LECTURE D’ÉCRITURE DEUXIÈME SEMAINE DE SEPTEMBRE

Le Livre de Job
Samedi soir : L’antienne directrice du samedi résume les lectures de la semaine qui va commencer : “ En tout cela, Job ne commit aucun péché de langue et ne prononça contre Dieu aucune parole insensée. ”
Dimanche (Job, XIV) :
L’homme est né de la femme,
Éphémère, rassasié de brièveté.
Comme une fleur, il croît et tombe, fané ;
Il passe comme une ombre, sans s’arrêter.
Et c’est sur lui que tu tiens ton œil ouvert,
Et c’est moi que tu amènes en justice avec toi.
Qui, d’un pécheur, peut faire un homme pur ? Personne !
Puisque ses jours sont comptés, et que tu détiens le nombre de ses mois,
Puisque tu as fixé ses limites, il ne les dépassera pas.
Détourne ton regard de lui, et il se reprendra
Jusqu’à ce qu’il se réjouisse, comme le tâcheron, de voir sa journée finie.
Car l’arbre a un espoir :
L’a-t-on coupé ? Il repoussera,
Et ses rejetons ne manqueront pas.
Même si sa racine a vieilli en terre,
Même si son tronc est mort dans la poussière.
Quand il sent l’eau, il s’épanouit,
Et il pousse des rameaux, comme un jeune plant.
Mais qu’un homme meure, s’en est fait de lui ;
Un homme expire ; où est-il alors ?
L’eau sort en torrent du sein de la mer,
Le fleuve se dessèche et tarit.
Ainsi l’homme se couche et ne se relève plus ;
Tant qu’il n’y aura pas de ciel, il ne s’éveillera pas,
Il ne sera pas tiré de son sommeil.
Si tu voulais me cacher dans les enfers,
Et m’y envelopper jusqu’à ce que ta colère ait passé !
Si tu me fixais un terme où tu te souviendrais de moi !
Si un homme meurt, revivra-t-il ?
Tout le temps de mon service, j’ai attendu
L’heure de la relève.
Tu pourrais m’appeler et je te répondrais,
Tu pourrais faire cas de l’ouvrage de tes mains.
Car tu vas compter mes pas ;
Puisses-tu alors ne pas prêter attention à mes péchés !
Mes fautes sont scellées dans la bourse,
Tu mets aussi le cachet sur mes dettes.
Lundi (Job, XXIII) :
Aujourd’hui encore, ma plainte est amère,
Ma main s’est appesantie sur mon gémissement.
Puissé-je le reconnaître et le trouver, Et parvenir là où il habite !
Devant lui j’exposerais mon droit,
Je remplirais ma bouche d’arguments.
Je pourrais connaître les mots qu’il me répondrait,
Et savoir ce qu’il a à me dire.
Veut-il lutter de toute sa puissance avec moi ?
Puisse-t-il plutôt ne pas porter son attention sur moi !
Alors, c’est un juste qui discuterait avec lui,
Et je pourrais échapper pour toujours au jugement.
Mais je vais à l’orient : il n’y est pas ;
Je vais à l’occident : je ne l’aperçois pas.
S’est-il porté à gauche, je ne le vois pas ;
Se tient-il à droite, je ne le vois pas davantage.
Car il connaît mes voies,
Et, s’il m’éprouve, je sortirai de l’épreuve comme l’or.
Mon pied s’est appliqué à l’empreinte du sien,
J’ai tenu mon regard fixé sur ses traces et je n’ai pas dévié.
Je ne me suis pas écarté des commandements de ses lèvres,
Et, de préférence à ma volonté, j’ai observé les paroles de sa bouche.
Mais il est unique ; qui peut s’opposer à lui ?
Ce que son esprit désire, il l’accomplit.
Il exécutera donc ce qu’il m’a signifié,
Et de pareils desseins se sont pas rares chez lui.
Voilà pourquoi je m’effraie en sa présence,
Et quand j’y pense, j’ai peur de lui.
Dieu a intimidé mon cœur,
Et le Tout-Puissant me jette dans l’effroi.
Ce ne sont pas les ténèbres qui m’ont rendu muet,
Ni l’obscurité qui me couvre.
Mardi (Job, XXIX) : Job reprit encore son discours et dit :
Oh ! si seulement il en était maintenant comme aux mois de mon passé,
Aux jours où Dieu veillait sur moi,
Où il faisait briller sa lumière sur ma tête,
Où je traversais les ténèbres à sa lumière ;
Si j’étais tel qu’aux jours de mon automne,
Quand Dieu me visitait dans ma tente,
Quand Dieu était encore avec moi,
Et quand mes enfants m’entouraient !
Alors je baignais mes pieds dans le lait,
Et le rocher versait sur moi des ruisseaux d’huile ;
Alors je sortais pour me rendre à la porte de la ville,
J’avais mon siège dressé sur la place publique.
En me voyant, les jeunes gens s’enfuyaient,
Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
Les princes retenaient leurs paroles
Et mettaient la main sur leur bouche.
La voix des grands devenait un murmure,
Et leur langue demeurait attachée à leur palais.
L’oreille qui m’entendait me proclamait heureux,
L’œil qui me voyait rendait témoignage sur moi.
J’ai sauvé les pauvres qui appelaient à l’aide,
Et les orphelins qui n’avaient aucun appui.
La bénédiction du mourant descendait sur moi.
J’apportais la joie au cœur des veuves.
Je me revêtais de la justice comme d’un vêtement ; elle m’enveloppait
Comme un manteau et l’équité était mon turban.
J’ai été l’œil de l’aveugle,
J’étais le pied du boiteux.
J’étais un père pour les pauvres.
La cause que je ne connaissais pas, je l’ai examinée.
Je brisais la mâchoire du coquin,
Et j’arrachais de ses dents ce qu’il dévorait.
Alors je disais : Je mourrai dans mon nid,
Mes jours seront aussi nombreux que le sable.
Mes racines sont à découvert dans l’eau,
Et, pendant la nuit, la rosée recouvre mon feuillage.
Ma gloire est toujours nouvelle,
Mon arc rajeunit dans ma main.
Ils m’écoutaient et attendaient.
Ils se pliaient en silence à mon conseil.
Quand j’avais parlé, ils ne disaient rien.
Mes paroles tombaient sur eux goutte à goutte.
Ils m’attendaient comme la pluie,
Ils ouvraient la bouche à la pluie du soir.
Je plaisantais avec eux et ils ne pouvaient y croire,
Quand mon visage resplendissait, ce n’était pas en vain.
Quand j’allais parmi eux, j’occupais la première place.
J’étais là comme un roi avec sa suite,
Comme quelqu’un qui console des affligés.
Mercredi (Job, XXXI) :
J’ai conclu un pacte avec mes yeux ;
Comment aurais-je arrêté mes regards sur une jeune femme ?
Quelle serait donc la part que Dieu m’enverrait d’en-haut,
Et l’héritage du Tout-Puissant venant des hauteurs ?
La ruine n’est-elle pas pour les scélérats,
Le bannissement pour ceux qui commettent le péché ?
Ai-je marché dans le chemin de la vanité,
Et mon pied a-t-il couru vers la fraude ?
Qu’il me pèse dans de justes balances,
Et alors Dieu reconnaîtra mon innocence.
Si mes pas se sont détournés du chemin,
Et si mon cœur a suivi mes yeux,
Si quelque chose est resté attaché à mes mains,
 Alors je veux semer et qu’un autre récolte,
Et que l’on arrache mes rejetons avec leur racine.
Si mon cœur s’est laissé séduire par une femme.
Si j’ai fait le guet à la porte de mon voisin.
Alors, que ma femme tourne aussi la meule pour un autre,
Et qu’un étranger la déshonore !
Si j’ai refusé d’entendre la requête des pauvres,
Si j’ai fait languir les yeux de la veuve,
Si j’ai mangé seul ma bouchée,
Et si l’orphelin n’y a pas goûté ; —
Depuis ma jeunesse, je l’ai vu grandir avec les yeux d’un père,
Dès le sein de ma mère, je lui ai servi de tuteur.
Si j’ai vu quelqu’un dépérir faute de vêtement,
Et le pauvre manquer de couverture,
Ses reins ne m’ont-ils pas béni,
Parce qu’il s’est réchauffé de la toison de mes béliers ?
Si j’ai levé la main sur l’orphelin,
Parce que je voyais mon secours dans la porte,
Que mes épaules se détachent de ma nuque,
Que mon bras soit arraché de sa jointure !
Si j’ai fait de l’or ma hanche,
Si j’ai dit à l’or fin : je mets ma confiance en toi,
Si je me suis réjoui de l’abondance de mes biens,
De tout ce que ma main avait rassemblé,
Si j’ai remarqué que le soleil brillait,
Que la lune s’avançait avec majesté ;
Mon cœur s’est-il épanoui en secret,
Et ma bouche a-t-elle donné un baiser à ma main ?
Cela aussi serait un crime,
Car j’aurais renié le Dieu d’en-haut,
Si je me suis réjoui du malheur de mon ennemi,
Si j’ai tressailli d’allégresse quand le malheur l’a visité.
Mais je n’ai pas permis à ma bouche de pécher,
En réclamant sa vie avec imprécation.
Si les hommes de ma tente ne disaient pas :
“ Y a-t-il quelqu’un qui ait quitté sa table sans être rassasié ? ”
Je n’ai pas laissé l’étranger passer la nuit dehors,
Car à tout voyageur j’ouvrais ma porte.
Si ma terre crie contre moi,
Et si tous ses sillons pleurent,
Et si j’ai mangé tous ses produits sans payer,
Si j’ai fait dépérir la vie du légitime possesseur,
Alors, qu’au lieu de froment, elle produise des chardons,
Et, au lieu d’orge, de l’ivraie !
Jeudi (Job, XXX I-XXXVII). : En présentant sa propre défense, Job a réduit ses trois amis au silence : “ Ces trois hommes cessèrent de répondre à, Job ” parce qu’il persistait à proclamer son innocence et qu’ils ne pouvaient pas lui prouver son tort. Alors se présenta un nouvel interlocuteur, Eliu, dont il n’est pas fait mention au début du livre, et il dit que, en qualité de jeune homme, il s’était tu par respect pendant que parlaient les vieillards à cheveux gris. Mais, maintenant, puisqu’ils n’avaient apporté aucune réponse satisfaisante, il voulait lui aussi donner la sienne et faire connaître sa manière de voir. Au début de son intervention, il semble reprendre les allégations des trois amis, étant donné qu’il invite Job à faire un retour sur soi-même, et lui signifie que, si Dieu punit, il pardonne aussi à ceux qui se repentent, Mais, tandis que ceux-ci envisagent la souffrance sous l’aspect de la punition qui doit être subie, Éliu explique la souffrance par la Providence divine, toute d’amour, qui veut, au moyen de l’affliction qu’il leur envoie, purifier les hommes de leurs péchés secrets et, par-là, les mettre à l’épreuve et les justifier. Sans les paroles d’Éliu, un aspect important de la fin divine de la souffrance serait passé sous silence dans Je livre.
Vendredi (Job, XXXVIII-XLII) : Job a souvent désiré que Dieu lui-même l’interroge et enregistre sa plainte, Son désir est exaucé, car Dieu apparaît dans la “ tempête ” et pose à Job questions sur questions auxquelles il ne peut pas répondre. Il lui dépeint les prodiges de sa toute-puissance et de sa sagesse dans la nature et dans l’organisation du monde, et lui demande s’il comprend tout cela Job reconnaît son ignorance, Aussi la conclusion s’impose-t-elle d’elle-même qu’il ne doit pas discuter avec Dieu sur les motifs de ses épreuves personnelles et des épreuves d’autrui, mais en laisser l’appréciation à Dieu qui, en tout ce qu’il fait, est sage et juste. (Cette réponse de Dieu présente un caractère de haute poésie, particulièrement le portrait des deux monstres Béhémoth et Léviathan). Maintenant Dieu demande à Job si, à la vue de toutes ces merveilles et d’autres insondables dans la nature, il a encore l’intention de discuter avec lui. Job répondit au Seigneur :
Oui, je reconnais maintenant que tu peux tout ;
A tout ce que tu veux, aucun obstacle ne s’oppose.
Quel est celui qui obscurcit de la sorte les voies divines dans son inintelligence ?
J’ai donc parlé, sans savoir ;
C’était trop étrange pour moi, d’où mon inintelligence.
Écoute-moi donc, je vais parler !
Je t’interrogerai et tu me renseigneras !
C’est par ouï-dire seulement que je te connaissais, Mais, maintenant, mon œil t’a vu en personne. C’est pourquoi je me rétracte et fais pénitence Sur la poussière et sur la cendre.
Samedi (Job, XLII) : Après que Dieu eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman : “ Ma colère est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi selon la vérité, comme mon serviteur Job.
Maintenant, prenez sept jeunes taureaux et sept béliers ; allez trouver mon serviteur Job, offrez un holocauste pour vous, et Job, mon serviteur, priera pour vous, car c’est uniquement par égard pour lui que je ne vous punirai pas de n’avoir pas parlé de moi selon la vérité, comme mon serviteur Job. ”
Alors, Éliphaz de Théman, Baldad de Suhé et Sophar de Naaman s’en allèrent et firent comme Dieu le leur avait dit. Et Dieu eut égard à Job.
Et Dieu rétablit la situation de Job, tandis que celui-ci priait pour ses voisins. Et Dieu augmenta les biens de Job en les portant au double.
Tous ses frères, toutes ses sœurs et tous ses vrais amis vinrent lui rendre visite, mangèrent avec lui le pain dans sa maison, lui témoignèrent leur compassion, le consolèrent du malheur que Dieu avait fait venir sur lui et lui firent don chacun d’une késita et d’un anneau d’or.
Et Dieu bénit Job dans la suite encore plus que précédemment, et il posséda 14.000 brebis, 6.000 chameaux, 1.000 paires de bœufs et 1.000 ânesses.
Il eut encore sept autres fils et trois autres filles. Il nomma la première Jémimah, la seconde Ketsia et la troisième Kéren-Happouk.
Et l’on ne trouvait pas dans tout le pays de femmes aussi belles que les filles de Job, et leur père leur donna un héritage parmi leurs frères.
Et Job vécut après cela encore 140 ans et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération.
Et Job mourut vieux et rassasié de jours.