LECTURE D’ÉCRITURE DANS LA SEMAINE QUI SUIT LE CINQUIÈME DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE

Lundi (1. Tim. III, 1-IV, 1). — Dans la seconde partie de l’Épître, saint Paul donne des conseils aux divers états, aux hommes et aux femmes (II, 8-15),. aux prêtres et aux diacres (chap. III), aux diaconesses et aux veuves (chap. VI), aux maîtres et aux esclaves (chap. VI). “ Je t’écris ceci, dans l’espoir de venir bientôt vers toi. Au cas où ma venue tarderait, tu dois savoir comment on doit se comporter dans la maison de Dieu. C’est en effet l’Eglise du Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité. Et manifestement grand est le mystère de la piété :
Il est paru dans la chair
Accrédité par son Esprit,
Manifesté aux anges,
Annoncé aux peuples,
Reçu dans la gloire. ” 
“ La piété est une source importante de gain, quand elle est jointe à la modération. Nous n’avons en effet rien apporté dans le monde et nous n’en emporterons rien. Si nous avons de quoi nous nourrir et nous vêtir, contentons-nous en. Car ceux qui veulent être m riches tombent dans la tentation et les pièges du démon et dans de nombreux désirs inutiles et nuisibles qui précipitent l’homme dans la perdition et la ruine. Car la racine de tout mal est l’amour de l’argent ; beaucoup déjà qui s’y sont adonnés ont erré loin de la foi et se sont fait beaucoup de mal. Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, mais efforce-toi d’acquérir la justice, la piété, la foi, la charité, la patience et la mansuétude. Combats le bon combat de la foi, atteins la vie éternelle pour laquelle tu as été appelé et pour laquelle tu as fait une belle profession de foi devant de nombreux témoins. Je te l’ordonne devant Dieu qui donne la vie à tout et devant Jésus-Christ qui a rendu témoignage devant Ponce-Pilate : observe le commandement sans faute et sans blâme jusqu’à l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ que manifestera en son temps le seul bienheureux et puissant, le Roi des rois et le Seigneur des Seigneurs, qui seul possède l’immortalité et habite une lumière inaccessible qu’aucun homme n’a jamais vu ni ne peut voir : à lui soit honneur et puissance éternelle. Amen ” (VI, 6-17). 

Mardi (II. Tim. l, 1-13). — La seconde Épître à Timothée est sans doute la dernière lettre que l’Apôtre ait écrite avant sa mort. Vers 66, l’Apôtre vint à Rome. Il y fut bientôt jeté en prison et cette captivité fut plus dure que la première. Saint Paul écrit cette lettre de sa prison, pour demander à son disciple chéri de venir le trouver avant l’hiver. Cette lettre est remplie de pressentiments de mort. L’Apôtre souffrit en effet le martyre en 67. Cette Épître est son chant du cygne : 

“ Je rends grâces à Dieu que je sers ainsi que mes ancêtres, dans une conscience pure, en faisant continuellement mémoire de toi dans mes prières, nuit et jour. Je pense à tes larmes et j’ai le désir de te voir pour être rempli de joie. Car j’ai le souvenir de ta foi sincère qui animait déjà ta grand’mère Loïs et ta mère Eunice et qui, j’en suis certain, t’anime toi aussi. C’est pourquoi, je t’exhorte à ranimer la grâce de Dieu qui est en toi par l’imposition de mes mains. Car Dieu ne nous a pas donné l’esprit de crainte, mais l’esprit de force, d’amour et de modération. Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à Notre-Seigneur ni de moi son prisonnier, mais prends part à mes souffrances pour l’Évangile dans la force de Dieu. Il nous a délivrés et appelés de sa vocation sainte. Cela, il ne l’a pas fait à cause de nos œuvres, mais selon son dessein et la grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus, avant le commencement des siècles et maintenant a été manifestée par l’apparition de Notre Sauveur Jésus-Christ, lequel a surmonté la mort et a fait briller la vie et l’immortalité par l’Évangile, c’est pour cela que j’ai été établi prédicateur et Apôtre et maître des Gentils... Comme un bon soldat du Christ Jésus, supporte les peines. Aucun soldat de Dieu ne s’adonne aux affaires temporelles, afin de plaire à celui qui l’a enrôlé. Celui qui combat dans l’arène ne reçoit la couronne que s’il a combattu selon les règles. Le laboureur qui peine a droit le premier aux fruits. Comprends bien ce que je veux dire : le Seigneur te donnera l’intelligence pour tout. Songe que le Seigneur Jésus-Christ, le rejeton de David, est ressuscité des morts : tel est mon Évangile pour lequel je souffre et suis emprisonné comme un malfaiteur ; mais la parole de Dieu ne se laisse pas enchaîner. C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’ils obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus ainsi que la gloire éternelle. Certaine est la parole : si nous sommes morts avec lui, nous vivrons avec lui, si nous supportons avec lui, nous régnerons avec lui. Mais si nous le renions, il nous reniera aussi ; si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, il ne peut pas se renier lui-même. ” 

Mercredi (II Tim. III, 1-13). — Saint Paul exhorte son disciple à l’endurance : “ Tu as pris comme ligne de conduite ma doctrine, ma conduite, mes desseins, ma foi, ma longanimité, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles que celles auxquelles j’ai été en butte à Iconium et à Lystres. Quelles persécutions n’ai-je pas éprouvées, mais de toutes le Seigneur m’a sauvé. De même, tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus doivent souffrir des persécutions. Mais les méchants et les séducteurs iront de pire en pire, ils s’égarent et ils égarent. Pour toi, tiens t’en à ce que tu as appris et dont tu t’es persuadé ; tu sais de qui tu l’as appris et que depuis ton enfance tu es familiarisé avec les Écritures qui peuvent t’instruire, pour le salut, par la foi en Jésus-Christ. Car toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour l’enseignement et la correction, pour l’amendement et l’éducation dans la justice. Ainsi l’homme de Dieu est parfait, équipé pour toute bonne œuvre... ” Saint Paul a des pressentiments de mort. “ Je suis près d’être immolé, le temps de ma dissolution est imminent. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai conservé ma foi, maintenant est mise de côté pour moi la couronne de justice que le Seigneur, le juste juge, m’accordera en ce jour et non seulement à moi mais à tous ceux qui saluent son avènement. ” 

Jeudi (Tit. l, 1-15). — La Lettre à Tite est la troisième des Épîtres dites pastorales. Au sujet de Tite, nous parlerons plus en détaille 6 février. L’Apôtre a composé cette lettre vers l’an 65, entre ses deux captivités. Cette brève lettre contient quelques passages classiques sur la Rédemption et la grâce : “ Paul, serviteur de Dieu et Apôtre de Jésus-Christ, pour communiquer aux élus de Dieu la foi et la connaissance de la vérité (religieuse) qui conduit à l’espérance de la :vie éternelle qu’a promise le Dieu qui ne ment pas, avant les temps les plus anciens. Or, en son temps, il a manifesté sa parole par la prédication dont j’ai reçu la charge de Dieu notre Sauveur. A Tite son fils chéri selon la foi commune. Grâce et paix de Dieu notre Père et de notre Sauveur Jésus-Christ. Je t’ai laissé en Crète pour que tu mettes en ordre ce qui est encore défectueux et que, dans chaque ville, tu établisses des Anciens, comme je t’en ai chargé. Il faut qu’un Ancien soit sans reproche, n’ait été marié qu’une fois, n’ait que des enfants fidèles qui n’aient pas une renommée de débauchés et ne soient pas indociles. Car un évêque, en tant qu’administrateur de la maison de Dieu, doit être sans blâme, il ne doit pas être orgueilleux, coléreux, adonné au vin, violent, avide de gains honteux, mais hospitalier, bienveillant, sobre, juste, pieux, continent. Il doit s’attacher à la parole sûre de la doctrine qui lui a été enseignée, alors il sera capable d’instruire dans la doctrine saine et de réfuter les contradicteurs... Quant à toi, prêche ce qui est conforme à la saine doctrine : recommande aux vieillards d’être sobres, chastes, prudents, sains dans la foi, la charité et la patience ; aux vieilles femmes de se conduire comme il convient aux saints, sans être calomnieuses, sans s’adonner au vin ; qu’elles donnent de bons enseignements, afin d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, à être prudentes, chastes, sobres, ayant soin de leur maison, bienveillantes, soumises chacune à son mari, afin que la parole de Dieu ne soit exposée au blâme. Instruis aussi les jeunes gens à avoir une conduite réservée. En toutes choses montre-toi toi-même comme l’exemple des bonnes œuvres ; dans ton enseignement, mets de l’intégrité et de la gravité ; que chaque parole soit pure, inattaquable. Alors l’adversaire sera confondu et n’aura rien à dire contre nous. Apprends aux esclaves à être soumis à leurs maîtres, à leur plaire en tout, sans les contredire ; qu’ils ne cherchent pas à être infidèles mais qu’ils montrent en tout une fidélité parfaite, afin qu’ils fassent, en tout, honneur à la doctrine de Dieu notre Sauveur. A tous les hommes, en effet, s’est manifestée la grâce de notre divin Sauveur. Elle nous porte à renoncer à l’impiété et aux désirs mondains, pour vivre avec sobriété, justice et piété, dans ce monde. Nous attendons dans l’espérance bienheureuse l’apparition de la gloire de notre grand Sauveur Jésus-Christ qui s’est livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple pur, zélé pour les bonnes œuvres” (Nous entendons la dernière partie à la première messe de Noël.) 

Vendredi (Tit. II, 15-III, II). - Nous continuons la lecture de l’Épître à Tite : “ Prêche ainsi, exhorte et reprends avec toute autorité. Personne ne doit te mépriser. Avertis-les d’être soumis aux autorités, d’être obéissants et prêts à toute bonne œuvre. Que personne n’injurie, ne soit querelleur, mais qu’ils soient condescendants et très doux à l’égard de tous les hommes. Autrefois nous étions nous aussi insensés et indociles, nous étions dans l’erreur nous laissant aller à toutes sortes de désirs et de passions, nous vivions dans la malice et l’envie — objet de haine et réciproquement haineux. Alors se manifesta la bonté et l’humanité de notre divin Sauveur qui nous apporta :le salut, non par suite des œuvres de justice que nous avons faites, mais d’après sa miséricorde, par le bain ode la régénération, et du renouvellement, par le Saint-Esprit dont il a fait en nous une effusion abondante, par notre Sauveur Jésus-Christ, afin que nous soyons justifiés par sa grâce et devenions les héritiers de la vie éternelle que nous espérons. Vraie est cette parole et je veux que tu gardes fermement ces enseignements, afin que ceux qui par la foi sont arrivés à Dieu s"appliquent avec zèle aux bonnes œuvres. Cela est bon et utile pour les hommes. ” 

Samedi (Philémon). — Nous lisons aujourd’hui la plus courte des lettres de saint Paul. Le contenu d’ailleurs est sans importance : c’est une lettre privée, une lettre de recommandation pour un esclave fugitif. Et pourtant cette lettre est un document hors pair de la charité chrétienne et du tact délicat. C’est un modèle de la vraie lettre sacerdotale et, en même temps, une preuve touchante que la mission universelle de saint Paul ne lui faisait pas oublier les âmes particulières. Un esclave, Onésime, s’était enfui de chez son maître, Philémon, un industriel chrétien très en vue, de Colosses. Cet esclave vint à Rome et saint Paul le convertit au christianisme. Maintenant, saint Paul qui est en captivité pour la première fois, le renvoie à son maître, avec une lettre. Ce cas touche à la question capitale du christianisme primitif : l’esclavage. Saint Paul la résout chrétiennement. Il respecte le droit du maître, mais il fait appel à sa charité chrétienne. Il est admirable de voir la manière calme et sûre dont saint Paul propose sa demande. “ J’ai trouvé beaucoup de joie et de consolation dans ta charité, car en toi, mon frère, se sont ranimés les cœurs des. saints. Sans doute j’aurais tout droit dans le Christ : de te commander ce qui est ton devoir. Mais à cause de ta charité, je préfère te prier. Moi Paul, vieux : comme je suis et, de plus, maintenant prisonnier pour le Christ, je te prie pour mon fils à qui j’ai donné la vie dans mes chaînes, pour Onésime. Autrefois il t’était inutile, maintenant il est pour toi et pour moi d’une grande utilité. Je te le renvoie, reçois-le comme : s’il était mon propre cœur. Je l’aurais volontiers gardé" pour qu’il me serve à ta place dans ma captivité pour l’Évangile. Cependant je n’ai rien voulu faire sans que tu sois d’accord, afin que le bien que tu fais ne soit pas fait par force mais librement. Peut-être s’est-il séparé de toi, pour un temps, afin que tu le reçoives éternellement, non comme un esclave mais comme un frère. Il l’a été pour moi dans une large mesure, combien ne le sera-t-il pas davantage pour toi, auquel il appartient, tant dans son corps que dans le Seigneur. Si donc tu m’es attaché, reçois le comme moi-même. S’il t’a causé du dommage ou qu’il te doive quelque chose. inscris-le à mon compte. Moi Paul, je té l’écris de ma. propre main ; je le paierai, pour ne pas dire que tu es mon débiteur et même de ta propre personne. Oui. mon frère, je voudrais tirer utilité de toi dans le Seigneur, prépare à mon cœur une joie dans le Christ. ” 

Comme conclusion pratique prenons cette résolution pour notre vie : que nos lettres, à nous aussi, soient débarrassées des vaines phrases et des mensonges, qu’elles soient remplies de tact, de politesse, de charité chrétienne. Soyons chrétiens non seulement à l’église, mais encore dans nos lettres. Quel bien ne fait pas, dans la joie et la peine, une lettre écrite avec un cœur chaud !