LECTURE D’ECRITURE DANS LA PREMIERE SEMAINE APRES L’OCTAVE DE LA PENTECOTE

Lundi (1 Rois, l, 1-11). — L’Église commence, aujourd’hui, la lecture des quatre livres des Rois. Les deux premiers sont aussi appelés livres de Samuel, parce que Samuel y est le personnage principal. Ils contiennent l’histoire mémorable du peuple d’Israël, depuis la naissance du dernier juge Samuel, en passant par le règne des rois Saül, David, Salomon et la division des royaumes de Juda et d’Israël, jusqu’à la captivité de Babylone. Le lecteur chrétien pourra trouver beaucoup d’édification dans ces livres.
            
Nous lisons, d’abord, le récit de la naissance miraculeuse de Samuel :
Il y avait à Rama un Suphite de la montagne d’Ephraim, nommé Elcana. Il avait deux femmes, l’une nommée Anne, l’autre Phénenna. Phénenna avait des enfants, mais Anne n’en avait pas. Tous les ans, cet homme montait de sa ville à Silo pour adorer le Seigneur des armées et lui offrir des sacrifices. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, étaient prêtres du Seigneur. Le jour où Elcana offrait son sacrifice, il donnait des portions de la victime à Phénenna, sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles ; il donnait à Anne une seule part, le Cœur tout triste : cependant, il aimait Anne bien que le Seigneur l’eût rendue stérile. Sa rivale l’affligeait sans cesse afin de l’aigrir de ce que le Seigneur l’avait rendue stérile. Chaque année, il faisait ainsi. Toutes les fois qu’elle montait à la maison du Seigneur, Phénenna la mortifiait de telle sorte qu’elle pleurait et ne pouvait rien manger. Son mari, Elcana, la consolait : “ Anne, pourquoi pleures-tu et ne veux-tu rien manger ? Pourquoi ton coeur est-il si troublé ? Ne suis-je pas, pour toi, plus que dix enfants ? ”
Après qu’on eut mangé et bu une fois encore à Silo, Anne se leva pendant que le grand-prêtre Héli était assis sur un siège devant un des poteaux du sanctuaire du Seigneur. Dans l’amertume de son coeur, elle pria le Seigneur en versant beaucoup de larmes et elle fit un voeu en disant : “ Seigneur des armées, si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies point ta servante, et si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le donnerai au Seigneur pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête ”.
Mardi (1 Rois, I, 12-38). — Anne, après une pénible stérilité, reçoit de Dieu un enfant, le grand prophète et juge Samuel.
Comme elle restait longtemps en prière devant le Seigneur, Héli observa sa bouche. Anne, en effet, parlait dans son coeur et remuait seulement les lèvres, sans que sa voix se fît entendre. Héli pensa qu’elle était ivre, et l’interpella... Anne répondit : Non, mon seigneur ; je suis une femme affligée. Je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante : mais j’épanchais mon âme devant le Seigneur... Héli lui répondit : Va en paix. Que le Dieu d’Israël exauce la prière que tu lui as adressée ! Elle dit : Que ta servante trouve grâce à tes yeux ! Puis, cette femme alla son chemin ; elle mangea, et son visage n’était plus abattu. Ils se levèrent tôt, le lendemain, adorèrent le Seigneur et retournèrent à Rama. Elcana connut sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle.
Après le temps révolu, Anne, ayant conçu, enfanta un fils. Elle le nomma Samuel, car, disait-elle, je l’ai obtenu, par prière, du Seigneur. Son mari, Elcana, monta de nouveau avec toute sa maison pour offrir au Seigneur le sacrifice annuel et pour accomplir son vceu. Mais, cette fois, Anne ne monta pas avec lui et elle lui dit : jusqu’à ce que l’enfant soit sevré ; alors je le mènerai pour qu’il paraisse devant le Seigneur et qu’il demeure là toujours... Quand elle l’eut sevré, elle le fit monter avec elle, ayant pris un taureau de trois ans, un épha de farine et une outre de vin, et elle le mena dans la maison du Seigneur, à Silo. L’enfant était encore tout jeune. Ils égorgèrent le taureau et conduisirent l’enfant à Héli. Anne dit : Permets, mon seigneur. Aussi vrai que ton âme vit, je suis cette femme qui me tenais ici auprès de toi pour prier le Seigneur. C’est pour cet enfant que je priais, et le Seigneur a exaucé la prière que je lui adressais. C’est pourquoi je le donne au Seigneur ; que tous les jours de sa vie il soit consacré au Seigneur.
Anne fait entendre ensuite un hymne enthousiaste d’action de grâces pour remercier Dieu de l’avoir exaucée. Ce chant est récité aux Laudes de pénitence du mercredi. Il a de grandes analogies avec le Magnificat. Il a donc servi de modèle à la Sainte Vierge. Anne est la figure de Marie, mais aussi de l’Église. C’est à l’Église aussi que s’applique le passage connu du psaume 112 : “ Il donne une demeure à la stérile de la maison et en fait une mère joyeuse au milieu de ses enfants ”.
 
Mercredi (1 Rois, II, 12-21). — Le grand-prêtre Héli était vieux et faible. Or ses deux fils, par leur conduite indigne, lui causaient de graves soucis.
Les fils d’Héli étaient des vauriens qui ne se souciaient ni du Seigneur ni de ce que le prêtre a droit de demander au peuple. En effet, lorsque quelqu’un offrait un sacrifice, le serviteur du prêtre venait pendant qu’on faisait bouillir la chair, tenant à la main une fourchette ; il la plongeait dans le chaudron, et, tout ce que la fourchette amenait, le prêtre le prenait pour lui. C’est ainsi qu’ils faisaient avec tous les Israélites qui venaient à Silo. Même avant qu’on fît brûler la graisse, le serviteur du prêtre venait et disait à l’homme qui offrait le sacrifice : “ Donne-moi de la chair à rôtir pour le prêtre ”. Si l’homme lui disait : “ Qu’on fasse d’abord fumer la graisse, tu prendras ensuite tout ce que tu voudras ”, il répondait :“ Non, tu en donneras maintenant, ou bien je le prendrai de force ”. Le péché de ces jeunes gens était très grand devant le Seigneur, car ces hommes faisaient mépriser le sacrifice pour le Seigneur. 
Samuel faisait le service devant le Seigneur ; l’enfant était revêtu d’un éphod de lin. Sa mère lui faisait une petite robe, qu’elle lui apportait quand elle montait avec son mari pour offrir le sacrifice annuel. Alors, Héli bénissait Elcana et sa femme, en disant : “ Que le Seigneur donne des enfants à cette femme en retour de celui qu’elle a donné au Seigneur ! ” Le Seigneur visita Anne ; elle conçut et enfanta trois fils et deux filles. Le jeune Samuel grandissait devant le Seigneur.