JEUDI APRÈS LE 2ème DIMANCHE DE L’AVENT

Nous verrons le Roi dans toute sa beauté
     
1. Lecture de l’Avent. — Le Prophète Isaïe nous fait adresser un appel d’ardente supplication au Roi qui doit venIr (XXXIII, 1-24) :
“ O Seigneur, aie pitié de nous, car c’est toi que nous attendons,
Sois notre bras, le matin, et notre délivrance dans la détresse.
Devant la voix de l’Ange s’enfuient les nations ;
Quand tu te lèves, les nations se dispersent...
Le Seigneur est glorifié car il habite dans les hauteurs.
Il remplit Sion d’équité et de justice.
La fidélité, en ce temps, habitera parmi les hommes
Ainsi que des trésors de salut, de sagesse et de science :
La crainte du Seigneur, voilà ton trésor ”.
Quelle belle prière de l’Avent ! Mais le royaume de Dieu impose aussi des devoirs ; le prophète se demande qui sera sujet de ce royaume ?
“ Qui pourra demeurer dans le feu dévorant ?
Qui pourra séjourner dans les flammes éternelles ?
Celui qui marche dans la justice et qui parle avec droiture, Qui méprise les gains extorqués,
Qui ne prête pas sa main au mal pour un gain honteux,
Qui ferme son oreille pour ne pas entendre parler de meurtre,
Qui ferme ses yeux et ne prend pas plaisir au mal,
Celui-là habitera sur les hauteurs, sa forteresse sera solidement bâtie sur le rocher ;
Son pain ne manquera pas et son eau ne tarira pas,
Il verra le Seigneur dans sa beauté ”.
Le prophète voit le premier et le second avènement du Seigneur dans une seule image, c’est pourquoi il parle du “ feu dévorant ”. Dirigeons maintenant nos regards vers Jérusalem où le Roi va paraître :
“ Regarde vers Sion la cité de nos fêtes,
Tes yeux verront Jérusalem
Comme une riche demeure, comme une tente
Qui n’a point été brisée,
Dont les pieux ne seront jamais arrachés
Et dont les cordages ne seront pas enlevés.
C’est là seulement que le Seigneur réside dans sa gloire.
Car le Seigneur est notre juge,
Le Seigneur est notre Roi, il nous apportera le salut ”.
Ce passage est vraiment une lecture de l’Avent.
     
2. Chants de l’Avent. — L’Église reprend aujourd’hui ses cantiques de Sion :
“ Voici que le Seigneur vient et tous ses saints avec lui
Et en ces jours se lèvera une grande lumière,
Et ils sortiront de Jérusalem comme des eaux pures
Et le Seigneur régnera éternellement sur tous les peuples.
Voici que le Seigneur va venir avec puissance,
Il a dans la main le royaume, la puissance et l’empire.
Cité de Jérusalem, ne pleure pas
Car le Seigneur s’est affligé à ton sujet
Et il enlèvera de toi toute tribulation.
Voici que le Seigneur va venir dans la force
Et son bras régnera avec puissance ” (Répons).
Au lever du soleil nous crions vers le Seigneur : “ Tu es Celui qui va venir, Seigneur, nous t’attendons, délivre ton peuple ”. C’est ainsi que l’Église répond à la question de saint Jean dans l’Évangile de dimanche dernier.
     
Au coucher du soleil, nous empruntons aussi une parole de saint Jean : “ Celui qui va venir était avant moi et je ne suis pas digne de dénouer les courroies de sa chaussure. ”
     
3. La préparation des voies. — Le désir du Sauveur est le premier grand acte que l’Église nous recommande pendant l’Avent. Le second est la préparation au voyage. Établissons d’abord ceci. Tous les jours, l’Église nous fait réciter à Laudes ce verset : “ Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers. ” Le dernier dimanche, nous entendons de la bouche même du Christ : “ Qu’êtes-vous allés voir dans le désert : Un prophète... C’est celui dont il a été dit : J’envoie devant moi mon messager pour qu’il me prépare les voies. ” Le Christ dit donc : le rôle principal de Jean est de préparer les voies au Rédempteur. Cette même parole, nous l’entendrons de nouveau à l’Évangile du IIIe et du IVe dimanches. Dans l’oraison de cette semaine, nous disons : “ Réveille nos cœurs, afin que nous préparions les voies à ton Fils unique... ” Les textes que nous venons de citer prouvent suffisamment que la préparation des voies est un point essentiel dans l’Avent. Que signifie cela ? L’Avent est la préparation de la venue du Christ. Nous savons déjà qu’il s’agit de l’avènement de grâce, par lequel il veut venir dans nos cœurs. L’avènement du Christ par la grâce n’est autre que la vie divine qui doit être renouvelée et couler dans notre âme comme un flot abondant. Deux fois, dans l’année, le flot de la vie divine doit remplir notre âme. C’est aux deux périodes festivales, à Noël et à Pâques. Les fêtes ne sont pas autre chose qu’un contact avec Dieu, une venue du Christ par la grâce. Ces grandes eaux de la grâce sont précédées des eaux basses, d’une préparation : l’Avent et le Carême. Pendant cette préparation, l’homme, lui aussi, doit travailler, afin que la grâce puisse venir. Or que peut faire l’homme ? Il faut qu’il croie et obéisse. L’œuvre divine, c’est la grâce ; l’œuvre de l’homme consiste dans la foi et l’observation des commandements. La foi vient en premier lieu (le désir du Sauveur), les commandements tiennent la seconde place. Voilà ce que signifie la préparation des voies. La préparation des voies, c’est la réforme de la vie.
     
Au paradis terrestre, Dieu avait attaché la filiation divine à l’observation du commandement : il en est toujours de même dans l’Église. La mission du Précurseur était de dire : Faites pénitence, le royaume de Dieu est proche. Que veut dire pénitence ? Le mot grec métanoïa signifie changement de sentiments. Le centre de gravité de nos pensées et de nos actions doit se déplacer, passer de ce qui est terrestre à ce qui est céleste, de notre moi à Dieu. Nous comprenons maintenant la parole du Baptiste : Préparez les voies du Seigneur. L’Avent n’est pas seulement le temps où nous devons renforcer notre foi dans la nécessité de la Rédemption et exciter nos saints désirs, c’est aussi le temps où nous devons réformer notre vie. Que chacun se demande : Où en suis-je ? Quels sont mes devoirs ? Où sont les vallées (omissions), où sont les montagnes et les collines (transgressions) ? Maintenant nous comprenons la belle oraison qui exprime, de la manière la plus parfaite, le contenu de l’Avent : “ Éveillez nos cœurs ”. Par rapport à l’affaire de notre salut, nous sommes comme des gens endormis. Nous ajoutons : “ pour préparer les voies au Fils unique” — par la réforme de notre vie. Et la suite : “ afin qu’au moment de sa venue ”, quand, à Noël, le flot de la vie divine inondera notre âme, “ nous puissions le servir avec une âme purifiée ”. L’âme doit donc, pendant l’Avent, recevoir un bain de purification. Le but de la préparation des voies est celui-ci : servir. Nous serons prêts pour recevoir le Rédempteur, quand nous pourrons dire avec Marie : “ Voici que je suis l’esclave du Seigneur. ”