LE DIMANCHE DANS L’OCTAVE DU SAINT-SACREMENT

O saint banquet dans lequel le Christ est reçut
           
Nous rattacherons les pensées de ce dimanche aux quatre lectures que nous présente l’Église.
           
1. Lecture d’Écriture (1 Rois, IV, 1-18). — L’arche d’alliance est portée dans le camp des Juifs. Mais, dans la bataille qui suit, Israël est battu, l’arche tombe aux mains des Pharisiens et les indignes fils du grand-prêtre sont tués. “ Le peuple fut envoyé à Silo et l’on apporta, de cette ville, l’arche de l’alliance du Seigneur des armées qui est assis sur les Chérubins. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, accompagnaient l’arche de l’alliance de Dieu. Quand l’arche de l’alliance du Seigneur arriva dans le camp, tout Israël poussa de si grands cris de joie que la terre en retentit. Les Philistins entendirent ce cri et ils se demandèrent :. que signifient ces grands cris de joie dans le camp des Hébreux ? Quand ils apprirent que l’arche du Seigneur était venue dans le camp, les Philistins furent effrayés et dirent : Dieu est venu dans le camp. Et ils s’écrièrent : Malheur à nous ! car pareille chose n’a encore jamais eu lieu. Malheur à nous ! Qui nous délivrera de la main de cette divinité puissante ? Alors, les Philistins combattirent, et Israël fut battu et chacun s’enfuit dans sa tente. Il y eut une très grande défaite et il tomba, du côté d’Israël, trente mille hommes de pied. L’arche de Dieu fut prise et les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, périrent ”. Un messager apporta la triste nouvelle au vieillard Héli. La mort de ses fils l’émut beaucoup.
             
Mais quand il apprit que l’arche d’alliance était tombée aux mains des ennemis, il eut un tel chagrin qu’il perdit connaissance. “ Il tomba de son siège à la renverse, à côté de la porte ; il se rompit la nuque et mourut. Il avait 98 ans et avait jugé Israël pendant 40 ans ”. L’arche d’alliance est la figure de l’Eucharistie, qui nous accompagne également à travers la vie de l’Église militante.
              
2. Fête-Dieu. — La pensée de la grandeur de la Sainte Eucharistie nous occupe toute la journée d’aujourd’hui. C’est pourquoi la prière des Heures, spécialement les matines, est entièrement consacrée à la Fête-Dieu. La “ Bouche d’or ” de l’Église, saint Jean Chrysostome, nous offre aujourd’hui un magnifique sermon qui nous laisse deviner son éloquence : Puisque le Verbe dit : Ceci est mon corps, donnons notre assentiment ; croyons et considérons-le de nos yeux spirituels. Le Christ ne nous a pas donné seulement quelque chose de sensible, mais, sous le sensible, il nous a donné quelque chose de purement spirituel. Il en est ainsi pour le baptême ; par le signe sensible, l’eau, nous est communiqué le don de la grâce. C’est donc quelque chose de spirituel qui se passe : la régénération, la rénovation. Si tu étais sans corps, le Seigneur t’aurait donné les dons de la grâce sans voile et sans signes sensibles. Mais, comme ton âme est unie à un corps, il te communique ce qui est spirituel sous des signes sensibles. Beaucoup disent aujourd’hui : je voudrais voir son aspect, sa figure, ses habits, ses chaussures ! Or, tu le vois, tu le touches, tu le manges lui-même. Tu désires voir ses vêtements et il te permet non seulement de le voir mais même de le manger, de le toucher, de le recevoir en toi ”.
             
3. L’amour du prochain. — Les deux lectures de la messe nous donnent des pensées et des leçons importantes. L’Épître. comme celles des dimanches précédents, parle de l’amour du prochain. Ce sont des paroles dont l’écho doit nous rester toute la semaine dans l’oreille : “ Celui qui hait son frère est un meurtrier. Nous reconnaissons l’amour de Dieu (dans le Christ) en ce qu’i1 a donné sa vie pour ses frères... Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres, non pas avec la langue, mais en fait et en vérité ”.
            
4. Le festin. – Qu’a voulu nous enseigner le Seigneur dans cette parabole ? Le festin est la Rédemption que Dieu offre à l’humanité. Les moyens de salut, les sacrements, la sainte messe et tout ce que l’Église nous donne, sont comme un festin richement servi auquel les hommes sont invités. Parmi les invités à ce festin, nous distinguons trois groupes : les citoyens de la ville, les pauvres de la ville, et les étrangers qui sont aux portes de la ville. Que désignent ces groupes. Les habitants de la ville sont les Juifs. Le Christ est venu dans le pays d’Israël et a d’abord invité ses compatriotes à le reconnaître comme le Messie. Ceux qui auraient dû entrer les premiers dam le royaume de Dieu, ce sont les Pharisiens et les Scribes, les princes des prêtres. Ils ne voulurent pas. C’était un si pauvre Sauveur ; il ne leur offrait que des biens spirituels ! Ils le rejetèrent. Alors, le Seigneur se tourna vers les petits et les humbles d’Israël. Il se rendit en Galilée et y annonça le joyeux message. Et voici que de pauvres pêcheurs, des publicains méprisés ; la pécheresse de Magdala, répondirent à son invitation et devinrent ses disciples. Ce sont les boiteux et les paralytiques de la parabole. Mais la magnifique salle de l’Eglise n’était pas encore remplie. C’est pourquoi Jésus envoya ses Apôtres et leurs successeurs en dehors de la ville, c’est-à-dire vers les païens, et les invita à venir dans la salle de noces de l’Église. Les pauvres païens vinrent avec joie ; ils devinrent chrétiens et enfants de Dieu. Le Seigneur prédit donc, dans cette parabole, la réprobation des Juifs et la vocation des petites gens du judaïsme, mais surtout la vocation des païens. Mais que veut nous enseigner, à nous, la sainte Église par cette parabole ? Tout d’abord, nous devons nous rappeler avec reconnaissance, en lisant cette parabole, que nous sommes du troisième groupe des invités. Nous sortons du paganisme et nous avons été invités à venir dans la salle du festin. Nous sommes heureux de participer à toutes les institutions salutaires. Ayons donc l’impression que nous sommes les hôtes de Dieu. Ne considérons pas notre qualité de chrétiens comme une chose qui va de soi.
            
Mais ce n’est sans doute pas sans intention que le Sauveur a choisi l’image d’un banquet de fête. Il pense, sans doute, à toute l’œuvre de la Rédemption et à toutes les institutions de l’Église ; il pense, surtout, à la sainte Eucharistie, le plus magnifique banquet qu’il puisse nous préparer. C’est pour cela que notre Évangile convient si bien à l’Octave du Saint-Sacrement. Ce que l’Évangile annonce en parabole se réalise immédiatement dans la messe du dimanche. Nous venons d’entrer dans la maison de Dieu ; c’est la maison du divin père de famille, c’est la salle de fête. Nous sommes vraiment les hôtes de Dieu. Une table est servie pour nous. C’est le Christ-lui-même qui nous reçoit. L’aliment qu’il nous sert est son corps immolé. Et dans la messe se trouve incluse toute l’œuvre de la Rédemption.
             
5. La messe (Factum est). — Les autres parties de la messe sont également très belles. L’Introït s’adapte parfaitement aux lectures : Dieu m’a appelé à la filiation divine, il m’a délivré de la mort spirituelle parce qu’il m’a aimé. C’est pourquoi j’entonne un chant de louange à mon Seigneur : “ Je te louerai, toi, ma force ! ” Ce chant a été composé par le roi David au soir de sa vie, riche d’actions et de douleurs. Ce fut son chant du cygne.
          
L’Évangile, l’Épître et l’Introït traitent de la charité. L’oraison parle aussi de l’amour de Dieu. Elle demande la crainte et l’amour du saint nom de Dieu. C’est là une pensée importante. Il ne suffit pas d’aimer Dieu, il faut aussi le craindre. Qu’est-ce que cela veut dire : aimer Dieu et le craindre ? Cela veut dire que l’amour de Dieu doit être uni à l’observation de ses commandements. L’oraison nous apprend donc quelles doivent être nos relations avec Dieu. C’est un mélange d’amour et de crainte, ou mieux d’amour et de respect, un amour respectueux. L’oraison ajoute : cet amour véritable et authentique de Dieu doit être un amour durable, régulier, qui ne connaisse pas de hauts et de bas. Cet amour durable, respectueux, nous ne pouvons pas nous le donner nous-mêmes ; c’est une grâce que Dieu nous , donne quand nous la demandons. Examinons aussi la dernière partie : Dieu n’abandonne pas celui qu’il a établi dans la solidité de son amour. Nous pouvons donc être sûrs que la grâce de Dieu ne nous fera pas défaut ; Dieu continuera à nous guider, pourvu que nous, aussi, le voulions. Lisons aussi la secrète. Nous y apprenons quel effet doit produire en nous le sacrifice de la messe : “ Que le sacrifice nous purifie et nous porte de jour en jour à une conduite plus céleste ”. On nomme un double effet : le sacrifice doit nous purifier des taches de nos péchés ; il doit aussi nous rendre plus saints et plus vertueux. Les messes auxquelles nous assistons durant notre vie doivent être pour nous des degrés qui nous font sortir des abîmes du péché et nous élèvent toujours plus haut vers le ciel. Les messes sont donc la véritable échelle mystique qui nous fait monter au ciel.