Le Livre d’Esther
Samedi soir : Comme
préparation aux lectures d’Écriture de la semaine qui vient, nous chantons un
passage du cantique d’Esther, qui est aussi la figure et le symbole de l’Église
et de Marie : “ Seigneur, Roi tout-puissant, tout est placé sous ton
pouvoir, et rien ne peut s’opposer à ta volonté. ” C’est encore le Christ Roi,
qui doit revenir un jour, qui se dresse devant nous dans tout son éclat.
Dimanche (Esther, 1-11) :
Il arriva, aux jours du roi Assuérus, que celui-ci offrit, pendant la troisième
année de son règne, un festin à tous ses princes et ministres, aux chefs des
Perses et des Mèdes, aux nobles et aux princes de ses provinces. Pendant un
grand nombre de jours, à savoir pendant cent quatre-vingts jours, il étala la
riche splendeur de son royaume et éclatante magnificence de sa grandeur.
Lorsque ces jours furent écoulés, il offrit à tout le peuple qui se trouvait
dans la place forte de Suse, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, un
festin qui dura sept jours, dans la cour du jardin de la maison royale
somptueusement décorée. Le septième jour, comme le roi avait été mis en bonne
humeur par le vin, il donna l’ordre d’introduire en sa présence la reine
Vasthi, couronnée du diadème royal, afin qu’il fît voir sa beauté à tous les
peuples et à tous les princes, car elle avait une beauté remarquable. Mais la
reine s’y refusa et dédaigna l’ordre du roi que lui avaient transmis les
eunuques. Le roi en fut très irrité ; sa colère s’enflamma et il la
répudia.
Alors les jeunes gens qui servaient le roi dirent : “
Que l’on cherche pour le roi de belles jeunes filles. Que le roi envoie des
émissaires dans toutes les provinces de son royaume pour rassembler toutes les
belles jeunes filles et les amener à Suse, la capitale, dans la maison des
femmes où elles seront confiées à l’eunuque royal, gardien des femmes, qui
s’occupera de les parer. La jeune fille qui plaira aux yeux du roi deviendra
reine à la place de Vasthi. ” La proposition plut a roi et il fit ainsi. Il y
avait à Suse, la capitale, un juif nommé Mardochée. Il était le tuteur de la
fille de son oncle, Édissa, c’est-à-dire Esther ; car celle-ci n’avait
plus ni père ni mère. La jeune fille était belle de forme et de visage. Quand
son père et sa mère étaient morts, Mardochée l’avait adoptée pour fille. Il fut
donc fait selon l’édit et l’ordre du roi, et beaucoup de jeunes filles furent
amenées à Suse, la capitale, et confiées à Égée ; Esther fut, elle aussi,
amenée au palais royal et remise aux mains d’Égée, gardien des femmes. Esther
ne fit connaître ni son peuple ni son ascendance, car Mardochée le lui avait
défendu. Tous les jours, Mardochée venait se promener devant la cour de la
maison : des femmes pour savoir comment se portait Esther : et
comment on la traitait. Esther fut conduite au roi ; Assuérus dans son
palais, et le roi l’aima plus que toutes les autres femmes ; elle obtint
grâce et faveur plus que toutes les autres jeunes filles auprès de lui ;
il plaça le diadème royal sur sa tête et la fit reine à la place de Vasthi. En
ces jours, comme Mardochée était assis à la porte du roi, la colère s’empara de
Bagathan et de Tharès, deux eunuques du roi et portiers du palais, et ils
voulurent porter la main sur le roi Assuérus. Mardochée, en ayant eu
connaissance, avertit la reine Esther qui le dit au roi de la part de
Mardochée. On fit une enquête sur cette affaire et, comme les faits furent
reconnus exacts, les deux eunuques furent pendus à la potence et l’événement
fut consigné en présence du roi dans le livre des chroniques.
Lundi (Esther,
III) : Après ces événements, le roi Assuérus éleva en dignité Aman, fils
d’Amadatha, qui appartenait à la tribu d’Agag ; il éleva son trône
au-dessus de tous les princes qui l’entouraient. Tous les serviteurs du roi qui
se tenaient à sa porte fléchissaient le genou et se prosternaient devant Aman,
car tel était l’ordre du roi. Mardochée fut le seul à ne pas fléchir le genou
et à ne pas se prosterner. Alors, les serviteurs du roi qui étaient à la porte
du roi dirent à Mardochée : “ Pourquoi n’obéis-tu pas à l’ordre du
roi ? ” Comme ils le lui répétaient tous les jours et qu’il ne les
écoutait pas, ils en informèrent Aman pour voir s’il était exact que Mardochée
fut juif comme il le leur avait dit.
Lorsqu’il apprit cela et qu’il vit par lui-même que
Mardochée ne fléchissait pas le genou et ne se prosternait pas devant lui, Aman
entra dans une grande colère et estima que c’était trop peu de porter la main
sur le seul Mardochée, car on lui avait dit à quel peuple il appartenait, mais
il voulut détruire le peuple de Mardochée en recherchant tous les Juifs qui se
trouvaient dans le royaume d’Assuérus. Le premier mois qui est le mois de
nisan, la deuxième année du règne d’Assuérus, le pur, c’est-à-dire le sort, fut
jeté devant Aman pour chaque jour et pour chaque mois, et le sort tomba sur le
douzième mois qui est le mois d’adar. Aman dit alors à Assuérus : “ Il y a
chez nous un peuple dispersé dans toutes les provinces de ton royaume et vivant
à part ; ses lois sont différentes de celles de tout le peuple et il
n’observe pas les lois du roi ; il n’est pas dans l’intérêt du roi de le
laisser en repos. Si c’est le bon plaisir du roi, que l’on écrive qu’il doit
périr et je compterai dix mille talents d’argent aux fonctionnaires afin que
cette somme soit portée au trésor du roi. ”
Mardi (Esther, V) :
Le troisième jour, Esther revêtit ses vêtements de reine et se présenta dans la
cour intérieure du palais royal, devant l’appartement du roi. Le roi était
assis sur son trône royal, dans l’appartement royal, en face de la porte du
palais. Lorsqu’il vit Esther, la reine, debout dans la cour, celle-ci trouva gr
ce à ses yeux et il lui tendit le sceptre d’or qu’il tenait à la main. Esther,
s’approchant, toucha le bout du sceptre. Le roi lui dit : “ Que veux-tu,
reine Esther ? Que demandes-tu ? Quand tu demanderais la moitié de
mon royaume, elle te serait donnée. ” Elle répondit : “ S’il plaît au roi,
je le prie de venir aujourd’hui chez moi avec Aman au festin que j’ai
préparé. ” Le roi dit : “ Appelez de suite Aman afin qu’il se
conforme à la volonté d’Esther. ” Le roi et Aman se rendirent au festin
qu’Esther avait préparé. Au festin du vin, le roi dit à Esther : “ Que
veux-tu ? Je te l’accorderai ! Quand tu demanderais la moitié de mon
royaume, tu l’obtiendrais. ” Alors Esther répondit : “ Voici ce que je
demande et ce que je désire : “ Si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi et
s’il plaît au roi de me donner ce que je désire et de satisfaire à ma demande,
que le roi vienne avec Aman au festin que j’ai préparé pour eux et, demain, je
répondrai à la question du roi ”.
Mercredi (Esther, V) :
Aman sortit ce jour-là content et joyeux. Mais, quand il vit, à la porte du
roi, Mardochée qui ne se levait pas et ne bougeait pas devant lui, Aman fut
rempli de colère contre Mardochée ; mais il se contint. Lorsqu’il fut
arrivé dans ses appartements, il fit venir ses amis et Zarès, sa femme, et il
leur parla de la grandeur de ses richesses et du nombre de ses enfants et du
haut rang auquel le roi l’avait élevé au-dessus de ses princes et de ses
serviteurs. Puis il dit : “ La reine Esther n’a pas invité avec le roi
d’autre personnage que moi au festin qu’elle a préparé ; et, demain
encore, je suis invité avec le roi chez elle. Mais tout cela m’est indifférent,
tant que je verrai Mardochée, le Juif, assis à la porte du roi. ” Alors Zarès,
sa femme, et ses amis lui dirent : “ Que l’on dresse une potence haute de
cinquante coudées ; puis, demain, demande au roi d’y faire pendre
Mardochée, et alors tu iras joyeux au festin avec le roi. ” L’avis plut à
Aman et il fit préparer le bois.
Jeudi (Esther, VI) : Cette
ntiit-Ià, le sommeil fuyait le roi ; celui-ci se fit apporter le livre des
annales et celui des chroniques. On en fit la lecture devant lui et l’on y
trouva consigné le récit de la dénonciation que Mardochée avait faite au roi au
sujet de Bagathan et de Tharès, les deux eunuques du roi, gardes des portes,
qui avaient voulu porter la main sur le roi Assuérus. Alors le roi
demanda : “ Quel honneur Mardochée a-t-il reçu pour cela ? ” Les
serviteurs dirent : “ Il n’a rien reçu pour cela ! ” Et le roi
dit : “ Qui est dans la cour ? ” Aman était dans la cour
extérieure du palais royal, venant demander au roi de faire pendre Mardochée à
la potence qu’il avait préparée pour lui. Les serviteurs du roi
répondirent : “ C"est Aman qui est dans la cour. ” Le roi dit :
“ Qu’il entre ! ” Et, lorsqu’il fut entré, le roi lui dit : “
Comment faut-il traiter l’homme que le roi veut honorer ? ” Alors
Aman se dit en lui-même : “ Qui le roi voudrait-il honorers si ce
n’est moi ? ” Et il repondit : “Pour l’homme que le roi veut
honorer, il faut prendre des vêtements royaux que le roi a portés ; il
faut faire monter cet homme sur le cheval que le roi monte lui-même et placer
la couronne royale sur sa tête. Que l’on remette donc les vêtements et le
cheval à un prince royal particulièrement distingué afin qu’il lui passe le
vêtement et le fasse monter sur le cheval ; puis il le conduira sur la
place de la ville en criant devant lui : “ C’est ainsi que le roi traite
l’homme qu’il veut honorer ! ” Alors le roi dit à Aman : “ Hâte-toi
de prendre les vêtements et le cheval, et ce que tu as dit, fais-le pour
Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi ; prends bien garde de
ne rien omettre de ce que tu as dit. ” Aman prit les vêtements et le cheval,
revêtit Mardochée des vêtements et, l’ayant fait monter sur le cheval, le
conduisit sur la place de la ville en criant devant lui : “ C’est ainsi
que le roi traite l’homme qu’il veut honorer ! ”
Vendredi (Esther, Vl.I) :
Le roi et Aman vinrent donc pour assister au festin avec la reine Esther. Le
roi dit encore à Esther au moment du festin du vin de ce second jour : “
Quel est ton désir, reine Esther ? Il sera exaucé. Quand tu me demanderais
la moitié de mon royaume, je te la donnerais ! ” La reine Esther
répondit : “ Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et si cela est ton
bon plaisir, accorde-moi la vie selon ma prière et accorde-moi mon peuple selon
mon désir. Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits,
égorgés et anéantis. Si nous étions vendus pour devenir esclaves, je me
tairais ; mais nous avons un ennemi dont la cruauté retombera sur le
roi. ” Alors le roi Assuérus dit à la reine Esther : “ Qui est-il et
comment peut-il avoir l’audace d’agir ainsi ? ” Esther répondit :
“ l’oppresseur et l’ennemi, c est ce maudit Aman ! ” Aman fut saisi
d’effroi devant le roi et la reine. Le roi se leva plein d’irritation et,
quittant le festin du vin, se rendit dans le jardin du palais. Aman se leva
aussi pour demander la vie sauve à la reine Esther, car il voyait bien que, du
côté du roi, sa perte était imminente. Le roi, revenant du jardin du palais
dans l’appartement du festin, trouva Aman étendu devant le lit sur lequel était
Esther ; il dit alors : “ Quoi ! veut-il encore déshonorer la
reine devant moi, dans mon palais ? ” Le roi avait à peine prononcé ces
paroles que l’on voila le visage d’Aman. Harbona, l’un des eunuques qui étaient
au service du roi, dit : “ Le bois qu’Aman a fait préparer pour
Mardochée, celui qui a parlé pour le bien du roi, est dressé dans la maison
d’Aman à une hauteur de cinquante coudées. ” Le roi dit alors :
“ Qu’on y pende Aman ! ” Et l’on pendit Aman à la potence qu’il
avait préparée pour Mardochée ; et la colère du roi s’apaisa.
Samedi (Esther,
VIII) : Ce jour-là, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison
d’Aman, le persécuteur des Juifs, et Mardochée se présenta devant le roi
car Esther avait fait savoir à celui-ci ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Le
roi prit l’anneau qu’il avait ordonné de retirer à Aman et le donna à
Mardochée. Esther établit Mardochée sur la maison d’Aman. Puis Esther parla de
nouveau en présence du roi, se jeta à ses pieds et le conjura en pleurant de
réduire à néant la méchanceté d’Aman l’Agagite, et les projets qu’il avait
conçus contre les Juifs. Le roi tendit à Esther son sceptre d’or ;
Esther se releva et, se tenant debout devant le roi, dit : “ Si c’est le
bon plaisir du roi, si j’ai trouvé grâce devant ses yeux et si la chose paraît
convenable au roi et si je suis chère à ses yeux, que l’on écrive pour révoquer
les lettres contenant les projets d’Aman, fils d’Amadatha, l’Agagite, lettres
qu’il a écrites pour faire périr les Juifs dans toutes les provinces du roi.
Car comment pourrais-je voir le malheur atteindre mon peuple et comment
pourrais-je contempler la ruine de ma nation ? ” Le roi Assuérus
répondit à la reine Esther et au juif Mardochée : “ J’ai donné la
maison d’Aman à Esther et j’ai fait pendre celui-ci à la potence parce qu’il a
porté la main contre les Juifs. Écrivez maintenant au nom du roi ce qu’il vous
plaira au sujet des Juifs et scellez avec l’anneau du roi. ” Un édit, écrit au
nom du roi, fut scellé avec l’anneau du roi et ne fut jamais révoqué.