un jour, et avaient emmené captive une petite fille qui était au service de la femme de Naaman. Elle dit à sa maîtresse : “ Ah ! si mon seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, assurément celui-ci le guérirait de la lèpre qu’il a ”. Naaman vint avec ses chevaux et son char et s’arrêta devant la porte d’Élisée. Élisée lui envoya un messager pour lui dire : “ Va et lave-toi sept fois dans le Jourdain ; ta chair redeviendra saine et tu seras guéri ”. Alors Naaman s’irrita et s’en alla en disant : Je pensais qu’il sortirait, qu’il invoquerait le nom du Seigneur son Dieu, qu’il toucherait de sa main l’emplacement de la lèpre et me guérirait. Les fleuves de Damas, l’Abana et le Pharphar ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Ne pourrais-je pas m’y laver et m’y purifier ? Il se détournait donc et s’en allait en colère. Ses serviteurs s’approchèrent de lui et lui dirent : Père, si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, tu l’aurais certainement fait. A plus forte raison dois-tu le faire maintenant qu’il t’a dit : Baigne-toi et tu seras pur ”. Il descendit donc et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon l’ordre de l’homme de Dieu, et sa chair devint comme celle d’un petit enfant, et il fut purifié. Il retourna vers l’homme de Dieu. Quand il fut arrivé, il se présenta devant lui et dit : “ Je reconnais qu’il n’y a point d’autre Dieu sur toute la terre que le Dieu d’Israël ”.
           
Vendredi (IV Rois, V, 21-27). — Élisée n’avait pas voulu accepter de présent de la main de Naaman. Mais Giézi, le serviteur de l’homme de Dieu, courut après Naaman. Naaman, le voyant courir après lui, descendit de son char et alla à sa rencontre. Il lui dit : “Tout va-t-il bien ? ” Giézi répondit : . Oui. Mon maître m’envoie te dire : Voici que viennent d’arriver chez moi deux jeunes gens de la montagne d’Ephraïm, d’entre les fils des prophètes. Donne-leur un talent d’argent et deux vêtements de rechange ”. Naaman le pressa d’accepter deux talents d’argent qu’il avait serrés dans deux sacs avec deux habits de rechange ; il chargea deux serviteurs de porter ce,a devant Giézi. Vers le soir, arrivé à la colline, Giézi prit cela de leurs mains et le déposa dans la maison ; puis il renvoya les hommes qui s’en allèrent. Il alla ensuite se présenter à son maître. Élisée lui dit : “ D’où viens-tu, Giézi ? ” Giézi répondit : . Ton serviteur n’est allé nulle part ”.
             
Mais Élisée dit : “ Mon esprit n’était-il pas présent lorsque cet homme a quitté sa voiture et est venu à ta rencontre ? Ainsi tu as reçu de l’argent et des vêtements pour acheter des olivaies et des vignes, des esclaves et des servantes. La lèpre de Naaman s’attachera à toi et à tes descendants pour toujours ”. Et Giézi sortit de la présence d’Élisée avec une lèpre blanche comme neige.
              
Samedi (IV Rois IX, 1-13). — Nous lisons une triste page de l’histoire d’Israël : la destruction de la maison royale. Le prophète Élisée appela un des fils des prophètes et lui dit : “ Ceins tes reins, prends en main cette fiole d’huile et va à Ramoth-en-Galaad. Quand tu y seras arrivé, regarde après Jéhu, fils de Josaphat, fils de Namsi. Aborde-le, fais-le lever du milieu de ses frères et conduis-le dans une chambre retirée. Puis tu prendras ta fiole d’huile et tu la répandras sur sa tête en disant : Ainsi parle le Seigneur : Je t’oins roi d’Israel. Puis tu ouvriras la porte et tu t’enfuiras sans tarder ”.
              
Le jeune homme, serviteur du prophète, partit donc pour Ramoth-en-Galaad. Quand il fut arrivé, les chefs de l’armée étaient assis. Il dit : “ Chef, j’ai un mot à te dire ”. Jéhu dit : “Auquel de nous tous ? ” Il répondit : “ A toi, chef ”. Jéhu se leva et entra dans la chambre. Le jeune homme versa l’huile sur sa tête et dit : “ Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : Je t’oins roi sur le peuple d’Israël Tu frapperas la maison d’Achab, ton maître, et je vengerai sur Jézabel le sang de mes serviteurs, les prophètes et le sang de tous les serviteurs du Seigneur ”. Puis il ouvrit la porte et s’enfuit. Quand Jéhu revint vers les serviteurs de son martre, ils lui dirent : “ Tout est-il bien ? Pourquoi ce fou est-il venu vers toi ? ” Il leur dit : “ Il m’a parlé de telle et telle manière, disant : Ainsi parle le Seigneur : Je t’oins roi d’Israël ”. Aussitôt, chacun prenant son manteau, ils le mirent sous les pieds de Jéhu au haut des degrés. Ils sonnèrent de la trompette et dirent : “ Jéhu est roi ”.
               
Samedi soir. — Nous chantons, à vêpres, une antienne tirée de la lecture d’Écriture de la semaine prochaine. “ Joas se conduisit avec droiture devant le Seigneur, tant qu’il reçut les leçons de Joiada ”. Il fut du petit nombre des rois fidèles sur le trône de David. Et encore il ne persévéra pas.