LECTURE D’ÉCRITURE CINQUIÈME SEMAINE DE NOVEMBRE

Les petits Prophètes
Samedi soir : Au coucher du soleil, nous chantons avec le prophète Isaïe (LXII, 6) : “ Sur tes remparts, Jérusalem, j’ai placé des sentinelles ; jour et nuit, elles ne cesseront pas de louer le nom du Seigneur. ”
Dimanche (Michée) : Le prophète exerça sa mission dans le royaume de Juda à l’époque du prophète Isaïe, c’est-à-dire avant l’exil. Le début du livre prophétique raconte comment Dieu sortit pour juger Israël ; le passage est tout à fait à sa place dans l’automne liturgique : “ Écoutez, vous tous, peuples ; sois attentive, terre, avec tout ce que tu contiens ! Que Dieu, le Seigneur, témoigne contre vous, le Seigneur, depuis son Temple saint. Car voici que le Seigneur va sortir de sa demeure, descendre et marcher, sur le hauteurs de la. terre. Alors les montagnes s’évanouiront sous ses pieds, les vallées fondront comme la Cire devant le feu, comme l’eau descendant des hauteurs. Tout cela arrive à cause du crime de Jacob et des péchés de la maison d’Israël..., car sa blessure est incurable ; elle s’étend jusqu’à Juda, jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem... ” En revanche, le prophète annonce la glorieuse “ élévation d’Israël au temps messianique : “ Il arrivera dans les derniers temps que la montagne de la maison du Seigneur se dressera au sommet des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines et les peuples y accourront en foules. ” De nombreux peuples s’y presseront en disant : “ Venez, montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob afin qu’il nous enseigne ses voies et que nous marchions sur ses sentiers ; car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur. Il sera Juge parmi de nombreux peuples et il punira au loin les nations puissantes : ils forgeront leurs épées en socs de charrue et leurs javelots en faucilles ; aucun peuple ne prendra plus l’épée contre un autre et l’on n’apprendra plus la guerre. Chacun habitera alors sous sa vigne et sous son figuier et personne ne viendra plus le troubler. La bouche du Seigneur des armées a parlé. Tous les peuples marcheront pour toujours et à jamais, chacun au nom de son Dieu. En ce temps-là, dit le Seigneur, je recueillerai ceux qui boitent, je rassemblerai ceux qui avaient été bannis et je réunirai ceux que j’avais chatiés. Je ferai de ceux qui boitent un reste et de ceux qui étaient opprimés un peuple puissant, et le Seigneur régnera sur eux, sur la montagne de Sion, dès lors jusque dans l’éternité” (IV, 1-7). — Bien connue aussi est la prophétie concernant la naissance du Christ : “ Et toi. Bethléem Ephrata, tu es petit sans doute entre les milliers de Juda, mais c’est de toi que sortira Celui qui sera dominateur en Israël, dont l’origine est dès le commencement, dès les jours de l’éternité. ” — “ Mon peuple, que t’ai-je fait ou bien en quoi t’ai-je contristé ? Réponds-moi. Je t’ai sortir du pays d’Égypte... ” (C’est ici l’origine, des improperia du vendredi-saint !) Voir aussi les leçons de la messe du samedi des quatre-temps de septembre.
Lundi (Nahum) : Le prophète Nahum prédit, vers 660, la destruction de Ninive, la capitale des Assyrien . D’après saint Jérôme, cette prophétie concerne, dans un sens plus élevé, le jugement du monde pécheur : “ Le Seigneur est un Dieu jaloux et vengeur ; vengeur est le Seigneur, et rempli de courroux ; le Seigneur Se venge de ses ennemis et s’irrite contre ses adversaire . Le Seigneur est patient et gr ;1nd par la puissance, mais il ne laisse pas les pécheurs aller impunis. Le Seigneur marche dans la tempête et dans l’ouragan ; la nuée est la poussière sous ses pieds. Il menace la mer et il la dessèche ; il tarit les fleuves jusqu’au fond. Les montagnes de Basan et du Carmel sont flétries ; la fleur du Liban est fanée. Les montagnes tremblent devant lui et les collines se changent en désert ; la terre tremble devant sa face, l’univers et ceux qui l’habitent. Qui subsistera devant sa colère ? Qui résistera à l’éclat de son courroux ? Sa fureur se répand comme le feu et les rochers se fendent devant lui. Le Seigneur est bon ; il fortifie au jour de la détresse ; il connaît ceux qui se confient en lui... Quelles sont vos pensées contre le Seigneur ? Il consommera la fin. ” Le prophète trace un tableau très dramatique de la destruction de Ninive : “ Écoute ! des claquements de fouet et des bruits de roues, des hennissements de chevaux, des roulements de voitures, des cavaliers qui chargent, des épées qui étincellent, des éclairs de lances, de nombreux morts et de lourdes défaites ; les cadavres ne se comptent plus, à tel point que l’on trébuche sur les corps... Quiconque te verra fuira, épouvanté, en disant : “ Ninive est détruite ! Qui secouera la tête sur toi ? Où chercher pour toi un consolateur ? ” Nous pensons au jugement dernier.
Mardi (Habacuc) : Le prophète fit entendre ses prophéties avant la captivité de Babylone. Par l’extraordinaire énergie de la pensée et la forme magnifique de l’expression, son livre occupe une des premières places dans la littérature hébraïque. Un morceau particulièrement célèbre est le cantique que nous récitons aux laudes du vendredi pendant les temps de pénitence. Ce chant cadre bien avec l’image du dimanche qui traite du jugement : “ Dieu vient du midi, et le Saint, de la montagne de Sion. Sa majesté couvre le ciel, et la terre est remplie de sa splendeur. Un éclat semblable à celui du feu est sous lui ; des rayons partent de son côté ; là est cachée sa puissance. Devant lui marche la mort ; le démon suit ses pas ; il se tient là et mesure la terre du regard ; il regarde, et les peuples s’évanouissent devant son regard. Il foule du pied les montagnes éternelles, et les collines antiques sont écrasées sous les pas de son éternité... Ton arc sort de son enveloppe et brille ; ton carquois est hérissé de flèches ; tu fends la terre de tes éclairs ; les montagnes te voient et tremblent. Les nuages laissent échapper une trombe d’eau ; l’abîme fait retentir sa voix. Le soleil oublie de se lever et la lune reste dans sa demeure. On fuit à la clarté de tes flèches, devant l’éclat de ta lance étincelante. Tu parcours la terre avec fureur, tu écrases les peuples dans ta colère... J’ai entendu et mes entrailles ont tremblé ; à cette nouvelle, mes lèvres ont frémi ; mes jambes vacillent et s’affaissent, et sous moi mes pas sont devenus incertains. ”
Mercredi (Sophonie) : Ce prophète a exercé son ministère en Juda autour de l’an 600. Vers cette époque, il se produisit là un puissant renouveau de vie religieuse auquel a contribué le prophète. Il prophétise l’exil du peuple juif ; mais, pour terminer, il console celui-ci par la pensée du retour dans la patrie et prédit aussi l’extension, grâce au Messie, du royaume de Dieu : “ Il est proche, le grand jour du Seigneur ; il est proche et il vient en toute hâte ; elle est amère, la voix du jour du Seigneur et les combattants tremblent. C’est un jour de colère que celui-là (Dies irae, dies illa), un jour de détresse et d’angoisse, un jour d’extermination et de malheur, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuages et de tempête, un jour où retentira le son de la trompette et le signal d’alarme contre les villes puissantes... Alors je plongerai les hommes dans la détresse, de sorte qu’ils chercheront leur chemin à tâtons comme des aveugles parce qu’ils ont péché contre le Seigneur... Ni leur argent, ni leur or ne les sauveront au jour de la colère du Seigneur ; la terre entière sera dévorée par le feu de sa colère, car il exterminera promptement tous les habitants de la terre. Rassemblez vos forces, rassemblez vos forces, peuple indigne d’amour, avant qu’un décret n’amène le jour, comme la poussière qui s’envole, avant que le courroux du Seigneur ne fonde sur vous, avant que le jour de colère du Seigneur ne vienne sur vous ! Oh ! cherchez le Seigneur, vous, les humbles du pays, vous qui avez accompli ses commandements ; aspirez à la justice, aspirez à l’humilité ! Peut-être serez-vous à couvert du jour de colère du Seigneur. ” (Nous avons donc ici la source du “ Dies irae”). toutefois, nous entendons aussi des accents joyeux : “ Le reste d’Israël ne commettra plus le mal et ne prononcera plus de mensonge ; on ne trouvera plus dans leur bouche de langue trompeuse, car ils paîtront et se reposeront sans que personne les trouble. Réjouis-toi, fille de Sion tressaille d’allégresse, Israël ; réjouis-toi et pousse des cris de jubilation de tout ton cœur, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a détourné de toi le jugement de la vengeance, il a fait disparaître tes enemis ; le Roi d’Israël, le Seigneur, est au milieu de toi ; tu n’as plus à craindre aucun mal... En ce temps-là, je vous ramènerai ; en ce temps-là, je vous rassemblerai ; car je vous ferai renommés et glorieux chez tous les peuples de la terre quand je détournerai de vos yeux votre captivité. ”
Jeudi (Aggée) : Le prophète fait entendre ses prophéties peu de temps après le retour du peuple d’Israël de son premier exil. Dans ses quatre discours, il exhorte les Juifs à reconstruire le Temple. De fait, la reconstruction fut commencée dès la deuxième année après le retour (534) ; mais les Samaritains, que l’on n’avait pas fait participer à la reconstruction, obtinrent du roi des Perses un édit défendant de poursuivre les travaux. Cependant Darius donna, en, 520, l’autorisation de bâtir. Mais les Juifs ne témoignèrent plus alors aucun empressement. Dans son premier discours, le prophète blâme l’indifférence des Juifs et montre que la mauvaise récolte et la malédiction sont une punition de Dieu. Dans son second discours, le prophète console ceux qui, après avoir vu le Temple de Salomon, pleurent maintenant sur les fondations parce que le nouveau Temple paraît devoir être si petit. Le prophète les assure que la gloire du nouveau Temple sera encore plus grande que celle du Temple de Salomon parce que le Messie y entrera : “ Prends courage, Zorobabel ”, dit le Seigneur, “ prends courage, grand prêtre ; prends courage, peuple tout entier..., car ainsi parle le Seigneur : Encore un peu de temps et j’ébranlerai ciel et terre, j’ébranlerai tous les peuples et alors viendra le Désiré des nations,. et je remplirai cette maison de gloire... La splendeur de cette nouvelle maison sera plus grande que celle de l’ancienne... et en ce lieu je répandrai la paix, dit le Seigneur des armées” (II, 7-10).
Vendredi (Zacharie) : Ce prophète est l’un des derniers prophètes. La première partie de sa prophétie comprend une vision sur la reconstruction du Temple ; la seconde, une prophétie sur la victoire du royaume de Dieu. Le prophète expose quelques prophéties messianiques dont la plus connue est celle-ci (IX, 9) : “ Tressaille de joie, fille de Sion ; pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi ; il est juste et vient en sauveur ; il est pauvre et s’avance sur une ânesse, sur le petit d’une ânesse... Il apportera la paix aux nations et sa puissance s’étendra de la mer jusqu’à la mer, du fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. ” Cette prédiction devait être réalisée au moment de l’entrée du Seigneur à Jérusalem, avant sa Passion (Matth., XXI, 5 ; Jean, XII, 15). Ce passage est utilisé deux fois par la liturgie, pendant l’Avent et à Noël (Offert. du samedi des quatre-temps ; Communion de Noël). Une autre prophétie messianique se fait entendre : “ Voici un homme ; son nom est rejeton ; et il bâtira le Temple au Seigneur... il s’assiéra sur son trône et régnera ; il sera prêtre sur son trône et le conseil de la paix sera établi entre eux. ” La parole suivante annonce la Sainte Eucharistie : “ Le froment des élus et le vin qui fait germer des vierges. ” Encore une autre prophétie : “ Je veux répandre sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de prière ; et ils tourneront les yeux vers moi qu’ils ont transpercé ; ils pleureront sur lui, comme on pleure sur un fils unique ; ils verseront des larmes sur lui, comme l’on en verse sur la mort d’un fils premier-né ” (XII, 10). “ Frappe le berger, les brebis seront dispersées ; et je ramènerai ma main sur les petits” (XIII, 7). Le Christa cité cette prophétie (Matth., XXVI, 31). “ Si vous le trouvez bon, donnez-moi mon salaire ; sinon, n’en faites rien ! Alors ils pèseront pour mon salaire trente sicles d’argent. Mais le Seigneur m’a dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! Alors j’ai pris les trente sicles d’argent et je les ai jetés dans la maison du Seigneur au potier. ” Cette prophétie fut réalisée par la trahison de Judas.

Samedi (Malachie) : Malachie est le dernier prophète de l’Ancien Testament qui nous ait laissé un écrit. Le prophète commence par une plainte au sujet de l’ingratitude du peuple envers Dieu : “ Je vous ai aimés, dit le Seigneur, et vous me demandez : En quoi s’est manifesté ton amour envers nous ? Esaü n’était-il pas le frère de Jacob ? dit le Seigneur, et j’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Esaü et j’ai fait de ses montagnes une solitude et de son héritage la demeure des chacals au désert... Le fils honore son père et le serviteur son maître ; si je suis père, où est l’honneur qui me revient ? Et, si je suis Seigneur, où est la crainte devant moi ? vous dit le Seigneur des armées, à vous, prêtres, qui méprisez mon nom... Quand vous offrez en sacrifice une bête aveugle, n’est-ce pas là un péché ?.. Offrez-la donc à votre gouverneur pour voir s’il vous en saura gré et l’acceptera. Je ne prends aucun plaisir en vous, dit le Seigneur des armées, et je ne puis recevoir aucun sacrifice de vos mains. Du levant jusqu’au couchant mon nom sera grand parmi les nations, et en tous lieux on offrira des sacrifices à mon nom, et une oblation pure lui sera offerte, car grand est mon nom parmi les nations, dit le Seigneur ” (1, II). Il faut lire dans le missel, à la fête de la Chandeleur, une prophétie bien connue sur Jean Baptiste et le Christ (III, 1-5). Dans le dernier chapitre, il est question du jugement dernier : “ Voici que viendra le jour, ardent comme une fournaise ; tous les impies et tous ceux qui font le mal seront réduits à l’état de chaume ; le jour qui vient les jettera dans les flammes, dit le Seigneur des armées, et il ne leur restera ni racine, ni rameau. Mais, pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice ; la guérison sera sous ses rayons et vous paraîtrez et bondirez comme les veaux d’un troupeau. Vous foulerez aux pieds les impies ; ils seront comme de la cendre sous la plante de vos pieds au jour que je prépare... ” “ Voici que je vous enverrai le prophète Élie avant que vienne le jour grand et redoutable. Il tournera le cœur des pères vers les enfants et le cœur des enfants vers leurs pères, de peur que, quand je viendrai, je ne frappe la terre d’anathème. ”