LECTURE D’ÉCRITURE : DEUXIÈME SEMAINE D’AOUT

Le livre de l’Ecclésiaste.
        
Samedi soir. — L’antienne directrice du samedi soir est la suivante : “ J’habite dans les hauteurs et mon trône est dans la colonne de nuée ”. La liturgie indique par-là que, dans la divine Sagesse, elle voit le Fils de Dieu exalté sous son aspect royal.
          
Dimanche (Eccl., chap. 1). — Cette semaine, nous lisons le livre un peu mélancolique de l’Ecclésiaste. La pensée fondamentale est celle-ci : tous les biens terrestres sont vains ; ils ne peuvent satisfaire le cœur de l’homme. Le vrai bonheur ne peut se trouver qu’en Dieu. D’après la tradition, c’est le livre que Salomon converti écrivit à la fin de sa vie.
Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste,
Vanité des vanités,
Tout est vanité.
Quel avantage revient à l’homme
De toute la peine qu’il se donne sous te soleil ?
Une génération passe, une génération vient,
Et la terre demeure immobile.
Le soleil se lève, le soleil se couche,
Il retourne à sa demeure pour se lever de nouveau.
Saint Jean Chrysostome fait, à l’occasion de cette lecture d’Écriture, des considérations sur l’instabilité des biens terrestres : “ Quand Salomon était encore possédé par la convoitise des biens terrestres, il les considérait comme grands et admirables et il y trouvait beaucoup de peines et de soucis. Il bâtissait, en effet, de magnifiques maisons, il accumulait de l’or en abondance, il réunissait des chœurs de chanteurs, il se procurait diverses espèces de serviteurs pour sa table et sa cuisine. Il s’efforçait sans relâche de donner de la joie à son cœur par l’attrait des jardins et la grâce des beaux corps ; en tout, pourrais-je dire ; il suivait la voie de l’agrément et du plaisir. Mais quand ensuite il revint à lui-même et, sortant pour ainsi dire d’un sombre abîme, il put élever son regard vers la lumière de la vraie sagesse, il prononça cette sentence sublime et digne du ciel : “ Vanité des vanités ; tout est vanité ”… Quant à nous qui sommes appelés à une vie plus grande, nous marchons vers une cime plus élevée, nous nous exerçons sur un terrain plus considérable. Et quel ordre recevons-nous, si ce n’est que nous organisions notre vie comme le demandent les vertus célestes et incorporelles ? ”
          
Lundi (Eccl., chap. 2). — Salomon nous montre comment, ne se contentant pas de la considération spirituelle, il chercha la satisfaction dans la volupté et la richesse, mais en vain :
J’ai dit dans mon cœur : Viens donc,
J’éprouverai la joie, je goûterai le plaisir.
Et voici, cela est encore une vanité.
J’ai dit du rire : Insensé !
J’ai dit de la joie : Que produit-elle ?
Je pris la résolution dans mon cœur
De livrer ma chair au vin,
— Et pourtant la sagesse guidait mon sens —
Et de m’attacher , à.la folie,
Jusqu à œ que j’ai vu
S’il est bon pour les enfants des hommes
De faire ce qu’ils font sous le ciel,
Durant les jours de leur vie.
J’exécutai de grands ouvrages,
Je me fis bâtir des palais,
Je me plantai aussi des vignes,
Je me fis des jardins et des vergers,
Et j’y plantai des arbres à fruit de toute espèce.
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Tout ce que mes yeux désiraient,
Je ne les en ai pas privés ;
Je n’ai jamais refusé
A mon cœur une joie.
Car de tous mes efforts
Mon cœur tirait même encore une joie.
Et de tout mon travail
Cela devait être ma part.
Puis j’ai considéré
Toutes les œuvres que mes mains avaient faites,
Et le labeur que leur exécution m’avait coûté.
Et voici : tout n’est que vanité.
Mardi (Eccl., char. 3). — Le temps gouverne tout, même contre la volonté des hommes.
Pour chaque chose il y a un temps,
Et toute chose a son heure.
Il y a un temps pour naître
Et un temps pour mourir.
Il y a un temps pour planter
Et un temps pour arracher ce qui est planté.
Il y a un temps pour tuer
Et un temps pour guérir.
Il y a un temps pour abattre
Et un temps pour bâtir.
Il y a un temps pour pleurer
Et un temps pour rire.
Il y a un temps pour se lamenter et gémir
Et un temps pour danser.
Il y a un temps pour jeter des pierres
Et un temps pour les ramasser.
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Quel avantage a celui qui travaille,
Pour la peine qu’il se donne ?
J’ai examiné le labeur que Dieu a donné
A l’homme pour qu’il se donne de la peine.
Dieu a fait toute chose bonne en son temps.
Il a abandonné le monde à leurs discussions ;
Mais l’homme ne comprend jamais l’œuvre de Dieu,
Du commencement jusqu’à la fin.
Et j’ai reconnu qu’il n’y a rien de meilleur pour eux
Que de se réjouir et de se donner du bien-être pendant leur vie.
Qu’un homme mange et boive,
Qu’il jouisse du bien-être au milieu de son travail,
Cela aussi est un don de Dieu.
Mercredi (Eccl., char. 4). — Le pessimiste considère les conditions sociales et trouve partout souffrances et misère.
J’ai vu aussi tous les opprimés
Qu’il y a sous le soleil.
Et voici que les opprimés sont dans les larmes,
Et personne ne les console.
Ils sont en butte à la violence de leurs oppresseurs
Et ils n’ont pas de protecteur.
Alors j’ai proclamé heureux les morts
Qui sont morts auparavant,
Et non plus les vivants
Qui sont encore en vie.
Mais plus heureux encore que les uns et les autres
Est celui qui n’est pas encore arrivé à l’existence,
Qui n’a pas vu les mauvaises actions
Qui se commettent sous le soleil.
J’ai vu que tout travail
Et que toute habileté dans un ouvrage
N’est que jalousie contre un homme de la part de son prochain.
Cela encore est vanité
Et poursuite du vent.
L’insensé se croise les mains
Et mange sa propre chair.
Mieux vaut une poignée de repos
Que deux mains pleines de labeur.
Et pourtant cela aussi est vanité.
Jeudi (Eccl., char. 5) — Proverbes concernant les relations avec Dieu.
Ne sois pas pressé d’ouvrir la bouche,
Et que ton cœur ne se hâte pas
D’exprimer une parole devant Dieu,
Car Dieu est au ciel, et toi sur la terre.
Que tes paroles soient donc peu nombreuses,
Car de la multitude des occupations naissent les songes,
Et de la multitude des paroles des propos d’insensé.
Lorsque tu fais un vœu à Dieu,
Ne tarde pas à l’accomplir,
Car Dieu n’a pas de complaisance pour les insensés.
Ce que tu voues, accomplis-le.
Mieux vaut ne pas vouer
Que de vouer et de ne pas accomplir.
Ne permets pas à ta bouche de pécher
Et ne dis pas à l’envoyé (de Dieu)
Que c’est une inadvertance.
Autrement Dieu s’irriterait au sujet de tes paroles
Et détruirait les œuvres de tes mains.
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Celui qui aime l’argent n’en est pas rassasié,
Et celui qui aime la richesse n’en goûte pas le fruit ;
C’est encore là une vanité.
Quand les biens se multiplient, se multiplient aussi
Ceux qui les dévorent ;
Et quel avantage en revient-il à leurs possesseurs,
Sinon qu’ils les voient de leurs yeux.
Doux est le sommeil du travailleur,
Qu’il ait peu ou beaucoup à manger.
Mais la satiété du riche
Ne le laisse pas dormir.
Vendredi (Eccl., chap. 6).
Il y a un autre mal
Que j’ai vu sous le soleil,
Et ce mal est grand sur l’homme.
Voici un homme à qui Dieu a donné
Richesse, trésors et gloire.
Rien ne lui manque de ce que son cœur désire.
Cependant le pouvoir d’en jouir,
Dieu ne le lui a pas donné.
Mais c’est un étranger qui en jouit ;
Voilà une vanité et un mal grave.
Quand un homme aurait engendré cent fils,
Qu’il eût vécu de nombreuses années,
Et que les jours de ses années se seraient multipliés,
Si son âme ne s’est pas rassasiée de bonheur,
Et qu’il n’ait pas même eu de sépulture,
Je dis qu’un avorton est plus heureux que lui.
Car il est venu en vain,
Et s’en va dans les ténèbres,
Et les ténèbres couvriront son nom.
Il n’a jamais vu le soleil,
Il n’a rien su. Il a cependant
Plus de repos que cet homme.
Samedi (Eccl., chap. 7 sq.). — Qu’on n’hésite pas, si l’on possède l’Ancien Testament, à lire le livre dans son entier. On y trouve de très belles maximes. “ Mieux vaut aller à la maison de deuil qu’à la maison de festin ; car dans la première apparaît la fin de tout homme, et le vivant peut y réfléchir ”. “ Ne fais pas attention à toutes les paroles qui se disent, de peur que tu n’entendes ton serviteur te maudire, car ton cœur sait que bien des fois tu as maudit les autres ”. “ Souviens toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours mauvais et qu’approchent les années dont tu diras : “ Je n’y ai pas de plaisir ”, avant que s’obscurcissent le soleil, la lumière, la lune et les étoiles... au jour où tremblent les gardiens de la maison... avant que la cruche se casse à la fontaine... que la poussière retourne à la poussière d’où elle a été prise, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné ”. “ Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, tout est vanité ”. Pour conclure, l’Ecclésiaste résume toute sa vie dans une seule phrase : “ Fin du discours, le tout entendu : Crains Dieu et observe ses commandements, car c’est là le tout de l’homme. Car Dieu citera en un jugement, portant sur tout ce qui est caché, toute œuvre, soit bonne, soit mauvaise ”.