FÊTES DES SAINTS - TRANSITION

Quelle est l’impression de l’alpiniste, quand il quitte les sommets neigeux, pour revenir dans la plaine ? Il se sent le cœur serré. C’est un peu notre impression quand, après un temps de fêtes, nous revenons à la vie de tous les jours. Nous revoilà dans le tempus per annum, le temps pendant l’année. Nous comprenons bien qu’il ne peut pas y avoir que des jours de fête, il faut qu’il y ait aussi des jours ordinaires, autrement nous apprécierions moins les jours de fête. Cependant, nous autres chrétiens, qui sommes déjà citoyens du ciel, nous nous sentons à notre aise les jours de fête, car nous éprouvons comme un pressentiment des fêtes éternelles. Nous sommes faits pour es jours de fête, c’est pourquoi nous appelons même es jours de la semaine des féries. Nous lisons au sujet du pape saint Silvestre, dans le bréviaire du 31 décembre : “ Il voulut que les autres jours de la semaine fussent appelés féries, comme c’était déjà l’usage autrefois dans l’Église. Cela signifierait que les clercs devraient s’abstenir de tout le reste, pour se consacrer à Dieu seul. ” Cela s’applique d’une certaine manière à tous les chrétiens. Nous sommes donc descendus dans les jours ordinaires. Que nous reste-t-il dont nous puissions nous réjouir ? Celui qui a contemplé les hautes montagnes et en a fait l’ascension, en garde le souvenir quand il est redescendu dans la plaine, et il estime même les collines de son pays. Le grand Roi qui a fait une visite festivale dans notre Ville est-il déjà reparti ? Oui et non ; dans le drame sacré de la liturgie, il n’est plus là et pourtant nous recevons tous les jours la visite du divin soleil “ qui se lève sur les hauteurs ”. Il est vrai que c’est plutôt une Pâque — un passage, qu’une visite de fête. L’Eucharistie est le pain de ces jours ordinaires et, dans la plaine, les saints nous reçoivent pour guider notre pèlerinage quotidien.

Quelle utilité doivent avoir pour nous les saints ? Il veulent être pour nous, par leur vie, des maîtres et des éducateurs. Chaque jour se lève une petite étoile, dans le ciel nocturne de notre vie, et elle nous montre la direction de la céleste patrie. Ils sont ensuite nos intercesseurs devant le trône de Dieu. Chaque jour, dans la liturgie, nous nous recommandons souvent à leurs prières. Ils nous prêtent leur robe nuptiale et couvrent notre nudité, quand nous voulons aller à la rencontre de l’Époux dans les saints mystères. Recouverts de leurs mérites et même sous leur aspect, nous paraissons devant Dieu, à la messe et dans la prière. Tel est le sens du culte liturgique des saints. L’oraison de saint Félix que nous récitons aujourd’hui exprime bien cette pensée : “ Que les exemples des saints nous excitent à une vie meilleure et que nous imitions les actions de ceux dont nous célébrons la fête. ” Comme l’aigle enlève ses petits vers le soleil, ainsi les saints veulent nous élever des bas-fonds de la vie terrestre vers le divin Soleil.